Fredas – 21 Vifazur
Morthal en Bordeciel
Une nuit sans étoile
C’est avec le poignet en compote et les extrémités gelées que je me force à écrire. Par les Neufs, cette journée fut la plus intrépide de ma vie ! Et ce n’est pourtant qu’un début.
Tout a commencé fort calmement. Une simple visite à l’académie des bardes. Dans ce vieux bâtiment où les chants épiques résonnent entre les murs gris-bleus, j’ai rencontré le directeur. Un haut-elfe nommé Viarmo possédant sans doute un certain flegme. Je me suis présenté et j’ai annoncé mon envie de rejoindre l’académie. Et c’est là que la chose la plus incroyable se produisit ! Le directeur me proposa … Une quête !
Pour faire simple, je suis chargée de retrouver une partie de l’Eda poétique, composé par un célèbre barde, Svaknir, et racontant certains secret sur le roi Olaf (notamment connu pour avoir combattu un dragon). Ces vers perdus se trouveraient dans la tombe d’Olaf lui-même, au sud-ouest de Morthal, à un jour de marche de Solitude. Ravie à l’idée de cette première aventure surprise, j’ai accepté la tâche et me suis préparée sans attendre.
J’ai pris en premier lieu l’épée elfique apparemment oubliée par mes ancêtres dans ma résidence de Solitude. Je suis ensuite passée par la forge et me suis procuré une armure de cuir durcie, ainsi qu’une cape et un sac de voyage. Le climat est rude en Bordeciel, il n’est pas rare que le froid soit un ennemi plus puissant que les bandits, paraît-il. J’ai également pris le temps de me fournir en nourriture et potion de soin. Ainsi préparée, je me suis élancée, confiante, sur la route de Morthal. Quelle naïve je fais.
Entre Solitude et Morthal s’étend un marais gelé. Jugeant cela plus rapide plutôt que de suivre la route et son long détour, j’ai stupidement pénétré ces marais. Dedans, ô joie, des crabes de vase, créatures faibles mais nombreuses et hargneuses, me harcelèrent sans relâche. Et quand ils m’eurent enfin laissé, ce fut au tour des poissons carnassiers, horreurs des rivières, de me mordre les mollets. Je m’en défis en quelques moulinets d’épée, ce qui me permit de maitriser un peu mieux cette arme.
Vers la mi-journée, la température chuta et une pluie froide me trempa. Ralentie par le marais et mon armure de cuir mouillée, je restais à l’affut d’un danger, arc à la main. Une brillante idée qui me permit de venir à bout de trois bandits campant aux abords d’un tertre. J’ai tenté de les neutraliser sans les tuer, mais ils m’attaquèrent sans retenue malgré leurs blessures. Je n’ai pas eu d’autre choix que de mettre fin à leurs jours. Quand je pense que j’ai pris la vie de trois personnes aussi facilement, d’une flèche bien placée, je me sens à la fois rassurée quant à ma capacité à mener des aventures, mais aussi effrayée. En quoi est-ce si différent d’un meurtre ? Je sens que cette nuit sera sombre …
Le reste du chemin jusqu’à Morthal se passa sans encombre. J’eu même la chance de trouver un site de pierres levées ! Il est dit qu’en les touchant, on obtient un pouvoir particulier. J’ai hésité puis finalement touché la pierre. Je n’ai pas la sensation d’être différente, mais qui sait, peut-être le découvrirai-je plus tard ? Quoi qu’il en soit, j’ai finis par arriver à Morthal.
Cette ville, ou plutôt ce village, est construit sur les marais, et flotte en partie sur l’eau. On y trouve un excellent apothicaire et la demeure d’une Jarl de la région. J’ai d’ailleurs entendu en arrivant que la ville avait quelques problèmes dernièrement. Rien qui me concerne, mais je garde cela en mémoire pour voir si je peux faire quelque chose lors de mon voyage de retour.
Je séjourne à l’auberge du coin, agréablement aménagée et surtout bien chauffée ! Je ne m’attendais pas à ce que le froid m’ait à ce point affecté. A croire qu’il faut une fourrure d’ours polaire pour y résister.
Bref, mes paupières sont lourdes à présent. Je me sens partir. Je laisse la plume pour un repos mérité. Demain, j’atteindrais la tombe d’Olaf et je verrais quelle palpitante découverte m’y attend !
Joanna Almora