21 - Mondes bizarres

Par Seja

Mondes bizarres

 

— T’es occupée ?

— Jen ! Non, du tout. J’allais au réfléchissoir, mais ça peut attendre.

— Tu réfléchis à quoi en ce moment, Max ?

— A notre âme.

— La nôtre ?

— Exactement. Tu vois, il y a peu, j’ai commencé à réfléchir dessus et j’ai toujours tellement de réflexions que je n’ai pas pu m’arrêter. Du coup, je suis en train de développer une théorie sur notre existence, notre création, notre…

— C’est… passionnant, tout ça. Mais ce n’est pas pour ça que je passais te voir. Tu saurais pas des fois si une forme de vie pourrait survivre si on la ramenait ici ?

— Une forme de vie ici ? Quelle drôle d’idée.

— Je t’assure, c’est pas la mienne. Et donc ?

— Théoriquement, si on prend en compte toutes les variables et qu’on réfléchit à la question…

— Réfléchis plus vite, Max.

— La réflexion est un processus long et compliqué.

— Rends-le court et simple. Je suis pressée.

— Comme tu veux. Une forme de vie n’aurait aucune matière qui lui est nécessaire pour survivre. Elle mourrait donc immédiatement.

— Zut… Et il y aurait pas un moyen ?

— Pourquoi tu me demandes ça, Jen ?

— Nah, c’est rien. J’ai juste promis de ramener un petit quelque chose de ma prochaine mission à une amie. Mais je sens que ça va être bien plus compliqué que je l’envisageais.

— Tu voulais ramener une forme de vie en cadeau ? Comme c’est étrange.

— Le plus étrange, c’est que c’est à sa demande.

— Elle t’a demandé une forme de vie ?

— Yep. Et donc, tu connaitrais pas des fois un moyen un peu détourné d’éviter à la forme de vie de clamser direct ?

— Détourné ? Comme quoi ?

— J’en sais rien, moi ! Si je la mets dans un bocal, par exemple ?

— Dans un bocal, elle survivrait quelques secondes de plus.

— C’est trop peu.

— Tu devrais demander à l’archiviste. Il sait beaucoup de choses. Peut-être qu’un jour, il a eu une demande similaire.

— Peut-être. C’est pas mal comme idée, ça ! La réflexion marche bien aujourd’hui.

— Tu pars bientôt ?

— Ouais, mon équipe devrait pas tarder. Il y a ce monde, tellement bizarre. En fait, c’est une grosse tortue sur le dos de laquelle des formes de vie se sont installées. Elles ont fondé des villes et tout. Et puis, elles ont découvert la religion. Depuis, ça s’est bien gâté. Enfin, je vais te passer les détails, c’est un tel sac de nœuds.

— Mais toi, pourquoi ils t’envoient ?

— Pour la même chose que d’habitude. On va tenter d’analyser quelques autochtones, voir s’ils sont complètement foutus ou si on peut sauver quelque chose. Et si on voit que le cas est vraiment terminal, on va leur envoyer une apocalypse dans la gueule. Perso, je prie pour l’apocalypse. J’aime bien.

— T’as pas pitié des formes de vie ?

— Pitié ? Pourquoi j’aurais pitié ? C’est comme avoir pitié d’un nuisible qu’on écrase. Ça a pas de sens. Et puis, en général, les endroits où on balance une apocalypse, c’est vraiment la toute fin. C’est limite si on abrège pas leurs souffrances. Les formes de vie semblent toujours très portées sur les choix de merde. Et ça, peu importe où elles se trouvent ou à quoi elles ressemblent. Dingue, non ?

— Oui. Mais je reste quand même sur mon idée que ça serait bien de ne pas les massacrer.

— Mais on ne massacre pas. Quand ils voient arriver l’apocalypse, ils pensent souvent à des châtiments divins. Du coup, ils clamsent en se disant que leur dieu, finalement, il existe. Tu vois, que du bon.

— Ca, d’accord. Mais il serait quand même bien de chercher quelques alternatives.

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