2. Nina et Pauline
C’est l’histoire d’une jeune fille et de son père.
Pauline a 16 ans. Elle souffre. Elle pleure. Elle voudrait disparaître. Son père est un monstre. Il la prend, sans un mot, sans un cri, comme si elle n’était qu’un objet. Elle sait qu’elle n’a pas le droit de parler. Elle doit se taire, ne faire aucun bruit. Il fait nuit.
Ils sont sous la couverture.
Dans la maison, tout le monde dort, sauf Nina. Nina, sa petite sœur, est éveillée. Pétrifiée. Elle écoute, sans bouger. Le souffle coupé, elle s’efforce de ne pas faire de bruit, de ne pas attirer l’attention. Elle n’est pas aussi jolie que Pauline. C’est sa seule chance. Leur père ne l’aime pas autant. Elle devrait s’en réjouir, mais elle ne peut pas. Elle se sent coupable. Si Pauline le lui demandait, elle accepterait de partager ce fardeau. Ce fardeau de l’enfer.
Nina prie. Elle prie tous les saints qu’elle connaît, elle prie pour que la nuit passe en un instant, pour que demain arrive sans délai. Elle veut que le temps s'accélère, qu'il file jusqu'à l'aube. Elle pense à demain. À l'école. Là-bas, elles parleront d’autres choses. Elles riront. Elles mangeront de la mousse au chocolat à la cantine. Elle donnera sa part à Pauline, sa sœur adorée.
Elle serre les yeux si fort qu’ils lui font mal.
Un râle s’élève dans la chambre. Le père se lève, sans un mot, sans remords.
Le spectacle est écœurant. Nina sent les larmes couler, silencieuses, le long de ses joues. Il fait trop chaud dans cette petite pièce. Trop chaud pour trois personnes.
L’homme se retourne, indifférent. Il quitte la chambre sans un mot.
Nina n’ose toujours pas bouger, pas parler. Elle reste immobile, écoutant, espérant trouver le sommeil, espérant effacer ce qu’elle a entendu. Mais le silence est lourd, écrasant.
Personne ne viendra les sauver de ce cauchemar.
Il n’y a rien, aucun refuge pour les emporter loin de ça.
Pauline se lève péniblement. Elle trébuche jusqu’aux toilettes de la chambre, se penche au-dessus de la cuvette et vomit. Elle ne dit rien.
Nina fait semblant de se réveiller au bruit de l’eau qui coule.
« Je lui demande ce qu’elle a, et déjà, je me déteste de cette mascarade. »
Pauline murmure qu’elle est malade. Qu’elle a mal au ventre. Nina se lève alors pour lui chercher un verre d’eau, tandis que leur mère continue de dormir dans la pièce voisine, insensible, sourde à tout.
Nina la maudit.
Elle s’agenouille pour essuyer le sol, en silence, et prétend ne pas sentir l’odeur qui lui soulève le cœur. Elle propose à Pauline de sortir, de prendre l’air, de fuir cette chambre étouffante. Pauline refuse. Elle ne veut pas réveiller la maison.
Finalement, Pauline se recroqueville dans les bras de Nina. Elle s’endort, épuisée, le visage contre son épaule.
Nina la serre doucement, les yeux ouverts, le cœur en mille morceaux.
« J’ai décidé de tuer mon père. »
Je trouve que ce chapitre est vite expédié… Pourtant il a l'air crucial dans ton histoire, c'est dommage. Par contre, cette dernière phrase! Waouh, elle est simple, sèche, et elle veut tout dire. C'est frappant!
Cependant, je dis tout cela sans oublier que l'intrigue devrait être en alignement avec ta vision pour ton œuvre.