Sans davantage d’hésitations, Max tourna la poignée. Une bête tourna aussitôt la tête dans leur direction, la gueule maculée de sang frais. Elle grogna, Ian vit les poils de son dos se hérisser, sa queue doubler de volume. Elle commença à avancer vers eux, doucement, sans les lâcher de ses yeux jaunes.
— Max ?
— Tout doux…
La chabriole grogna de plus belle, tendit ses muscles, prête à bondir.
— Du calme…
— Max !
Ian l’attrapa par la manche, tira aussi fort que possible. Mais elle semblait complètement fascinée par l’énorme machin qui n’allait pas tarder à lui sauter dessus.
Et soudain, la porte de derrière s’ouvrit sur un homme rondelet et surpris.
— Bernie ?
La bête se détourna aussitôt de Max, le grondement cessa. Elle se jeta sur l’homme et Ian crut que le bain de sang n’allait pas tarder. Mais elle s’arrêta à temps, se frotta à ses jambes.
Ian se retint au cadre de la porte, ses jambes commençaient à flageoler.
Le nouveau venu gratta la bestiole derrière les oreilles, se baissa vers elle.
— Gentille fifille. Oui, ça, c’est une bonne bébête.
— On avait rendez-vous, intervint Max.
— Ah oui, répondit l’homme en se relevant. Ça va, pas trop de mal ?
Ian aurait bien répondu quelque chose, mais sa voix n’était pas encore revenue.
Comme le propriétaire des lieux leur désignait le canapé, la chabriole observa Ian de ses billes jaunes. Il la vit se lécher le sang du menton, toujours sans le lâcher des yeux.
— Elle me regarde, murmura-t-il à Max.
Elle jeta un bref coup d’œil à la bête, haussa les épaules.
— Elle doit t’aimer. C’est une taille impressionnante pour une chabriole, dit-elle à l’homme qui avait mis une bouilloire à chauffer.
— Oui, hein ? s’exclama-t-il avec fierté. Je la nourris bien.
Ian se dit qu’il y avait plutôt de quoi s’horrifier.
— C’est légal ? coassa-t-il.
La chabriole l’avait lâché du regard et était revenue grignoter le morceau de viande saignant qui trainait dans sa gamelle. Il l’entendit grogner de plaisir.
— Pourquoi ça serait pas légal ? s’étonna leur hôte. Elle fait de mal à personne. Hein, fifille ?
La bête releva la tête vers son propriétaire, grogna en signe d’assentiment.
— Parlons des biglidouches, dit Max en tirant un carnet de son sac. Vous avez un grand élevage ?
— Oh oui !
Le regard de l’homme s’anima de manière affolante.
— Les biglidouches que j’ai en ce moment sont un peu spéciales. Elles devaient aller dans un sauna public. Du coup, il fallait qu’elles supportent bien la chaleur, comprenez ? Je les ai fait importer de… bref, de loin quand elles n’étaient que des œufs. Après, j’avais aussi la variété normale qui se plait dans des environnements plus tempérés. C’est de la qualité ! s’exclama-t-il. De la qualité Rouflon !
— De la quoi de quoi ?
— C’est son nom, murmura Max.
— Ah.
— Un nom très connu dans le milieu des biglidouches, conclut l’éleveur avec fierté. Je suis étonné que vous ne le connaissiez pas, jeune homme.
— Je fréquente pas beaucoup de biglidouches, marmonna Ian.
Max lui envoya un coup de coude.
— Et donc ces biglidouches ont commencé à disparaitre.
— Oui… Depuis la semaine dernière.
La bouilloire commença à siffler, il se leva pour l’enlever du feu et verser l’eau dans la théière.
— Voyez, je les recompte chaque matin. J’aime bien discuter avec elles et tout. Ça les rend moins timides et elles s’intègrent mieux dans leur nouvel habitat après.
Max hocha la tête, griffonna quelque chose.
— Et la semaine dernière, en recomptant, j’ai vu qu’il m’en manquait ! Il me manquait cinq biglidouches ! Vous imaginez ?
— Elles n’ont pas pu s’enfuir ? demanda Max.
— Non, non, non. Elles aiment être ici, comprenez ? Je suis pas un de ces éleveurs sans cœur qui va vous les maltraiter ou oublier l’aspect psychologique. Non, mes biglidouches sont les plus heureuses.
— Sauf qu’elles ont fui, intervint Ian et se ramassa un deuxième coup de coude.
— C’est le souci, jeune homme. Elles ont pas fui. Toutes les fenêtres étaient fermées, elles sont toujours fermées. Et la porte… bah la porte était fermée aussi.
— Elles ont peut-être creusé un tunnel. Quoi ? demanda Ian face au regard irrité de Max. J’ai vu ça avec un krakbout une fois. Il creusait des tunnels sous les murs des gens pour rentrer la nuit et leur faire peur. Une sale bête, le krakbout !
— Oh, j’ai toujours voulu voir un krakbout, dit pensivement Rouflon. Mais pour en revenir aux biglidouches, non, pas de tunnel. J’ai tout vérifié, vous pensez bien ! La veille, elles étaient là et quand je vérifiais, pouf, disparues. Et le pire… le pire, c’est que ça a recommencé. Chaque jour depuis. Elles disparaissent pas en grand nombre, mais elles disparaissent. Et c’est gênant ! J’ai une livraison prévue pour très bientôt.
— Je vois, dit Max. D’autres choses qu’on devrait savoir ?
— Oh, euh…
— Oui ?
— Il y a un trou dans le grillage.
— Un peu comme un tunnel, marmonna Ian.
— Non, comme un trou. Assez gros. Pour une grosse bête, quoi. Je l’ai signalé à la ville, mais ils ont encore envoyé personne.
Ian perdit son regard du côté de la chabriole qui en avait fini avec le morceau de viande et qui s’était lancée dans une toilette très appliquée.
— Et elle ? demanda-t-il.
— Quoi, elle ?
— Elle a pu s’introduire dans l’élevage et en croquer un ou deux ou trois.
— Impossible.
Ian lui envoya un regard interrogatif.
— Elle aurait été malade. Et elle va bien. Hein, fifille que tu vas bien ?
— Malade ? Comment vous savez ce que ça fait de manger une biglidouche ?
Ian n’était pas très sûr de vouloir connaitre la réponse.
— Parce que je lis des magazines scientifiques, pardi !
— Et quelqu’un a essayé de manger de la biglidouche…
— Bernie aurait été très malade si elle en avait croqué ne serait-ce qu’une ! Je vous parle même pas de la trentaine qui a disparu depuis une semaine.
Max se leva, s’approcha de la fenêtre.
— C’est l’élevage ? demanda-t-elle en désignant une grange.
— C’est ça, juste là. Vous verrez, elles sont si heureuses !
— Et le trou dans le grillage, il est où ?
— Oh, juste derrière la grange. On peut pas le louper !
Elle hocha la tête, nota encore quelque chose dans son carnet. Puis, elle fit signe à Ian. Il contourna avec précaution la chabriole.
— On va aller y faire un tour, dit-elle.
— Maintenant ? se désola Rouflon. Le thé est prêt.
— Oui, maintenant, coupa-t-elle en faisant signe à Ian. Reste juste à savoir par quoi commencer.
Le choix à été fait !
Choix 1 : Le trou dans le grillage !
Choix 2 : La grange aux biglidouches !
Je confirme, j'adore les biglidouches xD Mais les autres bêtes que tu montres dans ce chapitre sont très drôles aussi ^^
L'éleveur de toutes ces bestioles à l'air d'être un brave homme, tu lui passeras même bonjour de ma part.
Je poursuis ma lecture !
Non mais sérieux ! D'où est-ce que tu sors tout ça xD
En tout cas c'est génial et décalé ! J'adore !
J'ai juste relevé ça au début :
"Max tourna la poignée. Une bête tourna aussitôt la tête"
-> Y a une ch'tite répétition ici o/
J'aime bien Ian, avec son côté "mais qu'est-ce que je fous là"...
Je me suis dit que je voulais encore lire une histoire de toi où tu tuais tout le monde, du coup je me suis intéressée à cette histoire ! Et du coup, je ne suis pas déçue, il y a déjà des petits bouts de biglidouches éclatés partout je suis sûre !
Bon, pour le moment, c'est du burlesque, ça faisait longtemps et je suis contente <3 Rien que le gépéaisse qui dégueulasse la vitre, j'aime beaucoup xD Même si en vrai, ça doit pas être très pratique de ne pas voir la route... Mais c'est un détail ça !
Bon, la chabriole a l'air fort mignonne. C'est inspiré d'un certain animal garou, avoue ! C'est le vrai héros de cette histoire je suis sûre, les biglidouches, ça sert à rien, à part faire le ménage et faire du voyeurisme. Après, je suis d'accord avec Ian, c'est un peu malaisant comme bestiole ='D
Et j'aime beaucoup le proprio qui ne se pose pas de question avec le trou et la disparitions et qui ne fait pas le lien xD Je sais pas, moi je me poserai des questions ^^" Et du coup, je suis pour aller voir le trou ! Juste pour montrer que tous les problèmes venaient de là et que Ian avait raison de chercher le trou.
Bon courage pour la suite =D
Pluchouille zoubouille !
Bon après, si tu voulais une histoire vraiment méchante avec des gens malheureux, t'es p'têt pas sur la bonne xDD Mais tu peux adopter une biglidouche et ça, c'est cool.
Ouais, ça faisait une éternité que j'avais pas refait de burlesque. Et ça revient assez facilement, tsé comme le vélo :P
Nah mais tu distingues UN PEU la route derrière le parebrise crade. Et elle est très utile et très sensible. De toute façon, toutes mes bestioles sont choupettes tout plein. Ahaha, intéressant concept que la chabriole garou, je vais certainement explorer cette possibilité un jour :P
Merci d'avoir lu ! Je te dois une BL de CE ♥
xDD Je lui trouve un petit air de Machin, à Ian (ne fuis pas !!), ça me le rend tout de suite très sympathique. Et puis c'est heureux pour lui, Max a l'air plus chouette que le Crapaud dans la catégorie "compagnon de galère".
Bernie m'a rappelé Wallie, je l'ai aimée instantanément ♥
Bon, je suis en retard pour le vote, mais j'aurais choisi le trou dans le grillage, comme Itchane ! Tant pis pour nous.
Encore un excellent chapitre, absurde et décalé tout comme on aime ! Vivement la suite ♥
Bernie est la meilleure, de toute. Un bon gros chat qu'il faut nourrir pour pas qu'il te croque :'')
Bon bah du coup, t'étais pas en retard pour le vote et les deux options sont maintenant à égalité. Je crois que ça va être à moi de choisir, haha :P
Merci pour ce super chapitre, hyper fluide, drôle et décalé à souhait ! : D
Merci pour ta lecture ♥
C'est marrant, ma lecture est très cinématographique...
On sent bien l'ambiance...
J'ai pas trop les clés pour expliquer, mais en tout cas, tu m'embarque...
Et je choisis évidemment le choix 2
Cinématographique ? Ah tiens xD On m'a déjà fait le parallèle avec le théâtre, pas encore avec le ciné :P
Bon, bah, je crois que le choix 2 va gagner, hein :P
Rien à dire, sinon que je m'amuse et que ça s'annonce bien pour la suite !
Je choisis l'option 2 : je veux voir l'élevage !
Détails :
"La chabriole l’avait lâché du regard et était revenue grignoter" : à vérifier, mais je ne suis pas sûre que "revenu" s'accorde s'il est suivi d'un infinitif
"— Elle a pu s’introduire dans l’élevage et en croquer un ou deux ou trois." : comme biglidouche est apparemment féminin, il faudrait peut-être écrire "une ou deux ou trois" ?
A bientôt !
Merci pour les coquilles !
J'aime bien comment Ian passe pour l'idiot au milieu de Max et Rouflon. C'est ce qui rend les dialogues entièrement savoureux. Et aussi ce qui nous permet d'en apprendre un peu plus sur cet univers. Spoiler alert : je suis conquis et ça me fascine. Je suis curieux de savoir ce qui t'a inspiré une telle idée. Une illumination sous la douche ? En regardant des vidéos de tritons qui dorment ?
La lecture de ces chapitres est à la fois riche et fluide. C'est juste génial !
Cette histoire me rend sadique car j'aimerais qu'un personnage avale des biglidouches pour voir EN REEL ce que ça fait. Je suis sûr que ça peut faire une très belle scène. Ou un très beau chapitre d'agonie bien sympathique. Encore mieux si des biglidouches se mettent à attaquer des gens dans les saunas.
C'est dans cette optique que je vais te diriger vers le choix n°2 : la grange aux biglidouches !
A la semaine prochaine ! ;)
Ah bah Ian, c'est pas la personne la plus dégourdie du lot, on va dire xD Et c'est très cool si l'univers te plait ! Je m'amuse beaucoup dedans. Ce qui m'a inspirée ? Oh, tu voudrais pas savoir...
Mais... mais... mais... pourquoi avaler des biglidouches ? C'est si adorable, une biglidouche. Et toi, tu voudrais les tuer ? Monstre !