25. Symptômes et dosages

Par Jowie

Eleonara rattrapait encore ses heures de repos, assoupie à même le sol dans son nid de couvertures quand l'Opyrienne la réveilla. En l'apercevant, l'elfe poussa un cri.

— Où sont passés vos sourcils ?

Sebasha se tâta l'arcade sourcilière.

— Ah. Je manque de khôl, je n'ai pas pu les redessiner. Mais je ne viens pas parler maquillage ; je me rends au Bimaristan et chez les Kermès de bonne heure, comme tu le souhaites. Je verrouillerai le tonneau d'entrée en sortant. Sers-toi et mange à ta faim ; ma demeure est la tienne. Si tu veux lire, regarde dans la caisse. Je me dépêche.

À demi-consciente, Eleonara marmonna et se rendormit avec l'heureuse sensation qu'aucun tort ne pouvait lui nuire.

Ce ne fut qu'en début d'après-midi, lorsque son estomac commença à gronder, qu'elle décolla ses paupières. Les bruissements des voiles des boutres, les ahans de la mer et les cris des mouettes rieuses emplissaient la pièce. Des conversations lointaines se déversèrent dans ses oreilles.

L'elfe scruta la chambre entre ses cils abaissés. Une mollesse tiède l'habitait et changeait ses gestes en mouvements larvaires. Les yeux enflés, la bouche pâteuse et le corps lourd, elle se défit de ses couvertures qui surchauffaient, oscilla en direction du moucharabieh et repoussa le rideau.

La fulgurance et la gloire crue du jour manquèrent de lui crever un œil. Son cycle de sommeil s'était encore décalé. Éblouie, elle fit demi-tour, en quête de quoi apaiser la faim qui lui taraudait l'estomac. Elle fouilla dans un placard et se servit une poire, des noix et un morceau de pain au froment dur comme du bois sec, qu'elle grignota sur le vieux banc, ses talons hissés contre elle. Rassasiée, elle termina le thé de la veille, refroidi. Celui-ci lui déposa un arrière-goût amer en fond de la bouche qu'elle rinça avec quelques gorgées d'eau. Elle se lava le visage au-dessus d'une cuve en terre cuite, se frotta la nuque, les aisselles et s'habilla : sarouel, corsage étriqué et nouveau chèche.

Eleonara ouvrit la caisse à livres, éternua trois fois et s'assit en tailleur afin de passer les ouvrages conservés en revue. Elle les rangea sans les feuilleter ; leur odeur poussiéreuse lui rappelait trop le Don'hill, ses consœurs et Sœur Melvine. Elle referma le coffre et se promena en balançant les bras. Son nerf exploratoire était sous-stimulé. Il y avait si peu de meubles, si peu de biens personnels – à l'exception des lames qu'elle préférait ne pas frôler –, que rien ne criait le mystère. Il n'y avait pas de tiroirs à sonder et pas de trappe dissimulée par un tapis non plus.

Elle lissa, replia et remit son recueil mikilldien dans sa poche, un geste plus mécanique qu'utile. Depuis que Sgarlaad et elle cohabitaient à la Source des Aveugles, l'elfe avait rassemblé ses feuilles volantes en un généreux cahier, de jour en jour plus semblable à celui de Hermine de Blodmoore avant d'être carbonisé.

Eleonara se dépeignit Sgarlaad dans son esprit ; seul, endormi dans sa barque, enterré dans les tréfonds du Bimaristan. Était-il passé inaperçu des Religiats ? S'était-il enfin réveillé ? Si oui, avait-il peur ? Avait-il pris connaissance du billet qu'elle avait glissé dans sa paume ?

Pourvu que Sebasha apportât une bonne nouvelle ; Eleonara avait hâte de rejoindre le Nordique et surtout de le tenir à l’œil. « Les cassés sont condamnés et ils le savent, c'est pourquoi ils écourtent leur vie de leurs propres mains. » Il n'y avait pas de marge d'interprétation : les cassés se suicidaient. Cette idée avait de quoi glacer les sangs. Au Don'hill, Sgarlaad succombait déjà à des vagues de mélancolie. Son état s'aggravait indubitablement : les émotions émoussées, lent et sans expression, il s'affaiblissait et s'endormait sans crier gare. Il ne parlait que sur une note, plate et grave. Il se délavait. Et ça, c'était sans parler de son apparence altérée qui le vieillissait et lui conférait un teint maladif, car malade, il l'était. Souffrait-il ? Était-ce pour avorter la douleur que les cassés abrégeaient leurs existences ? En était-il ainsi pour tous les cassés ? De tout cœur, Eleonara espérait que non. Elle se promit d'en parler avec Sgarlaad. S'il évitait le sujet, elle le confronterait. Ce genre de secrets ne valaient pas d'être gardés pour soi.

Eleonara revint au présent. Une porte avait claqué un peu plus loin. Les murs étaient-ils si fins pour que l'on entendît autant les voisins ?

En attendant le retour de l'Opyrienne, elle devait s'occuper, s'aérer l'esprit, sans quoi elle finirait par se ronger les ongles jusqu'à la racine. Faute de mieux, elle poussa la caisse à livres jusque sous le moucharabieh et y empila un tabouret. Elle grimpa dessus et s'accouda dans la découpure du grillage, son observatoire.

Eleonara distendit ses narines et inspira l'air frais provenant de la mer, salé, poissonneux et algal ; un mélange à la fois rafraîchissant, écœurant et enivrant. Les boutres s'alignaient, flottant et grinçant. On les nettoyait, on rangeait les filets, on se tournait les pouces, on taquinait les nombreux Religiats. Depuis la quarantaine, le port était mort.

« Et si je guettais l'arrivée du Mizmar ? » se proposa-t-elle. Son engouement retomba : Le Mizmar ne serait pas de retour avant fin mars.

Soudain, des cris éclatèrent sur sa gauche. La foule dispersée sur le port s'était réunie en un seul point pour aboyer autour de mains qui se levaient et qui se frappaient.

— Une baston, une baston !

Bien qu'elle distinguât peu par dessus la vague de têtes luisantes sous le soleil de plomb, elle comprenait ce qui se passait. Une bagarre. Les moines-soldats débarquèrent en trombe, bâtons et lances haussées pour séparer le rassemblement, puis les belligérants.

— On se calme, on se calme !

Les cris cessèrent. Les moines-soldats avaient éloigné les partis opposants et les curieux retournèrent à leur ennui.

Désintéressée, Eleonara quitta son poste d'observation et remit les meubles à leur place. Elle s'affaissa à plat ventre sur la couette et pesta un coup contre ses contusions. Ne parvenant pas à respirer sans s'étouffer contre les couvertures de lin, elle se plaça finalement les jambes en X, un poing appuyé contre sa joue. Elle écouta le silence.

Sgarlaad, claquemuré à plus de cinq cent pieds sous terre. Sa lune-d'eau, le Mikilldys. Un projet d'évasion incompatible avec la proposition du prince Bezùkiel. Et pourtant... et pourtant elle les voulait tous les deux. Elle se remémora les correspondances elfiques. C'étaient des découvertes trop grandes pour les ignorer.

Elle toussa. L'air ambiant s'était chargé d'une senteur qui piquait les muqueuses et d'une arôme rancie. « Qu'est-ce qu'ils fabriquent encore, ces poissonniers ? »

Quand une langue de fumée rampa sous le dais enrobant le placard, Eleonara reconnut la fausseté de son raisonnement et courut tirer le dais de côté. Dans le placard, rien ne se consumait : ni les céréales, ni les fruits, ni la farine, ni le reste des ingrédients entreposés. Tout était à sa place et en son état, exactement comme lors de son goûter.

Méfiante, l'elfe renifla les étagères une à une. Rien d'anormal. Pourtant, la fumée voletait et décrivait des cercles autour du meuble telle une chevelure hirsute et transparente. L'elfe décrocha le dais d'un coup sec.

La toile tomba et là, elle comprit pourquoi elle n'avait pas découvert la source des volutes plus tôt : la fumée provenait de derrière le placard.

Appuyant son épaule contre ce dernier et, y concentrant ses forces, elle parvint à le faire coulisser sans que les provisions ne chutassent de leurs compartiments. Une araignée fuit entre ses chevilles nues.

Eleonara s'était attendue à tout, mais certainement pas à une porte découpée dans le mur.

Une seconde pièce.

Allongée, l'antichambre secrète n'était pas qu'un simple appendice du logement, mais une espèce de laboratoire. Un laboratoire en rien pareil à l'officine de Razelhanout. Il y avait de quoi mélanger, distiller, fondre, vaporiser et condenser, mais pas une plante qui verdît ou fleurît, pas une âme qui vécût ou respirât, à part une cage de rats léthargiques. Épis, pétales, feuilles et gerbes séchées tournoyaient à l'envers, attachées à des fils de pêche. « Sebasha joue à la pharmacienne pendant son temps libre ? songea Eleonara. Je me demande ce qu'en dirait Monsieur Razelhanout. »

Une porte fermée au fond de la salle indiquait que l'appartement s'étendait. L'elfe ne s'en approcha pas. Elle inspecta les plantes fanées et ratatinées de plus près. Belladone, grande ciguë, œnanthes, aconits et digitales. « Que des plantes toxiques », reconnut-elle, fière d'avoir retenu ses cours monastiques et les clefs de botanique que lui avait transmises Razelhanout.

Un peu plus loin, une armoire renfermait des bocaux de copeaux d'écorce hallucinogène, d'algues en vinaigrette, de pépins de pomme, de noyaux d'abricot et de cerise, ainsi que de poudres écrues, cérulées et d'autres teintes aussi éclatantes que les Folorés. Il y avait également des fioles libellées « urine de vache d'Arènes » et « salive de vache d'Arènes ». Sur une surface d'une propreté impeccable reposait une panoplie de récipients de verre à formes abracadabrantesques. Sous cette table s'alignaient des tiroirs de débris métalliques classés selon leur propriétés. Dans un coin, un alambic frémissait et crachait une épaisse vapeur. Celle-ci s'échappait partiellement par le placard et partiellement par la lucarne du laboratoire, entrebâillée.

« En plus d'être Chercheuse de Secrets, Sebasha concocte des poisons ? » Eleonara perdit le fil de ses pensées en posant son regard sur une étagère chargée de manuels, d'essais et de traités. Elle s'en approcha, inclina la tête de côté et survola les titres en opyrien ancien tracés en capitales : Étude de la nature, Mille et un minerais, Humeurs et métaux, La transmutation métallique, La métamorphose sanguine, Poisons et contrepoisons, etc.

En lisant ces noms d'ouvrages insolites, Eleonara eut envie de bouquiner ; elle attrapa Poisons et contrepoisons, l'ouvrit au hasard et tomba sur un feuillet tartiné de symboles étranges. Elle lut à la volée, avant qu'il ne faillît lui glisser des mains :

 

RACINE DE VALÉRIANE

MORT EN DEUX CUILLÈRÉES

 

Interpellée, l'elfe parcourut le manuscrit, moins par intérêt pour le texte que pour ses illustrations, des miniatures si minutieuses et détaillées qu'elles lui rappelaient les enluminures des sœurs don'hilliennes. Les petites œuvres d'art monastiques pourtant resplendissaient de gaieté alors que ces dessins-ci étaient majoritairement tracés à l'encre noire ou sardoine. L'elfe avait du mal à déceler ce qui était représenté : il y avait tant de traits, de chiffres, de courbes et de figures absconses que les folios renvoyaient un aspect tantôt décoratif, tantôt brouillon et chaotique.

Eleonara inspecta les pages suivantes. Telle une colombe effrayée, une enveloppe s'en échappa, plana et se réfugia sous un écritoire. Posant le grimoire, l'elfe s'accroupit et s'empressa de la récupérer. Elle s'apprêtait à replacer l'enveloppe dans le livre, quand elle s'étonna de la sentir si dodue sous ses doigts.

L'enveloppe n'était pas cachetée. L'elfe en profita pour loucher à l'intérieur. Elle y glissa ses doigts et en retira un petit carnet si usé que ses feuillets menaçaient de se détacher. « Si j'avais été l'auteure d'une reliure aussi minable, Sœur Rosemonde m'aurait catapultée par la fenêtre », pensa Eleonara avant de se rappeler que Sœur Rosemonde avait paru devant Diutur par sa faute.

Elle secoua la tête. Ce lieu lui évoquait de mauvais souvenirs. Elle fronça les sourcils et se focalisa sur le carnet. Il n'y avait ni titre, ni nom sur la couverture et encore moins à l'intérieur. La première page était vide. Ce n'était que sur le recto de la troisième que se présenta enfin une écriture maladroite, raturée et maculée de traînées, à croire que l'on y avait passé la main avant que l'encre fût sèche. Contrairement aux lourds manuels de l’étagère, les annotations du carnet figuraient en einhendrien.

Le premier paragraphe débutait ainsi :

 

Le 11 janvier de l'année 501 de la Nouvelle Ère :

 

PREMIER DOSAGE

Nombre : 5

Instructions : 1 dose tous les 20 jours.

Quantité contenue dans une dose : 1g.

Dette : Aucune. 5 mensualités payées en avance.

 

Eleonara n'y comprit strictement rien et passa à la deuxième entrée.

 

Le 13 juin de l'année 501 de la Nouvelle Ère :

 

Symptômes reportés pour le premier dosage : fatigue, pâleur, maux de ventre, forte transpiration. Affaiblissement symptomatique progressif visible sur les trois dernières rations. Résultat encourageant.

 

SECOND DOSAGE

Nombre : 10

Instructions : 1 dose tous les 10 jours.

Quantité contenue dans une dose : 1g.

Dette : 1 mensualité.

 

Les inscriptions se poursuivaient de cette manière-là, listant à chaque fois les mêmes catégories. Les dates s'espaçaient dramatiquement par la suite – il y avait même un saut d'une année à une occasion –, tandis que les doses et les dettes, elles, augmentaient. À lire, c'était plutôt barbant. Eleonara soupira. Elle espérait que Sebasha rentrerait bientôt. Pourquoi tardait-elle autant ? L'Opyrienne ne se ravirait pas d'apprendre que cette intrusion dans son laboratoire secret, mais si elle voyait que tout était en ordre, peut-être qu'elle le lui pardonnerait. Dans tous les cas, Eleonara ne voyait pas l'intérêt de lui occulter ses découvertes. Elle pourrait toujours blâmer l'ennui : après tout, Sebasha l'avait laissée à sa solitude pendant des heures.

Eleonara accorda une dernière chance au carnet en mauvais état qui lui pesait toujours dans la main. Les concoctions et les préparations fumantes dans son dos titillaient son intérêt, mais elle n'avait pas très envie d'y risquer ses mains ou ses poumons en voyant une nocuité de trop près.

Elle inspira fort et sauta au dernier feuillet.

 

Le 26 décembre de l'année 507 de la Nouvelle Ère :

 

Symptômes démontrés pour le 78ème dosage : aucun.

 

Conclusion : Mithridatisation possible et maintenable. Après cinq ans et onze mois de traitement, le sujet a été capable d'ingérer une dose de 11g par repas sans présenter le moindre symptôme. L'habituation au goût est possible : le sujet n'a pas détecté la poudre.

Remarque : procédure avortée pour cause de fuite du sujet et trahison du délégué.

Limitations de l'étude : délégué biaisé et de mauvaise foi (suspecté de ne pas avoir distribué les doses aussi régulièrement que prévu et de les avoir employées à d'autres effets). De ce fait, les résultats, bien que prometteurs, ne sont pas généralisables à une population plus large, d'autant plus que le sujet en question n'avait pas atteint l'âge de neuf ans au début de la procédure.

Dette : annulée par le décès du délégué.

Perspective : réitération procédurale sur plus de sujets catégorisés par tranche d'âge. Tester d'avantage de poisons serait également à considérer.

 

Les yeux d'Eleonara avaient planté leurs serres dans le texte. Elle dut faire un pas en arrière pour ne pas perdre l'équilibre. Procédure avortée pour cause de fuite du sujet et trahison du délégué. Un frisson, une sinistre certitude hérissa les poils de sa nuque. Le sujet en question n'avait pas atteint l'âge de neuf ans. Elle n'aurait pas sur dire si ce tressaillement était dû à ce qu'elle avait lu ou à ce que ses oreilles venaient d'enregistrer.

Un craquement, des pas. Quelqu'un – un voisin ou peut-être Sebasha – s'approchait d'un côté qu'Eleonara avait du mal à détecter.

Cet appartement était bien plus qu'un logement ou un laboratoire : c'était l'antre du dragon, la hutte de la sorcière. Il n'avait rien en commun avec la pharmacie. Il abritait un élément qui n'aurait jamais, au grand jamais, trouvé sa place chez le bon vieux Razelhanout.

Timorée, Eleonara se crispa, bloqua son souffle et, sur la pointe des pieds, initia une translation silencieuse mais hâtive vers la droite. Elle se glissa dans la première pièce et poussa le placard en place, s'appliquant pour que l'opération émît le moins de bruit possible. Alors, elle recouvrit le meuble à l'aide du dais et traîna ses couvertures, les tabourets et les coffres vers un coin éloigné de l'appartement. Enfin, elle défourra son coutelet, le pointa vers le placard et ne bougea plus derrière sa muraille désassortie.

Rapides comme les gouttes de l'averse, ses pulsations se succédaient et pourtant elles trouvaient encore moyen d'accélérer. Elle se mit à ronger ce qu'il lui restait d'ongles. « J'ai oublié de ranger l'enveloppe et le carnet, réalisa-t-elle, atterrée. Je ne sais même pas ce que j'en ai fait ! »

Lorsque Sebasha entra avec son sac en toile de provisions pendu à son épaule, elle dégageait une senteur de sable, de poussière et de sueur. Elle n'avait pas fait deux pas depuis le seuil qu'elle se figea, les yeux braqués sur Eleonara. Cette dernière n'avait pas bougé d'un cran, cantonnée derrière sa barricade de tissu, de laine et de bois.

Ses pupilles rétrécies virèrent pour se ficher sur Sebasha. Les maladies répétées, la trahison et le meurtre de Monsieur Taberné, la fuite du « sujet » précipitant la fin de l'expérience : tout y avait été recensé. Il se pouvait qu'il traitât d'un autre cobaye, mais les événements coïncidaient trop avec son vécu au Saint-Cellier. Cette idée – que Sebasha eût un lien dans cette affaire du passé – était trop effrayante à considérer.

— Qu'y a-t-il, apostate ?

Ses yeux, si lumineux contre sa peau obscure, exécutaient de minuscules saccades semblables à celles des rolliers à longs brins. La Chercheuse cherchait à la lire. Eleonara se fit aussi illisible que des runes oubliées.

— J'ai découvert le laboratoire, avoua l'elfe. De la fumée jaillissait de sous le placard, j'ai dû aller vérifier d'où ça venait.

Sebasha arqua ses sourcils en pointillés qu'elle devait avoir tracé pendant la matinée. Elle traîna son fardeau jusqu'au placard, où elle commença à ranger ses achats.

— Je vois. Ignore la fumée la prochaine fois. Mon voisin n'aime pas que l'on s'aventure dans son laboratoire.

Eleonara abaissa son coutelet.

— Votre... voisin ? Vous... vous le connaissez ?

Sebasha haussa les épaules.

— C'est un homme très absorbé par son travail. Il n'est pas souvent ici.

Son voisin. Mais oui, c'était logique. Les coïncidences se tissaient ensemble : les Mysticophiles l'informant que l'homme aux mille poudres la filait, le laboratoire, le carnet. Des phrases prises au vol dans ce dernier tombèrent en pluie dans son esprit. Délégué de mauvaise foi. Dette annulée par le décès du délégué. Le journal n'était pas de Sebasha. Le carnet appartenait à l'alchimiste.

Hémon Amazzard logeait dans la pièce d'à-côté.

Hémon Amazzard était à Arènes et il y était arrivé avant la quarantaine.

Hémon Amazzard avait expérimenté sur elle.

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Aliceetlescrayons
Posté le 31/07/2021
Groumf! Je ne peux pas dire que l'alchimiste me manquait beaucoup! Mais je suis rassurée que Sebasha ne semble pas (trop) compromise avec lui. Par-contre, mais qu'est-ce qu'il fabrique juste à côté de sa cachette?! C'est un protégé du prince?
Et, surtout, que signifient ses expérimentations? Il s'agirait d'insensibiliser les elfes à des poisons? Mais dans quel but? Surtout que tout le monde souhaite les voir mort. Je suis perplexité... oO
Alice
Jowie
Posté le 03/08/2021
Personne n'aime Amazzard xD Et moi j'adore le faire apparaître n'importe où comme un écureuil !
Quand je te disais que tes questions étaient précieuses, celles de ce chapitre en sont un très bon exemple. Sauf erreur, je n'ai pas répondu à tout, il faut absolument que je contrôle et que je rajoute les informations manquantes !
Merci beaucoup, ça me sauve; mon cerveau a des capacités limitées xD
Sorryf
Posté le 01/07/2020
OH ! MON DIEU ! j'avais oublié l'alchimiste, toutes ces révélations (le passage dans le labo j'étais en stress), j'ai haaaate d'en savoir plus, ce que Elé va faire de ces infos !
Un truc que je n'ai pas compris c'est comment le labo peut appartenir au voisin, si l'entrée est dans le logement de Sebasha ?
Jowie
Posté le 02/07/2020
Hey Sorryf !
Ah ah ! C'est risqué d'oublier l'alchimiste, il peut te sauter dessus à n'importe quel moment ! Je vois que le passage dans le labo a bien marché :D Eh oui, c'était le moment d'ouvrir le barrage des révélations et il y en aura encore ;) Bien vu pour l'appartement ! En fait, il y a une porte au fond du laboratoire (qui amène au reste du logement d'Amazzard, du coup) et j'ai totalement oublié de le mentionner !
Merci pour ton commentaire ^^
Isapass
Posté le 27/06/2020
AH AH ! Je savais qu'on reverrait l'Alchimiste avant longtemps ! J'ai quand même très peur que Sebasha et lui soit de mèche (la coïncidence est quand même troublante), mais je vais garder foi en Sebasha parce que j'ai vraiment envie que ce soit une vraie alliée pour Elé, qui a décidément trop d'ennemis.
Reprenons : je n'ai pas tout relevé mais il y a encore quelques pépites qui m'ont bien faite rire !
Je me suis demandé où nous menait ce chapitre. J'ai cru qu'elle allait voir quelque chose sur le port (d'ailleurs, je suis sûre que cette bagarre n'est pas anodine), mais finalement, la piste à suivre se trouvait à l'intérieur ! Il n'est quand même pas très inquiet, l'Alchimiste : ça ne l'embête pas plus que ça que l'appartement de sa voisine donne directement dans son labo où il semble garder des trucs pas très catho (diuturiens ?) ?
Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris à ce qu'il faut déduire du carnet. En fait, Taberné devait faire des expériences sur Elé ? C'est pour ça qu'elle lui avait été confiée ? Donc les fleurs jaunes sont toxiques à cause des poudres qu'il lui donnait ? En fait, le but était de faire de Elé une arme chimique, si je comprends bien. Faire produire aux elfes des fleurs toxiques à chaque fois qu'ils saignent ? Quelle horreur ! C'est diabolique ! Déjà à cause des armes, et ensuite parce que ça implique de les faire saigner...
Par contre, je ne me rappelle pas que tu aies déjà parlé des "maladies" d'Elé. Elle n'était certes pas en forme quand elle était au Saint-Cellier, mais le traitement qu'elle subissait suffisait à l'expliquer.
En tout cas, cet arc, interrompu depuis longtemps, semble extrêmement prometteur ! Aïe, aïe, aïe : encore une raison supplémentaire d'attendre la suite avec impatience ! XD
Je suis quand même préssée de revoir Sgarlaad et de vérifier s'il va bien. D'ailleurs, j'y pense : est-ce que les symptômes des cassés auraient un lien avec la fleur jaune ? Je vais peut-être trop loin, là, mais comme il y a une histoire d'expérimentation sur eux...

Détails :
"Celui-ci lui déposa un arrière-goût amer en fond de sa bouche" : au fond de la bouche
"Son nerf exploratoire était sous-stimulé." : excellent !
"Quand une langue de fumée rampa depuis sous le dais enrobant le placard," : le "depuis" est en trop
"Appuyant son épaule contre ce dernier et, y convergeant adroitement ses forces," : y concentrant adroitement ses forces
"ainsi que de poudres écru" : es-tu sûre que "écru" est invariable ? Après une petite recherche, j'ai trouvé qu'il s'accordait. Donc "poudres écrues"
"quand elle s'étonna à la sentir si dodue sous ses doigts." : de la sentir
"avant de se rappeler que Sœur Rosemonde était parue devant Diutur par sa faute." : avait paru
A très bientôt !
Jowie
Posté le 02/07/2020
Coucou Isa :)

Ouii bravo, tu as bien senti que l'alchimiste n'était pas loin ! Sebasha et Amazzard, simplement voisins ? C'est vrai que la coïncidence est suspecte, mais on ne sait jamais ! Je t'admire pour faire confiance à Sebasha parce que c'est vrai que beaucoup de personnages ne sont pas très fiables xD
J'ai fait exprès d'orienter l'attention d'Eleonara sur différentes choses au début du chapitre pour montrer qu'elle s'ennuie et aussi pour faire croire que "rien n'allait se passer". Je ne voulais pas qu'elle trouve le laboratoire trop vite, mais j'espère que du coup ma petite stratégie ne t'as pas trop déroutée à la lecture !

Pour le carnet, je comprends tout à fait que ce soit confus, car il y a beaucoup de références au passé d'Eleonara alors qu'on ne s'attend pas forcément à les trouver là. C'est drôle parce que je réponds à la plupart de tes questions au tout début du chapitre suivant ^^ C'est exactement ça: Amazzard payait Taberné pour garder Elé et lui donner des granulés empoisonnés. Quand à tes autres réflexions (très intéressantes, d'ailleurs!) il y aura des indices dans le chapitre suivant mais c'est un thème qui sera plus profondément exploré dans le tome III.

Les symptômes du cassage sont ils reliés avec la fleur jaune ? Aaaah Isa tu te poses toujours les bonnes questions, c'est génial ! Alors ils sont reliés, mais très indirectement. C'est le plus que je peux dire pour l'instant :)

Merci beaucoup pour ton commentaire, tes remarques me font toujours plaisir !!
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