De gros nuages gris, annonciateurs d'une pluie immimente, parsemaient le ciel qui commençait à gronder. Les élèves se pressaient de terminer leurs déjeuners avant l'averse. Ca se chamaillait, ça parlait fort, ça rigolait. Les tables étaient jonchées de livres, de miettes et de gobelets renversés. A la table de Nour et d'Oren, l'ambiance n'était guère différente. L'effervescence régnait, mais ici ça chuchotait frénétiquement.
Les jumeaux étaient formels, ce que Nour avait véçu dans le jardin d'Oren était une forme de télépathie pur. Le médaillon avait certainement aidé à cet état de conscience avancé. C'était un excellent signe, pour eux Nour savait désormais se servir du pouvoir du bijou, et Mahaut semblait même vouloir l'aider. Nour était donc décidée à rencontrer son aïeule, coûte que côute. Son aïeule ? Elle ne parvenait toujours pas à y croire.
Le silence se fit instantanément quand Anya se planta devant la table. Personne ne l'avait vu arriver. Qu'avait-elle entendu ? Son regard passait de Nour à Timéo.
Elle dois choisir son bouc émissaire du jour.
-- Moi aussi j'aurais bien aimé aller en Fandari, fit l'elfe à Timéo.
-- Pour cela il aurait fallu que je t'invite.
Elijah éclata d'un rire franc et sonore. Anya tourna alors vers lui un regard assassin.
-- J'ai dis à ma mère que c'était injuste que vous continuez à venir à l'école, fit-elle en s'adressant aux jumeaux. Votre attitude irrespecteuse nous mette tous en danger. Mère a immédiatemant fait parvenir un message à votre cher grand- père. Je crois bien que c'est votre dernier jour de classe avant longtemps, fit-elle en affichant maintenant son plus beau sourire.
Le visage des jumeaux se ferma. Nour les comprit, sur Terre elle aurait été ravie de devoir manquer les cours, mais pas ici. Elle vit la colère sur le visage blême d'Elijah, et le désarroi, l'incompréhension sur celui d'Azénor.
-- Quand à toi la terrayenne, reprit Anya, j'espère que ton bras va mieux. Je ne serais pas aussi magnanime la prochaine fois.
-- Ah je le savais, s'exclama Oren, c'était pas un accident.
La prochaine c'est peut-être elle qui te mettra au sol.
-- Vraiment ? Et pour quel prodige ? demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
-- Tu crois tout savoir sur tout, tu te crois meilleure que nous, s'emporta Elijah.
-- Je suis plus intelligente c'est indéniable. Toi tu auras ton diplôme grâce à grand-papa. Ca ne m'étonne pas que tu t'accoquines avec la terrayenne, entre demeurés on doit se comprendre.
-- Tu fais la maligne mais tu sais rien du tout. T'as de la chance que je frappe pas les plus jeunes que moi, quant à Nour elle pourrait te réduire en pièce en un clin d'oeil, le médaillon des Tamlin peut terrasser n'importe quel adversaire, lâcha Elijah plus furieux que jamais.
Instantanément, il se rendit compte de sa monstrueuse bourde. Ses yeux s'agrandirent, ses lèvres formèrent un rictus horrifié. Il fixa Nour.
-- Je suis... commença-t-il.
Mais c'était trop tard. Anya avait presque de la fumée qui lui sortait des oreilles tellement son cerveau était en ébullition.
Nour resta interdite, comme pétrifiée devant le jumeau.
-- Je croyais le médaillon perdu, chuchota Anya. Tout le monde le pense perdu. J'ai déjà aperçue Mahaut Tamlin, elle a l'air d'une charmante vieille dame, et je sais que seule une Tamlin peut se servir du médaillon, dit-elle plus fort. Il me paraissait impossible qu'une terrayenne se retrouve en An Domhan, mais maintenant tout s'explique.
Avant qu'aucun n'aient pu répondre ou faire quoi que ce soit Anya était debout sur la table.
-- Ecoutez moi tous, cria-t-elle à l'assemblée. Quelqu'un parmi nous a un secret.
Elle attendit que le silence pour continuer. Elijah tentait de l'attraper. Mais plus rapide elle fit un pas en arrière.
-- La terrayenne est une Tamlin. Mahaut Tamlin est de sa famille. Dis-nous ce qu'elle est pour toi Nour ?
Elijah, aidé d'Oren, parvinrent à faire descendre Anya de la table. Mais déjà une foule s'amassait d'autour d'eux. Nour fulminait. Elle se leva bruyamment en faisant tomber sa chaise, vit tous les regards curieux qui l'observaient.
Sans un mot, elle couru jusqu'aux toilettes, les larmes aux yeux. Elle se regarda dans le miroir, elle avait changé. Chez elle, elle ne se serait jamais laissée traiter de la sorte, si elle avait répliqué Anya ne l'aurait plus embêter depuis longtemps. Elijah n'aurait pas eut à s'emporter, il n'aurait pas gaffé. Ici, elle devenait faible. Dorénavant, elle ne serait plus que la descendante d'une femme cruelle que beaucoup haïssait.
Anya avait gagné. Si seulement elle savait se servir de ce fichu bijou.
Je peux pas laisser gagner cette peste.
Elle observait ses yeux rougis quand on frappa à la porte des toilettes. Elle s'empressa de sècher ses larmes, et fut surprise de voir Ezékiel Pom ouvrir la porte.
– Une rumeur court à travers toute l'école comme une trainée de poudre, fit-il en restant dans l'embrasure de la porte. Est- ce que tout va bien ?
– Super, répliqua-t-elle sur un ton agressif.
– Je vois. T'es pas du genre timide, alors explique moi pourquoi t'as pas encore mis une raclée à Anya.
Nour resta interloquée durant quelques secondes.
– Vous êtes vraiment bizarre. Vous devriez pas plutôt me conseiller de tendre l'autre joue ou un truc dans le genre ?
– Ce que je veux dire c'est que t'es pas obligée de te laisser faire sans répliquer sous prétexte que t'es pas d'ici, que tu dois t'intégrer à tout prix. Le poids des mots est souvent plus fort qu'une bonne claque.Tes amis seront là pour t'épauler au cas où.
– Quels amis ?
– Là tu es injuste me semble-t-il. Je vous ai observé, non pas que j'aime reluquer les enfants, mais ta petite bande et toi vous avez l'air très proche.
– Elijah m'a trahi.
– Alors c'est la vérité, tu es bien une Tamlin ?
– Je crois, répondit Nour en haussant les épaules. Vous allez avoir peur de moi vous aussi maintenant ?
– Peur d'une enfant ?! Ecoute moi bien Nour, chacun de nous a une histoire familiale compliquée. A chaque anniversaire, mon oncle finit toujours par danser en sous-vêtements sur la table, et un jour mon frère m'a volé ma plus belle paire de bottes. C'est la vie. Mais certains parmi nous comptent dans ses proches des êtres hors du commun, pour le meilleur ou pour le pire. Tu peux en tirer quelque chose, tu peux te servir de ça pour t'élever moralement, mentalement. Notre force provient des difficultés que l'on rencontre, toujours. Compris ?
– Oui je crois, répondit Nour, pas vraiment sûre.
– Bien. Cette histoire aura de l'importance uniquement si tu lui en donnes. N'attends pas pour montrer à tout le monde qui tu es vraiment. Ecoute, je suis pas vraiment doué pour réconforter les fillettes, ni n'importe qui d'autre d'ailleurs, alors va rejoindre tes copains s'il te plaît.
Ezékiel Pom la laissa seule. Le silence qui régnait dans les toilettes déplu à Nour, qui se décida à suivre les conseils du gardien. Son cœur fit un bond quand elle vit Malakel dans le grand hall. Il n'avait pas le droit d'être dans l'enceinte de l'école, était-ce Pom qui l'avait autorisé à venir la voir ? A son contact elle se sentit déjà mieux, et après quelques minutes de calins, la tête enfoncée dans les poils du lynx, elle retourna sur la terrasse. La pause déjeuner était presque finie, bientôt tous les élèves se presseraient de se rendre à leurs activités de l'après-midi. Nour serra le médaillon dans sa main. La rumeur sde son retour se propagea, les yeux convergèrent vers elle.
Si seulement Anya pouvait s'emmêler les pieds et s'étaler au sol. Ce serait une trop bonne diversion. S'il vous plaît.
Elle supplia le bijou de lui venir en aide, comme à une entité supérieure capable de prodige.
Le miracle, ou la magie, se produisit. Nour n'en cru pas ses yeux, mais elle vit l'elfe s'étaler de tout son long sur le sol. Des élèves l'encerclèrent, des éclats de rire fusèrent. Et puis la cloche sonna. L 'assemblée se dispersa. Le souffle coupé Nour desserra sa main le plus délicatement possible, et lentement elle glissa un œil vers Malakel. Celui-ci la fixait, pas dupe un seul instant.
– J'ai pas fait exprès chuchota-t-elle.
Elle en voulait terriblement à Elijah. L'incident avec Anya la perturbait plus encore. Elle avait souhaité que l'elfe se blesse et cela s'était réalisé, comme un souhait au génie de la lampe. Evidemment, elle s'en évidemment voulu, elle ne voulait pas faire de mal à Anya, enfin pas vraiment. Etait- elle aussi mauvais que son aïeule ? Elle entendait déjà "les chiens ne font pas des chats". C'est pourquoi elle avait fui une nouvelle fois quand la foule, riant encore de la chute d'Anya, retournait dans le grand hall alors que la cloche sonnait. La peur l'avait saisit et elle prit la poudre d'escampette. Oren la retrouverait plus tard, chez lui.
Nour était tombé amoureuse du jardin d'Oren. Elle qui avait toujours véçu en appartement, sans même un balconnet, se demandait comment elle pourrait désormais vivre sans. Depuis son arrivée chez les Tannen, c'est ici qu'elle aimait se réfugier quand ça n'allait pas. Et ça n'allait pas. Méditer, observer le ciel et la danse des nuages, les petits bosquets de plantes médicinales et le cerisier du jardin l'apaisait. Pourtant cette fois-ci ce fut vraiment plus difficile de faire le vide dans son esprit.
Elle lui demanda de ne pas lui raconter ce qui s'était passé après son départ de l'école. Il promit, de mauvaise grâce. Elle ressassait déjà assez comme ça, elle devait mettre un plan en place. Le médaillon l'effrayait, elle en venait à redouter de le toucher.
Pauvre Nour, c'est difficile de faire sa place dans une école où tout et tout le monde est impressionnant ! C'est dommage pour elle qu'elle en vienne à douter même de la bonne volonté de ses amis, même s'ils sont maladroits ! Anya est plus peste que jamais, quel besoin crier les secrets de gens haut et fort, comme ça ? Elle doit être bien jalouse de quelque chose pour faire autant de mal de manière si détachée et naturelle !
Sinon en règle générale, sur ce chapitre, j'aurais aimé un peu plus de temps passé sur les émotions, mais ce n'est que mon avis. Cela dit, c'est une scène fraiche, dynamique et fluide, et on n'a pas de mal à suivre les événements, ça fait du bien !
Ça m'a surprise aussi de voir de Ezechiel débarquer sans gêne dans les toilettes des filles pour consoler Nour, avec son empressement à assurer qu'il "ne reluque pas les enfants", ça commence à devenir louche :'D.
Coquillettes (j'ai pas tout relevé) :
- ce que Nour avait véçu dans le jardin d'Oren était une forme de télépathie pur. => vécu, pure
- elle dois => doit
- J'ai dis à ma mère que c'était injuste que vous continuez à venir à l'école, => dit, continuiez.
- La prochaine c'est peut-être elle qui te mettra au sol. => mettre un tiret
-- Vraiment ? Et pour quel prodige ? => par quel prodige ?
- elle attendit que le silence pour continuer => il doit manquer des mots :)
- quand à toi => quant
- Evidemment, elle s'en évidemment voulu => deux fois évidemment
- la peur l'avait saisit => sie
- Elle qui avait toujours véçu => vécu
A très vite !
Tu as raison pour les émotions, je vais travailler ça.
Maintenant que tu le dis, Ezékiel ne peut pas entrer dans les toilettes, c'est clair. Il va gentiment attendre que Nour en sorte.
Merci pour les coquilles :)