Ankha et Meero se retrouvèrent à l’extérieur. Le bon côté, c’était que personne ne surveillait cette porte. Par contre, la tempête avait encore forci et les bourrasques de neige les percutaient sans ménagement. Ils bifurquèrent à droite.
En temps normal, Ankha connaissait déjà mal cette partie de la ville, et maintenant, elle n’arrivait tout simplement pas à s’y repérer. Une fois de plus, elle suivit Meero qui avait l’air de savoir où il allait. En plus, le coup de couteau qu’elle s’était prise commençait à se faire bien sentir. Sa jambe cédait à chaque pas.
Ils étaient dans l’ancien quartier industriel de la ville. Ici, ce n’était que hangars et usines abandonnées. Toute l’activité avait été délocalisée en dehors de Muresid avec la chute de l’Empire et l’arrivée du nouveau pouvoir.
Tout doucement, des maisonnées se firent plus présentes. De petits immeubles apparurent aussi. Ils étaient déjà plus proches de la civilisation.
Soudain, Ankha sentit les doigts de Meero s’entrelacer aux siens et il la repoussa avec violence contre un mur. Elle allait riposter d’un coup bien placé quand elle vit les hommes armés dans la rue où ils se trouvaient quelques secondes avant. Bon, d’accord, niveau réflexes, elle n’était peut-être pas encore au sommet de sa forme.
Elle jeta un bref regard à Meero, puis le reporta sur les hommes qui disparaissaient à présent à un angle de rue sans les avoir remarqués.
— Désolé, dit-il en la relâchant et en s’éloignant d’elle.
Ankha ne répondit pas. Elle ramassa le flingue qui avait glissé par terre.
— C’est où, ta planque ?
— En face.
— Charmant.
×
La porte d’entrée de l’immeuble ne fermait pas et l’escalier sentait la moisissure. Dans le temps, ça avait été des logements pour les employés des usines. Mais à présent, ils servaient de planques ou de points de rencontre entre dealers. L’endroit le moins recommandable de Muresid, en somme.
Arrivé au premier étage, Meero dépoussiéra la serrure et appliqua l’index sur l’écran. Il dut s’y reprendre à plusieurs fois avant que la porte ne daigne se déverrouiller. L’appart tenait plus du placard aménagé. Mais au moins, ils avaient un toit au-dessus de la tête pour passer la tempête.
En face, une grande fenêtre diffusait la lumière grisâtre de ce milieu d’après-midi. Et par-delà la neige qui tombait dru, Ankha devina d’autres immeubles semblables à celui-ci. Elle s’approcha de la vitre et jeta un regard en contrebas. S’ils devaient fuir, ça serait jouable par là. Il n’y avait qu’un étage qui les séparait du sol.
Elle garda son manteau. La température dans l’appart devait être sensiblement la même que dehors.
Pendant ce temps-là, Meero dénicha un poêle à pétrole qui avait clairement connu des jours meilleurs. Quand il le mit en marche, l’air dans le réduit devint irrespirable. Mais au moins, la machine diffusait un peu de chaleur.
Ankha ouvrit un placard, un deuxième. Comme dans chaque bonne planque, il y avait une trousse de premiers secours. Des compresses, des bandages, du désinfectant.
Ça ne lui plaisait pas des masses de montrer une faiblesse de plus à ce mec qu’elle ne connaissait pas. Mais sa jambe lui faisait mal et elle ne tenait pas à ce qu’en plus de tout, ça s’infecte.
Elle se laissa tomber sur un des matelas posés contre un mur, retroussa la jambe du pantalon, grimaça.
Le sang avait eu le temps de sécher pendant le trajet. Elle nettoya comme elle put, se débattit avec le bandage. Ses doigts étaient engourdis par le froid et elle avait encore du mal à se plier après la balle de Catinis.
— Besoin d’aide ?
Elle serra les dents. Elle n’en voulait pas, de son aide. Mais elle en avait besoin. Il s’assit à côté d’elle, récupéra les bandages.
— C’est assez profond, dit-il sans lever le regard vers elle. Il faudrait recoudre, dans l’idéal.
— Ça ira.
— Sûre ? Comme tu veux.
Elle sentit de nouveau le désinfectant dans la coupure et serra les dents encore plus fort.
— Tu peux m’éclairer sur un point ? demanda Meero en faisant pression avec la compresse. Pourquoi tu l’as pas tué ?
— Tu t’en es chargé, je vois pas le souci.
— Le souci, c’est que t’as hésité et qu’on a tous les deux le résultat sous les yeux. Si j’avais pas été là, il aurait pu te faire bien plus de mal.
— Tu veux quoi ? Une médaille ?
— C’est pas ce que je suis en train de dire, Ankha.
Il releva le regard vers elle. Il était près, beaucoup trop près.
— Tout ce que je dis, c’est qu’hésiter, c’est pas très bon pour la survie.
— Donc quoi, on tue tous les mecs qui se trouvent sur notre chemin ? Et on fait comme si c’était normal ?
Il fronça les sourcils, la fixa quelques secondes.
— On était pas obligés de les tuer, ajouta-t-elle.
— Non ? T’en as planté un, si mes souvenirs sont bons.
— Il m’a pris par surprise. Le deuxième, par contre, il aurait suffi de l’assommer.
— C’est quoi qui te dérange vraiment ? Parce que si tu te mets dans des états pareils pour un mercenaire tué, t’as pas choisi le bon boulot.
Elle mâchonna ses lèvres, elle ne savait pas quoi répondre. Elle ne savait pas pourquoi elle se sentait aussi mal, pourquoi elle n’arrivait pas à se dire que c’était pour la cause.
Elle détourna les yeux, récupéra sa jambe. Le bandage avait l’air de tenir.
— Mercenaire ? demanda-t-elle soudain.
— Quoi ?
— T’as parlé de mercenaires. C’était pas des soldats ?
Elle le regarda se relever, remettre la trousse de premiers secours à sa place. Puis, il se laissa tomber sur le matelas en face du sien.
— Il y a pas de soldats dans la ville basse.
— Quoi ?
Il grimaça en tentant de bouger un bras. Il s’était sûrement pris un méchant coup dans les égouts.
— Le gouvernement fait appel à des chasseurs de primes pour ce genre de corvées.
— Une milice privée ?
— C’est ça.
— Magnifique, maugréa Ankha.
Un moment, le regard sombre de Meero se braqua sur le sien. Puis il détourna les yeux vers la neige qui tombait sans discontinuer.
— T’étais pas sur une mission à la base ?
Ankha resserra le manteau autour de ses épaules. Rester immobile dans cet appart la glaçait jusqu’aux os.
— Plus maintenant, répondit-il d’un air absent.
Ce qu’il avait à faire était donc en rapport avec l’indic qui avait tout fait foirer avec Glev.
— Parce que je pense que je peux me débrouiller à partir de là.
— Comment ?
— Quoi, comment ? Si tu crois que je t’ai attendu pour me sortir du merdier…
— Non, comment tu vas te débrouiller sans lentilles ? Que je sache, t’as aucun moyen de contacter qui que ce soit.
Ankha garda les lèvres serrées. Un bon point pour lui.
— Merci pour tout à l’heure, dit-il tout à coup.
— On a qu’à dire qu’on est quittes.
Ankha ne croisa pas son regard. Elle voulait tellement oublier cette journée.
— Bon, dit-il en se relevant. Voyons voir s’il y a des provisions qui traînent.
×
Le soldat appuya sur le bouton et la douleur revint à la charge. Elle était partout, dans la moindre parcelle de son corps. Et elle ne s’arrêtait pas, elle ne partait pas. Le soldat aurait pu poser des questions, il aurait dû les poser. Elle aurait répondu, elle aurait fait n’importe quoi pour que tout se calme, pour que ces milliers d’aiguilles se retirent. Mais non, il ne disait rien. Et il s’apprêtait à appuyer une nouvelle fois sur le bouton.
— Eh ! Ankha !
Elle ne comprenait pas ce qui se passait, la douleur s’éloignait et quelqu’un la secouait sans ménagement. Et puis, elle ne connaissait pas cette voix.
Elle ouvrit les yeux et tomba dans les ténèbres. Elle n’arrivait à apercevoir aucune lumière, rien, juste ces ténèbres qui l’empêchaient de respirer. Et puis, il y avait cette pression sur ses épaules, quelqu’un était là avec elle, quelqu’un avait éloigné le soldat et la douleur. Alors, elle s’accrocha à ce quelqu’un de toutes ses forces.
Elle inspira à de nombreuses reprises et l’obscurité recula un peu. Elle distingua la lueur des lampadaires qui rentrait par la fenêtre, elle nota le vague contour de la planque. Elle mit aussi un nom sur le quelqu’un. Meero. Ils étaient arrivés dans l’après-midi, ils allaient repartir bientôt.
Meero, ce n’était pas forcément la personne qu’elle aurait voulu à côté d’elle en ce moment. Elle ne pouvait pas lui faire confiance, elle ne devait pas lui faire confiance. Mais il était là et elle voulait encore moins se retrouver toute seule. Après tout, c’était lui qui avait éloigné le soldat, c’était à lui qu’elle s’accrochait. Et c’est à ses côtés qu’elle se sentait en sécurité pour la première fois depuis un sacré moment.
×
Quand Ankha se réveilla à nouveau, une aube grise filtrait par la fenêtre. Elle devinait les flocons de neige qui tombaient toujours. Elle se cala contre le mur et jeta un coup d’œil à Meero. Il lui tournait le dos et elle entendait sa respiration paisible.
Elle fronça les sourcils. Le cauchemar lui revint en mémoire. Elle se souvint aussi de Meero, mais elle n’avait pas les idées très claires sur ce sujet.
Elle ramena ses jambes contre elle. La douleur était supportable.
Il régnait dans cette pièce une telle quiétude qu’on avait du mal à s’imaginer que des mercenaires patrouillaient en bas.
Depuis que Glev était parti à ses petites affaires, elle ne s’était pas autorisée à penser à lui. Après tout, son frère savait ce qu’il faisait. Il avait toujours été bon pour s’en sortir.
Après les explosions de Catinis, elle avait été envoyée dans un centre, comme beaucoup d’autres enfants. Pas Glev ni Haisen, ils étaient déjà majeurs quand c’était arrivé. Ils avaient tenté de la récupérer un nombre incalculable de fois et ce n’était que lorsqu’elle était parvenue à seize ans qu’on l’avait laissée partir. C’était à ce moment qu’Ankha avait découvert à quoi Glev s’était occupé toutes ces années. Il était rentré dans la rébellion presque immédiatement et ne l’avait plus quittée depuis. Alors, Ankha y était entrée à son tour. C’était aussi à ce moment qu’il y avait eu cette dispute avec Haisen.
Elle étouffa un soupir et baissa les yeux vers ses mains. Elle avait eu beau les laver encore et encore, elle arrivait toujours à sentir le sang sur ses doigts. Bien sûr, elle avait dû tuer pendant ces trois ans dans la rébellion. Et elle était sûre d’une chose — avec le temps, ça ne devenait pas plus facile. Même en se répétant que c’était soit eux, soit elle.
Tout à coup, des coups de feu retentirent au loin. Puis, une autre salve leur répondit. Ankha se releva aussitôt et boita jusqu’à la fenêtre. Elle resta là, en retrait pour ne pas être remarquée de la rue. Mais les tirs étaient trop lointains et la neige ne laissait rien voir.
Elle entendit du mouvement derrière elle, puis sentit Meero qui se tenait à côté, tentant aussi d’apercevoir la fusillade.
— C’est fini, murmura-t-il comme les coups de feu mouraient au loin.
Ankha fixa encore quelques secondes les flocons avant de se retourner. Elle tomba alors sur son regard sombre, indécis dans la semi-obscurité. Ce fut lui qui détourna finalement les yeux.
— Espérons qu’on aura plus de chance qu’eux, dit-il en s’éloignant.
×
Ils quittèrent la planque en fin d’après-midi. La nuit commençait déjà à tomber et les rafales de neige ne faiblissaient pas. Ils avaient encore un bon moment avant le couvre-feu, mais ils se fondirent quand même dans les ombres ; il était inutile de se faire remarquer plus que nécessaire.
Glev avait contacté Meero un peu plus tôt. Personne n’était remonté jusqu’à Ankha, elle pouvait donc revenir à l’appart sans souci. Le tout, c’était déjà de sortir de la ville basse.
À travers le voile de la neige, Ankha regardait les bâtiments défiler. Ils étaient aussi tassés et aussi délabrés que celui dans lequel ils avaient trouvé refuge la nuit passée. À côté des tours du centre-ville, elles faisaient tache.
Meero avançait en silence. Ils étaient tous les deux sur le qui-vive et ce fut d’un même mouvement qu’ils se figèrent soudain en tournant à un angle de rue. Ici, c’était la limite de la ville basse. Et des miliciens avaient choisi cet endroit pour faire une pause dans leur ronde.
En théorie, ils n’étaient pas en faute ; le couvre-feu n’était pas encore enclenché. Mais ils avaient gardé les armes récupérées sur les corps des mercenaires et se faire prendre avec risquait de compliquer les choses. En plus, ils sortaient de la ville basse, ils allaient forcément passer par une vérification.
Ankha croisa le regard de Meero et hocha la tête. Il suffisait d’attendre qu’ils repartent. Ils rebroussèrent chemin et prirent abri dans une petite cour, coincée entre deux immeubles. Ici, la neige tombait moins dru, mais le froid grignotait quand même tout ce qu’il trouvait. Ankha se laissa glisser sur un perron et se massa les côtes. Cette escapade, ce n’était pas ce que Kali avait à l’esprit quand elle lui avait prescrit de la convalescence.
La seconde tentative de passage fut plus concluante. Les miliciens étaient repartis à leurs occupations, la voie était libre.
Avancer dans la neige fraîche était une autre difficulté, surtout avec une jambe esquintée. Depuis le début de la tempête, les rues n’avaient pas été déblayées, on attendait que la neige s’arrête pour lui régler son compte. L’avantage, c’était qu’on ne pouvait croiser que des miliciens à pied, pas de camions, pas de voitures. Les véhicules de Muresid n’étaient pas équipés pour des hivers aussi rudes.
Et enfin, le paysage devint plus familier. Ils approchaient. Plus que deux rues, plus qu’une…
— On y est, murmura Ankha.
Ils s’arrêtèrent devant l’entrée de l’immeuble. La rue était déserte et les voitures dormaient sous un épais manteau blanc.
— Pourquoi t’as accepté ce que t’a demandé Glev ? dit Ankha en se tournant vers Meero pour lui faire face.
— Je lui en devais une, répondit-il après un silence.
— Vous repartez bientôt à Zebulis, pas vrai ?
— Je peux rien te dire à ce sujet.
— Je sais.
Elle le fixa encore un moment, les yeux plissés.
— Tu montes ? demanda-t-elle.
Il leva la tête vers la tour avec une brève hésitation.
— T’es sûre ? dit-il en revenant vers elle.
— Je suis sûre.
Quelques instants plus tard, Ankha déverrouilla la porte d’une pression de l’index. Une faible lumière se mit alors en marche dans l’appart. Elle enleva son manteau et ses bottes et fit quelques pas dans la pièce. Elle entendit Meero se débarrasser de son blouson trempé de neige.
Elle se retourna vers lui, s’approcha. Elle planta son regard dans le sien et se fit la réflexion qu’elle s’était trompée sur la couleur de ses yeux. Ils n’étaient pas noirs comme elle l’avait pensé, mais bleus, très foncés.
Il fit un mouvement dans sa direction et leurs corps se frôlèrent. Elle n’avait toujours pas lâché son regard, là, une tête au-dessus d’elle. La chose à faire aurait été de s’écarter de lui, elle ne lui faisait pas confiance. Mais la confiance lui apparut soudain comme bien secondaire. Tout ce qui comptait pour l’instant, c’était son corps si près du sien et son souffle si chaud.
Elle sentit sa main sur son visage. Il lui repoussa une mèche derrière l’oreille, croisa son regard. Elle lui passa les bras autour du cou, l’attira à elle. Quand il posa ses lèvres sur les siennes, une vigueur toute nouvelle l’envahit.
Pour la première fois depuis longtemps, elle ne voulait plus penser à rien. Elle voulait juste exister à travers lui.
×
Une aube grise entrait par la fenêtre quand Ankha ouvrit les yeux. Elle se passa une main sur le visage, sentit le bras de Meero autour d’elle. Elle ne bougea pas, elle écouta la ville qui se réveillait. La neige ne tombait plus, le ciel était clair.
Elle jeta un bref coup d’œil à Meero et fut surprise de croiser son regard. Il l’observait, il ne disait rien.
— Tu repars ? demanda-t-elle.
Il acquiesça.
— Glev va arriver cet après-midi. Je vais vous laisser à vos retrouvailles.
Il se tourna vers elle, elle sentit sa main courir sur son épaule.
— Ankha, cette nuit, c’était quoi ?
Elle se redressa sur un coude, évita de croiser ses yeux.
— Je sais pas, dit-elle. Un truc qui semblait logique sur le moment.
— Et maintenant ?
Elle repoussa ses cheveux en arrière, le fixa bien en face.
— Quoi, maintenant ?
Elle ne voulait pas avoir cette conversation avec lui. Elle ne voulait pas avoir à se justifier.
— Maintenant, est-ce que ça semble logique ?
— Pas vraiment.
Parce que tout ça, c’était une pause entre deux missions, rien de plus. Ce n’était pas comme s’ils ressentaient quelque chose l’un pour l’autre, quelque chose de vrai. Ils ne se connaissaient que depuis deux jours, après tout.
— Alors quoi ?
— Alors rien.
Elle le regarda. Elle n’avait pas l’impression qu’il attendait quelque chose de plus de cette nuit. Mais elle sentait sa peau contre la sienne et elle avait envie que cette pause se prolonge un peu.
Elle tendit la main vers son visage, effleura la cicatrice qui lui barrait la clavicule, passa les doigts dans ses cheveux. Puis, elle se pencha vers lui, l’embrassa.
— On doit pas avoir la même définition du rien, commenta-t-il et elle sentit qu’il la retenait.
Elle ne dit rien. Elle ne voulait pas analyser la situation, elle ne voulait rien de tout ça. Parce qu’après tout, c’était une pause.
Juste une pause.
×
— Comment ça, tu repars ? hoqueta Ankha. Tu viens juste d’arriver !
— Et t’as vu ce qui s’est passé, répondit Glev. Je suis sur cette mission depuis un sacré moment et j’ai besoin d’en connaître le dénouement.
— Non, mais d’accord, mais tu viens d’arriver.
— Écoute, je te promets qu’une fois que c’est fini, je fais une pause. Seulement, là…
— J’espère bien.
Ankha laissa son regard s’égarer sur les rayons de soleil qui dansaient sur le sol usé de l’appart.
— Avant que j’oublie, dit Glev, et vu que t’as toujours pas rallumé tes lentilles. Celui que tu devais vérifier, ils ont fini par décider qu’il était digne de confiance.
Ankha ressentit un soulagement immense. Elle n’avait même pas eu conscience du fait que le cas de Niven lui pesait autant. Elle ne put retenir un sourire en hochant la tête.
— Tu…
Glev hésita.
— Tu fais trop confiance aux gens, marmonna-t-il. Je… enfin… fais juste gaffe.
Elle sourcilla. Elle, elle faisait trop confiance ? Cette blague.
— Il s’est passé quoi avec l’indic ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
Elle le vit pincer les lèvres.
— Ça a foiré, ton truc, non ? Ça a vraiment de l’importance maintenant ?
— L’indic était mort.
— Ah.
— La gorge tranchée.
— Et les mecs qui nous sont tombés dessus ?
— Sûrement ceux qui l’ont exécuté.
Ankha ne chercha pas à savoir pourquoi. La suite ne la concernait pas.
— T’es certain qu’ils peuvent pas remonter jusqu’à toi ? L’indic a peut-être parlé.
— Si c’était le cas, je pense pas qu’on en serait à discuter avec toi ici et maintenant.
— Bien ! T’as donc intérêt à revenir en un seul morceau.
Il sourit et ce sourire glaça le cœur d’Ankha. C’était stupide, ils ne pouvaient pas savoir s’ils se retrouveraient de nouveau.
— Et quand on se reverra, poursuivit Glev, tu me raconteras tout ce que tu as vu à Catinis. T’as peut-être raison, c’est idiot d’avoir tenté de l’effacer.
Il se leva, lui posa un baiser sur le front et se dirigea vers la porte de sortie.
— À un de ces jours, An’.
Bon et le frero, il repart ou ?
Je me demande si on va recroise le meero et s'il aura envie de réchauffer la petite ankha ❤️❤️
Meero <3 il y a les yeux bleu sombre, ça y est je l'adore. Et la dynamique avec Ankha est super cool ! Bref j'ai adoré ce chapitre et le précédent, mais surtout ce chapitre !
Bawé, j'aime bien leur cogner dessus et les voir ramper. J'aurais fait une mère assez merveilleuse...
Ou peut-être qu'elle va partir élever des chèvres dans les montagnes. Et maintenant que j'ai toute l'histoire en tête, ça aurait sans doute été salutaire :P