Je levai mon pied jusque dans la faille et l’y coinçai de sorte à pouvoir me hausser. Une grande inspiration, puis je m’efforçai d’ignorer les protestations de mes muscles en charpie pendant que je les bandais du mieux que je le pouvais. Je sentais des tenailles de pierre se refermer peu à peu sur moi avec une force colossale, prêtes à me broyer les os comme s’ils eurent été un friable argile. Avançant de biais, je puisais dans mes dernières forces afin de me mouvoir entre cet étau.
Aucune chaleur n’animait la roche. Glaciale, muette, ses multiples petites dents râpaient contre mes vêtements, ma peau, mes plaies durcies, et s’en nourrissaient. Il me semblait que plus je progressais, plus je laissais derrière des morceaux de moi-même. Mon corps s’émiettait, je me demandais pour combien de temps encore avant qu’il ne tombât en poussière pour de bon.
Ma respiration devenait difficile. Mes poumons s’écrasaient sous mes côtes, jamais je n’aurais pu imaginer ne serait-ce qu’un dixième de la pression qui tentait de m’écacher. Seulement, quelques infimes centimètres plus loin, ma main-guide m’assurait que la sortie était proche. Mon salut se tenait juste devant moi, mais sur mon passage, la mort guettait.
Je voulus pousser mon corps plus loin entre ces mâchoires acérées. Impossible. Je tentai de reculer. Pas davantage. Je répétai ces mouvements, d’abord lentement, puis au même rythme affolé que mon pouls. Ma gorge se serrait. La simple idée de rester coincé ici, à attendre que l’appétit des rats vînt délivrer mon âme, me plongeait dans une folie enivrante.
J’usais de toutes mes forces pour m’insérer dans ce goulet étriqué. Je sentais la pression s’abattre sur moi, mes côtes menaçant de se briser les unes après les autres alors que ma main empoignait désespérément le vide en quête d’un appui. J’usais de l’air qu’il me restait pour hurler. Sans pouvoir m’arrêter. Le cri le plus franc que j’avais poussé depuis mon réveil, et peut-être de ma vie entière. Malgré cela, il ne pouvait couvrir les craquements pourtant si doux et légers qui survenaient les uns après les autres.
Mon corps s’enfonçait dans la faille, peu à peu, et lorsqu’il s’en extirpa soudainement je me tus tout à fait en me sentant chuter. Les échos de mon cri avaient empli la mine, je les écoutai avec une certaine fascination jusqu’à m’écraser contre le sol. Là, un silence bourdonnant éclata à l’intérieur de mon crâne. Je gardai mon visage enfoui entre mes bras, lesquels avaient essuyé une partie du choc. Une pression imaginaire s’exerçait toujours sur mon corps. Je n’osais m’intéresser à l’état de mes os. La souffrance bien réelle induite par chacune de mes respirations me laissait présager du pire.
Je roulai sur le côté afin de m’étendre sur le dos. Je ne savais plus si mes paupières étaient closes ou non, mais peu importait. Cela ne changeait rien. Où que j’allais, les ténèbres m’attendaient. Aucune brèche, aucune lumière égarée, aucune braise survivante pour m’indiquer le chemin. Tout ce que j’avais fait, je l’avais fait pour rien.
L’odeur parvint à mes narines bien avant les sons. Une odeur pourtant familière, mais que je m’étonnai de sentir après avoir été habitué à celle nauséeuse du feu dévorant.
Les effluves de sang, de chair brûlée, d’urine et d’excréments saturaient l’air. Je dissimulai mon nez dans un lambeau de manche avant de me relever lentement. J’écoutai afin de me repérer. Tout près, les râles d’un cheval à l’agonie s’élevaient et s’évanouissaient dans le noir.
Les sons me glaçaient le sang. La preuve incontestable qu’un autre être partageait mon enfer ne le rendait que plus préhensible. Ne l’avais-je pourtant pas déjà compris ? De combien de chutes m’étais-je relevé jusqu’à présent, combien de douleurs mon corps avait-il supportées ? Par bien des égards, cet instant avait le goût d’une réalité dont on ne pouvait plus échapper.
Je m’approchai à pas légers, mes mains tenant mes côtes. Je m’orientais grâce aux sifflements ténus et aux raclements fébriles des sabots sur le sol avant de m’accroupir lorsque je m’estimai suffisamment proche. Ma main tâtonna sans hâte, d’abord la poussière puis un pelage souillé. Mes doigts passèrent lentement entre les poils collés, un contact simple qui m’apporta pourtant un réconfort auquel je ne croyais plus.
La respiration pénible de l’animal faisait s’écraser son encolure contre ma paume. Je sentais ses muscles se raidir, comprenant qu’il s’agissait là d’une tentative aussitôt avortée pour se relever. Un vague à l’âme m’ébranla tout entier. Bien peu de choses nous séparaient.
Ses jambes continuaient de s’agiter à un rythme irrégulier induit par l’épuisement. Un de ses avant-bras me frôla tandis que je prenais peu à peu conscience du murmure continu que masquait le souffle du cheval. L’effroi me gagna si vite que je manquai de tomber à la renverse. Tout près, une marée de rats grouillait sur le flanc de l’équidé. Leurs couinements incessants paraissaient être le grognement d’une seule et même créature, dont les mouvements compulsifs trahissaient l’excitation.
Je me relevai d’un geste brusque. J’avais beau être aveugle, une nette vision de la scène s’implantait dans mon esprit. Des dizaines, des centaines de rats massés autour du ventre tendre de l’animal, se frayant un chemin à coups de dents entre la chair et les muscles avant d’atteindre les viscères. Dévoré par des créatures bruyantes, chahuteuses. Des tortionnaires incapables d’achever, se délectant d’une viande palpitante. Vivante.
De minuscules petites pointes pressèrent contre mon pied, accompagnées par un doux toucher glissant là où le cuir n’était plus. À cet instant, ma vision s’évanouit et avec elle, toutes mes émotions ainsi que la raison qui me subsistait. Autant de vide qu’une profonde rage s’empressa de remplir.
Par un terrible réflexe, mon pied s’éleva puis s’abattit avec force sur le rongeur tombé de ma chaussure. Des petits os craquèrent sous ma semelle, le cri interrompu. La poisse chaude qui se répandait autour de ma botte, loin de calmer ma fureur, l’exacerba au point de commander à ma main de se saisir de la pioche. Mon poing se serrant autour du manche, un hurlement s’extirpa du fond de ma gorge et couvrit par ses échos les sons mats qui suivirent mes coups. Autour de moi, un véritable escadron de pattes griffues prenait la fuite dans toutes les directions. Le fer de la pioche fendit l’air une paire de fois sans rien atteindre puis, poussant une longue et douloureuse supplique, je l’abattis là où j’estimais pouvoir trouver la tête du cheval.
Chaque coup supplémentaire, et la rage me quittait cruellement, me laissant le plein loisir de considérer la barbarie de mon acte. Un liquide brûlant gicla contre ma jambe avec vigueur. La pioche tomba alors de ma main. Une fois le son de sa chute amortie par le sang évanouit, il ne resta plus qu’un silence sinistre, accablant. Pas le moindre courant d’air parcourait la mine, pourtant je me trouvai à frissonner, presque à convulser debout. De la sueur coulait le long de mon visage, à tel point que j’avais le sentiment que mon corps se liquéfiait.
Un mouvement involontaire me fit prendre conscience de la mare poisseuse dans laquelle je me tenais. Pris de nausée, je crachai une montée de bile dont l’acidité me rongea la gorge. Les quintes de toux qui suivirent me forçaient à me courber, provoquant la colère de mes côtes broyées. L’odeur ferrailleuse du sang était devenue insoutenable. Une seule pensée martelait mon esprit, m’éloigner au plus vite. Je fis un premier pas chancelant, ignorai au mieux les bruits mous qui éclataient sous ma semelle, puis m’avançai à corps perdu dans le noir nauséabond. Mes mains aveugles cherchaient une paroi à laquelle se raccrocher.
Je suivais une direction, puis une autre, je me tournais, retournais, sans trouver le moindre soutien. Un vide absolu, peuplé uniquement du parfum putride de la chair délivrée. Ma gorge se serra au point de contraindre ma respiration. Mes bras retombèrent le long de mon corps, las, tandis que l’angoisse m’accueillait de son étreinte pesante.
Mes jambes semblaient paralysées. J’avançais les pieds traînant, résistant à la force invisible qui m’attirait vers le sol souillé. Par réflexe l’une de mes mains s’élança en avant, une tentative désespérée pour trouver de quoi me retenir, mais le contact rêche contre ma paume n’était pas celui escompté.
La surprise fut suffisamment laide pour me redresser d’un mouvement brusque et ainsi empêcher ma chute. Ma terreur, cependant, se cristallisa davantage quand je m’aperçus que ce que j’avais touché avait disparu. Alors, je pris conscience des souffles rauques qui se superposaient aux miens. Impossibles à localiser avec précision, les sons m’encerclaient autant qu’ils me fuyaient.
Je griffais l’obscurité, incrédule, sans parvenir à saisir quoi que ce fût. Ce que je croyais frôler du bout d’un doigt crispé s’évanouissait aussitôt. Pourtant, quelque chose se tenait proche. Je le sentais. Je le savais. Une présence harassante. Inéluctable. Patiente, car sa proie abandonnerait tôt ou tard. Terrible, car elle n’avait pour reflet que les peurs les plus primitives.
L’impression était cruellement familière. Pourtant, je m’étais enfui, j’avais atteint cette veine au prix de mes os. Et avant cela…
Mes mains tâtèrent ma ceinture, comme s’il y eut une chance que je l’y trouvasse accrochée sans l’avoir sentie. Ma pioche. Je ne l’avais pas ramassée. Qu’elle fut à un ou cent mètres de moi, je n’en avais aucune idée. Ni la moindre cure, en réalité. Je me tenais debout, les mains tremblantes. J’étais démuni, et cette pensée ne déclencha rien de plus qu’un ricanement cynique.
Je m’esquivais d’un pas malhabile sur le côté, car je sentis le tracé d’une ligne sur ma peau apparente. Froid, tranchant. Pourtant, je ris de plus belle. Un rire aux notes démentes dont les échos m’étaient étrangers. Une autre griffure, un nouveau pas, et ainsi de suite. Ma valse avec la terreur même se poursuivait. Une cavalière au visage insondable d’un abyme sans fond, aux mains parées de la malédiction des lieux interdits aux Hommes. Ma dernière danse. Mes forces m’abandonnaient. Je perdais pied peu à peu, je sentais la réalité s’éloigner comme la surface au-dessus du crâne d’un plongeur, si bien qu’il me fallut de longues secondes avant d’entendre les appels qui résonnaient.
Plus de temps encore pour comprendre ce que la mine rapportait entre ses murs. Les mots me parvenaient, traversaient mon esprit et en ressortaient, intacts, sans que leur sens ne m’apparût. Les mêmes mots. Répétés plusieurs fois. Il me fallut raviver la dernière once de raison qui sommeillait pour enfin comprendre.
Des mineurs. Des mineurs appelaient. Pour la première fois depuis mon réveil dans ce purgatoire, des voix humaines venaient à moi. J’avais été entendu.
Je demeurai un instant immobile pour écouter, hypnotisé, en oubliant la raison pour laquelle mes muscles me tiraillaient tant. Alors, je pris conscience de l’accent méfiant qui assombrissait leurs paroles. Je réalisai ce qu’ils avaient entendu. Un rire solitaire au cœur de la mine, tapi dans les ténèbres, enveloppé par l’odeur du sang. Certainement pas un des leurs. D’ailleurs, ils ne s’approchaient pas. Leurs pas restaient distants. Évitants. Ils ne me cherchaient pas. Ils ne souhaitaient pas me trouver. Ils espéraient que rien ne répondît.
Le bref éclat qui avait point se tarit. Je me tenais droit, parfaitement immobile. Je reprenais le contrôle de ma respiration et écoutais sans état d’âme les mineurs s’éloigner en emportant leurs mots. Un vide s’insinua dans mon esprit, aspirant jusqu’à ma dernière émotion. Un soulagement intense en naquit. Je ne me souciais plus de rien. La peur que j’avais ressentie avait disparu, et me paraissait même risible. J’étais seul, à l’évidence.
Les mots s’en allaient. Ils étaient devenus des murmures lointains. De discrets indices. Un fil à suivre.
Je me mis à marcher sans même y penser. L’air était irrespirable, mais je me surpris à m’en accommoder. J’avançais sans prise, aidé non plus par mes mains mais bien par mon ouïe. L’odeur de la mort me suivait. Je la sentais collée à ma peau. Suintant par mes plaies. J’avais oublié la faim, la soif. Mes pensées se concentraient uniquement sur ce flot de paroles, serpentant dans la mine. Parfois, ils m’entendaient. Je m’arrêtais, et entendais leur peur. Je ne la comprenais que trop bien, seulement je ne la partageais plus. Car moi, je savais ce qu’il y avait à craindre.
Ils poursuivaient. Puis, plus loin, finissaient toujours par se questionner à nouveau. Combien étaient-ils, au juste ? Cinq ? Dix ? Treize ? Douze, finalement ? Dix, de nouveau ? Il n’y avait que des voix et des pas. Le toucher glacial de la mine. L’air vicié. Et les ténèbres, auxquelles je me mêlais maintenant.
Euh... waouh ! Ce serait un euphémisme de dire que ton texte ne laisse pas indifférent. Il faut dire que tu as choisi une situation qui rendrait dingue n'importe qui (le noir complet dans un environnement complètement perturbé par rapport à ce qu'on connait), mais si on y ajoute, la douleur, la soif, la faim, la désorientation, les RATS... Il est facile de toucher du doigt l'horreur vécu par ton personnage (et par ceux qui ont dû vivre ça dans la réalité, du coup. Je ne reviens pas sur les épisodes marquants du récit, mais je crois que j'ai fait la grimace en lisant à beaucoup de moments.
J'ai trouvé ton travail sur les sens (autres que la vue, du coup) super bien mené, ainsi que l'équilibre entre sensation, action et introspection. Pour ce qui est du récit, la progression vers la folie est aussi super bien gérée et elle est parallèle à la perte de l'espoir : pendant quelques temps, je n'aurais pas juré qu'il n'allait pas trouver un passage (et lui non plus, je pense, même s'il est plus aiguillonné par la peur de rester où il est que par l'espoir). Puis petit à petit, on sent les chances s'amenuiser et la raison avec lui. Le point de non retour est la scène avec le cheval, je pense.
Bravo pour la performance, donc, c'est vraiment un texte très fort, à la fois sur le choix du sujet mais surtout par son traitement très réussi !
Ça n'a pas été facile de trouver un équilibre entre l'action et l'introspection, j'avais peur que ces dernières soient trop présentes et les actions répétitives, et donc d'ennuyer le lecteur...
La montée de la folie a été difficile également, j'ai toujours le sentiment qu'elle est trop brusque malgré tout.
Ton commentaire est très encourageant en tout cas, et je te remercie de tout coeur ! :)
Mais c'est un détail. Cette fin est un summum d'horreur. Le moment avec le cheval est horrible. Et aussi quand il écrase un rat et qu'on entend ses os se briser, argh !
La fin est floue, mais c'est souhaité je pense ? Est-ce qu'il est devenu fou et que les autres l'ont fui ? Est-ce qu'il a "rêvé" tout ça alors qu'il était déjà en train de mourir ?
C'était un super beau texte en tout cas.
La fin est volontairement floue, exactement ! J'aime beaucoup laisser les lecteurs imaginer la suite, et interpréter ce qu'il s'est passé :)
Encore merci pour tout, à bientôt sur PA ;)
Comme les autres, je passe par ici pour les HOs, et je suis ravi’e d’y trouver des nouvelles parce que c’est très cool comme format ça, la nouvelle :D (même quand c’est de la nouvelle bien glauque, haha)
Chapitre 1
« Un toucher qui ne ressemblait à la pierre que par sa froideur » Le mot « toucher » me fait plutôt penser que quelque chose a touché ton narrateur que l’inverse. « Contact », peut-être ?
« Ce fut seulement lorsqu’une écharde s’inséra dans la pulpe molle de mon doigt je pris conscience du mouvement incessant de ma main » ah, ça fonctionne bien...
« Moins d’un bras me séparait du sommet du charnier. » Je n’avais pas l’impression que ton personnage se frayait un chemin vers le haut... si ?
« une fois extirpé hors des décombres » ‘extirpé hors’ c’est un pléonasme ^^
« Un miracle, que même la découverte de mes lésions cette fois bien réelles ne put assombrir » Ma première pensée c’est qu’il avait regardé ses blessures, sauf que non c’est le noir complet, du coup peut-être que dire direct qu’il les touche avec les doigts ça aiderait à bien mettre dans la tête du lecteur (vu qu’on a tendance à imaginer la vue par défaut) qu’il est fonctionnellement aveugle... ?
« concernant ma position dans la mine [...] Je n’avais aucune idée de ma position » Répétition ^^
« Voilà tout ce que nous y gagnions, en fin de compte. » ... quoi ? J’ai pas compris :’)
Chapitre 2
« J’avançais dans les ténèbres. Les ténèbres s’avançaient en moi. » Ouch...
« qu’enfin je pusse rester en éveil plusieurs secondes d’affilées (affilée) »
« Ma gorge était si sèche que je manquais de salive » Euh, il me semble que manquer de salive, ça arrive comme premier symptôme de la soif, non ?
« J’avais répondu la mort quand on me demandait la vie » Ça fait mal ça comme phrase TT
« que mon chemin avait croisé celui d’un camarade » Il me semble qu’historiquement il y avait une forte camaraderie parmi les mineurs (oui c’est le mot « camarade » qui m’y a fait penser), surtout pendant une catastrophe comme ça – peut-être du coup faudrait-il plus expliciter pourquoi ton narrateur ne suit pas les voix qu’il croit entendre... ?
Chapitre 3
« jamais je n’aurais pu imaginer ne serait-ce qu’un dixième de la pression qui tentait de m’écacher » ALORS j’ai très envie de chipoter sur ce passage, parce que ça m’a un peu sorti du truc. À moins que ce soit métaphorique – et dans ce cas, ignore ce qui suit – ce n’est pas possible de se casser une côte en se glissant dans un endroit étroit. Soit tu rentres pas, soit tu rentres et c’est okay. Au pire, t’as la technique de spéléo qui consiste à vider entièrement ses poumons pour que la cage thoracique prenne moins de place, et si tu te retrouves coincé après ça t’es un peu dans la mouise parce que tu peux plus vraiment respirer (cf. le fait divers de la cave ‘Nutty Putty’), mais y a pas de fracture impliquée... Et s’il y a vraiment eu assez de poids avec des cailloux qui bougent pour casser une côte à ton personnage, il aurait pas juste été écrasé et n’aurait pas pu ramper et s’en sortir.
« combien de douleurs mon corps avait-il supporté(es) ? »
« Un de ses avant-bras me frôla » On parle d’avant-bras pour les chevaux .
« Le son de sa chute amortie (amorti) par le sang évanouit (évanoui – « répandu » ?) »
« J’avançais les pieds traînant(s) »
« résistant à la force invisible qui m’attirait vers le sol souillé » Y a... vraiment du sang aussi loin, ou c’est ton narrateur qui pète un câble ?
Nan mais, je chipote je chipote, mais ç’a très bien fonctionné sur moi cette nouvelle : j’ai eu la magnifique idée de commencer à lire en mangeant vendredi dernier, et euh bah c’était en fait pas une bonne idée x) C’est pesant et glauque juste comme il faut, et la description du cheval particulièrement aaaah je crois que j’ai laissé échapper un glapissement quand tu révèles que les rats sont en train de le manger vivant TT Je dirais bien que j’aurais presque aimé plus de descriptions de l’odeur au début -parce que plus d’emphase sur les autres sens remplace bien la vue- mais ça fait un peu masochisme dis comme ça, non ?
Mentions spéciales aussi à 1) la première rencontre avec une « chose » (humain ou non ?) dans la partie 2, brr c’était glaçant, et oui j’avais bien retenu même avant que le narrateur le souligne que c’était pas normal que « ça » ait pas fait de bruit !! et puis 2) le moment, toujours dans la partie 2 je crois bien, où ton personnage tombe sur ce qui paraît être de prime abord un cul-de-sac ; je trouve que t’as très bien rendu la vague de découragement, le « j’ai fait tout ce que je pouvais maintenant je peux mourir »...
Et puis la fin, la deuxième rencontre avec une « chose » - ça fonctionne très bien de laisser cette fin ouverte, qu’on ne sache pas s’il y a vraiment un élément surnaturel dans ta nouvelle (soit qu’il est mort et a été « assimilé » par l’obscurité), si c’est une métaphore (la part d’ombre qu’il ramènera à la surface, faisant écho à son horreur de se retrouver défiguré à la partie 1), ou si l’obscurité la solitude et ses blessures ont fait perdre la raison à ton personnage. Surtout que c’est bien connu que, dans le noir complet, notre cerveau commence à halluciner tellement qu’on accorde une place importante à la vision... Qu’il ait bien lutté contre une créature ou non, en tous cas je comprends bien pourquoi les autres potentiels survivants s’éloignent de lui mdr, j’aimerais pas entendre un rire dément dans des tunnels plongés dans le noir !
Un immense merci pour tes corrections, tu as pris un peu de ton temps pour rédiger tout ça et ça me fait super plaisir !
Toutes tes remarques sont pertinentes et m'aident à voir ce qui peut clocher.
Le passage pour les côtes cassées, je t'avoue que j'avais un doute sur le réalisme (et j'avais pas trèèès envie de faire l'expérience pour en avoir le coeur net !) et je comptais justement sur des "chipotages" pour me corriger. Bon, on dira que c'est un mineur marseillais qui a un p'tit peu exagéré.
Je suis contente d'avoir ton avis et ton interprétation sur la fin. Voir les hypothèses et théories des uns et des autres, c'est le meilleur moment.
Encore merci pour ton retour, et désolée d'avoir gâché ton repas de vendredi !
J'avoue avoir dévoré ta nouvelle, je l'ai même lu plusieurs fois, si bien qu'il me semble assez ingrat de ne pas te donner mes impressions de lecture.
Je l'avais mentionné mais la narration que tu fais à travers le personnage et ses sensations est aussi captivante que troublante. Au fur et à mesure de son avancée, j'ai été traversé par de l'empathie, du malaise, de l'effroi puis du dégoût.
Les passages avec les rats et surtout le cheval rongé vivant est absolument horrifique, c'est troublant à lire, et je crois bien que c'est l'effet recherché.
La touche de fantastique que tu as ajouté au périple du mineur m'a bien marquée aussi, on ne sait vraiment si son esprit divague, s'il interprète mal la présence d'un camarade d'infortune ou si un être plus terrifiant encore rôde dans les profondeurs de la mine. C'était grisant. J'ai trouvé cet apport au récit bien équilibré dans un "ni trop ni pas assez" qui laisse notre imagination vagabonder dans cette obscurité.
Je me suis demandé en ayant fini ma lecture la première fois : qu'est-ce que j'ai lu ?
> au final, le périple du mineur n'est pas le centre de l'écrit, le lecteur se trouve surtout captif d'un voyage de crainte et de douleur, d'incertitude en effroi.
> le centre de ta nouvelle c'est avant tout les émotions, les ressentis et la psychée d'une pauvre âme errante, dans l'obscurité, aux portes de la mort.
=> J'ai avant tout considéré ma lecture comme un regard vers une vitrine de ton écriture. Comme si j'avais lu un exercice, une démonstration de ton talent à l'écrit, dénudé de l'habillage d'éléments superflus comme le lore d'un univers. Je n'en suis pas déçu, sincèrement, tu as du talent et de la maîtrise.
Ps : je t'ai découverte à travers le périple de Lyvia, dans ton roman disparu. A l'origine la fantasy me botte plus que la littérature horrifique, dont je suis assez étranger des codes.
Au plaisir de te lire de nouveau
Concernant le roman disparu, après une énième relecture il se pourrait qu'il revienne de nouveau sur PA...
La fin est à la hauteur de l'horreur psychologique/cosmique que tu nous avais promise, avec cette possibilité : la "chose" qui a attaqué notre narrateur en second chapitre était sans doute une créature affligée du même mal que lui. Toutes mes félicitations pour ce récit, tu l'as mené d'une main de maître !
J'aime beaucoup ton hypothèse sur la fin. Ke
Merci pour ton passage par ici. Au plaisir :)
Tiens ça me fait penser à "Au revoir là-haut", au tout début un soldat des tranchées est projeté dans un trou d'obus et suffoque, jusqu'à tomber nez à nez avec un cheval mort.
La fin laisse planer l'ambiguïté mais ce n'est pas pour me déplaire. Quelles sont ces voix ? Le personnage est-il complètement fou ? Sont-ce d'autres ouvriers ? Des gens qui viennent à son secours ? Ou est-ce qu'il est en train de mourir et ses sens se troublent... Mystère.
Très belle découverte en tout cas ! Ce texte a charmé la passionnée d'Histoire, de récits "de société" et d'ambiances ténébreuses que je suis.
Au plaisir
En écrivant, je dois admettre que j'ai beaucoup pensé à la nouvelle de Maupassant, le Horla. Ce qui n'est pas forcément très logique aha, mais c'est le côté "est-ce que le narrateur est fou ?" que j'ai voulu reproduire.
C'est un sentiment incroyable que d'avoir pu faire passer un petit bon moment à un lecteur. Merci pour tout :)
Eh bien... Ce n'était pas vraiment la fin que j'attendais. J'ai l'impression que tu la laisses à notre interprétation car aucun indice très concret. J'avoue que j'aime personnellement bien l'idée de l'humain qui revient au monde mais sans qu'on se réjouisse de le revoir car quelqu'un a vu l'horreur, qu'il revienne parmi les mortels en portant avec lui la part de ténèbres expérimentée dans les tunnels. Ca sera donc ma fin eheh
Sinon, très chouette chapitre (pas le meilleur choix de mots j'en conviens^^), qui nous fait plonger dans une noirceur renouvelée, dans un style différent des précédents chapitres, plus direct et sanglant avec le cheval et les rats.
Bref, j'ai beaucoup apprécié mon passage ici et je te remercie d'avoir partagé ce sacré texte. Bravo pour sa rédaction !
Au plaisir (=
Je radote, mais encore merci d'avoir pris le temps de rédiger ces 3 commentaires.
À bientôt au détour d'un texte :)
Merci de ton passage par ici et pour ton commentaire. Ton histoire me faisait de l'oeil alors je te dis très sûrement à bientôt ;)
Terrifiante petite histoire d'horreur, très intéressante par l'absence d'un sens principal du protagoniste ainsi que de belles descriptions d'émotions. Sans compter l'horrible (mais efficace) scène du cheval.
On ressent la peur, on ressent la mort.
Par contre je n'ai vraiment pas compris la fin de l'histoire. Maintenant il sait que le danger c'est des rats en grosse masse qu'il suffit d'écraser pour être laissé tranquille. C'est pour ça qu'il n'a plus peur. Mais les voix qu'ils entends elles sont réelles, non ? Ce sont des gens qui peuvent le secourir mais il ne va pas vers eux ? Ou alors c'est la faim et son imagination qui lui joue des tours ?
A plus tard ! :D
Merci pour ta lecture, ton commentaire fait plaisir à lire ! :)
Et merci aussi pour ta franchise sur la fin, très honnêtement je t'avoue que je ne savais pas vraiment comment clôturer la nouvelle. Je voulais une fin ouverte, pas de happy end. Du coup c'est peut-être un peu maladroit, mais je suis contente que tu soulèves la possibilité que ce soit son imagination parce que je voulais effectivement que le lecteur se questionne sur la réalité !
À bientôt sur PA ;)