2 - La vente de Livres

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- Carrie, je n’arrive pas à remettre la main sur ce foutu papier… vous savez la vente de livres anciens qui a lieu dans une semaine ! Il fallait que j’envoie la feuille d’inscription il y a plus de quatre jours ! 

- Je l’ai fait pour vous… Me dit elle.

Je regardais la grande brune qui me servait d’assistante et de collaboratrice dévouée depuis 4 ans.

- Comment ça ? 

- En m’occupant du courrier, je me suis occupée de cette inscription, voyant que vous ne l’aviez pas fait. Ce qui … m’a surprise. 

Je restais tout aussi abasourdie, moi qui n’oubliais jamais rien d’habitude, depuis mon retour, à savoir 2 mois, depuis l’enterrement de Nannie, je n’étais plus vraiment aussi assidue dans mon travail.

- Euh… très bien, merci Carrie. 

- Je peux faire autre chose ? 

- Non, vous pouvez y aller. 

Je triais encore quelques papiers et fermais la boutique pour rejoindre à pied mon petit 2 pièces dans le vieux Lyon, près de la cathédrale. Je passais la porte de l’appartement, les bras chargés de courses, un des sac cassa et les fruits s’éparpillèrent dans la salon.

- Putain. Murmurais-je à moi-même.

Pire que d’être triste depuis la mort de Nannie, j’étais à cran H24. Ne trouvant le sommeil que difficilement, me réveillant en sueur après un, deux, trois, cauchemars. C’était une mauvaise période pour moi, une très mauvaise. Appelant maman, elle comprit je-ne-sais-comment que quelque chose clochait, elle me fit livrer des plantes à infuser pour tisanes, permettant selon elle, le bon sommeil. Je n’avais pas encore testé, mais je me convins à 21h et pris ce mélange appelé « constellation ». Plutôt goûtu et je me glissais dans le lit avec une certaine paix, le genre que je n’avais pas eu depuis longtemps.

Je fis un rêve étrange cette fois-ci, rien à voir avec les cauchemars d’avant, cette fois ci je rêvais de stèles de pierres dressées là depuis des siècles, dans un environnement de nature sauvage et indomptée, je rêvais d’eau fraiche et translucide me permettant de m’y baigner, nue. Le lendemain je demandais à maman si elle n’avait pas essayé de me droguer à mon insu, elle balaya la question, répondant qu’il fallait que j’arrête de voir le mal partout. Je décidais de me concentrer sur cette incroyable vente, qui devait avoir lieu cet après midi. Une chance inouïe pour ma collection de livres anciens. Des ouvrages datant de 1800, plusieurs auteurs autour d’un thème tout à fait nouveau et qui plairait sans doute à maman… l’occulte. Je décidais de faire fi de mes principes, dirons-nous, pour faire honneur à ma manière, à Nannie. Elle aurait trouvé ça très anarchiste et décalé de vendre de tels livres avec ma personnalité et aversion pour les sciences occultes et tout le folklore magique. L'idée du coup, me semblait très intéressante, assez pour que je m'y rende avec le sourire. 

- Carrie, j’y vais, je reviendrais dans 2 heures au maximum avec je l’espère tous les ouvrages dont je rêve l’acquisition, souhaitez moi bonne chance ! 

Je sortis dans la rue, direction la salle des ventes. Un budget plutôt serré, mais qui me permettrait quand même de faire des offres confortables pour certains livres. Je m’assis au troisième rang, il ne fallait jamais être trop près du commissaire priseur, ni trop loin et surtout avoir un angle de vue parfait, pour observer les adversaires lors de la mise aux enchères des œuvres. Je croisais les jambes, j’étais absolument parfaite dans un mon tailleur jupe-crayon gris anthracite. Il fallait que l’on croit que j'étais une redoutable acheteuse, tout passait par l’allure et l’apparence. J’eus un frisson le long de la colonne vertébrale, la pièce était en courant d’air, je tournais la tête et vis cette personne entrer dans la pièce. Un homme sans âge, ou du moins, impossible de le deviner, d’apparence générale je dirais mon âge, 26, 27 ans. Mais de visage, je dirais 40, 43 ans à bien y regarder. C’est un bel homme, au regard extrêmement froid et distant. Vêtu d’un costume très chic noir, les mains dans les poches, un sourire en coin, il vint s’asseoir sur la rangée en face de la mienne. La troisième aussi, mais du côté droit.Je m'arrêtais net de l’observer, de peur qu’il ne s’en rende compte. Il n’y avait rien de plus embarrassant que ça. La vente commença puis se termina quelques heures plus tard. Petite déception, un des manuscrits phares que je voulais à tout prix acquérir, avait été vendu à mon étrange voisin de droite, pour une somme bien trop extravagante ! je récupérais mes achats et sortis dehors, poussant un léger soupir.

- Pas trop déçue… 

Je me retournais sur la cause de ma déception.

- Non, c’est le jeu qui veut ça. Lui dis-je posément.

- Qu’en auriez vous fait ? 

- Je suis gérante d’une librairie un peu, particulière. 

- Esotérique ? 

Je ris.

- Non, je collectionne, en un sens, les livres anciens. Je ne suis pas une de ces hippies, vendeuses de livres magiques et tout ça. C’est du folklore pour moi. 

- Alors pourquoi être ici ? 

- C’était pour… vous allez trouvez ça stupide. Par le fait que je ne crois pas en tout ça, mais du fait qu’il s’agisse de livres anciens, je réunis deux choses, dont une qui me lie à ma famille. 

Je baissais le regard.

- C'est stupide dit comme ça. Mais je vous assure qu’au fond c’est plus profond que ça en a l’air. 

Il ne disaitt rien de particulier et son visage n’exprimait ni pitié, ni moquerie, ni rien d’ailleurs.

- Et vous qu’allez vous en faire, si ça n’est pas indiscret ? 

Il me scruta furtivement.

- Héritage familial. Dit il simplement.

Il me salua toujours aussi froidement et partit d’un pas leste et aérien. Je retournais dans la salle des ventes, la curiosité trop présente.

- Je suis peut être trop curieuse mais la personne qui a acheté le livre est elle connue de vos listes d’héritiers ? Ou je ne sais pas moi, de la liste de vos clients les plus … 

- Je ne peux pas vous donner l’information Madame. 

- Je ne peux même pas avoir son nom ? 

Elle secouait la tête en signe de négation. 

- Désolée Madame, c’est confidentiel. 

J’hochais la tête. Dommage. Je rentrais à la boutique avec mes trésors.

- Alors, vous êtes contente ? Me dit Carrie.

- Oui… contente. 

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