Nous avons couru un temps interminable.
Je suis essoufflé, confus, épuisé. Silas nous a emmenés à travers la ville, fuyant les éclats de voix et les torches vives. Nous nous retrouvons donc dans un parc abandonné, du moins je le suppose en voyant les herbes hautes qui n’ont pas dû être coupées depuis un bon moment.
Silas est plié en deux, les mains sur les genoux. C’est maintenant ou jamais. Je dois profiter de sa faiblesse pour lui soutirer le plus d’informations possible. Il a beau ne pas brandir une torche, j’ignore tout de même si je peux lui faire confiance.
— Hé ! aboyai-je en me dirigeant vers lui.
Il relève la tête, pantelant. J’agrippe le col de sa chemise, le tire vers moi. Il hausse les sourcils, étonné par ma brusquerie.
— Maintenant qu’on est seuls, gamin, tu vas tout me dire.
— Gamin ? répète-t-il, visiblement offusqué. Tu dois être à peine plus vieux que moi !
Je me crispe, déstabilisé. Je ne me suis pas regardé dans un miroir, je ne sais même plus à quoi je ressemble. Du peu que j’en arrive à voir, je constate simplement que je suis plutôt musclé. Je suis certain de pouvoir battre Silas à pleine couture, si l’envie m’en prenait... ou s’il refusait de répondre à mes questions.
— Qu’est-ce qu’on fout là ? demandai-je. Qui sont ces gens qui nous poursuivent, qu’est-ce qu’ils veulent ? Et bordel, t’es qui, toi ?
— Lâche-moi, dit-il simplement. Et je te dirai tout.
— Tu vas tout me dire maintenant, avant que je ne te fracasse le crâne.
Ses yeux s’écarquillent.
A en juger par sa réaction, je n’avais pas l’habitude d’user de violence envers lui, avant de perdre ma mémoire.
Silas déglutit, essaie de reprendre contenance.
— Nous nous sommes tous les deux réveillés dans cette ville, avoue-t-il enfin. C’était déjà le soir, et nous étions allongés dans l’église. Ne me demande pas ce qu’on faisait là-bas, je n’en sais rien. En sortant dehors, on est tombés nez à nez avec des... des détraqués ! Ils avaient des torches et des fourches, ils portaient des tenues moyenâgeuses. Rien n’avait de sens ! Ils nous ont hurlés dessus, et ils ne cessent de nous pourchasser.
— Pourquoi ? Qu’est-ce qu’ils veulent ?
Silas esquisse un sourire en secouant la tête, l’air moqueur.
— Je n’ai pas eu le loisir de leur demander, peste-t-il. Leurs fourches m’en ont dissuadés.
Je n’aime pas le ton qu’il prend.
Je resserre ma prise sur son col, et le soulève légèrement vers moi, le forçant à se mettre sur la pointe des pieds pour suivre le mouvement. Même ainsi, il doit lever les yeux pour croiser mon regard.
— Fais attention, le menaçai-je. Je ne suis pas ton ami.
— Mais... mais... bégaie-t-il. Tout ce qu’on a vécu avant que...
Il s’arrête, l’air sincèrement triste.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’on a vécu ? l’interrogeai-je.
Soudain, un bruit s’élève derrière moi. Je lâche Silas, et fait volte-face. Devant nous se tiennent deux personnes, un homme et une femme. Mais leurs haillons, leurs cheveux emmêlés, et leur regard fou me font douter de leur équilibre mental.
— Ne t’approche pas d’eux, me conseille Silas dans mon dos.
Par arrogance ou par soucis de le défier, je choisi de ne pas l’écouter.
Je m’avance vers les individus, les mains en l’air.
Merci pour ton commentaire ! Oh que oui ça va rapidement déchanter ah ah !
J'espère que la suite te plaira tout autant :-)