19. L'appel de la mémoire

Par Neila
Notes de l’auteur : Chapitre un peu spécial... J'essaye des trucs, faudra me dire si ça fonctionne ou pas. ^o^

Thanatos…

Le soleil se faufilait sous de gros nuages noirs, le vent balayait la prairie, la pluie s’écrasait sur mon visage. Au loin, l’arc-en-ciel. C’était le moment. La faux a tournoyé entre mes doigts et fendu l’air.

J’avais mal… est-ce que j’étais en train de mourir ?

L’heure n’est pas encore venue…

Et ces voix… Il y avait trop de voix. Au prix d’un gros effort, j’ai soulevé les paupières. Les traits flous d’un garçon au crâne rasé flottaient devant mes yeux. Ses lèvres remuaient.

Accroche-toi

M’accrocher… à quoi ? J’avais si mal… Pitié, laissez-moi mourir. J’étais fatigué. Tellement fatigué… Mais si je mourais ici, tout recommencerait.

Et si je mourrais dans l’au-delà ?

J’étais debout au sommet d’une église. J’étais au bord d’un lac. J’étais au milieu d’une prairie. Le soleil se couchait, la pluie tombait… l’arc-en-ciel. C’était le moment.

J’ai abattu mon épée. Ma hache. Ma faux.

L’univers s’est déchiré comme un morceau de tissu et l’obscurité m’a englouti.

Thanatos, il faut que tu reviennes

Le soleil se faufilait sous de gros nuages noirs, le vent balayait la prairie, la pluie s’écrasait sur mon visage. Au loin, l’arc-en-ciel. C’était le moment. La faux a tournoyé entre mes doigts et fendu l’air. L’univers s’est déchiré et… un hurlement est monté du gouffre :

Thanatos !

Je me suis réveillé en sursaut.

L’odeur de l’encens et du vieux bois m’a empli les narines tandis qu’un chœur de voix résonnait dans mes oreilles, accompagné d’autres sons. Ça cognait, vibrait. Quelque chose de gros et doré se dressait au-dessus de moi. J’ai papillonné des cils, les images se sont précisées et mon regard a plongé dans les trous de nez de Bouddha.

Qu’est-ce qu’une statue de Bouddha géant fabriquait au-dessus de mon lit ? D’ailleurs, pourquoi mon lit n’était pas un lit ?

J’ai tourné la tête. J’étais couché par terre, sous des couvertures qui ne suffisaient pas à tenir le froid à distance. Le plafond, super haut, était soutenu par d’imposantes colonnes de bois rouges et quadrillé de poutres bleues décorées de motifs et de dragons dorés. Des guirlandes d’étoffes de toutes les couleurs pendaient un peu partout, en travers de la pièce, le long des colonnes… Non, ça n’était définitivement pas ma chambre.

Une tripotée de types au crâne rasé, qui portaient tous le même accoutrement rouge et ocre, étaient assis en rang de chaque côté, à même le sol. Des moines ? L’un d’eux jouait des percussions sur un petit objet en bois tandis que les autres psalmodiaient, des colliers de perles entre les doigts. Soit j’étais encore en train de rêver, soit j’étais mort et ils me rendaient les derniers sacrements.

J’ai esquissé un mouvement pour me redresser et un élancement terrible m’a transpercé l’épaule droite. Oh non, j’étais bien vivant. La mort n’aurait pas pu être aussi douloureuse.

Mon bras était coincé dans une attelle. Grimaçant, j’ai pris appuie sur l’autre. Tout mon corps a protesté quand je suis passé en position assise. Les couvertures ont glissé, laissant mon torse nue marbré de bleus et de pansements à la merci du froid. Une douleur sourde pulsait dans mes jambes, des orteils à la hanche, en particulier dans la gauche. Quant à ma colonne vertébrale, j’aurais pu jurer qu’elle était remplie d’échardes. Les larmes me sont montées aux yeux. J’ai pris une profonde inspiration et fait de mon mieux pour remuer le moins possible.

Les moines ont interrompu leurs chants sur un dernier coup de percussion et se sont inclinés, front au sol. Le seul à garder la tête haute était un petit garçon, assis en tailleur au pied de mon matelas.

C’était lui… le petit moine que j’avais aperçu avant de monter dans l’Orient Express, et après ça, à bord du camion lorsqu’on avait fui Assiout. Sauf que ce n’était pas un esprit, mais un vivant. Aussi, maintenant que je le voyais de près, en chair et en os, je crois bien que c’était une fille.

— Euh… salut, ai-je coassé.

Elle a souris. Ses traits et sa taille étaient ceux d’une enfant de dix ans, mais quelque chose ne collait pas. Son regard, son attitude, reflétaient une âme beaucoup plus vieille, nimbée d’une assurance toute calme.

— Tu es une faucheuse ? ai-je réalisé. La faucheuse mongole ?

Ce n’était pas une déduction logique, juste un pressentiment, qu’elle a confirmé d’un battement de cils. J’ai ravalé ma salive et balayé du regard les moines, tête baissée.

— Où est-ce qu’on est ?

Pas de réponse.

— Comment tu t’appelles ?

Toujours rien.

— Tu nous suivais ? Je t’ai vu, mais… t’étais un esprit.

Elle a fermé les yeux et elle est restée comme ça, aussi immobile et droite que la statue de Bouddha. Peut-être qu’elle ne me comprenait pas ? Ou alors mes questions lui donnaient mal à la tête. J’allais lâcher l’affaire quand elle s’est dédoublée.

Une deuxième fille s’est élevée dans les airs, assise en tailleur au-dessus de la première : une version plus pâle et, à bien y regarder, légèrement transparente. Son esprit venait de se détacher de son corps. Normal.

L’esprit de la fille a pris la parole :

— Sois le bienvenu, Thanatos. Je suis Erlik. Tu es dans un monastère, dans la province d’Uvs.

Sa voix était douce et légère, comme un lointain murmure.

— Je t’ai senti chuter sur mon territoire. Tu es tombé de haut.

C’était rien de le dire. Je n’en revenais pas d’avoir survécu. Ma dégringolade dans le ciel restait assez obscure, mais j’avais le souvenir qu’il s’était passé quelque chose d’étrange. Dans la panique, je crois bien que je m’étais téléporté plus près du sol.

— Co… comment tu fais ça ? me suis-je étonné, en la regardant flotter au-dessus de son corps.

— La projection astral ? C’est quelque chose que j’ai appris à travers la méditation, au fil de mes nombreuses vies.

Rien à voir avec du contorsionnisme. Hervé avait été complètement à côté de ses souliers.

— Wouah. Et moi qui t’ai prise pour un esprit errant !

— Pardon. J’ai préféré garder mes distances, le temps de savoir si je pouvais te faire confiance.

— Ah… et alors ?

— Ton âme est noble, Thanatos.

J’ai grimacé. Là, tout de suite, mon âme me semblait surtout bonne pour la casse. Un des moines s’est avancé, un plateau chargé de nourriture entre les mains. Il s’est agenouillé, a déposé le tout et l’a fait glisser jusqu’à moi en s’inclinant bien bas.

— Euh, merci.

Le plateau comptait plein de petites assiettes et bols garnis de viandes, de pommes de terre et de nouilles, parfois accompagnés de légumes. Tous ces plats m’étaient inconnus, mais ça ne m’a pas empêché de saliver. J’étais affamé.

— Mange, m’a encouragé Erlik. Tu as besoin de reprendre des forces.

Sans me faire prier, j’ai attrapé une espèce de chausson frit et croqué dedans. Farcis à la viande, tout chaud, plein de gras : exactement ce qu’il me fallait. J’étais si faible que j’en tremblais. J’ai dévoré tout ce qui me passait sous la main – la gauche, bouger la droite était trop douloureux.

— Merci, Khaidu, a fait l’esprit d’Erlik à l’intention du moine.

Celui-ci a hoché la tête – apparemment, il la voyait et l’entendait – puis il a fait signe à ses camarades qui se sont tous relevés et ont quitté la pièce sur une dernière révérence.

— Ils… ils savent ce qu’on est ? ai-je demandé.

— Ils en ont une certaine idée. J’ai été abandonnée à un âge très jeune. Les moines m’ont recueillie et élevée. Cet endroit est devenu mon refuge.

J’ai acquiescé, la bouche trop pleine et l’esprit trop vide pour en demander davantage. C’était la première fois que je mettais les pieds dans un temple bouddhiste. Le dépaysement était total. La pièce était une explosion de couleur : rouge, bleu, vert, jaune, orange… Le temps avait beau avoir éclairci la peinture, le tableau restait d’une vivacité saisissante. Sous la statue dorée du Bouddha, l’autel étaient chargé de bouquet de fleurs et d’offrandes – fruits, petits gâteaux et verres d’alcool – ; les meubles disparaissaient sous les napperons ; les murs, derrière des tapisseries. La poussière scintillait dans les rais de lumière froide tombés des fenêtres. Je n’avais pas besoin de mettre le nez dehors pour réaliser à quel point j’étais loin de chez moi. C’était dans l’atmosphère, les odeurs, la luminosité. Pour un peu, j’aurais pu croire que je rêvais encore.

Erlik a attendu que j’ai fini de m’en mettre plein le ventre et les mirettes. Elle n’avait pas l’air pressée, et son calme était contagieux ; le silence, apaisant. J’ai fini le repas sur une lampée de lait salé au fort goût de biquette. D’accord… ça, c’était peut-être un peu bizarre. J’ai reposé le verre en m’efforçant de paraître dignement repu.

— Thanatos, je pensais bien que tu finirais par venir me trouver.

— Tu peux m’appeler Enzo.

— Enzo… a-t-elle répété avec un sourire bienveillant.

— Entre nous, j’ai pas vraiment fait exprès de tomber sur ton territoire… Mais c’est super, hein ! Bon, j’aurais préféré que mes os ne soient pas en bouillie, n’empêche, je suis vraiment content de te rencontrer.

Contrairement à Azraël, Erlik n’essayait pas de me tuer. Elle m’avait rafistolé et elle semblait partante pour discuter. Il y avait de l’espoir : les faucheurs n’étaient peut-être pas tous des fous furieux.

— Toi aussi, tu t’es faite attaquer par le Chevalier ? ai-je demandé. Il t’a volé tes souvenirs ?

— Il a tué ma précédente incarnation, mais il n’a pas pris mes souvenirs.

— Vraiment ? Alors… tu te souviens de tes vies passées ?

Ça aurait fait d’elle une faucheuse expérimentée, ce dont notre petite équipe manquait cruellement.

— Pas vraiment, a dit Erlik. Je n’ai pas pu effectuer la renaissance, mes souvenirs se sont perdus. Certaines choses ont commencé à me revenir, d’autres m’échappent toujours.

— Oh…

J’avais encore un peu de mal à me figurer tout ça. Est-ce que les souvenirs… flottaient dans le cosmos si le faucheur échouait à les transmettre ? Pas pratique pour les récupérer.

— Je me souviens de l’attaque du Chevalier et de ma mort, a-t-elle soufflé, le regard dans le vague.

— Mais… je comprends pas. Le Chevalier n’a pas essayé de prendre tes souvenirs ? Il ne t’a pas forcée à renaître ?

— Non. Il m’a simplement tuée.

— Pourquoi ?

Elle a penché la tête de côté, songeuse.

— C’est ce qu’il a fait avec Sacha, moi et les autres prématurés, ai-je expliqué. Il a pourchassé nos prédécesseurs pour les pousser à venir nous trouver avant l’heure et nous refiler tout le bazar et là, il en a profité pour voler nos souvenirs. On pense qu’il fait ça pour nous affaiblir en évitant d’alerter tout le monde.

— Hum… sûrement n’avait-il pas encore décidé de procéder ainsi lorsqu’il m’a attaquée. C’est sans aucun doute lui qui a détruit l’Américain. Or, il l’a détruit, purement et simplement. Et il s’en est pris à moi quelques mois après seulement.

— T’étais la deuxième sur la liste ?

— Il semblerait. Je crois que l’Américain lui a donné du mal et qu’après ça, il s’est mis à viser les faucheurs les plus âgés. Il avait l’intention de me détruire, mais a échoué car mon âme était déjà partagée entre deux corps. Peut-être m’a-t-il cherchée pour finir le travail, mais j’étais jeune à l’époque, trop jeune pour endosser mon rôle et m’occuper des esprits.

Et tant qu’on utilisait pas nos pouvoirs, on passait inaperçu.

— Alors… il a zigouillé l’Américain, ai-je résumé à haute voix, puis il a essayé de faire pareil avec toi, mais comme tu t’étais déjà réincarnée, ça n’a pas suffi à te détruire ? Et après ça… après ça, il s’est dit qu’il valait mieux créer des prématurés sans souvenirs ?

Pendant quelques secondes, Erlik m’a fixé sans rien dire, le regard beaucoup trop sérieux pour un visage si jeune.

— Qu’est-ce que tu comptes faire ?

— Hein ? Moi ?

Elle avait l’air d’attendre que je lui déballe le plan qui nous sauverait tous, mais j’étais le dernier arrivé dans cette galère. Six jours plus tôt, mon plus gros problème était de surmonter une heure de cours sans m’endormir et mon seul plan, celui qui consistait à éviter Angelo et ses copains pour ne pas finir dans une poubelle. Je n’étais pas fichu de savoir où j’avais mis mes tournevis ou de prévoir ce que j’allais faire au-delà d’une journée et là, il aurait fallu que je trouve le moyen de sauver la Mort de la mort ?

— Tu as quitté ton territoire, a-t-elle insisté, t’es associé à Morena… Dans ta vie passée, tu as essayé d’avertir les autres du danger.

— Ouais, dans ma vie passée, peut-être que j’avais un plan, mais là… je suis qu’un gamin de douze ans méga pommé.

— Tu te trompes. Avec ou sans souvenirs, tu es Thanatos.

La gorge sèche, j’ai baissé la tête et contemplé mes paumes écorchées, comme si la solution allait y apparaître.

— Sacha pense qu’on devrait retrouver nos souvenirs.

— Sacha ? Morena ?

— Ouais.

Je lui ai raconté toute mon histoire : comment Sam m’était tombé dessus pour me passer ses pouvoirs, l’attaque du Chevalier, ma rencontre avec Sacha, l’Orient Express, Azraël, l’entrevue avec le Baron… Quand j’ai eu fini mon récit, Erlik s’est contentée d’un « hum ».

— Je sais pas si on peut appeler ça un plan, ai-je dit, mais je crois qu’on devrait s’y mettre tous ensemble. Toi, tu serais prête à nous aider ?

Sam avait dit que j’aurais de meilleures chances de convaincre les prématurés. Le regard d’Erlik s’est fait fuyant.

— J’aimerais t’aider, sincèrement, mais je ne peux pas quitter mon territoire comme ça.

— Ça nous prendra pas bien longtemps ! Allons retrouver Sacha – elle doit être en Russie à l’heure qu’il est. C’est, genre, la porte à côté.

En espérant qu’elle et Théo aient atterri en un morceau et qu’elle soit toujours décidée à interroger Baba Yaga. J’ai amorcé un geste pour me lever et les os de ma jambe gauche se sont enflammés. La tête m’a tourné, j’ai vacillé en arrière et me suis écrasé sur le matelas avec l’impression de me briser à nouveau sur le sol.

— D’accord… ai-je gémi entre mes dents serrées. Laisse-moi quelques heures…

Voire quelques jours et un déambulateur. Ça n’était pas normal. Jusqu’à présent, chaque fois qu’un esprit m’avait malmené, il ne m’avait pas fallu plus d’une ou deux heures, un bon repas ou un bon somme, pour m’en remettre.

— Ton énergie est bloquée.

Rouvrant les yeux, j’ai trouvé le visage fantomatique d’Erlik à dix centimètres du mien. Elle flottait au-dessus de moi, allongée dans les airs.

— Mon… énergie ? ai-je répété.

— Ton pouvoir ne s’écoule plus. Tu es trop loin de sa source.

— Mon arme, ai-je lâché dans un souffle.

Ça me revenait maintenant. Elle m’avait échappé des doigts au moment où j’avais fauché l’esprit qui me retenait prisonnier. Elle avait disparu dans le ciel. Aussitôt, je me suis redressé et j’ai tendu le bras – celui que je pouvais tendre sans hurler –, me concentrant pour ramener le pouvoir à la surface.

Rien.

Je ne sentais plus rien, juste un grand vide. J’en ai eu le vertige. C’était comme s’il me manquait un organe… qu’on m’avait arraché un poumon ou que mon cœur s’était atrophié. Si je n’avais pas déjà été sur les fesses, j’aurais sûrement flanché.

— Je… je l’ai perdue.

Erlik m’a regardé avec tristesse :

— Tu l’as laissée tomber.

Ses paroles ont fait place à un long silence. Je l’avais laissée tomber, oui… Et sans mon arme, je n’avais plus aucun pouvoir.

« Plus de pouvoirs : plus de responsabilité : plus de problèmes » a fait une petite voix dans ma tête. Sauf que laisser ma faux au placard était un choix. Ce qui en découlerait serait toujours de ma responsabilité. Et puis, sans parler du Chevalier qui ne se priverait pas pour m’embrocher, je ne pouvais pas abandonner Sacha et les autres…

Serrant les dents, j’ai pris appui sur ma jambe droite et me suis relevé, grelottant et suant tout à la fois.

— Il faut que j’aille la récupérer. Elle doit pas être tombée bien loin de là où je me suis écrasé… Où est-ce que tu m’as trouvé ?

— Tu n’as pas besoin d’aller la chercher, Enzo. Il te suffis de l’appeler.

— J’ai essayé… ça marche pas !

— Il faut l’appeler plus fort. L’appeler par son nom.

— Je connais pas son nom, me suis-je lamenté.

Le faucheur en toc. Ma faux avait dû flairer l’escroquerie, c’est pour ça qu’elle s’était fait la malle. Je pouvais comprendre. J’étais pas fichu de connaître son nom et, le comble, j’en étais venu à la voir comme un fardeau. Maintenant qu’elle n’était plus là, je réalisais à quel point elle faisait partie de moi.

— Tu n’es en possession de tes pouvoirs que depuis quelques jours, a dit Erlik de sa voix toute douce. C’est normal, de ne pas encore les comprendre. De ne pas encore comprendre qui tu es. Mais je connais une technique qui pourrait t’aider à y voir plus claire.

— Ça pourrait m’aider à trouver le nom de mon arme ?

Elle a acquiescé.

— Super ! Qu’est-ce que c’est ?

— La méditation.

— Oh. D’accord. Et comment on fait ?

— Je vais te montrer.

Son esprit a réintégré son corps et elle m’a fait signe de la suivre. Les moines se sont joints à la partie. Après m’avoir dégoté deux pulls et une béquille, ils sont venus marcher derrière nous en file indienne, comme une procession, mais toujours à bonne distance. J’ai posé deux-trois questions à Erlik, histoire de comprendre ce qu’ils fabriquaient ou ce qui m’attendait, mais elle ne semblait pas vouloirs – ou pouvoir – parler lorsqu’elle n’était pas en mode esprit errant.

Le vent nous a happés dès que nous avons émergé sous le ciel. J’étais si impressionné par le paysage que j’en ai oublié d’avoir froid. Le monastère était cerné par de hautes murailles, derrière lesquelles on devinait une vaste étendue sauvage. Les toits des bâtiments étaient de petits bijoux. Ceux des édifices les plus imposants possédaient deux niveaux, soutenus par des poutres et des colonnes qui fourmillaient de décoration, à la fois peintes et sculptées dans le bois.

On a suivis les chemins de pierres qui se croisaient sur l’herbe rase jusqu’à arriver devant un pavillon dont j’ai péniblement gravi les marches. Là, deux moines ont installés une pile de coussins au centre de l’espace avant de rejoindre leur camarades agenouillés en rang sous les colonnes rouges. Erlik s’est assise en tailleur, dans la position du lotus, et m’a invité à prendre place sur les coussins. Je me suis laissé choir avec la souplesse d’un vieillard arthritique. J’espérais que faire le lotus n’était pas une condition à la méditation parce que j’étais incapable de plier la jambe à plus de soixante degrés.

Les moines se sont mis a réciter des mantras à voix basse, tapant de temps à autres sur leurs instruments. Erlik avait fermé les yeux. Je ne savais pas ce que j’étais censé faire. Dans le doute, j’ai décidé de l’imiter.

— La première étape consiste à faire le vide, a alors murmuré la voix d’Erlik. Ne pense à rien, concentre-toi sur ta respiration ou sur les bruits qui t’entourent.

C’était difficile, avec le feu qui irradiait dans mes os. Au début, tout était pénible : l’immobilité, la position assise, le froid de l’air, les gong des bols tibétains… tout me faisait mal. Je me suis raccroché à mon souffle, encouragé par la voix et la présence bienveillante d’Erlik.

Pendant de longues minutes, je n’ai rien fait d’autre que respirer, profondément, lentement, jusqu’à ce l’inconfort et la douleur s’estompent.

— Prend conscience de ton corps : tes muscles, tes os, ton sang… Sens-les…

Je les sentais très bien, oui. Mes poumons qui se gorgeaient de glace à chaque inspiration, mon cœur qui battait à un rythme régulier, le sang qui pulsait – difficilement – au bout de mes doigts engourdis… Bientôt, j’ai eu l’impression de pouvoir sentir chaque parcelle de mon corps.

— Détaches-en toi.

Je ne sais pas combien de temps ça m’a pris. J’ai continué à me détendre, à faire le vide, bercé par les vibrations des bols et la litanie des moines. Au bout d’un moment, tout s’est fait lointain : le contact du sol, mon corps, les gens… Je dérivais, flottais dans l’espace, léger comme un nuage. Il se peut que le froid m’ait complètement anesthésié. Les mots d’Erlik ne résonnaient plus dans mes oreilles, mais glissaient dans mon esprit.

Prends conscience de ton âme.

Mon âme… la sensation qu’elle laissait ne m’était pas totalement étrangère. Je la sentais, chaque fois que j’invoquais mon pouvoir. C’était comme un bourdonnement, une pulsation enfouie au plus profond de mon être ; un rayonnement, froid et chaud, tempétueux et doux.

Les souvenirs ne résident pas uniquement dans l’esprit… Ils sont également gravés dans l’âme. Ton âme est aussi vieille que l’humanité, Enzo. Ton âme se souvient. Elle guide ton bras lorsque tu manies ton arme, ton cœur lorsque tu viens en aide aux esprits. Tend l’oreille et elle te dira son nom.

Je me suis concentré sur le bourdonnement et il a pris de l’ampleur.

Visualise ton arme. Focalise toutes tes pensées sur elle.

J’ai rappelé à moi l’image de la faux, sa lame effilée et courbe, la sensation du manche sous les doigts… Je l’ai imaginée là, devant moi, à portée de mains. Jusqu’à ce que ce ne soit plus un souvenir, mais la réalité.

Je la voyais.

Je la voyais aussi clairement que si j’avais ouvert les yeux. L’arme était au milieu d’une plaine balayée par les vents, sa lame plantée dans la terre. Tout autour, la végétation avait dépéri sur un bon kilomètre. J’avais l’impression de faire un rêve éveillé. Le paysage n’avait aucune couleur. Les nuages noirs défilaient à une vitesse surnaturel dans le ciel blanc, comme dans un films en accéléré. Les eaux laiteuses d’un ruisseaux bouillonnaient entre de gros rochers et les hautes herbes grises ondoyaient sous les assauts furieux du vent.

Ma faux était loin. J’ai essayé de me rapprocher, de combler l’espace qui nous séparait, mais rien à faire. En désespoir de cause, j’ai tendu la main :

— Viens… !

Un grondement de tonnerre a retenti. Des images se sont superposées à celle de la faux : les contours d’autres armes, qui se succédaient à toute allure. Des nappes de brouillard s’en sont échappées, jusqu’à envahir la plaine, et des silhouettes sans visage ont fait leur apparition. Elles étaient des centaines… des milliers… non : des millions de personnes. On aurait dit des fantômes qui allaient et venaient, se croisaient, s’interpellaient, comme une foule dans un hall de gare.

Se détachant de la masse, la silhouette d’un homme s’est matérialisée juste devant moi, dans le no man’s land qui entourait l’arme. Drapé d’un long manteau à capuche, il tenait une épée avec laquelle il fendait et parait, comme s’il se battait contre un ennemi invisible. Sam ?

Un mouliné du poignet et l’épée s’est changée en couteau, la silhouette d’homme en femme.

Puis l’arme est devenue une arbalète.

Une hache.

Une lance.

Un marteau.

Un arc.

La silhouette du manieur, ses mouvements, changeaient avec l’arme. Les deux s’accordaient parfaitement. On aurait dit qu’iel exécutait une danse répétés des milliers de fois. L’apparition a fini par prendre la forme d’une jeune femme armée d’une faux. Elle la faisait virevolter, tournoyer dans son dos avec la virtuosité d’une majorette. Soudain, elle a suspendu sa danse et s’est tournée vers moi.

Il faut que tu te souviennes.

Des échos sont montés de la foule de fantômes, tantôt lointain, tantôt proches : des éclats de rire, des pleures, des voix ; toutes terriblement familières.

« Souviens-toi… »

« Tu ne m’oublieras pas, hein ? »

« On se reverra dans une prochaine vie. »

« Jamais je pourrais t’oublier. »

« Papa veillera sur vous, comme un ange. »

« Qu’est-ce qui reste de nous, une fois qu’on est mort ? »

« Maman ! Regarde ! Regarde ! »

« Reste encore un peu… »

« Ça fait combien de temps que tu ne t’autorises plus à vivre ? »

« Je suis fatigué, Cathalina… »

« Tu promets de revenir ?  »

« Uilliam et Darragh , les sauveurs d’Éire ! »

« Je t’aime. »

« Tant que tu te souviendras de nous, on continuera d’exister. »

Mon Dieu. Toutes ces vies, toutes ces promesses… Tous ces gens que j’avais aimé. Que j’avais oublié.

Chaque écho était une flèche en plein cœur. Je les avais aimé si fort… Mais qui, au juste ? Je n’arrivais pas à me souvenir de leur visage, à me souvenir de leur nom. Ni pourquoi j’avais si mal, et si honte, et envie de pleurer, et de mourir. Ça me rendait fou. Comment je pouvais accepter une seconde de plus de ne pas me souvenir ?

Mes précédentes incarnations ont continué à se succéder, tout en me dévisageant. Leurs traits restaient flous, mais je sentais qu’iels essayaient de me faire comprendre quelque chose.

Moi, c’est Sam.

Tu peux m’appeler Gudrun.

Diego

Cathalina.

Morrighan.

Dēmókritos.

Atteia.

Le vent soufflait de plus en plus fort, s’enroulait autour de la faux plantée dans le sol. L’univers se resserrait sur elle. Les images de ses formes passées se superposaient sans répit, comme si l’arme ne savait plus ce qu’elle était.

Elle a un nom et il te faut trouver lequel. Trouver ce qu’elle est véritablement.

Iels ont tendu le bras vers l’arme et leurs milliers de voix se sont élevées à l’unisson :

Viens !

Espérance

Brüderlichkeit

Compaixão

Volontà

Misneach

Opheilô

Amare

À mon tour, j’ai tendu le bras.

— Viens…

Il s’agit d’une chose chère à ton cœur, qui est source de force.

Memoria !

La faux a disparu puis réapparu dans ma main. Son pouvoir a déferlé, vibré dans chaque fibre de mon être. J’ai ouvert les yeux.

J’étais solidement campé sur mes deux pieds, Memoria au bout de mon bras tendu, mon manteau sur le dos. La douleur, la fatigue, avaient disparu. J’avais l’impression de m’éveiller pour la seconde fois – de m’éveiller vraiment, cette fois.

Comme si quelqu’un avait soufflé sur le manche de l’arme, le métal s’est effrité et le nom est venu se graver au milieu des autres. J’ai passé le doigt sur les lettres.

— Memoria… Content de te retrouver.

Le ciel s’était assombri, les moines étaient partis. Debout face à moi, Erlik m’a adressé le plus rayonnant des sourires, puis s’est inclinée dans une attitude solennelle. Je lui ai rendu son salut.

Elle avait raison. Les souvenirs que le Chevalier m’avait volé n’étaient que la partie émergée de l’iceberg. Même sans eux, je restais moi. Lorenzo Leone.

Thanatos.

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MichaelLambert
Posté le 17/11/2022
Salut Neila !
Je m'incline ! Quelle puissance, quelle force dans ce chapitre ! A travers une histoire divertissante, où les actions, les surprises et l'humour s'enchainent, tu parviens à aborder des sujets très profonds : nommer les choses pour qu'elles existent, nommer son pouvoir personnel, y accéder à travers la méditation et la visualisation ! J'ai rarement lu quelque chose d'aussi réussi !
Et ce passage avec les voix de ses multiples incarnations, ces paroles prononcées avant de mourir, c'est simple et efficace, en plus d'être original. La scène est à la fois très visuelle et ces voix ont résonné dans ma tête. Du grand spectacle !
Quand ton bouquin sera publié (si si), je ne l'achèterai pas seulement pour moi, je vais l'offrir à plein de personnes que je connais et qui vont adorer !
(J'ai failli en oublier de noter les petites coquilles que j'adore tant ramasser, juste celle-ci : — Puis détache-toi en. -> la forme correcte de l'impératif de s'en emparer est "Détaches-en-toi.")
Merci encore pour ces excellents moments de lecture à te suivre !
Neila
Posté le 22/11/2022
Coucou Micheal !
Pardon, je tarde un peu pour répondre à tes derniers commentaires. ^^’ J’étais un peu occupée IRL (c’est pénible, le boulot, ça détourne des trucs vraiment importants).
Eh bé, je m’attendais pas à ce que ce petit trip spirituel paraisse aussi réussi. O.O Tu m’en vois ravie. J’ai vraiment galéré pour essayer de retranscrire en mots les images que j’avais dans la tête. x’D
Ça rendra du tonnerre quand mon bouquin sera publié et adapté, ouais ! On y croit grave ! xDD Le rêve… Je vais déjà finir d’écrire, reprendre un peu tout ça, pis on verra si une maison d’édition en veut. En tout cas, ton enthousiasme me fait ultra chaud au cœur. <3
Et toutes ces belles coquilles que tu as ramassées… (je les ai mises là pour voir si tu suis)
Promis, j’essaye de pas trop traîner pour répondre à tes autres commentaire !
Elka
Posté le 19/10/2022
Je vais quand même faire un commentaire ici, parce que je m'enfile tout mes chapitres en retard depuis 2 jours et que c'est c*n que tu le saches pas.
J'adore j'adore j'adore ♥
Toujours cette vibe Percy Jackson que tu as pourtant adapté à TA façon, avec ton monde, tes règles et ta narration. Et ça fonctionne hyper bien. La relation entre Sacha et Enzo me plaît beaucoup. Entre ce rejet qu'à Sacha pour les autres, mais le soulagement de s'être trouvés, ce besoin de redevenir de bêtes ados le temps d'une blague, l'importance de leur quête... Sacha a toute mon affection. Elle se la joue autant grand soeur que coéquipière je trouve, et la "débile honnêteté" d'Enzo était la meilleure chose qui pouvait lui arriver ♥
Les aventures se multiplient, et toujours avec cette apparente facilité dans la rédaction (je sais que parfois les chapitres te donnent du fil à retordre, mais franchement à la lecture ça ne se sent pas du tout). J'envie le naturel de ta narration. On est totalement dans la tête d'Enzo et, en ce qui me concerne, il sonne très juste, très vrai.
J'adore tous les détails de cet univers, et ce Théo me plaît beaucoup ! Oui, il cache sûrement des trucs, et j'espère qu'il sera pas vraiment méchant... S'il est simplement un gars béat d'admiration et de fascination pour ses potes Faucheurs ça m'irait bien xD
Quant à cette Erlik, il s'en dégage tellement de douceur ! J'ai peut-être trouvé cette réussite de méditation trop "simple", mais c'est certainement compliqué de laisser Enzo 3-4 jours au même endroit ? Et peut-être a-t-il déjà été dans un état méditatif, ce qui pourrait rendre ça beaucoup plus simple (disons que je fais tellement partie de ces gens qui galèrent à se concentrer sur leur respiration plus de trente secondes que j'ai du mal à me mettre à sa place).
Par contre, tout ce qui est écriture de ce passage, j'étais à fond. C'était très fort tous ces échos des vies passées, et comme Enzo on touche du doigt des vies qui nous échappent, des histoires qu'on ne connaîtra sûrement pas. Et cette conclusion avec sa Faux qui retrouve son nom, et lui qui se sent davantage Lui en temps qu'Enzo-Thanatos, c'était très chouette ♥
Je note ce petit passage dans l'Au-delà et cette impression qu'il pouvait être à 3 endroits en même temps. J'ai beaucoup aimé ces paragraphes.

Je finirai donc les deux prochaines chapitres très vite. Be prepared !
Plein de bisous ♥
Neila
Posté le 22/11/2022
Bon aller, je me sors les doigts du u et j’te réponds. Parce que ça fait quand même un moment que je te fait patienter (c’est le privilège des amis, que veux-tu).
Ben très contente si tu adores adores adores. ^w^
La comparaison est flatteuse. Je peux pas nier l’influence, mais j’espère très fort ne pas être en train de pondre une version éco plus.
Fais attention avec l’affection, Sacha montre la sienne à coup de poing. (allé, paf ! un coup dans ta face pour la peine. ça t’apprendra à me faire des compliments !)
Je suis contente que ma souffrance scripturale ne transparaisse pas. C’est déjà bien pénible d’être constipé, si en plus le caca n’est pas beau (j’espère vraiment que personne d’autre ne va laissé traîner ses yeux sur cette réponse).
Je savais que Théo te plairait. C’est ton genre de personnage, je crois. Ce serait tellement triste, qu’il soit en fait méchant… :p
Oui, je reconnais qu’Enzo maîtrise la méditation super vite, mais je pouvais pas le laisser plus longtemps, pour des besoins de scénario. Puis ç’aurait été quand même un peu chiant… J’ai envisagé de lui faire avaler des champi pour rendre ça plus crédible, mais si je tente la publication, j’ai peur que ça passe pas. Alors voilà. On va rappeler qu’Enzo est un être de plusieurs milliers d’années qui a une compréhension instinctive des choses de l’esprit.
À fond ? J’en suis ravie ! Mais qui sait, peut-être que j’écrirais des nouvelles sur ses vies passées. Ça me tente bien.
Je vais essayé de mettre un coup de fouet dans mes réponses. En tout cas, ça me fait rudement plaisir d’avoir tes retours sur ces derniers chapitres. <3
Love love.
LionneBlanche
Posté le 26/09/2022
Oh, Neila, j’ai adoré ce chapitre ! (bon, les autres aussi^^) Heu… et coucou, aussi ! ^^

Mais l’arme, c’est un passage superbe, c’est très joli, et j’adore son nom ! ça fait écho au fait qu’il ait perdu ses souvenirs et que désormais, il le ressent comme une perte car il a oublié les gens qu’il a aimé, qui il était dans ses existences passées. Mémoria… J’aime beaucoup ! :D

C’est drôlement bien écrit, je voyais la faux voler et les différentes incarnations et formes d’armes. Le seul reproche, c’est que le chapitre est passé super vite… ^^ Eh oh, c’est quoi cette arnaque ? ^^

Enzo n’est donc pas mort. Oui, je m’y attendais un peu car un milieu de l’histoire, c’est quand même particulier. ^^ Mais il est fracassé. Et il a froid. Je le savais ! ^^ Mais je vais essayer de commenter dans l’ordre parce que là, je suis en train de partir dans tous les sens. ^^

La voix au début… Dans le chapitre précédent, je pensais que c’était le Chevalier, mais j’ai direct changé d’avis. Bizarrement, je me suis demandé si ce n’était pas le faux, ce qui, sans le savoir, était une théorie plutôt raccord avec la suite du chapitre :O Sixième sens. ^^ Non, j’ai juste dû choppé inconsciemment des indices qui m’ont dit qu’on allait parler d’elle. En tout cas, comme tu avais dit qu’elle faisait partie de lui, ça ne me paraissait pas idiot qu’elle puisse parler à Enzo. Hey, je te jure, dans mes notes il y a écrit : « Qui est en train de parler ? La faux ? Il devait lui trouver un nom. » Et c’est drôle, du coup. ^^
Et puis il y a eu du monde. Du coup, dixit ma théorie de la faux, et je me suis dit, pourquoi pas les autres prématurés… Oui, plus bancal, mais il était en train de tomber, je n’ai pas eu le temps de me pencher vraiment sur la question non plus. ^^ Mais comme ils étaient un, jadis, ils sont liés aussi, n’empêche.
J’ai été surprise pour les moines. ^^ ça aurait été bizarre qu’il tombe sur un genre de culte aux Faucheurs. Par contre, l’enfant, j’étais trop contente ! Depuis le temps qu’il, qu’elle, m’intriguait. Je me suis dit : génial, on va savoir qui s’est ! Une Faucheuse. Oui ben c’était logique. ^^ Sauf que du coup, méfiance (bah oui, forcément ^^) mais pas longtemps. Son regard, ses mots, tout ce que tu décrivais d’elle… On sentait qu’elle était plus éclairée que Zozo, du coup j’ai cru qu’elle avait ses souvenirs et détenait toutes les réponses. Monde cruel. Les moines l’ont aidé par contre, la méditation… C’est un sacré atout pour elle qui a, réellement, perdu ses souvenirs au lieu de se les faire voler. Je l’aime bien, je sens qu’elle pourrait vraiment les aider et elle vient déjà de le faire.
Elle est muette ?
Hervé s’est bien planté pour son don. ^^ En même temps, il n'avait pas l'air sure pour tous.

Sinon, il s’est téléporter, Enzo ! Et heureusement… par instinct, donc. Tu l’avais dit, et encore une fois, tu le prouve et c’est bien joué. :)

Quand j’ai réalisé qu’Enzo avait perdu son arme, je me suis souvenu qu’Hervé avait dit que ce n’était pas possible, mais aussitôt, avant même que ce soit dit, j’ai pensé que c’était parce qu’il n’avait pas son nom. Du coup, forcément, je pense que ça tient la route. Que tout tient la route. Que c’est une superbe histoire, mais que le chapitre était trop court ! ^^

J’ai encore écrit un roman… Je me demande comment ça se passe du côté de Sacha. Enzo est tombé, elle ne sait pas s’il est en vie et si ça va de leur côté, elle doit être coincé dans l’avion avec Théo… Ils ne peuvent pas communiquer, en plus. Et elle a vachement confiance en lui. Oui, je reste sur mes gardes aussi ; Comment ils vont faire pour se retrouver ?

Ah !! Vivement la suite ! À bientôt, Neila !
LionneBlanche
Posté le 26/09/2022
Je viens de lire le com d'Isa et je précise que moi aussi, le nom de Cathalina m'a marqué. Mais moi aussi j'ai eu plusieurs fois les premiers chapitres car j'ai écouté ses lectures...
Neila
Posté le 02/10/2022
Coucou Lionne. ^^
Désolée pour cette réponse un peu tardive, la semaine a été assez chargée. >.<’
Je suis super contente que tu aies adoré le chapitre ! Enzo n’est donc pas mort, oui. Quelle surprise, n’est-ce pas ? Mais tu avais vu juste, il a très froid dans ce chapitre. En tout cas, c’est très bien si tu as pensé à la faux dès le début du chapitre, puisqu’elle était bien à l’honneur. L’idée qu’elle puisse lui parler, c’est pas bête du tout, mais j’avoue ne pas oser pousser le vice de la personnification de l’arme jusque là. J’ai peur que ce soit un peu trop chelou…
Du coup, c’était Erlik, venu.e à son secoure. ^^ ça aurait été trop facile si iel avait détenu toutes les réponses, non ? :O En tout cas, je trouvais intéressant d’inclure un faucheur avec des souvenirs partiels. J’ai l’impression que tu as bien saisi le parcours d’Erlik et la nuance des souvenirs perdus mais pas volés… ça me rassure ! Et tu t'es souvenue de Cathalina ? Très bien très bien...
Erlik est muet.te, ouais. ^^
Moh, je suis ravie que tout te semble tenir la route. <3 En tout cas tu as l’esprit affûté, tu comprends vite ce qui se passe ! Enzo a effectivement perdu sa faux parce que son lien avec elle n’était pas encore complet, et parce qu’il l’a inconsciemment rejetée. À moins qu’il traverse d’autres crises existentielle, ça devrait plus arriver. ^o^
La réponse au « comment ils font pour se retrouver » et « qu’est-ce qui est arrivé à Sacha et Théo » au prochain chapitre !
Un gros merci pour ton roman. <3 C’est toujours un plaisir à lire.
Isapass
Posté le 25/09/2022
Coucou Néné !

Bon, comme d'hab, je me suis jetée dès le réveil sur ton chapitre. Alors déjà, pour répondre à ta question en intro : oui, ça marche ! En tout cas sur moi ça a très bien marché.
J'ai beaucoup aimé le début, avec les ruptures de rythme, les phrases hachées, les boucles... Ca se lit très bien et ça illustre parfaitement l'état "flottant" et un peu paniqué d'Enzo. Ca donne bien l'impression d'une espèce de demi-coma, mais c'est quand même suffisamment cohérent pour ne pas être frustrant. Et on retrouve toujours ce décalage entre aventures épiques et vie d'ado qui fait tout le charme de ton roman.
La suite suit à peu près le même chemin, même si c'est quand même plus construit. On sent qu'Enzo retrouve ses esprits, mais qu'il est quand même bien paumé (je le serais à moins, hein !) Il y a une atmosphère particulière dans ce chapitre, du coup, qui est à la fois reposante parce qu'on sent tout de suite qu'Enzo est en sécurité, mais en même temps on perçoit bien l'urgence de la situation.
Quant à la séance de méditation qui débouche sur le nommage de la faux, je l'ai trouvé vraiment nickel : riche en émotions tout en restant fidèle au style du récit. J'ai même eu des petits frissons ! J'adore "Memoria". C'est tellement bien trouvé !
J'ai noté au passage le nom d'une des incarnations précédentes "Cathalina". Je me souviens très bien que le Chevalier appelle Enzo par ce nom-là au début (je ne sais pas pourquoi ce détail m'a marquée, d'ailleurs... peut-être parce que j'ai lu plusieurs fois les premiers chapitres à l'occasion de mes lectures sur radio PA). Je sens qu'il y a un truc particulier avec cette Cathalina.

Ma seule petite réserve serait à propos d'Erlik. C'est peut-être plus un retour de lectrice que de relectrice, mais j'ai trouvé que ses explications manquaient de limpidité. Particulièrement ce qui concerne les souvenirs. Finalement, on ne sait pas s'il est un prématuré ou pas, si ? Enfin, si je comprends bien, il a perdu ses souvenirs, mais il est parvenu à les atteindre quand même par la méditation, comme il l'enseigne à Enzo ?
En fait, plus globalement, j'ai la sensation qu'à ce stade, il faudrait répondre à une ou plusieurs des questions que se posent Enzo et Sacha, sous peine de laisser le lecteur/la lectrice sur une impression de flou qui pourrait se transformer en frustration à l'issue du tome 1. On ne s'ennuie jamais, mais c'est vrai que sur l'ensemble, on n'a pas trop de pistes pour se projeter dans la suite. On a l'enjeu de la saga (éliminer le chevalier) mais pas tellement d'indices sur la façon de le faire ni sur ses motivations. Ceci dit, j'anticipe peut-être trop, le tome n'est pas fini et tu as peut-être prévu un gros scoop ou une révélation béton d'ici-là. Mais j'avoue que j'espérais un peu qu'Erlik soit la source de ces révélations. Peut-être au prochain chapitre ?
Quoi qu'il en soit, je te dirai où j'en suis par rapport à cette impression à la fin du tome.
En tout cas j'ai encore passé un très bon moment.
A+
Neila
Posté le 28/09/2022
Coucou Isa !

Ah, génial si ça fonctionne ! C’était vraiment pas facile de retranscrire toutes ces scènes « plongée dans le subconscient » telle que je les ai imaginées, le côté rêve éveillé, toussa. J’avais peur que ça fasse bizarre aussi, les morceaux de dialogue à droite à gauche, mais je voulais trouver une façon de retranscrire ces voix qui parlent les unes par-dessus les autres. è.é
Je suis contente que tu valides Memoria !
C’est vrai que tu es bien placée pour te souvenir de Cathalina (je te remercierai jamais assez pour ta lecture sur la radio <3). Garde la à l’esprit, ça pourrait bien être important. :p
En ce qui concerne Erlik, aloreuh, c’est bien un.e prématuré.e (puisqu’iel a récupéré ses pouvoirs avant ses 15 ans), et ses souvenirs se sont perdus puisque son prédécesseur s’est fait tuer par le Chevalier avant d’avoir pu venir les lui donner. MAIS le Chevalier a pas volé les souvenirs (il avait pas encore eu l’idée de faire ça, à ce moment), donc les souvenirs reviennent à Erlik tout doucement. Ce qui fait qu’iel se souvient de certaines choses, mais pas de tout. Y a que le temps qui pourra lui rendre ses souvenirs (mais la médiation peut accélérer le processus). En gros, c’est ça l’idée. J’ai conscience que c’est un peu compliqué. T.T T’as des idées de comment je pourrais le formuler pour rendre ça plus clair ?
En ce qui concerne le manque d’info à se mettre sous la dent, y a en effet des réponses qui vont venir d’ici la fin du tome. Baba Yaga va déjà en apporter quelques unes, donc bientôt… En tout cas, je veux bien que tu me redonnes tes impressions sur la question à la fin du tome.

Encore un gros merci à toi Isa. <3
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