3-1: Préparatifs

Quatre choses à savoir sur les tatouages de la planète Colorewä :

 

Ils sont sur les parties du corps et surtout sur la face. Ils sont parallèles et suivent les lignes du corps. Les lignes du visage sont faites dans la longueur et se rompent au niveau des yeux, de la bouche et du nez.

 

Ils sont usuels pour tous les habitants de Colorewä et donnés lors de la naissance. En buvant pour la première fois le liquide nutritif de la Source, l’être imprègne la Force Colorée. S’il génère son souffle de vie, les tatouages se dessinent et ancrent leur Nuance sur la peau. Ces derniers sont différents selon sa Nature Colorée.

 

Les marques Ivoreys sont blanches. Celles des Nyctaléscents sont noires. Et celles des Coloréscents sont d’une seule couleur (bleue par exemple) ou de plusieurs (orange et rouge par exemple).

 

Plus leur Force Colorée est épuisée, plus leurs iris, leur teint et leur cheveux blanchissent et, leurs grifvères se font moins fermes. Il ne faut pas que leurs marques s’effacent totalement sinon il y aurait un risque de mort.

 

 

Un Vol’Éclair : Une Heure.

 

 

À l’ouest du manoir des Pijnóz, en amont de la ville de Shamarya, se tient un Immense Château de Pierres Blanches d’une centaine de milliers de pieds aux donjons et au toit anthracite. Totalement parsemé de tâches de couleurs, c’est le palais d'Irisàj.

Entre AROUÉZ accompagné d’un garde dans la Salle du Trône aux hauts vitraux multicolores et à la hauteur grès de plafond impressionnante. Il se place en face du trône où est l’Empereur.

 

 

L’EMPEREUR

Mon cher Arouéz, vous voici, je vous attendais de pied ferme et de toute main. J’avais l’inspiration enflammée. J’étais à bout de mon conflit intérieur, n’en pouvant guère. J’étais au doigt tapotant agilement le bois et à l’oeil guettant nerveusement l’atmosphère. Voulant trouver le sens inverse de l’ère, ma tête piétine et mes pieds surchauffent. Une réflexion chamboule une autre et, après une farandole aigre, la remet en exergue.

 

AROUÉZ, intrigué,

Et bien, dites-moi ce qui vous bouleverse l'esprit par cette après-midi chaude et parfumée de votre roseraie.

 

L’EMPEREUR, sautant du coq à l'âne,

C’est en rapport presque disjoint avec l’antique fête des Teinteries.

 

AROUÉZ

Qu'est-ce ? Y a-t-il un problème ? Les préparatifs ne sont pas finalisés. Pourtant, j'ai eu une entrevue avec l'Intendant du Palais et il m'a assuré que tout serait prêt en temps et en heure. Ou sont-ce les invités ? Ne pourront-ils pas tous venir ?

 

L’EMPEREUR

Aucun couac à en ce qui concerne ces détails. L'effet de Cour n'est pas dans ma ligne de mire et est plutôt au delà de mes apparences.

 

AROUÉZ

Il en va bien que vous n'êtes pas pour les faux-semblants ?

 

L’EMPEREUR

Loin de là l'air superficiel, mes atours ne font briller que mon charisme et mon pouvoir, c'est tout. Toutefois, j'aurais besoin de soutien lors de cette fête. Vous serez là avec toute votre famille ?

 

AROUÉZ, fronçant les sourcils,

Bah ! Je dirais que oui. Ma dame se fait une joie d'être des participants et me tance à chaque fois de ne pas avoir la bonne humeur. C'est que je suis moins expansif qu'elle. Oh ! Quand vous l’aurez vue belle dans sa robe bleue aux milles éclats, j'en ai déjà le cœur conquis. Trêve de mots si personnels,. Je vois clair en votre jeu. Il y a autre chose qui se cache là dessous. Quel est-il ?

 

L’EMPEREUR

Mon angoisse siffle et mon attente devient un poison pétrificateur. J’espère que vous pourrez me délivrer de cette peine.

 

AROUÉZ, sardoniquement.

En faisant gaffe aux accrocs diplomatiques, il n’y a pas de monstre institutionnel que je saurais dompter.

 

L’EMPEREUR

Espérons que vous avez votre bouclier de verve quand même.

 

AROUÉZ

Ne vous en faites pas. Il est prêt et reluisant.

 

L’EMPEREUR

Bien. Je vous explicite mon si tortueux dans ses plus beaux tracas. Je vous prie d’en ébruiter aucune rumeur.

 

AROUÉZ

Ne vous en inquiétez point. Je serais muet comme une tombe.

 

L’EMPEREUR

Ah malheur ! Vous tombez à six pieds trop près. Ne vous ensorcelez plus de vos tourments. Évitez de vous amouracher de la faucheuse. De ces temps, elle pourrait se faire capricieuse.

 

AROUÉZ, tourneboulé, se signant sur ses tatouages,

Que les Sources m’en préservent ! ... Je ne sais à quel jeu vous jouez en me fustigeant de cette doucereuse compagnonne !!

 

L’EMPEREUR

Désolé d’avoir été si bref et brut dans l’incisif. Seulement, cela serait peut-être trop s’il vous arrivait la vérité crue aux oreilles. Je vois déjà que vous êtes choqué. Ne claquez pas votre trouble si fort en vos dents.

 

AROUÉZ, rassuré puis inquiet,

Dites-moi, Votre Coloreyscence, ce qui vous assaille. Le savez-vous du moins ?

 

L’EMPEREUR

Oui, si ce n’est la visée. Je n’ai aucun autre choix que vous révélez mon secret. Que vous soyez encore sain, ce n’est que le début.

 

AROUÉZ

Aucun soucis. Je serais toujours d’un jaune clair. D’un jeûne solaire. J’aurais tout le temps ma propre folie dans ma raison.

 

L’EMPEREUR, le regard lilas perdu dans le vide,

Vous rappelez-vous la sombreté du passé où on ne s’éclairait qu’à notre Nuance et nos reliquats de Force Colorée ?

 

AROUÉZ

Oui, j’en eus à jamais la prime saveur sur ma langue.

 

L’EMPEREUR

Quêtez-vous éternellement la mortalité du révolu où on s’échinait à vendre notre corps chèrement et à acquitter avec économie notre âme ?

 

AROUÉZ

Bien. J’en connais en perpétuité la prime odeur en mon sein.

 

L’EMPEREUR

Quand je pense aux jours passés, votre pertinence n’a pas changé. Votre esprit ne perd pas en couleurs.

 

AROUÉZ, un peu impatienté,

Ne me faites plus miroiter de faux leurres. Dites-moi tout.

 

L’EMPEREUR, hochant la tête, résolu,

Vous avez auparavant entendu parler du Culte des Ombres.

 

AROUÉZ, perplexe,

Ne me faites plus miroiter de faux leurres. Dites-moi tout.

 

L’EMPEREUR, le fixant droit dans les yeux,

Vous n’en avez aucune connaissance. Cela m’étonne peu. Ce culte est encore à ses prémisses secrètes parmi la Cour et se terre bien plus profondément parmi le peuple. Cependant, mes espions ont pu avoir quelques informations en ce qui le concerne et celles-ci ne sont pas des plus réjouissantes. Prenez ceci et lisez-le. (Il lui tend un papier.)

 

AROUÉZ, marmonnant dans sa barbe rousse,

Alors, voyons ce que c’est. (Il prend le papier des mains de l’empereur et lit :) « L’heure est messe basse quand le cadran, après trois Vol’éclairs, s’efface. C’est là sonnerait le culte, où les Ombresangts haïront les incultes. Jaillira le Nouvel Élu de l’Inéluctable Plan Obscure, qui tressaillira les Nuances et bannira la Force Colorée des Impurs. Quand la nuit sera sombre, la pâleur sera dévorée par l’Ombre. Les Sources ne seront que décombres.

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