24. Chute et supplique.

Par JFC

Selfyn et Mélusine avaient (non sans effort) repris leur routine, quelques heures seulement après le départ d’Ephrem :

            — Bonjour les enfants ! s’écria la jeune Elfe à ses élèves.

            — BONJOUR MAITRESSE !!! répondirent-ils tous en cœur.

— Vous nous avez beaucoup manqué, entendit la maitresse un peu partout.

Mélusine s’efforçait d’afficher son habituel beau sourire. Elle était sincèrement heureuse d’être à nouveau là. Heureuse de devoir recommencer à remplir ces nombreuses têtes de savoir précieux. Mais quelque chose pourtant n’allait pas. Elle ressentait un manque. Elle ne mit pas longtemps à comprendre que c’était l’absence d’Ephrem qui lui causait cette sensation désagréable au creux de l’estomac. Ne pouvant plus rien n’y faire, elle essaya de se concentrer sur la leçon du jour :

— La création des Elfes par l’Alkast Atria date de…

Peine perdue ! Au tableau, incapable de s’en rappeler, elle cessa d’écrire. Elle remarqua que les élèves se regardaient les uns les autres, inquiets.

— Si nous faisions un peu de sport ! suggéra-t-elle. Il serait dommage de rester enfermés par un temps si magnifique, n’est-ce pas ?

Mélusine ne remarqua pas que, comme elle, le ciel s'était assombri, chargé de lourds nuages gris, pendant que ses élèves couraient en file indienne. Son regard, vide, se perdait dans le lointain, là où ses pensées voguaient bien loin d’Yggdol.

— Ephrem, souffla-t-elle.

Où était-il à cet instant ? La mission qu’il s’était imposée était périlleuse, insensée même ! Que lui arriverait-il s’il tombait aux griffes des Traneks ? Son esprit restait figé sur cette question, comme une ombre obsédante qui refusait de s’effacer.

Trop absorbée par ses tourments, elle perdit la notion du temps. Beaucoup trop longtemps ! Les élèves s’épuisaient, haletant sous l’effort, et bientôt, l’un d’eux trébucha. Un cri perça alors le voile de ses pensées :

— Inza est tombé ! Inza est tombé ! s’alarmaient les enfants, affolés.

            Mélusine revint brutalement à la réalité. Elle se précipita vers l’enfant qui était à présent au centre d’un cercle formé par ses petits camarades.

            — Maitresse, gémit Inza en tendant une main vers elle, j’ai mal. Aidez-moi s’il vous plaît !

            Tout se passa en une fraction de seconde. À la place d’Inza se trouvait une autre petite fille. Une fille qu’elle avait presque oubliée. Une fille qu’elle avait vue pour la première fois dans un écho du passé. Une fille qui possédait, comme Inza, de longs cheveux argentés, et qui tendait une main, suppliante.

            — À l’aide ! supplia la petite fille d’une voix faible, fantomatique, avant de disparaître.

Haletante comme si elle avait couru pendant des heures, Mélusine observait quelqu’un qui n’était plus présent. Mal à l’aise, Inza se retourna lentement pour voir ce que sa maitresse pouvait bien voir à travers elle et qui lui donnait ce drôle d’air qu’elle ne connaissait pas, à la fois triste et épouvanté. Quand elle regarda de nouveau Mélusine, elle remarqua avec stupéfaction, en même temps que ses camarades, que de grosses larmes coulaient sur les belles joues blanches de celle-ci.

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