Je t'observe à la dérobée.
Tes formes.
Tes yeux.
Tes lèvres.
Ton corps tout entier me donne envie de toi.
Pourtant, tu restes derrière le voile de la séparation.
Ton image s'efface avec le souvenir de notre amour.
Tu n'as laissé en moi qu'une profonde lypémanie.
Tu es mon remède mon amour.
Pourquoi refuses-tu de me délivrer de mon mal ?
Pourquoi me refuses-tu l'amour ?
Qu'ai-je fait de si horrible que nos destins ont dû se séparer ?
Qu'ai-je fait de si horrible que tu as brisé ta promesse d'éternité ?
Que tu as retiré notre alliance invisible ?
Je refuse d'accepter ton acte.
Je refuse d'accepter la fin.
Quand je t'observe ainsi à la dérobée,
Je me souviens de l'odeur de ton cou,
De la douceur de ton ventre,
De la gourmandise de tes lèvres.
J'ai faim.
Faim de toi mon amour.
Et je ne suis pas du genre patient.
Je ne vais pas attendre ton retour mon amour.
Je vais t'ouvrir les yeux ici et maintenant.
A très vite mon ange.
N'oublie pas que je hante tes rêves.
Voilà un sujet très intéressant : la dépendance à l'amour entraînant l'un des protagonistes dans une chute irréversible vers une dépression corsée !
Si je peux me permettre quelques commentaires / corrections (évidemment, ceci est tout à fait subjectif donc tu en fais ce que tu veux y compris rien, et aucun de mes mots ne signifie que je n'ai pas apprécié ma lecture !)
- « Je t'observe à la dérobée. » : le point que tu mets ici adoucit ceux qui suivent (après formes, yeux, lèvres) ce qui est un peu dommage puisque les accents mis sur des mots presque isolés (si on oublie l’article qui les accompagne) sont vraiment intéressants d'un point de vue rythme poétique. De même, beaucoup des points dans le texte me semblent de trop : ils coupent la lecture inutilement alors que la ponctuation en poésie porte le lourd fardeau d’un chant mis à l’écrit.
- « le voile de la séparation. » : hmmm, la partie "de la séparation" amène un côté logique presque explicatif dont un texte comme le tien (suggestif, immatériel tout en jouant sur l’aspect presque sensuel qui unit la psyché au corps) peut tout à fait se passer. Surtout que la racine revient quelques lignes plus loin avec « ont dû se séparer ? ».
- Le mot « amour » est répété à l’excès. Avant que cette remarque ne sonne complètement et horriblement condescendante, je m’explique x). La répétition est une figure de style envoûtante si elle est réalisée à la perfection – et le monde sait que je me casse moi-même, qu’on se casse tous la tête à atteindre ne serait qu’1% de cette perfection. Ici, elle donne plutôt l’impression qu’arrivé.e à cours de synonymes ou de rimes (bien que ton texte en contienne peu et j’adore ça), tu utilises « amour » par défaut.
- concernant la lypémanie ; halalala j’adore les jolis termes surtout quand ils sont vieux, donc peu usités. Fait intéressant, la lypémanie est aujourd’hui remplacée par la mélancolie, càd un trouble dépressif d’une intensité particulièrement sévère avec souffrance morale et ralentissement moteur majeur (de fait, « profonde lypémanie » est une redondance, car « profond » fait déjà partie de la définition de « mélancolie »). À savoir que le trouble dépressif peut être complété de différentes caractéristiques dont la psychose (mélancolie délirante et tout le tralala) qui est rarement centrée sur une idée délirante érotique/amoureuse (érotomanie) mais plutôt sur des idées de mort, de maladie, de culpabilité, de ruine… De fait, j’ai trouvé ça un peu original, presque fantasmé de se plonger dans une dépression dont le thème principal ne serait pas « je suis au fond du trou, affreux, un monstre, etc. » mais plutôt « je suis au fond du trou et je te regarde d’en bas, aller et venir paré.e de toute ta beauté que je connaissais d’avant et je rêve de ton corps et de ton cœur. ». Bref, je m’égare. Evidemment, la lypémanie N’EST PAS une mélancolie délirante MAIS elle peut le devenir. Ainsi, j’aime assez le contraste entre ce que dit la/le protagoniste « tu me plonges dans une lypémanie » et le reste du texte qui nous ferait plutôt penser « elle/il est bien enfoncé(e) dans une dépression psychotique (ou une érotomanie déguisée en dépression) ».
- « Quand je t'observe ainsi à la dérobée, » il aurait été excellent de reprendre le tout premier vers, inchangé !
- « De la douceur de ton ventre,/De la gourmandise de tes lèvres. » les « de » se succèdent en début de vers en les alourdissant, un seul aurait suffit.
- « J'ai faim. » ouhhh j’aime. J’aime, j’aime, j’aime.
Cependant, le vers qui suit « Faim de toi mon amour. » trouble l’accent mis sur l’aspect charnel du premier. « J’ai faim » suivi directement de « Et je ne suis pas du genre patient. » donnerait un caractère véritablement psychotique au protagoniste.
- ps : j’aime beaucoup les vers de la fin (ou plutôt devrais-je dire, de la faim ? 😉)
Merci pour ce texte !
Merci beaucoup pour ton commentaire. Je suis impressionnée par ta considération et ton soutien, merci beaucoup !
Je vais noter tous les changements que tu me proposes. Il y en a plusieurs que j'apprécie beaucoup.
Je suis surtout contente que ce texte t'ait autant inspiré. C'est très plaisant de voir que mon écriture résonne.
Passe une excellente journée,
Trisanna.
PS : Encore MERCI !!!
je me demande si tu n'as pas oublier un mot dans cette phrase : De la douceur de ventre, mais je vois qu'une personne perspicace l'a déjà vu.
j'aimerais te dire ce que j'ai compris.
C'est la tragique histoire d'une histoire d'amour qui se termine, pour au moins l'un des protagoniste, celle qui délaisse notre "poète "qui rentre en dépression, fini dans la folie. la mort vient cueillir sa moitié et il veut la rejoindre.
Je dois être à côté, mais pour moi c'est ce que je ressens, bien sûr il doit avoir d'autres explications,
Merci de nous permettre de choisir l'interprétation, cela fait longtemps que je n'ai plus fait ça, et ça me plaît toujours autant, même si je ne trouve pas.
Bonne soirée
En effet, merci ! Je viens tout juste de corriger.
Avec grand plaisir ! J'aime beaucoup laisser la liberté au lecteur.trice de choisir la fin, de s'imaginer ce qui pourrait se passer. Moi-même, je ne le sais pas encore.
A toi aussi !
C'est assez judicieux de donner la définition avant la lecture, j'avoue que je ne connaissais pas.
Encore un beau texte.
Après c'est dur de constater un vrai basculement en si peu de mots mais je vois ce que tu as voulu faire ressentir.
A très vite !
Je me demande : est-ce que cet amour dont tu parles est une métaphore pour la dépression que tu veux décrire ? J'ai l'impression que c'est un amour perdu qui a conduit à cette dépression puis à cette lypémanie, mais je ne sais pas si j'ai réussir à saisir le basculement dans la folie.
En tout cas, jolie plume !
Peut-être une petite coquille : "De la douceur de ventre" : de ton ventre ? ^^
Clara