19- L'erreur

Décidément, à chaque fois que ce crétin était dans les parages, il faisait fuir mes petites cellules grises. Je me retrouvais donc à le fixer comme une parfaite idiote pendant un bon dix secondes avant de retrouver la parole. À ma décharge, son caleçon était rouge, et si cela pouvait apparaitre anodin, il était bon de rappeler que cette maison était une nuance de bleu. Voir une autre couleur, c’était un peu comme voir un papillon se poser sur la truffe de Mistigri: beau, mais annonciateur d’une catastrophe imminente.

Cela ne se fit pas prier d’ailleurs, et bientôt les pommettes de Scepticémie prirent le relais en matière de teinte écarlate. Je me rendis alors vraiment compte que je me trouvais face à face avec un homme quasiment nu-

Et voilà, la situation était passé de terrifiante à terriblement gênante. Mes pommettes s’embrasèrent de mille feu, et je pouvais presque entendre d’ici mon Esprit Familier se gausser dans le ciel. Il ne perdait rien pour attendre.

« Une ghoule vient de s’extirper d’un mur, et votre plus grande interrogation, c’est ce que je fiche ici? » Je finis par dire en me levant -maladroitement, merci genoux droit- et en prenant soin de mettre tout en oeuvre pour ne pas croiser son regard.

La nudité -parce que excusez-moi mais il l’était, ce sous-vêtement c’était une technicité- me mettait toujours mal à l’aise. À l’orphelinat ils nous faisaient toujours prendre nos toilettes tous ensemble pour économiser l’eau, et cela n’avait jamais été plaisant (j’avais d’ailleurs toujours des petits tics nerveux face aux pommeaux de bain muraux).

« Tu n’as rien à faire là. Tu es sensée rester dans ta chamber pour rappel. » il grommela alors.

« C’est ça, par contre la ghoule, elle, a le droit de se promener comme bon l’entend? »

« Elle ne serait pas là si tu ne l’avais pas invoquée. » Il dit, et je fis presque immédiatement volte-face, espérant presque le voir sourire face à sa mauvaise blague.

Mais non.

À en juger par son expression fermée et ses sourcils froncés, il était définitivement sérieux.

Sainte Cassini ayez pitié de mes pauvres nerfs.

« Moi, invoquer un ghoule, sérieusement? » J’entendis ma voix siffler dans mes oreilles, de manière étrangement venimeuse.

Me faire porter le chapeau pour des trucs nuls commençait à s’apparenter à un sport national.

« Je ne vois pas qui d’autre cela pourrait être! »

« Je ne sais pas, à tout hasard, peut-être un des mages de la maison. »

« Ce n’était pas moi- »

« Vous êtes un conjurateur. »

« Oui, autrement dit, si j’invoquais des esprits mauvais sans m’en rendre compte, cela ne serait pas une ghoule de pacotille, ce serait une horde. » Il fustigea, comme si c’était un bon argument. Donc, non seulement j’étais coincé dans ce manoir pourri avec des ghoules qui sortaient des murs, mais en plus, à tout moment une horde de ces trucs pouvaient sortir du sol.

Un ricanement s’échappa de mes lèvres, comme un grand, sans la moindre autorisation.

De mieux en mieux, il était plus que temps que j’établisse une douane de la parole, car le regard que ce crétin me jeta était si venimeux que cela n’annonçait rien de bon.

« Qu’est-ce qu’il y a de si drôle? » Sceptinul se braqua et m’aboya dessus.

« Aucune idée. » Je dis, en luttant contre ce rire, mais ce dernier se transformait peu à peu en caquètement hystérique. Ce n’était pas un rire nerveux, ça, mais un craquage général. J’en pris pleinement conscience quand les larmes se mirent à former des rapides le long de mes joues.

Je trouvais ça positivement injuste. Je veux dire, j’avais passé toute la journée précédente à pleurer, j’avais laissé la pression sortir. Mes larmes n’avaient en aucun cas le droit de se plaindre que je ne les avais pas laissé tomber, et encore moins la permission de tomber sans préavis. Et face à cet idiot en plus, mais au secours, au secours!

Une petite main vient me tirer de mon hystérie ridicule, et une tache blanche trouble apparut dans mon chance de vision. Britannicus s’était extirpé de sa place forte de couverture et me tendait son mouchoir.

« Faut pas pleurer comme ça Dodo, Scetus il s’en est occupé de cette ghoule. Il y a plus raison d’être triste.» Il dit en tirant sur mes manches, et un sentiments de honte assez nul me tordit l’estomac.

« Oui, ça ne sert à rien de se mettre dans un état pareil. Ce n’était qu’une ghoule, inutile d’en faire tout un plat.» Scetus maugréa alors, le regard plus que fuyant.

Pleurer devant lui, ça me faisait mal à mon orgueil, mais pour être franche, je commençais à en avoir vraiment ma claque de toute cette affaire. Je voulais que cela s’arrête, et malgré l’embrassade de Brittannicus, je ne m’étais jamais sentie aussi seule de ma vie. Je voulais revoir Madame Catherine, que Mathurin me lance un regard déçu mais qu’on tourne la page, que Lizzie mette toutes les araignées du monde dans mon édredon si cela lui faisait plaisir.

Je voulais rentrer chez moi.

« Vraiment, il n’y a aucune raison de se mettre dans un état pareil-» Scetus commença à maugréer, mais fut interrompu par un bruit de porte. Même moi je levais la tête à l’écoute de ces pas dans les escaliers, deux paires, puis dans le couloir-

« Que se passe-t-il ici? » La voix de Lazarus retentit dans mes oreilles.

Je refusais de croire à sa présence pendant un instant. Non, il ne pouvait pas se tenir dans le cadre de la porte, dans un costume à nouveau si impeccable, l’air fatigué mais d’une perfection exaspérante, ses yeux bruns épiant la moindre parcelle de cette chambre. Et puis, je vis la figure de Madame Regiris derrière lui. Elle était en kimono de soie gris argenté, les cheveux ramenés sous un foulard assorti, et avait actuellement un air assez mécontent gravé sur son visage.

« Beria- tu, qu’est-ce que, enfin. » Scetus passa par plusieurs teintes de couleurs en bégayant, allant du rouge au blanc neige, en passant par quelques nuances de verdâtre et de gris au passage.

C’était également bien la première fois que je le voyais tout aussi chamboulé, et qu’il faisait autre chose que grommeler et casser les genoux d’ailleurs.

Lazarus prétendit ne pas remarquer ni son air, ni sa tenue, préférant plutôt s’attarder sur le sol, toujours jonché de pièces détachées de ghoules. Il eut un bref rictus écoeuré, mais n’apparut pas impressionné ou choqué pour autant. Visiblement me voir pleurer était un spectacle beaucoup plus surprenant, voir divertissant.

Une de ses commissures eut un tic, comme s’il s’était retenu de sourire, et quelque chose de noir gronda entre mes tempes. C’était une mixture de honte et de colère, de m’être faite surprendre de la sorte, par lui. J’entrepris donc de me retenir de respirer pendant un bon trente secondes afin de me calmer. J’y parvins, la fureur aidant.

« Je ne pleure pas, ce sont mes allergies. » Je lui dit tout net, à défaut de pouvoir lui faire ravaler cette ombre de sourire. Ma voix tremblait encore et ma figure bouffie devait me donner la grace et l’élégance d’un albatros au sol mais tant pis.

« Des allergies, en automne. » Il répéta d’un air joueur. Dommage pour lui, j’adorais jouer.

« Je suis allergique aux crétins. »

Il se mit à sourire franchement.

« Madame Regiris m’a fait comprendre qu’il y avait eu un dérapé. » Il dit à Sceptidébile. Cette manie de poser des questions sans en avoir l’air était vraiment, vraiment agaçante.

« Il n’y a aucun problème, la situation est sous contrôle. » Scetidébile répliqua, non sans jeter un regard noir à sa mère.

« Ce n’est pas ma compréhension de cette affaire, et je doute que ces viscères soient un choix décoratif. »

« Tu es en pleines élections, ce n’est pas-"

« C’est au contraire capital. Vous aviez concédé initialement à m’offrir l’usage de votre cave pour trois jours tout au plus, et voilà plus d’une semaine que Mademoiselle profite de votre hospitalité. C’est un problème, et il est de ma responsabilité de le régler. En particulier quand Mademoiselle se met à invoquer des ghoules dans vos murs.» Il dit tranquillement, et derrière lui, Madame Regiris hochait lentement la tête.

« Je n’ai pas invoqué cette ghoule. » Je protestai.

« Tu es la seule option. Madame Regiris serait bien incapable d’invoquer le plus petit esprit frappeur et Scetus a beaucoup trop de contrôle de soi pour laisser place à un tel dérapage. Il ne reste alors que-»

« Moi. » Une petite voix fluette s’écria alors, et je fus loin d’être la seule à faire volte face. Même Lazarus se mit à fixer Brittannicus, les sourcils légèrement haussés.

L’intéressé ne s’était visiblement pas attendu à tous ces regards, et son visage vira au rogue vif. Il se mit à se tordre les mains de manière nerveuse.

« Pourquoi aurais-tu fait une chose pareil? » Madame Regiris se braqua alors, ce qui lui valut un petit regard au coin d’un certain politicien.

« Je n’ai pas fait exprès, c’était, euh, on parlait, de… » Britannicus se mit à bégayer de manière de plus incohérentes avant de prendre une inspiration « On parlait de maman. »

Si le regard de Madame Regiris avait été assez dur jusqu’alors, il devint carrément mauvais. Ses lèvres prirent un plis désagréable et elle tourna la tête dans ma direction.

« Je vois. Ça se dégonfle avec une simple question mais ça n’a aucun problème à fouiner dans le linge sale des autres. » Elle cracha, presque littéralement. Mon coeur se mit à battre à tout rompre dans mon torse, jusqu’à remonter le long de mes tempes.

« Je n’ai pas besoin de fouiner pour trouver vos squelettes dans les placards, au cas ou vous n’auriez pas remarqué, ils ont tendance à toquer à ma porte. » Je dis alors, avant de me tourner vers Lazarus « Peu importe qui a invoqué cette ghoule, mais cela s’est fait beaucoup trop facilement. Il y a un problème. »

« C’est une vieille demeure. » Il dit simplement, un petit sourire aux lèvres.

« L’Auratoire a plus de quatre cent ans, et pourtant je n’ai jamais croisé le moindre spectre dans le cloitre. »

« C’est un lieux sacré, cela a certaines implications magiques. »

« Donc on peut régler cela avec de la magie. »

Il inclina légèrement la tête sur le côté.

« Qu’es-tu en train de me demander exactement? »

« N’êtes-vous pas supposé être un des mages les plus puissant de la décennie? » Je dis, car il allait prendre le melon bien assez ainsi. La vérité cependant, c’était que Lazarus ne faisait pas parti du cercle très sélectif et rare des archimages. Tout le monde tombait plus ou moins d’accord pour dire qu’il pourrait les battre tous à plate couture.

Mais cet homme avait un égo bien assez développé. Inutile d’en rajouter.

Il leva les yeux au ciel

«Quand bien même cela serait avéré, je demeure un élémentaliste. Les projections mortuaires sont davantage dans le champs des capacité de Scetus, n’est-ce pas? »

Ce dernier aurait visiblement préféré se faire transformer en souris et disparaitre à tout jamais. Il hocha lentement la tête mais dorénavant se mit à fuir le moindre regard.

« Bien, alors, que fait-on? » Je revins à la charge. S’il pensait que j’allais abandonner aussi facilement, il pouvait toujours courir. Et vu ses chaussures à au moins mille ducas la paire, il aurait visiblement mal aux pieds s’il essayait de me faire la course.

Beria Lazarus me jeta un long regard avant de se tourner vers Madame Regiris.

« Je suis parfaitement conscient d’avoir abusé de votre bienveillance Mafalda, et je m’en excuse platement. Je vais prendre les dispositions pour mettre un terme à cette situation. »

« Tu ne peux pas faire cela! » Scetus protesta alors « Elle a des noms à cracher, nous devons clore cet affaire.»

Pardon.

Comment ça des noms à cracher, qu’est-ce que c’était encore que cette histoire? Je m’apprêtais à protester énergiquement quand je vis le regard de Lazarus. Il avait été menaçant auparavant, mais ce regard-ci, il était tout simplement terrifiant. Il hocha alors imperceptiblement la tête avant de brièvement glisser son regard sur Britannicus.

Quelque chose de froid jaillit dans mon esprit, et je me rendis compte de deux choses: 1. Lazarus était visiblement un sacré petit cachottier, même avec ses supposés sbires, 2. Si je crachais le morceau, je n’étais pas certaine que quelqu’un sorte jamais de cette pièce. Sans Brittannicus, je n’en aurais pas eu grand chose à faire mais par tous les Saints, non! Je décidais donc de la boucler pour le moment, mais il avait intérêt à ne pas faire le fou fou lui non plus.

Lazarus dut interpréter ma moue de goéland comme un accord de circonstance car il se détendit.

« S’il faut trouver une autre solution, nous trouverons une autre solution. » Il dit tranquillement.

Madame Regiris demeura silencieuse pendant une bonne minutes, fixant le sol maculé de ghoule afin d’échapper au regard volcanique de son fils.

« Je serais bien ingrate si je vous le demandais. » Elle finit alors par dire.

« Il n’y a pas matière à gratitude dans cette affaire. » Lazarus protesta, la voix légèrement plus douce et Madame Regiris secoua la tête.

« Ce ne sont pas ses fantômes, alors… qu’elle reste. Nous aviserons pour la suite je suppose. » Elle soupira.

« Je vous en suis extrêmement reconnaissant. Dans ce cas… chère Sidonie, aurais-tu l’amabilité de me raccompagner? »

Je ne tiquai pas, car je m’y attendais et m’y étais préparée. Et pour être tout à fait franche, s’il ne l’avait pas fait, je me serais invitée moi-même. J’ai, vraiment, vraiment, des questions. Beaucoup, de, questions et il n’y  échappera pas.

J’hochai donc la tête et nous primes congés sans que quiconque ne trouva rien à redire. D’ailleurs, aucun de nous deux ne desserra les lèvres avant que nous ne soyons sortis.

Quand l’air vif me caressa le visage, je réalisais que cela devait bien faire deux semaines que je n’étais pas sortie. Rien que pour cela, je n’avais aucun regret, et si Lazarus n’était pas en train de m’épier comme un rapace, je me serais laissée allée à cette douce odeur d’automne.

Mais non, concentration.

« Donc, ils ne savent pas pourquoi je suis ici. »

« Il s’agit d’un des secrets les mieux gardés au monde, ce niveau de certitude n’est pas accomplis par des confidences excessives. » Il répondit tranquillement « Je te suis reconnaissant d’avoir tenu ta langue, les conséquences auraient été… désastreuses. »

Il commença alors à s’éloigner sur le petit chemin de pierres, noyé dans une végétation assez négligée. J’aurais vraiment aimé pouvoir le laisser en plan, ce crétin qui partait sans m’attendre, mais je devais reconnaitre que j’étais dévorée par la curiosité.

Et aussi frigorifiée. Si je ne me mettait pas à bouger, j’allais me transformer en glaçon. Pour ma plus grande honte, je me précipitais donc à sa suite.

« C’est quoi cette histoire de noms exactement? »

« Il fallait une raison valable, et j’en ai trouvé une. Scetus pense que tu as des informations sur l’attentat de la Magiversité. »

« Mais c’est pas vrai, ça, encore- et une petite minutes, vous aviez dit, que si je vous aidais, je pourrais rentrer chez moi. »

« Je ne mens jamais, tu as ma parole. »

« Alors, visiblement vous mentez, vous avez clairement menti à ce crétin-»

« Je te prierais de demeurer polie. » Il m’arrêta d’un geste de main. Gantée. Évidemment. Je me demandais pourquoi il en portait. Encore, les mages les plus faibles pouvaient dissimuler l’éclat de leurs runes, mais Lazarus était trop puissant pour que cette tactique fonctionne.

Bref. Lazarus me toisa de biais, et il était hors de question que je ne soutienne pas son regard.

« Il a cassé mon genoux, je suis aussi polie que possible, et ne changez pas le sujet. »

« Je ne lui ai pas menti, ce n’est pas de ma faute s’il interprète mal ce que je lui confie. »

« Et comment comptez-vous lui annoncer que je rentrerai tranquillement chez moi et que personne ne me cherchera des noises? »

« J’ai sous-entendu que tu avais eu une certaine implication, mais que tu n’avais pas été informé qu’il s’agissait d’un attentat, et qu’en protestant tes complices t’ont effacés la mémoire. Tu es dévorée par la culpabilité et coopère pleinement afin de t’en rappeler. »

« … et comment lui avez vous sous-entendu ça sans mentir? »

« Parce que ce n’est pas entièrement faux. » Il répliqua « Tu as pris un soin infini à effacer la moindre trace de ton passé. Sidonie Drèke apparait du néant il y a de cela six ans. J’ai passé au peigne fin les registre des disparus de toute la Pictanie Côtière et tu ne correspond à aucun profil d’orphelin. »

« J’étais une orpheline, on disparaissait facilement, vous voulez que je vous rappelle le contexte peut-être? »

« Fais comme tu l’entends, mais tu ne me tromperas pas. Tu es peut-être parvenue à construire une vie quelconque mais c’est de la culpabilité que je vois dans ton regard. Tu as des fantômes assez détestables que tu souhaites oublier. »

« La ghoule, ce n’était pas moi. »

« Mmmh, un autre mystère qu’il faudra tirer au clair. Je serais enclin à te croire, tu ne sembles avoir aucune disposition dans ce sens mais… Britannicus n’est pas un conjurateur. »

« Mais moi oui peut-être? »

« Tu es une anomalie vivante, je commence à penser que je dois me préparer à tout avec toi. » Il soupira d’exaspération, mais une lueur avide brillait dans son regard. « Je n’aurais jamais cru par exemple, que tu serais allée questionner un garçon de six ans.»

« Je ne l’ai pas interrogé, on discutait, et il en a parlé. »

« Ça, c’est impossible. Cela va faire deux ans qu’il est ici, c’est bien la première fois qu’il mentionne sa génitrice en présence de quiconque. Comment y serais-tu parvenue? »

Bon, annoncer à Lazarus que le gamin avait eu peur qu’il me batte, cela me semblait peu judicieux. Il fallait donc présenter l’affaire sans trop mentir, car même si je n’étais actuellement pas sous influence de mexo, je le sentais capable d’aller en chercher au moindre doute, voir de m’en faire boire à la bouteille.

« Il s’inquiétait pour moi. Sa mère, elle est encore vivante? »

« Mafalda ne tolèrerait pas sa présence, si c’était le cas. Non sans raison.» Il finit par dire après une longue minute de silence. « C’était une affaire assez désagréable mais trêve de tergiversations. Je n’ai aucunement menti, tu fuis quelque chose et j’aimerais que tu me le dises. Tes parents étaient des Teknokrates, n’est-ce pas? »

« Pourquoi penseriez vous cela? »

« Il est de mon humble expérience que les personnes si effrayées à l’idée d’être magiques le sont non sans raison. Cela vient généralement des parents. » Il dit, et son air, ses paroles, tout me devint insupportable. Qu’ils les accusent, eux, non, je ne pouvais pas le supporter.

« Je ne suis pas effrayée à- ce n’est simplement pas vrai. »

« Voilà pourquoi je suis obligé de te donner du mexo, ou bien tu es mal honnête, ou bien tu te mens à toi même. Dans les deux cas, le résultat est disgracieux. » Il dit, et sans surprise me tendit une fiole. Bon, je l’avais peut-être un peu chercher il fallait dire.

« Ce n’était pas mes parents. » Je finis par maugréer « J’ai été récupéré par des Séparatistes. »

« Comment ça? »

« Et c’est pour cela que je ne suis dans aucun registre, vous n’avez simplement pas accès aux listes sur lesquelles je figure. »

« … tu as passé du temps à Dixm, pendant la guerre. »

« Oui, et c’est pour ça que quand je dis que je ne suis pas une mage, il faut me croire, car ils nous testaient, régulièrement et si j’en étais une, je serais morte depuis longtemps. »

« Comment as-tu atteri de l’autre côté du mur exactement? »

« Un soir un type m’a trainée hors de mon lit, vers un bosquet et je faisais de la résistance donc il s’est mis à me frapper avec son fusil et l’équilibre de l’univers l’a frappé à son tour car à cause de ça il n’a pas entendu les soldats loyalistes approcher et après ça, je n’étais pas très motivée pour repasser de l’autre côté, et personne n’a chercher à m’y renvoyer. » Je dis, le plus rapidement possible, comme ça c’était fait, et on en parlerait plus jamais. Je n’en parlerai plus jamais.

« Quel âge avais-tu? »

« Onze, douze ans. »

« C’est un peu jeune pour se faire trainer de la sorte dans un bosquet. » Il remarqua platement et je haussais les épaules.

« Et je ne me suis pas construite une vie quelconque, Monsieur Lazarus. On m’a aidé à reconstruire une belle vie et je ferai tout pour la retrouver, croyez-moi sur parole. »

« Je te crois. » Il dit paisiblement « Je suppose que cela explique certains… trous, dans ton pedigree. Et une certaine attitude.»

« C’est vraiment gonflé de dire que je me comporte mal. »

« Je ne critiquais pas ton comportement, je souligne simplement que ton absence latente d’instinct de préservation. »

« Je suis encore vivante. »

« En effet. Et bien, ce fut instructif, comme toujours, chère Sidonie. » Il dit, en me baisant délicatement la main et prit congés. Ses paumes illuminèrent des gravures au sol et il disparut dans un éclat éblouissant, ne laissant derrière lui que le hurlement du vent.

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Cléooo
Posté le 25/09/2024
Hellooooo !

J'ai bien aimé le "je suis allergique aux crétins" xD

Ce passage, j'ai eu un peu de mal à comprendre les réactions de Lazarus et Sidonie :
"« Tu ne peux pas faire cela! » Scetus protesta alors « Elle a des noms à cracher, nous devons clore cet affaire.»
Pardon.
Comment ça des noms à cracher, qu’est-ce que c’était encore que cette histoire? Je m’apprêtais à protester énergiquement quand je vis le regard de Lazarus."
Et ce qui en découle. Quel accord de circonstance? Quel rapport avec Britannicus? (parce qu'il le regarde bizarrement)
Un peu plus loin dans le texte, je comprends que ce qui se passe dans les sessions de thé privée entre Lazarus et Sidonie sont secrets défense. Pourtant Lazarus dit devant lui qu'il pense qu'elle a invoqué la ghoule, donc il sous-entend qu'elle aurait un peu de magie en elle... Et c'est surtout autour de ça qu'ont tourné leurs entretiens, non? (désolée je me mélange un peu les pinceaux peut-être, ça faisait un moment que je n'avais pas lu !)

Bien, en tout cas certaines choses s'éclaircissent. Je n'étais pas complètement sûre, mais je comprends qu'il manque certains éléments de sa mémoire à Sidonie. Volontairement ou non, c'est une autre question. J'aimerais bien savoir ce qu'elle sait nettement, rétroactivement je n'arrive pas à vraiment me rendre compte de quelle partie de sa vie elle a oublié !

Bref je suis sûre que ça va s'éclaircir au fil des chapitres, je viens lire le chapitre suivant un peu plus tard !
À très vite !
A Dramallama
Posté le 01/10/2024
Hellooo!

Ah oui je vois le hic. En gros, Sidonie entend Scetus dire quelque chose qui sous entend une toute autre raison quand à la présence de la jeune fille dans la maison, elle s’apprête à le corriger et croise le regard de Lazarus. Ce dernier a un regard meurtrier et glisse un petit regard vers Britannicus, pour sous entendre “si tu l’ouvres, je vais tuer tout le monde” (en gros). Donc elle décide de se taire… pour le moment.

Oui leurs entretiens sont secrets defence (voir pire, on est plus dans le société-secrète-prête-à-tuer-pour-conserver-son-existence-secrète). Lazarus mentionne qu’elle a peut être un peu de magie parce que ce n’est pas ça le secret à garder. Ce n’est pas ça le “problème”, le hic c’est la Voix et qu’elle résiste à la Voix. Le reste c’est “fair game”, au contraire. On est dans une maison d’hecatarchistes quand même. Sous entendre qu’elle a un peu de magie en elle, c’est donner un peu plus de valeur à sa vie.

Une partie de sa vie qu’elle a oublié, ou fait semblant d’avoir oublié…?

Encore merci pour ton retour ! 🙏
Cléooo
Posté le 01/10/2024
Ça marche donc vraiment c'est le truc de la Voix qui est secret défense. Je comprends mieux, c'est bien noté ! ^^
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