24 | Virevoltures

NOVA  ELLÉE.

— …… maintenant, grimpe-là haut ! Ah ! Déraisonnable tu dis ? Laisse-moi rire ! C’est toi qui es déraisonnable à hésiter ! Les Lions m’montent ça illico rapido-presto, le crochetage au bout des doigts. Jamais ils se perplexent et le vertige la chute ils connaissent pas ! Ils rient même… ah ! Si tu savais la hauteur… comme ils s’en moquent éperdument ! Une hauteur jamais trop haute pour eux et les voilà qui roucoulent sur les falaises sans jamais une seule accélération de peur dans le poum poum du cœur. Bein ouais, eux ils pétochent pas, bien le contraire ! Eux sur la falaise ils t’improvisent une valse et un tango, puis une polka et une mazurka. Eux ils gambillent, bolèrent et chantent le blues en fox-trottant un entrechat. Tout sur l’à-pic et ils amantent amantent et dulcinent la mignonne, le vide autour de soi… Quoi toi si tu tombes ? Tu crois quoi ? Toi c’est simple, toi si tu tombes… bein tu tombes pas. T’as cru quoi ? C’est pas compliqué pourtant ! Ta frousse tu en fais rage, Rage d’y parvenir, RAge de s’accomplir, RAGe de se hisser au sommet et RAGE de tout crever. Les limites c’est toi seul qui te les imposes, Ellée ! Alors t’enrages, c’est ça, t’enrages et tu me hais mais bientôt tu chériras tes compétences, folles compétences qui ne sont folles que lorsqu’on les exploite, kretarr ! Alors monte, varappe, j’veux voir des pirouettes et des virevoltures dans les airs ! Vas-y virevousse et la gravité tu l’apostrophes bien méchant, l’épaules bien violent, avec deux ou trois châtaignes dans sa biface, la lampée qu’elle se prend quoi ! Torgnoles et giroflées d’audace ! Alors monte, monte, monte… grimpe ! Kretarr, tu varappes oui ? C’est quoi ces bras de mômiton ?  Kretarr ! La fouillasse dans laquelle on est, en fait t’es vraiment incap’ d’utiliser tes mains ! Monte, te dis-je ! Slippe pas ! T’attends quoi ? T’es bloqué ? T’as plus de prise ? Zippe… pas. Laisse-moi rire… Voilà, c’est mieux ! Ajuste, hisse, voilà… tu…  kretarr Ellée ! Kretarr de slisk de… mais il est, mais il va… gnard ! Tu me refais un coup comme ça que je t’étripe en bas, quand bien même t’es crevé après ta chute ! Ok ? Tu, mais… bon. Ça va, ça va… Haut… haut le ciel que tu touches ! Sois à la hauteur, kretarr à la fin ! Tu souffles, tu pousses, tu tractes, tu soulèves, tu déplaces, tu décales, tu déloges, tu pielonnes, tu croches tes doigts, tu sémilles et tu félines, c’est pas compliqué pourtant ! N’être qu’un avec la roche, tu l’enserres et l’étreins jusqu’à ce qu’elle soit toi, la roche qui respire et qui mobile. Ouais elle mouv’, t’as cru quoi ? Panique pas comme ça ! T’avais jamais remarqué qu’elle bouge la roche au contact de la main ? Qu’elle ambule ? Que les Lois de l’esprit autorisent ça, l’ondulation de la pierre, flot-fluide ? Ça houle, fou et flou, flou’ouille, glissouille mais ça n’a jamais empêché les Garde-ciel de grimper alors tu grimpes ! Kretarr ! T’es vraiment mauvais, en fait ! Centre-toi ! Centre ton corps ! T’en as marre, tu veux descendre ? Hé ! Dommage, t’es au milieu, si tu tentes la désescalade, plus de chance de zipper que d’arriver en bas entier ! Alors tu montes et tu redescendras, à pied, par le chemin de derrière ! Allez, zioup ! Tu montes !