2. La justice selon Psamias

Par Neila

Noyée sous les chuchotements fiévreux de ses camarades, Hayalee garda le regard braqué sur la statue profanée. Les mêmes questions flottaient sur toutes les lèvres : qui avait fait ça ? Pourquoi ?

La doyenne émergea des profondeurs de l’académie, accompagnée de plusieurs maîtres. Ils avaient l’air d’une volée d’oiseaux en furie, avec les pans de leur toge flottant dans leur sillage. Alors qu’ils fendaient la cour en direction des élèves rassemblés au pied de la statue, la doyenne glissa quelques mots à ses confrères et l’un d’eux se détacha du cortège pour filer dans les rues animées de Karakha.

Comme s’ils craignaient qu’une trop grande proximité avec l’objet du crime ne les fasse passer pour coupables, les enfants s’écartèrent de l’ange. La doyenne s’arrêta près de la statue qu’elle détailla de haut en bas, lèvres pincées, narines frémissantes.

— Qui ?

Son regard sévère balaya les élèves :

— Qui a osé ? Que le responsable se dénonce sur le champ si il ou elle ne veut pas aggraver sa situation !

Hayalee, comme le reste de ses camarades, regarda autour d’elle, attendit de voir une main se lever ou le coupable avancer. Personne ne bougea, personne ne broncha.

— Très bien, dit la doyenne en rajustant sa toge d’un geste sec. Soyez sûrs que nous trouverons qui a fait ça. Ce genre de blasphème ne sera pas toléré ! Si vous n’avez rien à confesser, dépêchez-vous d’aller en classe.

Les élèves la prirent au mot et coururent presque à l’intérieur du bâtiment. Suivant le flot, Hayalee gravit l’escalier en chêne qui montait dans les étages. Sitôt arrivée au premier, elle se précipita à la balustrade de la galerie, imitée par la majorité des écoliers. Ce n’était pas la première fois que la tranquillité de l’académie se voyait troublée par un perturbateur avide de se faire remarquer, mais cet acte-là tranchait avec les bêtises habituelles. Ça ne ressemblait pas à l’œuvre d’un plaisantin, mais à une accusation très sérieuse. Tandis que leur maître d’Histoire les enjoignait à entrer en classe, Hayalee s’attarda sur le mot inscrit au noir.

Mensonge. Quel mensonge ?

Réalisant qu’elle serait bientôt seule dans le corridor, Hayalee se dépêcha de rattraper le troupeau. Elle eut le temps d’aviser deux veilleurs en uniforme bleu pâle pénétrer le patio pour venir à la rencontre de la doyenne.

La salle de classe dans laquelle Hayalee se faufila était toute en longueur, traversée par deux rangées de pupitres en cèdre rouge dont l’usure témoignait des générations d’élèves qu’ils avaient vues défiler. Les murs étaient tapissés de cartes du monde et de représentations de leur pays, des plus anciennes aux plus récentes, de quelques devoirs particulièrement réussis – pas ceux d’Hayalee, en l’occurrence – et d’une frise chronologique retraçant les dates importantes de leur Histoire.

Hayalee se fraya un passage entre ses camarades qui s’installaient bruyamment et se laissa tomber à sa place habituelle, au fond de la pièce, près d’une fenêtre qui donnait sur la ruelle. Autour d’elle, les adolescents n’en finissaient plus de commenter l’incident, chacun allant de sa petite théorie sur l’identité du – ou des ? – fautif à grand renfort de chuchotements. Sur sa droite, Hayalee capta les élucubrations de Siméas à propos d’un supposé complot visant à renverser le gouvernement. Selon lui, les graffitis seraient l’œuvre d’un groupuscule secret et dissimuleraient un message codé adressé aux élèves pour les endoctriner. Dans un registre moins farfelu, Mahéry, qui approchait en compagnie de Lina, souffla :

— Je parie ce que tu veux que c’est encore un coup de ce gros empoté de Bamir ! Tu te rappelles la fois où il a déposé une bouse de shrink devant le bureau de la doyenne ?

Lina fit la moue tandis que les deux filles prenaient place devant Hayalee.

— Salut, leur lança-t-elle.

Lina lui adressa un bref coup d’œil et un sourire, mais Mahéry ne sembla pas l’avoir entendue. Hayalee n’insista pas et se pencha plutôt sur son sac pour en tirer plume et parchemins.

— Vous croyez que les veilleurs vont arrêter celui qui a fait ça ? dit Lina. Je les ai vus discuter avec la doyenne…

Son amie répondit, mais Hayalee ne les écoutait déjà plus. Alors qu’elle promenait son regard sur ses camarades qui tardaient à s’installer, elle nota malgré elle qu’un visage manquait une fois de plus à l’appel. Matéis n’était pas là, pour la deuxième journée consécutive.

Une vague de déception envahit Hayalee. Observer le garçon à la dérobée et lui arracher quelques fois ce sourire qui déclenchait de délicieux fourmillements au creux de son ventre faisait partie des rares plaisirs qu’elle tirait de l’académie. Sans lui, le décor parut plus fade, la journée encore plus déprimante. Ses espoirs de le voir arriver en retard se disloquèrent lorsque maître Valres ferma la porte dans un claquement sec.

L’enseignant avança devant le tableau en ardoise et entreprit de sortir notes et manuels de son vieux cartable. C’était un homme plutôt jeune pour un maître. Ses cheveux ternes et châtains aplatis sur sa tête rappelaient à s’y méprendre un toit de chaume et ses yeux étaient perpétuellement soulignés de cernes. Il dut s’y reprendre à deux fois avant de pouvoir faire l’appel dans le calme et Hayalee eut un pincement au cœur quand le silence succéda au nom de Matéis.

Leur maître d’Histoire ne tarda pas à reprendre la leçon là où il l’avait laissée, pas plus perturbé par le vandalisme de la statue que par l’inattention criante de ses élèves. Il monologua de sa voix fatiguée sur la toute première guerre qu’avaient connue leurs ancêtres, celle qui avait conduit à la naissance de leur nation mille trente-huit ans plus tôt.

— Les historiens ont retrouvé très peu de documents qui puissent nous permettre de retracer les faits avec exactitude. Sans compter que la plupart des manuscrits et des tablettes ont été rédigés plusieurs années après la guerre. Mais les écrits du père Tharoriel découverts dans la chapelle de Lumhas en 805 nous ont permis de nous faire une assez bonne idée du contexte. Il faut vous imaginer Psamias comme un vaste territoire ponctué de villages à l’organisation politique limitée.

C’était l’intérêt d’Hayalee pour ce cours qui était limité. Relevant le nez des notes qu’elle griffonnait avec très peu de soin, elle soupira et glissa un œil vers la chaise vide qu’aurait dû occuper Matéis.

— … la division du peuple en deux fronts, l’un indépendantiste, l’autre prônant la suprématie d’un seul chef sur l’ensemble des terres habitées du désert d’Aravas aux montagnes de Bùsen. Ce conflit a été nettement plus sanglant que le différend qui nous a opposés à Aravas, il y a vingt-sept ans. Et il a marqué un énorme tournant dans l’Histoire : Karakha – ou ce qu’elle était alors – a été bâtie à la fin de la guerre et le Premier Conseil a vu le jour.

Maître Valres se mit à feuilleter les pages de son manuel.

— Dans le chapitre précédent, nous avions étudié le Premier Conseil, de son avènement à sa chute, jusqu’à l’émergence de la monarchie. À présent, nous allons remonter un peu plus en arrière et nous concentrer sur la Grande Guerre…

Mais à nouveau, Hayalee n’écoutait plus. Elle songeait à ce soir. Si Ludwig s’invitait, ses plans tomberaient à l’eau. La famille Draïs n’allait pas laver son linge sale devant lui. L’attention d’Hayalee migra encore vers la place vacante de Matéis. Elle n’était pas la seule à se montrer distraite : Thélios, le voisin de table et meilleur ami de Mat, ne semblait pas écouter un traître mot de la leçon.

Thélios était un grand gars plutôt sympa, à l’allure légèrement voûtée et aux sourcils fournis. Il paraissait anormalement agité ce matin. Ses ongles tapaient encore et encore contre le bois du pupitre, imitant le bruit d’une folle cavalcade. Hayalee laissa ses pensées divaguer. Elle imagina une journée alternative dans laquelle Matéis serait venu à l’école. Elle aurait trouvé le courage de lui adresser la parole et il se serait rendu compte qu’elle n’était pas la fille effacée et banale qu’elle semblait. De fil en aiguille, elle lui aurait révélé que c’était son anniversaire et il lui aurait proposé d’aller admirer la vue, en haut de la falaise qui surplombait la cité. Une journée parfaite, où il n’y aurait eu personne pour sangloter sur les morts et hurler contre les absents.

Quand les cloches sonnèrent enfin, deux interminables heures plus tard, Hayalee remercia les anges et suivit Lina et Mahéry au-dehors.

— J’ai cru que ça finirait jamais, soupira cette dernière en s’engageant dans l’escalier. On n’a même pas passé le déjeuner et j’en ai déjà marre !

— M’en parle pas, marmonna Hayalee dans son dos.

— Qu’est-ce qu’on a après la pause ?

— Instruction religieuse, répondit Lina.

— Oh, je prie Ilsiar pour qu’Iriel vienne pas se mettre à côté de nous comme la dernière fois. Si je dois encore l’écouter faire les louanges de Saint Jéoris avec son regard d’illuminée, je saute par la fenêtre.

Lina pouffa de rire.

— Elle est juste très passionnée.

Hayalee avait parlé avant d’avoir pu s’en empêcher et les deux filles lui lancèrent un regard étonné par-dessus leur épaule. En dépit du malaise, Hayalee persista :

— Elle est pas méchante.

— Elle est bizarre, dit Mahéry.

— Et alors ?

Hayalee comprit qu’elle aurait mieux fait de se taire. À présent, c’était elle que les deux filles dévisageaient comme une créature étrange.

— Faut que j’aille au petit coin.

Elle esquissa un sourire qu’elle espérait naturel, mais pressentait maladroit, et s’esquiva dans les toilettes. Elle n’avait pas eu envie de sonner comme une donneuse de leçon, mais les paroles de Mahéry lui avaient paru gratuitement méchantes. Même si, pour être tout à fait honnête, il lui était également arrivé de rire d’Iriel et de ses lubies.

Le temps qu’Hayalee revienne, Mahéry et Lina avaient déserté le corridor.

Elle n’y vit même pas là un signe de « vengeance » visant à lui faire comprendre qu’elles leur en voulaient de les avoir mouchées, non. La vérité était plus désolante : elles ne considéraient pas Hayalee comme une amie ; juste une camarade de classe avec qui elles discutaient et traînaient de temps à autre, mais pas le genre qu’elles pensaient à attendre à la sortie de la classe ou des toilettes. Hayalee retrouva les deux filles dans la cour, occupées à rire aux éclats en compagnie d’autres camarades de classe. Elle ne se donna pas la peine de les rejoindre. À quoi bon ? Avec le temps, c’était devenu moins douloureux d’être seule qu’entourée de gens qui ne la remarquaient pas.

S’efforçant de chasser la mélancolie, Hayalee partit se réfugier dans un coin inondé de soleil et leva le visage vers le ciel. Il y avait trop longtemps qu’il n’avait pas fait véritablement beau, à Karakha, et la caresse des rayons sur sa peau trop pâle lui fit l’effet d’un grand verre d’eau après une longue marche. Au centre de la cour, trois de ses condisciples étaient occupés à astiquer la statue de Kahilyar. Perché en haut d’un escabeau, l’un d’eux s’épuisait comme un fou sur l’aile de l’ange qu’il arrosait aussi bien d’eau savonneuse que de jurons. Loin de disparaître, les runes inscrites au charbon prenaient un malin plaisir à s’étaler, faisant virer le blanc immaculé de la pierre au gris.

L’intérêt pour le mystérieux barbouillage n’avait pas diminué. Les adolescents assis sur la pelouse jetaient des coups d’œil à l’ange du Savoir tout en spéculant sur l’identité du responsable et sur ce qu’il encourait. Certains semblaient inquiet par l’idée d’une punition collective, d’autres se réjouissait de voir leur quotidien monotone bousculé. Hayalee se rangeait du côté des inquiets.

Son regard vagabonda sur les élèves, jusqu’à tomber sur la grande silhouette voûtée de Thélios. Il se tenait dans l’ombre de la galerie, en grande conversation avec deux de ses amis près du buste d’un célèbre érudit dont Hayalee avait oublié le nom. Tous trois affichaient une mine grave et se taisaient chaque fois que quelqu’un passait près d’eux. C’était rare de les voir à l’écart. Avec Matéis à leur tête, ces trois-là comptaient parmi les élèves les plus populaires de la classe. Pourquoi cette attitude de conspirateurs ? Discutaient-ils de la statue ? Ou de l’absence de Matéis ? Cette idée toute subjective traversa l’esprit d’Hayalee, d’abord sans y trouver d’écho particulier, jusqu’à ce qu’un détail l’interpelle : quelqu’un avait vandalisé la statue de Kahilyar et Mat manquait à l’appel.

Non, c’était forcément une coïncidence. D’accord, Matéis n’était pas le plus discipliné des élèves. Il n’hésitait pas à répondre aux professeurs, avait un goût pour des substances interdites aux mineurs et avait déjà été expulsé plusieurs jours pour avoir organisé une fête non autorisée à l’académie, en pleine nuit – Hayalee n’avait pas osé s’y rendre, le plus grand regret de sa vie. De là à écrire des mots assassins sur la statue d’un ange… En plus, son absence ne datait pas d’aujourd’hui. Il était sûrement malade.

Mais dans ce cas, qu’est-ce qui mettait Thélios et ses amis dans tous leurs états ? Et si Matéis était très malade ?

La curiosité mêlée au besoin de s’assurer que le garçon allait bien eurent raison des hésitations d’Hayalee. L’air de rien, elle se redressa et traversa la cour pour aller s’asseoir sur un des bancs bordant la galerie. Aborder les amis de Matéis pour leur demander s’ils savaient pourquoi il était absent depuis deux jours aurait été plus simple et plus mature que de les espionner. Et Hayalee l’aurait fait volontiers si elle l’avait pu sans avoir ensuite envie de disparaître de la surface de la Terre. Vis-à-vis de Matéis, elle n’était qu’une camarade de classe parmi tant d’autres. Personne n’était au courant de son petit béguin et elle escomptait bien emporter son secret dans la tombe.

Feignant la décontraction, elle s’installa sur le banc, extirpa un manuel de son sac et l’ouvrit sur ses genoux. Aux aguets, elle se concentra sur les chuchotements qui glissaient dans son dos afin d’en saisir le sens.

— … vraiment sûr de ça ? souffla Miriéla.

Gaméon – ou bien était-ce Goméon ? – ajouta quelque chose, mais il parlait trop bas pour qu’Hayalee comprenne. Elle capta cependant la réponse de Thélios :

— Il en serait bien capable.

Capable de quoi ? Et qui ? Est-ce qu’ils parlaient de Matéis ?

Le cœur d’Hayalee s’emballa. Elle retint bêtement son souffle, le regard fixé sur les pages de son livre sans vraiment les voir. Une partie de son esprit remarqua qu’elle tenait le bouquin à l’envers, ou alors les fleurs poussaient par leurs pétales et s’épanouissaient en racines. Malgré elle, elle tourna légèrement la tête pour mieux les entendre.

— Je l’ai vu hier. L’arrestation de son père le rend fou de rage, c’est…

La fin de la phrase fut couverte par le cri suraigu d’une fille que l’un des préposés au nettoyage de la statue venait d’asperger d’eau pour rigoler un coup. Ça ne fit pas rire Hayalee, qui se raidissait un peu plus à chaque mot volé.

— … procès a lieu cet après-midi. J’ai peur qu’il perde encore plus la boule si ça tourne mal. Qu’il fasse une grosse bêtise.

— Co…

Nouveau rire de la fille qui avait maintenant subtilisé une éponge et ripostait gaiement. Hayalee dut lutter contre une violente envie de lui coincer son livre dans le bec. Heureusement, la brusque accalmie provoquée par le passage d’un maître lui permit de discerner la suite.

— … dernière fois l’a carrément parlé de foncer au Temple, chez les veilleurs.

Hayalee eut beaucoup de mal à ne pas avaler sa salive de travers. Foncer au Temple, chez les veilleurs ? De mieux en mieux. Alors que Miriéla rétorquait quelque chose d’une voix précipitée où perçait l’affolement, la cloche sonnant la fin de la pause tinta et Hayalee bondit sur ses jambes, espérant passer inaperçue au milieu des élèves qui se remettaient en mouvement pour rentrer en classe.

— S’il se pointe pas d’ici au déjeuner, j’irai voir chez lui, conclut Thélios d’une voix forte.

Hayalee s’était tournée vers eux pour ne pas rater ces derniers mots et se heurta aux expressions choquées de Miriéla et Gamon. Thélios remarqua alors Hayalee, qui les observait sans détour derrière son banc. Elle s’empressa de baisser la tête et esquissa un geste hasardeux vers son sac. Dans sa précipitation, le manuel de sciences naturelles lui échappa des mains et vint s’écraser sur ses orteils. Comme le disait si bien son maître d’arithmétique, le savoir avait un poids. Un poids douloureux.

Hayalee serra les dents et resta accroupie derrière le banc, comme si ça avait pu effacer sa présence et le spectacle navrant qui avait suivi de la mémoire de Thélios.

— Eh, les toilettes, c’est pas ici ! lui lança un gamin de douze ans qui passait par là en compagnie de ses amis, goguenard.

Le doigt d’honneur qu’Hayalee brandit dans leur direction les fit rire encore plus fort. Les joues brûlantes, elle fourra l’ignoble livre dans son sac et se redressa avec toute la dignité qu’il lui restait. Pour son plus grand soulagement, Thélios avait déserté les lieux sans s’attarder sur sa petite personne. Priant pour qu’il n’ait pas compris qu’elle les écoutait, elle se traîna fébrilement jusqu’à sa prochaine leçon, le cerveau en ébullition et l’estomac en vrac.

Les derniers mots du garçon ne laissaient aucun doute possible : de quel autre absent aurait-il pu parler si ce n’était Matéis ? Et son père aurait été arrêté ? On s’apprêtait à le juger ? Ça paraissait surréaliste, et pourtant… Le temps que le cours d’instruction religieuse débute, Hayalee avait renoncé à l’hypothèse de l’hallucination auditive pour se pencher sur de vraies interrogations : comment ? Pourquoi ?

Ce qu’elle venait d’apprendre sur le père de son camarade lui fit considérer la profanation de la statue sous un jour nouveau. Matéis en aurait-il été capable ? Hayalee avait peur de connaître la réponse. Mais pourquoi ce mot ? Pourquoi « mensonge » ? Matéis insinuait-il que son père avait été accusé à tort ? Une chose était sûre, si on s’apprêtait à le juger et à le condamner, alors le garçon devait être à cran. Pire que ça, à en croire les dires de Thélios : prêt à foncer au Temple, le quartier général des veilleurs. C’était du suicide, purement et simplement. Vandaliser l’école revenait déjà à chercher sciemment les ennuis, mais se frotter aux forces de l’ordre ? C’était d’un tout autre niveau.

Alors que les élèves rentraient chez eux pour la pause déjeuner, Hayalee vit Thélios partir en direction de la falaise au pied de laquelle habitait Matéis. Elle passa le repas à espérer qu’il raisonne son ami, qu’il le fasse renoncer à ses idées de révolte. Elle était si préoccupée qu’elle en oublia ses projets du soir et ne répondit qu’à demi-mot lorsque sa grand-mère lui demanda ce qu’elle voulait sur son gâteau. De retour en classe, Thélios était toujours aussi seul et affichait une impuissance désarmante.

Hayalee n’avait jamais été si peu attentive aux cours. Ni si impatiente de voir la journée se finir. Quand la cloche retentit enfin dans tout l’établissement, une éternité plus tard, elle remballa ses affaires et se précipita jusqu’à la sortie. À peine eut-elle franchi l’arche de l’académie qu’elle s’immobilisa au milieu de la rue grouillante de monde, hésitant une dernière fois.

Il valait peut-être mieux qu’elle rentre. Qu’elle fête ses quinze ans, confronte sa famille sur tous les non-dits qu’ils traînaient et tourne une page de sa vie. Mais l’idée lointaine de ce père qu’elle ne connaissait pas se diluait dans l’angoisse que lui inspirait la situation de Matéis. Lui était là, très concret, tout comme les sentiments qu’il lui inspirait.

Il serait encore temps d’interroger ses grands-parents et sa sœur un autre jour. Pour l’heure, Hayalee avait besoin de s’assurer que Matéis n’avait rien tenté de plus dangereux et idiot qu’une redécoration de l’académie. Vibrante d’appréhension, elle prit la route opposée à chez elle et se dirigea d’un pas résolu vers le Temple.

Si l’on en croyait les manuels d’Histoire et de Géographie, Karakha était le bijou de la nation psamienne. Une citée bâtie pour refléter sa grandeur jusque dans le tracé de ses rues, en plan radial. La place du Soleil marquait le cœur de la ville, d’où rayonnaient neuf grandes avenues : les voies. Ces voies étaient coupées par des rues circulaires, au nombre de douze. Le Temple des veilleurs se situait sur le Deuxième cercle. Hayalee décida de s’engager sur la voie du Ciel pour atteindre plus vite le centre ville. Elle n’avait qu’à fendre la foule qui se pressait sur les pavés dans un joyeux brouhaha, direction plein nord.

La démarche chaloupée sous le poids de son sac qui venait cogner contre sa hanche à chaque enjambée, Hayalee progressait aussi vite que possible. La voie du Ciel était magnifique, bordée de maisons, d’auberges, de tavernes et d’innombrables commerces aux toits ronds. La route pavée, assez large pour permettre le passage de quatre charrettes, était flanquée d’imposantes colonnes qui soutenaient des braseros.

Relevant de temps à autre le nez de ses chaussures pour se repérer, Hayalee crut reconnaître son maître d’Histoire qui marchait dans la même direction, quelques pas devant. Oui, c’était bien lui : impossible de le manquer avec sa toge délavée et son cartable rapiécé qui se balançait tristement au bout de son bras. Son allure à elle seule était déprimante. Hayalee supposa sans trop s’y intéresser qu’il devait vivre quelque part dans le centre. Elle oublia bien vite sa lointaine présence pour se concentrer sur des préoccupations qu’elle estimait plus graves. Pourrait-elle apaiser les ardeurs de Matéis en promettant d’impliquer Mylina dans l’affaire ? D’accord, Mylina n’était qu’apprentie juge et n’avait encore aucun pouvoir sur les décisions prises au Palais de Justice, mais peut-être connaissait-elle quelqu’un qui connaissait quelqu’un ?

Après trente bonnes minutes d’une marche intensive, Hayalee quitta la voie un pâté de maison avant de déboucher sur la place du Soleil. La foule se faisait si dense ici qu’il fallait constamment veiller à ne pas se faire bousculer, ou pire, piétiner par un attelage d’aurochs. La jeune fille bifurqua sur le Premier cercle et toute la moitié est de la ville s’offrit à elle : une forêt de toits qui plongeait en pente douce jusqu’aux bois, plage de pierres blanches que venait caresser une mer d’arbres verdoyants.

Suivant la courbe de la rue, Hayalee passa derrière la cathédrale, non sans admirer la splendeur de ses coupoles, de ses tours effilées et de ses arcs-boutants. Les contreforts de l’édifice trempaient leurs pieds dans les eaux claires du canal qui se scindait en deux à l’entrée du bâtiment et se rassemblait à l’arrière. Une singularité qui donnait à l’imposante cathédrale l’air de se dresser au milieu d’une rivière. Hayalee avait beau apprécier le tableau, il y avait toujours trop de monde à son goût et elle quitta très vite le Premier cercle au profit d’allées plus sinueuses et exclusivement piétonnes.

Les petites rues qui reliaient les cercles étaient souvent ponctuées de quatre ou cinq marches d’escalier qu’Hayalee descendit, la respiration haletante d’avoir tant pressé le pas et les mollets brûlants. Elle avait enjambé plusieurs canaux et n’était plus qu’à deux rues du Temple quand son empressement lui fit couper la route à un réprouvé. L’homme conduisait une brouette remplie de sacs et la manœuvre qu’il dut faire pour éviter de rouler sur les talons d’Hayalee faillit renverser son chargement. Celle-ci tourna la tête pour lui adresser une grimace d’excuse. Elle ne vit que trop tard la silhouette qui jaillit devant elle, au croisement.

La collision fut brutale, aussi inévitable que violente. Le souffle coupé, Hayalee fut projetée en arrière avec l’impression qu’on lui avait déboîté le bras. Son sac s’arracha à son épaule pour voler plus loin, répandant manuels, plumes et bouteilles d’encre sur les pavés tandis qu’une masse s’abattait de tout son poids près d’elle.

Le corps douloureux, Hayalee reprit tant bien que mal sa respiration et tourna la tête. Le regard affolé de Matéis croisa le sien et le cœur d’Hayalee chavira.

Ses yeux bleus, si beaux d’ordinaire, étaient injectés de sang. L’effort lui avait fait monter le rouge aux joues et ses cheveux blonds n’avaient jamais été aussi sales et emmêlés. Si Hayalee n’en avait pas gravé chaque détail dans sa mémoire, elle aurait pu douter que ce visage pâle aux traits tirés appartenait bien au garçon qu’elle avait admiré ces deux dernières années. Ses prunelles étaient animées d’une lueur paniquée et son souffle heurté exhalait une odeur d’alcool qui lui retourna l’estomac.

Les deux adolescents ne restèrent qu’une seconde à se dévisager. Avant qu’elle ait le temps d’ouvrir la bouche, de remuer, de faire quelque chose ; avant qu’il ait pu se relever et repartir dans sa course effrénée, des bruits de pas les rattrapèrent. Un bras surgit entre eux, saisit Mat par le col et l’arracha au sol pour le remettre sans ménagement sur ses jambes.

— Je le tiens ! hurla le veilleur par-dessus son épaule.

Matéis se débattit, mais l’homme était bien décidé à ne pas lâcher prise. Hayalee se redressa et tituba en arrière, trop choquée pour comprendre. Trop choquée pour réagir quand le premier coup partit sans crier gare.

Le poing de Matéis vint percuter la mâchoire du veilleur qui desserra sa prise. Sonné, l’homme oscilla sur ses jambes. Loin d’en profiter pour reprendre sa course, Matéis frappa à nouveau, lui envoyant cette fois son genou dans les côtes. Le réprouvé laissa sa brouette vomir ses sacs sur les pavés, une femme sursauta en lâchant son panier à provisions, un gamin cria et les passants du coin commencèrent à s’affoler. Certains accoururent, d’autres prirent leurs distances.

— BANDE DE MENTEURS ! hurla Matéis en saisissant le veilleur par le col. Vous avez pas le droit ! Libérez-le ! LIBÉREZ MON PÈRE !

Hayalee ne l’avait jamais vu dans une telle fureur. Elle ne l’avait jamais vu se mettre en colère tout court. Matéis n’avait rien d’une brute survoltée qui s’emballait à la première provocation. Il n’avait rien d’une personne violente.

— Arrête ! tonna une voix.

Un homme accourut et referma ses bras autour de Matéis. D’abord soulagée de voir quelqu’un s’en mêler, Hayalee faillit s’étrangler de stupéfaction lorsqu’elle reconnut le réprouvé, avec ses chaînes aux pieds et ses vêtements usés.

— Calme-toi ! souffla-t-il à l’oreille du garçon qu’il tentait de séparer du veilleur.

Matéis rua comme une bête sauvage, crachant des insultes à la figure du veilleur tombé à genoux.

— LACHEZ-MOI ! finit-il par hurler au réprouvé. Foutez-moi la paix ! Ça vous regarde pas !

— Ça suffit !

Saisissant Matéis par les épaules, le réprouvé le força à le regarder en face et gronda :

— Tu veux finir comme moi ? Joue pas les idiots, ces gars-là rigolent pas !

La stupeur qui clouait Hayalee s’amplifia. Le réprouvé n’essayait pas de protéger le veilleur, mais Matéis ?

— Ce que tu fais là aidera pas ton père, insista-t-il, les prunelles ancrées dans celles de Mat.

Ce dernier parut hésiter, les ongles enfoncés dans les bras de l’homme. Il serra les dents, entre rage et chagrin, et ses yeux s’embuèrent. Il semblait prêt à abdiquer quand une dizaine de veilleurs débarquèrent.

Hayalee n’avait aucune idée de ce que Matéis avait fait, mais ils irradiaient de colère et la vision de leur collègue molesté n’arrangea rien. Une poignée d’entre eux avancèrent vers le garçon tandis que les autres aboyaient aux témoins choqués de s’écarter. Le réprouvé voulut s’interposer. Retenant toujours Matéis d’une main, il leva l’autre en direction des veilleurs et ouvrit la bouche. Hayalee ne sut pas ce que les veilleurs comprirent de ses intentions ou de la scène. Ils n’eurent pas l’air de chercher à réfléchir. Sans un mot d’avertissement, l’un des hommes dégaina sa matraque et frappa le réprouvé au visage, l’envoyant s’étendre sur les pavés.

Il n’en fallut pas plus pour que Matéis sorte une nouvelle fois de ses gonds et se jette sur le veilleur. L’homme le cueillit d’un violent coup de matraque dans le ventre. Le garçon se plia en deux, incapable de riposter. Un coup dans les jambes le fit tomber à genoux, un autre sur le dos l’empêcha de se relever, un troisième lui ouvrit l’arcade sourcilière.

Dépassée, perdue, fébrile, Hayalee sentit son cœur cogner de plus en plus fort dans sa poitrine. Il fallait faire quelque chose, les arrêter. À peine cette pensée lui traversa l’esprit qu’une main se referma sur son bras pour la tirer en arrière.

— Reste pas là ! lui intima une veilleuse.

Elle voulut l’éloigner de la mêlée, mais Hayalee résista. Les coups s’étaient mis à pleuvoir sur Matéis, qui n’essayait plus de frapper en retour. Roulé en boule, il se protégeait comme il pouvait, gémissant, suppliant.

— Eh ! T’as entendu ce que je t’ai dit ? Reste pas plantée là ! Rentre chez toi !

La veilleuse la secoua, mais Hayalee n’avait d’yeux que pour le spectacle surréaliste qui se jouait devant elle. Elle avait l’impression d’avoir basculé dans un autre univers. Un cauchemar.

— A… arrêter.

Personne n’entendit sa misérable supplique. Personne n’y prit garde.

— S’il vous plaît…

Hayalee balaya du regard les passants qui les entouraient, cherchant désespérément un soutien parmi la foule, un mot, un geste, n’importe quoi. Mais personne n’intervint pour arrêter les veilleurs ou les ramener à la raison. Aucun citoyen ne broncha. Seul le réprouvé réagit.

Surprenant tout le monde, il se releva et se jeta sur les veilleurs qui frappaient Matéis. Il en bouscula deux d’un coup, arracha sa matraque à un autre et envoya l’arme dans le nez d’un quatrième. Les travaux avaient doté le réprouvé d’une solide carrure et les veilleurs n’eurent d’autre choix que de reculer.

— Pour qui tu te prends, sale chien ? gronda l’un d’eux. Je le dirai qu’une fois : lâche ça et écarte-toi !

— Lokhan ! appela alors quelqu’un parmi la foule.

Le réprouvé jeta un œil par-dessus son épaule et échangea un regard avec l’homme qui l’avait interpellé – certainement l’artisan pour qui il travaillait.

— Sois pas fou ! le supplia celui-ci.

Mais le dénommé Lokhan se tourna vers les veilleurs et, pour toute réponse, cracha à leurs pieds. Les veilleurs s’élancèrent, matraque au poing.

Hayalee remarqua à peine qu’on l’avait lâchée. Elle regarda le réprouvé lutter, distribuer coups de poing et de matraque avec une vigueur étonnante. Il avait beau être mieux bâti, la chaîne à ses chevilles limitait ses mouvements et les veilleurs restaient plus nombreux. Au prix d’un effort collectif, ils parvinrent à l’entraver, puis à le désarmer. Le mirent à genoux après avoir calmé ses ardeurs d’une nouvelle avalanche de coups.

Hayalee en avait la tête qui tournait. Les oreilles qui bourdonnaient. Elle sentait la fièvre la gagner, la peau en bas de son dos chauffer comme si on y avait appliqué un tisonnier. Elle se sentait sur le point de déborder. D’exploser.

— Lai… laissez-le ! gémit Matéis.

Il tenta de se redresser, mais un veilleur se saisit de lui. Son visage était tuméfié, rouge et sanguinolent. Un de ses yeux disparaissait déjà sous la chair enflée. Cette vision ne fit qu’augmenter la nausée qui envahissait Hayalee.

— Laissez-le, articula-t-il, entre colère et supplique. Il a rien à voir avec tout ça !

L’homme qui avait ordonné au réprouvé de se rendre – le plus gradé de la troupe ou simplement le plus enragé ? – essuya le sang au coin de sa bouche et jeta un regard méprisant à Matéis.

— Rien à voir ? Cette charogne ose nous attaquer ! Il récolte ce qu’il sème ! Et toi aussi. Tu croyais que tes conneries seraient sans conséquence ? Regarde bien.

Raffermissant sa prise autour de sa matraque, il se tourna vers ses camarades, vers les quelques habitants trop curieux pour déserter les lieux, et clama :

— Le crime n’est pas toléré à Psamias ! Les individus dangereux ou qui enfreignent les lois ne sont pas tolérés à Psamias !

Crime… quel crime ? Quelles lois ? Qui étaient les individus dangereux ? Hayalee ne comprenait pas. Rien de tout ça ne sonnait juste.

— Quant aux réprouvés qui tenteraient de fuir ou de s’en prendre aux citoyens… poursuivit le veilleur.

Il baissa les yeux sur le condamné. Le menton dégoulinant de sang et de salive, ce dernier hissa son regard ombrageux jusqu’au sien.

— La loi est claire : s’ils se montrent menaçants, les forces de l’ordre se réservent le droit de les abattre sur le champ.

Le veilleur avança et leva haut sa matraque. La terreur creva le cœur d’Hayalee, la rage lui retourna les entrailles et quelque chose en elle explosa :

— ARRÊTEZ !

Elle avait bondi en avant tandis que le bras du veilleur s’abattait vers le visage du réprouvé. Une intense bouffée de chaleur lui monta à la tête et ses sens se troublèrent. L’espace d’un battement de cil, Hayalee se sentit submergée par une force incroyable. Bouillonnante et bestiale. Elle ne fut pas sûre de ce qui se passa ensuite. La sensation fut si intense qu’elle en chavira. Littéralement. Sa vision vacilla, ses oreilles se bouchèrent et elle perdit l’équilibre. Elle entendit à peine le craquement et les hurlements.

Lorsqu’elle retrouva ses esprits, elle était à genoux sur les pavés, essoufflée et tremblante. L’agitation lui fit relever le nez.

Les veilleurs étaient tous tombés à la renverse, éparpillés autour de leurs captifs. Ils roulaient sur le sol en gémissant ou se traînaient sur les pavés, une main plaquée sur le visage, agrippée à l’épaule, au flanc ou à la jambe. Leurs uniformes fumaient et une odeur de brûlé flottait dans la ruelle. La foule s’était écartée, terrifiée. Hayalee entendit les passants murmurer :

— Vous avez vu ça ?

— C’était la main de Dieu !

— C’est sorti de nulle part…

Mais leurs remarques se noyaient sous les cris du meneur de la troupe de veilleurs, qui geignait plus fort qu’aucun autre :

— Ma main !

Couché sur le dos, il s’était recroquevillé sur sa main. Sa matraque gisait près de lui, fumante et fendue sur toute sa longueur comme une bûche qui aurait explosé de l’intérieur.

— Ma main ! grogna-t-il, l’air de souffrir le martyre. Saloperie… ma main !

Il se redressa à genoux et tint son bras tremblant devant son visage.

Tordue dans un angle anormal, sa main gonflée et rougie se couvrait de cloques à vue d’œil.

— Ça… ça m’a brûlé la main !

— On aurait dit que ça venait d’elle…

Hayalee cilla, hébétée. Plusieurs regards s’étaient tournés vers elle ; inquiets, stupéfaits… effrayés. Son maître d’Histoire se tenait au milieu des passants. Le cartable pendant au bout de son bras ballant, il l’observait comme si c’était la première fois qu’il la voyait vraiment.

Hayalee se leva et tituba en arrière. Il y avait de plus en plus d’yeux tournés vers elle, de plus en plus de personnes qui la dévisageait, la pointaient du doigt. Étourdie, elle tourna la tête et son regard accrocha celui de Matéis. À genoux au milieu des veilleurs qui se redressaient difficilement, la lèvre ouverte, le nez en sang et l’œil gonflé, il ne lui souffla que deux mots. Une injonction qu’elle devina plus qu’elle n’entendit :

— Va-t’en !

Hayalee fit volte-face et courut.

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MrOriendo
Posté le 15/02/2023
Hello Neila !

Un chapitre très dense dans lequel il se passe à la fois beaucoup et peu de choses. Peu de choses d'abord car on ressent bien la lassitude d'Hayalee pendant sa journée de classe, et son "enquête" pour découvrir où se trouve Matéis semble futile et peu intéressante au premier abord. On a l'impression d'assister à la journée type d'une ado en cours, amoureuse de son camarade avec des histoires de cour de récré.
Et puis d'un coup, ça s'emballe. On comprend que le père de Matéis a été arrêté (un lien avec le procès dont parlait la soeur d'Hayalee ?) et que le garçon est sûrement responsable de la dégradation de l'Ange du Savoir. La fin de chapitre est plus haletante, le combat avec les veilleurs et le pouvoir mystérieux d'Hayalee qui se déclenche, tout ça donne envie d'en savoir plus. Le personnage de Lokhan interpelle aussi, on se doute bien que tu ne l'as pas placé là par hasard.

Bref, dans l'ensemble j'ai vraiment aimé ce chapitre et ça me donne envie de découvrir la suite, malgré quelques longueurs dans la première partie.

Quelques remarques :

- "Il monologua de sa voix fatiguée sur la toute première guerre qu'avait connu leurs ancêtres" --> avaient connu.

- "Oh, je prie Ilsiar pour qu’Iriel viennent pas se mettre à côté de nous" --> vienne.

- "Le temps que le cours de langue débute" --> Je croyais que leur prochaine leçon portait sur l'instruction religieuse ?

- "Sauf qu'elle pouvait rentrer à n'importe qu'elle heure" --> quelle heure

- "Sois pas fous" --> fou

- "Hayalee fit volte-face et courut." --> Je mettrais plutôt "et s'enfuit en courant".
Neila
Posté le 16/02/2023
Re-coucou,

Je vais voir ce que je peux faire pour raccourcir la première partie. Ce serait dommage de perdre des lecteurs là-dessus.
Contente que ça t’ait plu malgré tout !

Merci pour les fautes et les remarque. Je vais aller vite corriger ça.
« Je croyais que leur prochaine leçon portait sur l'instruction religieuse ? » j’ai dû oublié de modifier quand j’ai changer ça à la réécriture. Bien vu !
MrOriendo
Posté le 16/02/2023
Je ne dis pas que c'est forcément une mauvaise chose concernant la première partie, c'est un peu plus longuet et léger mais ça retranscrit bien la sensation d'Hayalee par rapport à ses cours, comme je le disais. Donc d'un point de vue de ta narration, c'est cohérent. Après, à toi de voir si tu souhaites la raccourcir pour jeter plus rapidement le lecteur dans l'action ou non. À titre personnel, ça ne m'a pas vraiment dérangé, je l'ai simplement souligné dans mon commentaire car je ne savais pas si tu avais déjà eu des retours sur ton histoire ou pas ^^
Neila
Posté le 16/02/2023
Pas tellement eu de retours sur cette dernière version. Je verrai quelle impression ça me fait à la relecture, ça fait un moment que j'ai pas relu ces premiers chapitres. Je devrais être capable de repérer les longueurs plus facilement. è.é
Je prends bonne note de ton ressenti !
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