2. Sous les murs d’Everspring

Par Wen
Notes de l’auteur : Il suffit parfois d’un regard sincère pour que les murs commencent à trembler.

Le soleil filtrait à travers les rideaux de la chambre d'Arwen, jetant des teintes orangées sur les murs encore impersonnels. Les cartons entassés près du bureau semblaient la défier, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait toujours pas vraiment défait ses bagages. Elle s'étira lentement dans son lit, le corps encore engourdi par une nuit peuplée de rêves flous et d'ombres familières.

Amy l'appelait déjà en bas. Arwen prit le temps de s'habiller, optant pour un sweat ample et un jean noir. Elle attacha ses cheveux en un chignon rapide avant de descendre.

Dans la cuisine, une odeur de pain grillé et de café flottait dans l'air. Amy, en tablier, déposait deux bols de céréales sur la table. Elle leva les yeux en entendant les pas de sa nièce.

— Bien dormi ? demanda-t-elle avec douceur.

— Ça va, murmura Arwen en s'asseyant.

Il y eut un petit silence. Puis Amy reprit, un sourire timide aux lèvres :

— Tu sais, si tu veux parler... je suis là.

Arwen releva légèrement les yeux vers elle. Amy paraissait sincère, un peu maladroite, mais elle faisait un effort. Pour la première fois depuis des mois, Arwen sentit une chaleur discrète s'installer dans sa poitrine. Elle hocha la tête.

— Merci.

Elles échangèrent un regard bref, et Amy posa doucement sa main sur celle d'Arwen, avant de se lever pour attraper ses clés.

— Je te dépose ? proposa-t-elle.

— Si ça ne te dérange pas.

— Ça ne me dérange jamais, Arwen.

 

Everspring High se dressait comme une grande bâtisse de briques rouges, moderne mais pleine de charme. L'entrée principale s'ouvrait sur un hall baigné de lumière, orné de plantes vertes et de panneaux d'affichage colorés. Un groupe de filles riait près des casiers. Des garçons faisaient rebondir un ballon de basket dans un coin du couloir.

Arwen suivait le flot des élèves, le sac sur l'épaule, les yeux curieux. Elle repéra Nelly appuyée contre un mur, les bras croisés, ses boucles charbon encadrant son visage comme une couronne naturelle. Lorsqu'elle vit Arwen, son visage s'éclaira.

— Hey ! La nouvelle préférée de mon cœur ! lança-t-elle en s'approchant avec un large sourire.

Arwen esquissa un petit sourire à son tour. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre d'énergie, mais il y avait chez Nelly quelque chose d'authentique, une lumière vive impossible à ignorer.

— Salut, répondit-elle simplement.

— T'as l'emploi du temps ? Tiens, on compare.

Elles collèrent leurs feuilles respectives, commentant les profs à éviter, les salles trop éloignées, et la légende urbaine sur le prof de chimie qui aurait fait exploser un labo l'an dernier. Arwen se surprit à rire. Un vrai rire. Court, mais sincère. Elle sentit le regard de Nelly sur elle, surpris, puis satisfait.

— T'as un beau rire, tu sais ? lâcha Nelly avec légèreté. Faudrait que t'en fasses plus souvent. Genre... tous les jours.

Arwen haussa les épaules, un peu gênée, mais le compliment l'avait touchée plus qu'elle ne l'avouerait.

Elles se dirigèrent ensemble vers leur première salle de cours. Les murs du lycée étaient couverts de photos de clubs, de trophées dans des vitrines, de dessins d'élèves. Arwen observait tout, comme pour graver chaque détail, se créer une nouvelle carte mentale de ce monde inconnu.

En passant près de la salle de sport, une silhouette attira son regard.

Un garçon, adossé à la porte, les mains dans les poches, parlait avec deux autres élèves. Il était grand, les cheveux bruns foncés ondulant autour de son visage. Son regard vert sombre balaya l'horizon, comme s'il cherchait quelqu'un ou surveillait tout. Il riait, un rire bas, sûr de lui. Il avait ce genre de présence magnétique, de celles qui attirent l'attention sans même essayer.

Arwen détourna vite les yeux, ne s'attardant pas. Juste une impression fugace. Un détail parmi tant d'autres dans cette nouvelle vie.

 

Les cours s'enchaînèrent, et Arwen fut agréablement surprise par certains professeurs, bien plus détendus que dans son ancien lycée. En histoire, une élève l'invita à s'asseoir à côté d'elle. En arts plastiques, la prof lui demanda si elle aimait dessiner, ce à quoi Arwen répondit qu'elle n'avait pas essayé depuis longtemps, hormis le dessin de Nelly. Tout semblait flotter dans une sorte d'entre-deux, entre le souvenir douloureux et l'éventualité d'un nouveau départ.

 

À midi, Nelly l'attendait près du self.

— Je t'ai gardé une place ! cria-t-elle en agitant les bras.

Elles mangèrent ensemble, entourées d'un groupe d'élèves bruyants que la fille à la peau ébène connaissait tous par leur prénom, devant sûrement être de ses amis. Arwen se contentait d'écouter, de sourire parfois. Nelly, sans jamais la forcer à parler, lui glissait de temps en temps une remarque ou une blague qui la détendait.

— Tu vas voir, bientôt tu vas détester le jeudi. On a deux heures de sport avec la prof la plus flippante de l'univers. Elle crie même quand t'as bien fait.

Arwen rit à nouveau, doucement, et cette fois-là, c'était plus facile.

 

 

En rentrant à la maison, elle trouva Amy dans le salon, en train de plier du linge. Un vieux film passait en sourdine à la télé. Arwen posa son sac dans l'entrée et s'approcha.

— Tu veux de l'aide ? demanda-t-elle timidement.

Amy leva les yeux, surprise, puis hocha la tête.

— Si tu veux bien. Je suis nulle avec les robes.

Elles plièrent ensemble, en silence d'abord. Puis Amy demanda comment s'était passée la journée. Arwen répondit par petits bouts. Le lycée, les profs, Nelly.

— Elle a l'air chouette, cette Nelly, dit Amy. J'espère que tu te sentiras vite chez toi ici.

Arwen hésita. Puis dit :

— Je crois... que ça commence.

Amy ne répondit pas tout de suite. Elle posa une pile de vêtements sur la table basse, puis se tourna vers sa nièce.

 

— Tu sais, tu n'as pas à aller bien tout de suite. Je veux juste que tu saches que tu n'es pas seule. Et que tu n'as pas besoin d'être forte tout le temps.

 

Arwen baissa les yeux. Un nœud se forma dans sa gorge. Elle hocha la tête, incapable de parler. Amy la prit doucement dans ses bras. Pas un câlin étouffant, mais une étreinte discrète, tendre. Comme un baume silencieux sur une blessure ancienne.

 

 

Ce soir-là, Arwen monta se coucher avec une sensation étrange. Ce n'était pas de la joie. Pas encore. Mais ce n'était plus seulement de la douleur non plus.

 

Quelque chose, lentement, imperceptiblement, changeait.

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Inxs.0
Posté le 25/08/2025
Bonsoir,

Dans ce chapitre, j'aime que l'ont se concentre plus sur la relation entre Arwen et sa tante, on comprend qu'Amy voudrait être là pour sa nièce mais ne sait pas vraiment comment s'y prendre et c'est mimi. Et puis...ce garçon me rend bien curieuse, peut-être qu'il aura un rôle dans cette histoire, après tout, tu ne l'as pas décrit pour rien, si ?
Wen
Posté le 26/08/2025
Bonjour,

Oui je voulais qu'Arwen et sa tante est une vrai relation même si elle prend du temps à se construire.
Et en effet au fur et à mesure des chapitres on va découvrir ce garçon ^^
S.Lomaï
Posté le 18/04/2025
Dans ce chapitre j’ai apprécié que l’on puisse voir un peu plus sa tante. On comprend bien qu’Amy a l’envie d’être là pour soutenir Arwen que ce soit physiquement avec des contacts affectueux mais aussi émotionnellement. Mais elle est sur une certaine retenue pour ne pas la brusquer et qu’elle ne se referme encore plus. Mais le fait que ce soit Arwen qui fasse le premier pas vers elle en lui proposant de l’aider à plier le linge est une preuve qu’Arwen n’est pas fermée à l’idée de recevoir de l’aide, il lui faut juste du temps de comprends que si elle s’attache ou apprend à aimer d’autres personnes celle ci ne partiront pas comme ses deux parents.

Hâte de lire la suite
Wen
Posté le 19/04/2025
Re coucou ^^

Je suis toujours aussi contente que l'histoire te plaît. C'est vrai que j'ai envie de mettre en valeur la relation d'Arwen et de sa tête ainsi que de la voir évoluer.

J'espère que la suite te plaira <3
S.Lomaï
Posté le 19/04/2025
Re aha, hâte de voir ça :*
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