2 - Glace tranchante

Il me foudroya du regard. J'étais innocente, pourtant ! Mais ses yeux bleu électrique s'enfoncèrent dans les miens, mécontents : ils vous prenaient toujours l'envie de discuter. Aujourd'hui, cependant, je soutins son regard. Je voulais qu'il m'écoute, qu'il comprenne. Je voulais faire fondre la glace qui brillait dans ses yeux. Je voulais voir le ciel remplacer la banquise.

Son regard tranchait toujours les décisions sans se soucier des conséquences. Tant que c’était utile. Tant qu’il avait raison. Ses yeux tranchaient chaque sentiment, les réduisant en poussière. Tant que ça ne l’atteignait pas. Tant qu’on ne haussait pas la voix. Et, si c’était le cas, son regard aussi tranchant que la glace vous congédiait sans procès.

Aujourd’hui n’échappa pas à la règle, mais je restai. J’avais des choses à lui dire. Je me devais de faire fondre le bleu froid de ses yeux. Je ne voyais qu’une seule solution : lui donner un peu d’humanité. Alors je me hissai sur la pointe des pieds. J’effleurai ses lèvres des miennes.

Je sentis la magie opérer : son corps se détendre, son souffle s’accélérer. Ses lèvres s’étirer en sourire. Je plongeai mes yeux dans les siens ; j’avais réussi. Le ciel avait remplacé la banquise.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
BAEZA
Posté le 06/11/2024
Il y a parfois des êtres inaccessibles, rigides comme des icebergs, droits comme des piquets. Derrière cette cuirasse, n'y a-t-il aucune humanité ? Aucun sentiment ? La faille, la fissure est parfois difficile à percevoir; seul l'amour pourrait y apporter peut-être un peu d'émotion.
Vous lisez