19. Fin du rêve

Par Greg, avec un trou de mémoire, le 16 décembre 201*.

« Et chaque fois que tu oublieras,

Tu perdras une partie de toi.

Jusqu’à ne plus savoir

Qui tu vois dans ce miroir. »

La lumière me sort d’un sommeil que je ne me souviens plus avoir recherché. Je suis étalé sur mon lit, tout habillé. Les rayons du soleil d’après-midi traversent la fenêtre de ma chambre et projettent des ombres dans la petite pièce. « Ma chambre ». C’est qu’il y a mes affaires éparpillées sur le moindre mètre carré, sinon j’aurais très bien pu ne pas reconnaître l’endroit. C’est curieux, je me déshabille toujours pour dormir. Même quand je suis crevé, je ne m’endors pas autrement que vêtu simplement d’un boxer. Et je tire les tentures, surtout s’il fait jour. Cette scène n’a aucun sens. Pourquoi est-ce que je dormais en pleine après-midi ? Une aiguille me traverse le crâne alors que j’essaie de me remémorer le reste de la journée. À part de la douleur, rien.

Je fronce les sourcils et me redresse doucement. Très bien, lentement mais sûrement, ainsi. Si je ne me souviens pas de ce que j’ai fait, il faut que je trouve quelqu’un qui saura me renseigner. Mes parents peut-être. Si je me suis retrouvé tout habillé dans mon lit, ils y sont sûrement pour quelque chose, ou au moins sauront pourquoi j’y étais.

Je tâte ma table de chevet à la recherche de mon téléphone, mais il ne se trouve pas où je le laisse habituellement. Bizarre. Je fouille les alentours de mon lit à sa recherche, sans aucun succès. Je fronce à nouveau les sourcils. Je sais que je ne devrais pas, mais je le garde toujours sur moi, et quand je le fais charger, c’est sur ma table de chevet.

Est-ce que j’ai eu un accident ? Il y a de fortes chances que je me trouverais à l’hôpital, dans ce cas, mais la possibilité n’est pas à exclure. Je vais descendre. Trouver mes parents reste la meilleure idée.

Il reste une vague odeur de café, en bas. Ma migraine s’intensifie, et je ne trouve personne. Génial. Je me trouve dans une maison que je reconnais à peine, et j’y suis seul, coupé du monde. Que demander de plus ?

Mon estomac répond à ma question silencieuse : de la nourriture. J’ai tout à coup conscience d’être affamé, comme si j’avais jeûné toute la journée. Je jurerais pourtant avoir déjeuné récemment… Mais le souvenir m’échappe, juste en dehors de ma portée, derrière le voile de douleur de mon mal de crâne.

Alors que je me prépare des tartines, je suis tout à coup assailli d’un sentiment de culpabilité et de tristesse, sans aucune idée quant à sa provenance. Je laisse les larmes couler en mangeant. Je ne sais peut-être pas pourquoi je les ressens, mais ces émotions me semblent plus vraies que tout ce qu’il s’est passé depuis mon réveil. Pas difficile, il ne s’était rien passé encore, rien de vrai.