Daniel
Daniel marmonne de contentement et referme son pantalon d’un geste rapide. Bien sûr qu’il n’y avait pas de toilettes ici, du moins pas de toilettes utilisables. Il aurait dû s'en douter. Et au lieu d’attendre les cinq heures de route à se dandiner sur son siège il aurait tout aussi bien pu s’arrêter sur le bord de la route bien des heures plus tôt. En tous les cas il se serait retrouvé dans la même position, à devoir se soulager dans un buisson la fierté l’air.
Pas que cela le dérange particulièrement, n’étant pas du genre à être précieux il n’y voit pas vraiment d’inconvenance, non ce qui l’énerve c’est plutôt la sensation lancinante qu’il a supportée pour rien, et la gêne fantôme qu’elle laisse au bas de son ventre. Un de ces nombreux moment où il remercie le ciel, ou la quelconque puissance divine qui dirige ce monde d’être né dans un corps doté d’un attribut externe. Pouvoir faire sa petite affaire debout était un avantage non négligeable, surtout dans ces conditions.
Il s’extirpe non sans mal du tas de buissons derrière lequel il s’est caché et avance vers le bâtiment central, auprès duquel sa colocataire l’attend patiemment appuyée contre le mur de pierre. Étant arrivé un peu plus tôt que prévu- merci à Aurélie et à son sens de l’organisation- ils en ont profité elle pour jeter un petit coup d’œil aux alentours, et lui pour se soulager.
Pour être honnête, au début il avait été assez dubitatif face à l’idée de venir passer la nuit dans un lieu tel que celui-ci. A quoi peut bien s’attendre Anthony ? A part capturer l'ambiance nocturne de la forêt, et quelques craquement divers au vu de l’état des bâtiments- Pour le coup Le jeune homme n’avait pas blagué-, il n’allait pas avoir grand-chose à montrer à ses abonnés . Les fantômes, hantises et autres créatures surnaturelles ne font pas partie de ses croyances, et aucuns “documentaires » ou vidéos de soi-disant chasseur de fantômes auto-proclamés n’ont réussi à le faire changer d’avis. De nos jours, la technologie est bien assez avancée pour faire croire n’importe quoi à n’importe qui. Une petite ombre ajoutée post production, un bruit amplifié grâce aux micros ou bien des personnes malhonnêtes avec un talent d’acteur discutable étaient tout ce qu’il voyait en visionnant ce type de médias. Alors oui, il a accepté, mais pas avant d’avoir fait promettre à Anthony qu’il ne modifierait rien et ne ferait pas de sensationnel dans une tentative désespérée de faire monter son nombre d’abonnés de trois personnes. S’il y avait bien un truc qu’il préfèrerait éviter c’était bien de passé pour un clown ou un arnaqueur à la vue de n’importe qui ayant un accès internet.
Doutes et manques de commodités à part, il est relativement content de prendre part à tout ce cirque. Enfin, ce qui lui plait surtout c’est de pouvoir s'éloigner un peu de ses études, des corvées et de tout ce qui lui pèse au quotidien. Non pas qu’il ait du mal scolairement, au contraire, il est même plutôt doué. Mais il l’est car il travaille sans cesse, et c’est épuisant. S’il avait pu choisir il ne se serait jamais lancé dans des études aussi longues et difficiles. Mais a-t-on vraiment le choix lorsque ses parents ne jurent que par une bonne éducation et un métier « respectable » selon leurs propres critères ? Non pas réellement. Son père a décidé qu’il serait ingénieur, il le sera. Et il doit faire avec, il a depuis longtemps laissé tomber l’idée de le faire changer d’avis.
Le jeune homme se frotte les yeux, et desserre les points qu’il a serré sans même s’en rendre compte, il se force à mettre tous ses problèmes dans un coin de sa tête, du moins pour ce week-end. Sortir un peu, respirer un autre air, et ne pas avoir à penser pour un temps, oui c’est exactement ce dont il a besoin. Et il compte bien en profiter.
Il est tellement absorbé dans ses pensées que lorsqu'il lève les yeux pour se retrouver face à Aurélie, il étouffe un bruit de surprise . La jeune femme, bien plus proche que ce qu’il pensait; lui souris d’un air compréhensif mais ne fait aucunes remarques, et il la remercie silencieusement
« Tu te sens plus léger ? »
Poussant définitivement ses réflexions moroses dans un compartiment au plus profond de son cerveau, Daniel prend ce qu’il espère être une posture plus détendue -ce qui est quand on y pense plutôt contre productif- et indique le chemin qu’ils ont empruntés quelques minutes plus tôt d’un geste de la main.
« T’imagines pas à quel point ! On devrait peut-être retourner à la voiture »
« Oui bonne idée, j’ai entendu un moteur, Anthony et Lolah ont dû arriver, on ferait bien de les rejoindre avant qu’ils commencent à nous chercher ! J’ai pas vraiment envie de les entendre nous crier après pour savoir où on est»
Il acquiesce et imite une révérence lui indiquant de passer devant lui.
« Les demoiselles en premiers »
Elle s’esclaffe et passe devant lui, mimiquant à son tour une révérence avec une robe qu’elle ne porte évidemment pas . Ses cheveux blond ondulés eux, volent gracieusement derrière elle, lui donnant un air angélique.
Moins d’une minute plus tard, ils émergent de l’arrière de la bâtisse, poussant les nombreux branchages se trouvant sur leur chemin, et comme l’avait prédit Aurélie, les deux retardataires sont déjà en train de décharger le contenu du coffre d’une petite AX grise. Ils ont dû faire du bruit en arrivant, car ces derniers se retournent à l’unisson avant même qu’ils aient eu le temps de s’annoncer.
Anthony leur fait de grands gestes des bras, visiblement extatiques, alors que Lolah leurs sert son habituel salut, la main levée sur son front. Le blond lui adresse un regard que Daniel ne peut pas bien déchiffrer de là où il se trouve avant d’empoigner ce qui ressemble fortement à une glacière, de la poser aisément sur le sol puis, de refermer son coffre d’un geste souple. Sa colocataire trottine vers eux les saluant de la main, Daniel suit ses pas un peu plus lentement, et vire vers sa propre voiture afin d’éteindre la musique lorsqu’il réalise qu’il avait oublié dans son empressement de vider sa vessie. Il claque une dernière fois la porte avant de s'assurer qu’elle est bien verrouillée, et dirige son regard vers le groupe alors qu’Anthony pose les derniers sacs en plissant les yeux, sans doute à cause du soleil qui désormais commence à baisser et se retrouve pile en face d’eux.
Lolah semble le remarquer aussi, car à peine une seconde plus tard elle tend ses propres lunettes au vidéaste en herbe, arguant mollement que les yeux bleus de son ami sont bien plus sensibles à la luminosité que les siens, presque noirs. ce dernier semble réfléchir une seconde avant de les accepter en la remerciant.
« Je me demandais où vous étiez ! La route n’a pas été trop longue ? C’était infernal à cause de la chaleur ! »
« Non ça a été, c’était même plutôt agréable, c’est calme ici ça change » le rassure Aurélie en jouant distraitement avec l’élastique à son poignet. Il est certain que même si la route avait été horrible elle n'aurait pas osé le dire.
«Le pouvoir de la clim Tony » Lolah lançe un regard accusateur à son ami posant sa main droite sur sa hanche. Daniel doit se retenir de se pincer l'arête du nez.
« T’as qu’a passé le permis, et la prochaine fois tu nous conduiras avec ta super voiture climatisée »
« Oh non tu veux pas que je passe le permis, et encore moins monter en voiture avec moi si je conduis, tu tiens beaucoup trop à la vie pour ça »
« Ouais t’as pas tort … » lui concéde Anthony après un silence, une moue moqueuse plaquée sur le visage, alors que la brune, elle, arbore un sourire triomphant.
Daniel se dirige vers son coffre histoire de changer un peu le sujet et montrer qu’il avait lui aussi, amené quelques petites choses qui pourraient leur être utiles. Autant ses parents étaient du genre bourru et intransigeant, autant dès qu’il suivait à la lettre ce qu’ils demandaient, ils savaient se montrer très généreux. L’avantage d’être né dans une famille aisée il suppose .
Il en sort une caméra et un sac qu’il sécurise sur son épaule.
« J’ai ramené de quoi filmer aussi, et deux trois autres trucs, je me suis dit que ça serait utile! »
« Vraiment ? je pensais pas que tu serais aussi impliqué » lui répond Anthony visiblement surpris, tout en empoignant un sac à son tour. Rapidement suivie par les autres, Lolah indique un sac à Emilie qui se tenait au milieu en se triturant les mains nerveusement, tout en attrapant la glacière et son propre petit sac à dos.
Daniel hausse les épaules négligemment, un geste le poussant à réajuster son sac juste après, un peu maladroitement.
« Disons que quitte à faire quelque chose, autant bien le faire non ? »
« J’aurais pas pu dire mieux ! Oh attendez j’aimerais bien faire un plan d’ici avant qu’on rentre à l’intérieur ! » Sans attendre, Anthony repose immédiatement son sac le temps d’en sortir une caméra qu’il allume d’un geste furtif.
« Hey ! Salut tout le monde ! On se retrouve comme promis pour une nouvelle vidéo ! Aujourd’hui je ne serais pas seul, vous connaissez Lolah bien sûr » Il dirige la caméra vers cette dernière qui, en souriant, fait nonchalamment un geste de salut en direction de l’objectif , faisant passer la glacière dans sa main gauche. Le jeune homme se tourne ensuite vers lui et Aurélie.
« Et nous avons deux nouveaux invités, je vous présente Aurélie et Daniel, qui ont tous les deux décidé de nous rejoindre dans cette petite aventure »
Du coin de l’œil entrevois le sourire timide d’Aurelie, la jeune femme n’est clairement pas habituée à ce que l’attention soit dirigée vers elle. Pour sa part il se contente d’un geste de la tête ainsi qu’un petit mot de bienvenue. Anthony continue sur sa lancée sans plus attendre, visiblement dans son élément, et lève la caméra afin de filmer la bâtisse dans leurs dos.
« Et voici l’endroit où nous allons tous passer la nuit ! Oui oui vous avez bien entendu, on va rester toute une nuit ici, seul avec notre matériel. J’ai entendu beaucoup de choses sur cet endroit, et on va essayer de découvrir s’il est réellement hanté ou pas ! » Il retourne la caméra dans sa main afin de se filmer et s’adresse à ses futur visionneur en souriant « On va vous faire visiter et je vais en profiter pour vous en dire un peu plus sur l’histoire du lieu, allez on se retrouve à l’intérieur ! »
Apparemment satisfait, il referme le clapet, et la range soigneusement. Face au silence, Aurélie s'élance, indiquant le manoir d’un geste de la tête.
« Je peux proposer qu’on dépose tout à l’intérieur ? Si on veut faire un repérage complet ce serait pas mal qu’on ne tarde pas trop, histoire de finir avant que la nuit tombe »
Le sac commence à peser un peu sur son épaule, et ne voyant pas d’autre choses àfaire Daniel ne peut qu’acquiescer à la proposition de la jeune femme. De plus, la chaleur devient de moins en moins supportable et son tee-shirt colle désormais désagréablement à sa peau. Sa proposition fait manifestement l’unanimité, car ils commencent tous à avancer vers le plus grand des bâtiments, Anthony en tête.
Il envie ce dernier. Enfin, pas réellement, mais il aimerait avoir son assurance et sa présence. Sans faire grand-chose d’exceptionnel, Anthony sait comment parler aux gens, comment les charmer. Il sait capter l’attention et rendre intéressant n’importe quel sujet. Sans rire, il l’a déjà vu parler de la composition d’un talki-walkie et tout le monde autour de la table buvait ses mots comme s’il parlait de la chose la plus intéressante qu’il soit. Et c’est sans mentionner l’effet qu’il fait aux femmes autour de lui. Anthony a ce charisme, cette personnalité imposante qui, à son avis, lui manque cruellement.
Au début, Daniel a eu beaucoup de mal avec cette envie, cette jalousie qui lui retournait l’estomac dès qu’il voyait le blond en action. Il a toujours eu une tendance à être envieux des gens autour de lui, il a souvent l’impression de devoir se tuer à la tâche pour simplement récolter des miettes, alors que les autres paraissent tout obtenir sans même bouger le petit doigt. En vieillissant il s’est vite rendu compte que cette petite voix à l’arrière de sa tête avait tort, que tout le monde à ses propres faiblesses et difficultés. Et finalement ils sont vite devenus de bons amis. Aidé probablement par le fait qu’Anthony travaille au même café qu'Aurélie, et que par conséquent ils se retrouvent souvent aux mêmes soirées.
Ils arrivent rapidement devant une énorme porte d’entrée en bois, qui sans surprises reste fermement en place malgré leurs efforts. Eh bien ça commence bien. Il est hors de question qu’ils restent bloqués après avoir fait tout ce chemin. Désireux de trouver un accès Daniel laisse alors son regard glisser le long de la vieille bâtisse, il y a forcément un moyen d’entrer, il suffit seulement de chercher un peu. En regardant de plus près, le jeune homme remarque que même si l’endroit est relativement bien conservé, la nature a définitivement repris ses droits. Le lierre, asséché par les températures arides des derniers jours, s'agrippe le long de la façade avant de s’engouffrer au travers des fenêtres brisées. Certaines branches tentent de s’étirer en direction des étages plus hauts et de grandes herbes jaunies recouvrent la base du manoir, cachant ce qui avait dû être à l’époque de beaux parterres de fleurs bien organisés. L’impression soudaine d’outrepassé ses droit le frappe si brusquement qu’il fait involontairement un pas en arrière, comme répulsé. Plus personne ne vis ici depuis un long moment, le lieu est clairement à l’abandon, mais le sentiment désagréable d’envahir l’intimité de quelqu’un s’insinue doucement malgré lui au fin fond de son estomac, laissant une sensation désagréable.
« hey ! Regardez par ici, je suis sûre qu’on peut passer par cette fenêtre sans trop avoir de difficultés »
Il suit du regard la fenêtre toute à droite indiquée par Aurélie. Effectivement, cette dernière est assez basse et large pour leur permettre de passer. Se penchant pour mieux y voir il note aussi que la vitre est été complètement brisée et qu’aucuns bouts de verre ne dépassent du dormant. Aucun doute, d’autres étaient passés par ici avant eux et avaient fait attention à rendre l’accès le moins risqué possible.
« Oh bien vu ! Heureusement que t’es là, je pense que sinon on aurait fait trois fois le tour avant de trouver » s’exclame Anthony avec son enthousiasme immuable alors qu’il s’avance vers la fenêtre. Scrutant l’intérieur du mieux qu’il peut , il releve ses lunettes de soleil afin de mieux distinguer l’intérieur. L’euphorie du vidéaste en devient presque contagieuse, mais cette sensation désagréable ressentit plus tôt retourne de nouveau les entrailles de Daniel. Il se reprend et se rappelle les paroles qu'il s’est répété en arrivant. il compte bien profiter de cette soirée. Il décide alors de l'ignorer. Peut être que si il n’y fait pas attention, elle partira d'elle-même.
« Dieu merci il y a assez de place ! Mais va falloir faire attention avec le matériel » Il tourne sa tête vers le groupe, bien décidé à se prêter au jeu du mieux qu’il peut « Les filles ça vous dérangerait de passer en premières ? Comme ça on vous passe les sacs par la fenêtre »
« Je suis certaine que si je réfléchissait bien je trouverais une blague sexiste à faire, mais je vais me taire » pouffe Lolah avec son sourire en coin, elle s'avançe à son tour et pose la glacière ainsi que son sac aux pieds de son meilleur ami, suivie de près par Aurélie.
« Ce serait bien la première fois » marmonne Daniel avant de rejoindre le groupe, et si la Brune entend ses paroles, elle ne laisse rien transparaître testant plutôt ses appuis contre le mur de briques décrépies. Malheureusement les pierres étant bien trop poncées par le temps, elle réalise vite qu’il allait être compliqué de procéder de la sorte. Posant à son tour ses affaires dans le tas qui s’est désormais formé à leurs pieds, Daniel s'avançe vers elle et s’agenouille, posant ses mains jointes sur sa cuisse, paume vers le ciel.
« Montes, je vais te faire la courte échelle. »
La jeune femme semble le considérer deux secondes avant d’acquiescer et de prendre appuis sur lui. Sans trop d’effort au vu de sa taille, il la soulève ce qui lui permet d’atteindre le bord de la fenêtre. Elle se hisse en se tortillant pour passer de l’autre côté et laisse échapper un son étouffé lors de son atterrissage. Après une seconde de flottement, cette dernière passe sa tête par l’ouverture visiblement satisfaite, leurs signifiant d’un pouce en l’air qu’ils pouvaient venir à leurs tours . Il s’écarte afin de laisser passer Aurelie tout en s’essuyant les mains sur son jean noir, au moins ils vont pouvoir rentrer.
« Aurel’ à ton tours, attrapes ma main »
La blonde se rapproche et attrape fermement la main tendue au travers de la fenêtre, réussissant à se hisser à son tour de l’autre côté, Daniel se positionne derrière elle par réflexe au cas où elle perdrait l’équilibre. Un à un, ils firent passer les sacs, non sans mal pour certain, les portant au-dessus de leurs têtes afin que filles les déposent à l’intérieur alors qu’Anthony marmonne des « c’est fragile, ça coûte cher, Lolah c’est pas un sac de linge sale non de Dieu » recevant des réponses de la jeune femme employant le même ton faussement exaspéré « si tu continues je vais le lâcher volontairement »
La nature de leur relation a toujours intrigué Daniel. Entre leurs chamailleries constantes et leur manière parfois silencieuse de communiquer, ils donnent souvent l’impression que même entouré d’autres personnes, ils vivent tous deux dans leur propre monde. Daniel avait au début pensé -et il en est embarrassé maintenant qu’il y réfléchit- qu'ils étaient ce genre d’amants s’étant mis ensemble très tôt et agissant désormais comme un vieux couple marié et ce malgré leurs vingtaines à peine révolues. Mais honnêtement qui peut lui en vouloir ? Après tout, si l'un est à un endroit, l'autre est rarement loin. Si Anthony a une idée, Lolah le suit les yeux fermés, et si cette dernière se retrouve dans une situation délicate Anthony se range automatiquement de son côté, et ce même si elle est en tort, ce qui de son humble avis est souvent le cas. Ils sont la définition même du mot inséparable.
Enfin, ça c’était avant que Lolah décide d’aller étudier à Paris en début d’année, laissant Anthony et leur petit groupe à Lyon, et si cela a permit aux deux jeunes hommes de se rapprocher, il remarqua rapidement un certain changement entre ses deux amis, à peine notable mais pourtant bien présent. Comme s’ils essayaient du mieux qu’ils le pouvaient d’agir comme si rien n’avait changé. Comme si un écart ne s’était pas creusé entre eux, les éloignant de plus en plus, au fur et à mesure du temps. Cependant il n'a jamais osé aborder le sujet, se convainquant que ce n’est ni sa place, ni ses affaires. Et de toute manière, il a assez de soucis de son côté pour en plus se mettre ceux des autres sur le dos.
Une fois tout le matériel en sécurité, c'est à son tour de passer. Plus sportif que ses amis, il ne rencontre aucunes difficultés à escalader la vieille fenêtre. Une fois à l’intérieur, il se tourne fièrement vers le vidéaste encore dehors l’aidant à les rejoindre.
Le groupe a vraisemblablement atterri dans ce qui fut à l’époque une large cuisine. La pièce en elle-même est relativement spacieuse, sur sa droite d’imposants meubles en bois foncés suivent les murs agrémentés d’un vieil évier en métal orné remplit de diverses saletés. Au-dessus des vaisseliers entre-ouvert laissent entrevoir de belles assiettes empilées les unes sur les autres, ainsi que des verres soigneusement alignés, on peut presque penser qu’ils y ont été rangés il y a peu, si ce n’est pour la poussière et les toiles d’araignée qui les recouvrent. Sur leur gauche d’anciennes chaises d’un état douteux s’empilent en pagailles. Aux murs, le papier peint, d’un vert passé, se détache en lambeaux à certains endroits, dévoilant des revêtements de pierres rongées par l’humidité.
Au milieu, un large plan de travail occupe le plus gros de l’espace, et, posé en son centre trône de nombreux journaux jaunis recouverts d’une épaisse couche de saletés diverses. Aurélie s'avance, enjambe agilement les affaires éparpillées sur le sol, attrape l’un d’eux pour l'ouvrir, libérant un épais nuage de poussière qui virevolte autour d’elle, brillant au travers des rayons du soleil que la fenêtre cassée laisse passer..
« Whoa, ça date de 1945, hum … juillet plus exactement. » elle tourne la page avant de se frotter le nez une moue sur le visage.
« Vous imaginez depuis combien de temps c’est ici ? » remarque Anthony.
Ce dernier la rejoint, scannant rapidement des yeux les journaux restants « ils datent tous de cette période, d’après ce que j’ai compris c’est à ce moment-là que les lieux ont été laissés à l’abandon. » Il siffle impressionné « honnêtement j’ai pas trouvé énormément d’informations, contrairement à ce que je pensais le lieu n’est pas ultra connu dans la sphère de l’urbex »
« Étrange, je suis certain que cette fenêtre a été cassée de manière à avoir un accès facile, on n’est sûrement pas les premiers à venir ici » Daniel se penche à travers la dite fenêtre soulignant ses mots en passant sa main le long du cadran. La vitre a été enlevée proprement, aucun morceau ne dépasse. Il baisse la tête et autre chose l’interpelle. « L’herbe est bien moins abondante ici, rien ne grimpe sur le mur, c’est certain d’autres sont passés ici avant nous»
« C’est pas vraiment étonnant, quand tu vois comment sont traités les lieux comme celui-ci, ils ont sûrement voulu garder ça pour eux afin d’éviter les casseurs ou le vol » soupire Aurélie. Elle repose le journal à sa place, soulevant un nouveau nuage de poussière qu’elle évite en reculant la tête d’une manière un peu exagérée « Et bien espérons qu’on ne les croise pas ce soir, ça pourrait être problématique »
Il s’avance vers sa colocataire voulant la rassurer mais Lolah le coupe avant même qu’il n’ émette un son. Sa voix résonne de l’autre bout de la pièce, le prenant au dépourvu, il n’a pas remarqué qu’elle n’est plus à sa gauche mais en face de lui « Même si on les croise, ils verront bien qu’on n’est pas là pour tout détruire, donc ça devrait bien se passer » Aurélie hoche doucement la tête, et lâche visiblement la tension qui contractent ses épaules. Daniel lui, referme sa bouche, un peu vexé de s’être fait prendre de vitesse.
Un claquement sonore les poussent tous trois à lever la tête. Devant eux, Anthony s’est avancé, ses deux mains en l’air l’une contre l’autre, une grimace créée involontairement au son de l’écho bien plus fort qu’il ne l’avait prévu. Il attrape deux des sacs laissés au sol et leur indique la porte à gauche d’un geste de la tête, juste à côté de Lolah.
« Je vous propose de récupérer tout notre bazar et de trouver une pièce ou on peut s’installer, déposer le matériel et boire un petit truc, je vous avoue que je suis assoiffé avec cette chaleur »
Ils attrapent le restant de leurs affaires et passent la porte un à un, prêtant attention à ne pas trébucher sur une des lattes du parquet, plus noircie par l’humidité que ses consœurs, Daniel ferme la marche. Il passe le chambranle de la porte et attrape la poignée de fer afin de refermer derrière lui quand un frisson le parcourt subitement.
Rien dans cet endroit ne semble menaçant au premier abord. La lumière qui s’infiltre à travers les fenêtres laisse un halo chaleureux se diffuser tout autour de lui, et bien que visiblement laissé à l’abandon, l’intérieur est en bien meilleur état que ce à quoi il s’attendait. Pas de trou béant, pas de pièces sombres, aucuns fantômes ou monstres tapis dans l’obscurité. Et pourtant, ce sentiment désagréable ressentit plus tôt s’est bel et bien décidé à ne pas le lâcher, lui laissant un arrière-goût de malaise qu’il est incapable d’expliquer. Il tente de prendre une grande inspiration afin de se calmer, mais son souffle reste bloqué dans sa gorge, et, à son plus grand effroi, il a l'impression sinistre qu’il peut presque sentir la caresse d’une longue main glacée qui s’enroule délicatement autours de son cou.
« Dan ? »
Il se retourne si rapidement qu’il s'étonne de ne pas s’être étiré un muscle, l’air passe à nouveau subitement dans ses poumons et l’afflux soudain d’oxygène lui donne un léger vertige. Aurélie se tient devant lui les sourcils froncés d’inquiétude. Ce regard, il l'a déjà vu plus d’une fois sur le visage de son amie ces derniers temps, et il le déteste de plus en plus.
« Tout va bien ? On t’a perdu pendant une seconde”
Il réprime un tremblement, et secoue rapidement la tête alors que son souffle revient lentement à la normale. Fermant la porte d’un geste sûr, il serre le point qui soulève le sac tentant un sourire qu’il espère confiant.
« Ouais parfaitement bien ! » contenant le sursaut de ses jambes, il fait quelques pas, passe devant son amie qui semble malgré tout suspicieuse. « Je me disais qu’au vue de la taille de la cuisine, j’avais hâte de découvrir les autres pièces ! » il ponctue sa réponse d’un rire le plus naturel possible, et, balançant le sac sur son épaule il traverse le couloir rejoignant leurs camarades devant eux sans même laisser à la jeune femme le temps de répondre.
J’aime beaucoup le perso, il semble très cartésien, très méthodique (mes toc valident 😂) et analyse beaucoup!
Bon la moralité: il faut toujours écouter ses tripes. Quand ça pue, c’est qu’il y a bien une bouse dans les parages!
Par exemple :
Daniel se penche à travers la dite fenêtre soulignant ses mots en passant sa main le long du cadran.
==> Pour souligner ses mots il se penche à travers ladite fenêtre et passe sa main le long du cadran.
Toujours quelques petits problèmes de temps 😬
Sinon pour le fond, globalement on en apprend un peu plus sur les différents personnages et je comprends un peu mieux la relation entre Anthony et Lolah du premier chapitre, mais je pense toujours que ça peut être plus subtil dans ton chapitre précédent. Il y a un côté un peu triste à assister à cette lutte désespérée contre l'inexorable mort d'une relation face à la distance que j'aime bien niarkniarkniark #DramaIsLife
Globalement les descriptions sont plutot chouettes et on visualise bien la scène en termes d'espacd, mais il y a un point qui me chiffonne côté ambiance, c'est la manière dont l'angoisse est amenée. Alors je ne connais pas ton but et c'est peut être voulu de le traiter comme ça, mais en gros j'ai l'impression que tu essaies de faire monter un peu le côté ''y a un truc louche '' avec les diverses sensations de Daniel, mais pour aussitôt le désamorcer en nous disant que la maison n'a pas l'air effrayante, que il je croit pas à ces trucs là (ce qui je pense serait d'ailleurs plus intéressant à montrer par ses paroles/reactions que par un paragraphe au sein de sa prèsentation), etc, du coup j'ai un peu de mal à visualiser le build up du truc et ça retombe un peu à plat. Comme le fait qu'ils pourraient croiser d'autres skuatteurs plus ou moins bien intentionnés qui est tout de suite tué dans l'oeuf par l'intervention d'Aurélie qui dit ''on fait rien de mal je vois pas pourquoi y aurait de problème''. Même si en vrai ça n'engage à rien et elle peut se tromper, ça casse un peu l'effet et l'enjeu d'être seuls ou non. J'arrive à visualiser le lieu mais pas trop à ressentir l'ambiance du coup, est ce qu'il faut se méfier/inquiéter ou pas, si oui pourquoi désamorcer, si non pourquoi mettre en place des enjeux aussitôt balayés par les personnages.
Après ça reste intéressant et j'ai envie de savoir ce qui va leur arriver parce que s'il ne leur arrivait rien il n'y aurait pas d'histoire 😁
Effectivement certaines phrases sont un peut à rallonge, et les temps ... Même problèmes que l'autre chapitre ( et celui d'après ) Je suis en train de les réécrire et pour le coup il y a des annotations partout indiquant "LE TEEEMPS" x)
Pour l'exemple de Daniel qui se pense sur la fenêtre c'est pour le coup très bien vu que je vais essayer de réduire un peu mes participe présent !
#Welivefordrama
Alors est ce que c'est un défaut ou est ce que j'arrive a garder cette "insouciante" je ne sais pas.
Je part du principe ou eux ne savent pas ce qu'il y a. Et pour avoir fait de l'urbex ( "Chasse au "fantôme""), le cerveau à cette capacité impressionnante de s'auto rassurer et de trouver un point logique à tout, tout comme il peut exagérer le moindre bruissement d'une feuille contre une fenêtre . On reste sur leurs point de vu, je n peut pas m'égarer a en dire plus que ce que eux voient et ressentent.
Quand Lolah dit "On fait rien de mal" C'est principalement pour rassurer Aurélie, c'est à cause d'elle qu'elle se retrouve là :)
Je vais essayé de retravailler tout ça et peut être essayé de faire une meilleur distinction entre les description et le ressentit générale de l'endroit
Hehe ce serait bien dommage qu'il ne ne passe rien pendant la nuit ...