3 ~ Déclaration d'amour

Nouvelle journée pour Kayla qui avait décidemment bien du mal à rester concentrée en amphithéâtre. Ses retards à répétition étaient devenus sa norme et ils contribuaient fortement à la désintéresser de ce que pouvaient dire tous ces maîtres de conférence. Emprunter la voie des études littéraires demandait une certaine assiduité et une grande implication dans ses apprentissages mais pour elle, ce n’était qu’une distraction.

Se rendre en cours, c’était ouvrir une porte sur l’évasion. En écoutant les raisons qui avaient poussé Baudelaire à consacrer de son temps sur « Les fleurs du mal », elle pouvait espérer oublier sa propre condition. La volonté de l’auteur de mêler le beau au sordide et la sensualité au mal faisait écho à son existence poétique. Jour après jour, ce quotidien d’étudiante était sur le point de mettre en doute sa stratégie d’exposition minimale. Entendez par là sa volonté de se montrer le moins possible et donc de se dévoiler le moins possible. Une telle attitude l’empêchait très nettement de s’entourer d’amis ou ne serait-ce de connaissances. À lire ce recueil de poésies, peut-être qu’un peu de compagnie l’aiderait à affronter sa nouvelle vie.

Ces derniers temps, elle se posait de nombreuses questions à ce sujet. Dans ses journées banales où rien ne pouvait l’écarter de la solitude, le fait de ne plus accéder à ses souvenirs du passé la perturbait de plus en plus.

Elle restait reconnaissante et respectueuse de celle qu’elle qualifiait de « grand-mère », Madame Schwarz. Même si cette dernière n’était qu’une amie de ses parents qui ne partageait pas le lien du sang, elle avait su l’accueillir et lui permettre de reprendre sa vie en main. Sans la pousser à mettre tout en œuvre pour retrouver sa mémoire.

Kayla n’était pas spécialement en quête de ses origines pour donner un sens à sa vie. Elle voulait juste comprendre cette amnésie censée être temporaire selon les dires des médecins. Comment se projeter dans ces longues études si son passé pouvait resurgir à tout moment pour lui prouver qu’elle avait pris la mauvaise direction ? Comment construire de nouvelles relations si elle était amenée à en retrouver d’anciennes, sûrement plus importantes et ancrées dans son enfance ?

Ces questions furent jetées telle une bouteille à la mer, ce qui la poussa sur un coup de tête à quitter son université. Personne ne ferait attention à une étudiante abonnée aux retards qui errait comme un fantôme sans interaction dans ces lieux. On ne trouva donc rien à lui redire quand elle se leva et prit ses affaires.

La jeune étudiante ne savait pas pour autant où aller ou quelle activité faire. Elle venait à peine de sortir du bâtiment principal qu’elle prit la décision de s’asseoir sur les marches à l’entrée. L’inspiration de savoir quoi faire de sa journée viendrait sûrement en regardant devant elle le théâtre humain proposé par les figurants du jour.

Un drôle de chat la rejoint sur les marches de manière très discrète, sans faire tinter la clochette qui accompagnait une sorte de talisman porté à son cou. Lui aussi voulait se poser et attendre que le temps se passe. Ce fut la première fois qu’il approcha de si près Kayla. En l’ayant vue perdue dans ses pensées il s‘était dit que c’était l’occasion rêvée de la surveiller plus intimement. Un chat-gardien fidèle à ses convictions et opportuniste par nature, en soi !

Face à elle, Kayla ne réalisa pas vraiment ces faits étranges qui défilaient sous ses yeux. Paris lui offrait sur sa scène principale des petits détails surnaturels ou bien des détails qui semblaient se produire par magie et… rien. Elle en avait pris l’habitude et n’avait jamais cherché à comprendre ces évènements.

Que ce soit ces deux enfants qui se faisaient des passes à l’aide d’un étrange disque lumineux ou ce chien qui n’avait rien à faire à remuer sa queue sur le toit d’un immeuble, rien ne semblait la choquer.

Pour elle, tout finirait par redevenir normal par défaut. Tout du moins, ce fut toujours le cas quand elle s’attardait sur ces scènes précises. Sûrement le fruit de son imagination ou un mauvais tour de son cerveau qui oscillait entre réalité et rêve éveillé. Il lui suffisait juste d’attendre que cela passe.

La balle de lumière des enfants disparut quand leurs parents leur demandèrent de cesser de faire des bêtises dans la rue. Quant au chien insensible au vertige, le voilà qu’il continuait sa route sur le trottoir comme s’il n’avait jamais été perché sur son toit. Et tout cela n’était qu’un aperçu de ce que pouvait voir Kayla chaque jour.

Madame Schwarz savait aussi voir ce monde invisible depuis qu’on le lui avait appris. Mais elle n’avait jamais partagé ses connaissances avec sa petite-fille. Elle n’en avait pas besoin puisque c’était inné dans son cas à elle. Et puis, avoir ce genre de conversation reviendrait quelque peu à ouvrir la voie au fameux secret qu’elle conservait depuis toujours.

Kayla posa ses mains derrière elle et se pencha en arrière pour scruter ce ciel pluvieux. Elle ne savait pas encore qu’elle vivait ses derniers instants, recueillie chez les Étincelles. Son destin finirait par la rattraper et le petit chat qui s’était auto-proclamé compagnon à ses côtés ne le savait que trop bien.

Il s’allongea en la collant sans une once de gêne. Kayla se contenta juste de le caresser, ayant fini par remarquer sa présence. Elle fut même intéressée de voir de plus près sa bouille quand une autre scène théâtrale détourna son attention.

Une jeune fille, habillée avec un style suffisant à la rendre quelque peu jalouse, était en train d’écouter un garçon qui semblait la supplier à en croire les gestes de ses mains. Elle portait des bottines noires dans lesquelles se fondait un collant noir cachant des longues jambes recouvertes par une jupe, elle aussi noire. Un petit haut accompagné d’un gilet rouge à capuche terminait sa silhouette de jeune sportive bien dans sa peau.

- Depuis toujours ! Je ne peux plus te cacher être tombé amoureux de toi, Faerya ! Toutes ces années à devenir ton confident ne me suffisent plus : j’ai besoin de toi dans ma vie à mes côtés !

Malgré sa tenue faisant ressortir toute la confiance qu’elle pouvait avoir en elle, Faerya afficha un visage plus que gêné. Sans même la connaître, Kayla se reconnut un peu dans cette scène-là : elle sentait que cette personne ne souhaitait pas cette relation et qu’elle ne savait pas comment l’exprimer. Ou alors, était-ce le fait qu’elle interprétait sa propre réaction à ses dernières rencontres qui se soldaient toutes par un sentiment de « rejet » ?

Dans ce cas-là, il s’agissait d’une déclaration d’amour et cela arrangeait bien Kayla de ne pas avoir souvenir d’en avoir vécue une. Ainsi, elle ne serait pas victime d’un souvenir d’une expérience similaire mêlant gêne et angoisse. Pour le moment, tant que ce fichu passé la laissait fuir.

Ce fut la réaction de Faerya qui fit sursauter Kayla de ses marches.

- Je… euh… ne peux pas te faire ça !

Elle jeta ses deux bras vers le sol avec un regard subitement déterminé. En écartant les paumes de ses mains, Kayla vit des sortes de vague de lumière bleue qui se dégageaient de son corps. Cette lumière sembla absorber les couleurs autour d’elle et cette scène de théâtre qui s’offrait à elle se changea en un tableau figé dans le temps.

Plus rien ne bougeait. Les voitures étaient à l’arrêt, les passants ne posaient plus le pied au sol et même la légère brise qui s’était levée ne faisait plus d’effet. Le temps était bel et bien figé pour tout le monde. Sauf pour trois êtres.

Kayla s’avança instinctivement vers ce phénomène pour mieux le comprendre. Faerya la remarqua, même de loin. Le petit chat, prit de court, profita de cette diversion pour s’éloigner de Kayla. Tous trois ne rencontraient aucun problème à pouvoir se mouvoir eux-mêmes mais ils étaient tous plongés dans l’incompréhension.

Faerya n’avait aucun doute sur la puissance de son sort, parfaitement maîtrisé. Si Kayla pouvait s’approcher d’elle, c’était qu’elle aussi savait lire les Étoiles. Ce qui l’embêta assurément puisqu’elle était devenue une reine de la discrétion dans le Paris des Étincelles.

Du côté de Kayla, c’était la première fois qu’elle assistait à ce sort. Même si elle était habituée à observer d’étranges détails magiques chaque jour, être témoin d’une magie d’une telle ampleur l’intrigua au plus haut point. Figer le temps, ce n’était pas rien !

Quant au petit chat, qui ne s’était pas simplement éloigné de Kayla l’ignorante mais qui se cachait surtout de Faerya l’initiée, il resta terré derrière un arbre. Il jeta un long regard sur ces deux filles sur le point de faire connaissance. Son poil se hérissa face à une telle situation.

« Que de surprises dans ton destin, Kayla ! Il est vrai que tu n’étais pas censée croiser cette autre Asteria… Prions pour que cette rencontre ne contrarie pas nos plans ! ».

Au moment où il allait approfondir ses pensées, il sentit les yeux oppressants de Faerya se poser sur lui. Devenue plus méticuleuse depuis son erreur de jugement, elle ne comptait pas se laisser exposer face à deux personnes surgies de nulle part sans rien faire.

Quand le chat sentit une pointe d’agressivité en Faerya, il ne demanda pas son reste. Il s’éclipsa instantanément pour ne surtout pas empêcher cette rencontre de se réaliser. Si elle devait avoir lieu alors qu’il n’avait pas le droit d’intervenir sur la vie de Kayla, alors il était question de leur destin. À toutes les deux.

Effectivement, toute l’attention de Faerya se porta en Kayla qui était parvenue à sa hauteur, haletante après un petit sprint improvisé. L’étudiante voulait en savoir davantage, sa curiosité l’avait été bien trop attisée pour ignorer cette mystérieuse Faerya !

- C’est génial ce que tu viens de faire ! J’adore !

Faerya la regarda avec un air mêlant étonnement et suspicion.

- C’est tout ce que tu trouves à dire ? Ce n’est pas normal que tu sois dans le même secteur que moi !

Elle ne savait pas si elle avait à faire à une idiote ou à une Asteria qui s’était trompée d’endroit et qui n’avait rien à faire ici. Elle aurait dû rester chez elle.

- C’est que c’est la première fois que je vois quelqu’un avec autant de lumière ! Normalement, j’en vois de temps en temps sur certaines personnes. Et toi, tu t’en sers pour arrêter le temps ! J’aimerais trop faire comme toi, c’est vraiment cool !

« Lumière » ? Ce terme-là inquiéta Faerya qui savait désormais qu’elle avait à faire à une Asteria non-qualifiée. Ce ne fut pas logique qu’elle soit laissée ainsi à la vue de tous parmi les Étincelles.

- Tu ne devrais pas m’approcher. Nous ne sommes pas amies. Tu devrais rentrer, pour ton propre bien. Il ne faut pas que notre discussion se sache car elle nous causerait bien des ennuis…

Faerya n’avait que faire que de lui expliquer les bases de leur statut. Elle n’avait aucune responsabilité vis-à-vis de Kayla et n’en souhaitait pas. Pire, rester plus longtemps avec elle pouvait la mettre dans un réel danger. Car si Kayla n’était pas du tout une menace, le sort qu’elle n’aurait pas dû utiliser pouvait attirer des Astromanciens voire des Célestes. Plus initiés et d’autant plus problématiques !

Faerya leva sa main droite au-dessus de sa tête. Un orbe lumineux bleu se matérialisa.  Elle referma sa main dessus et le projeta contre le sol. C’était comme si elle venait de jeter un ballon de baudruche rempli d’eau qui s’éclata au sol. De la lumière jaillit du trottoir, tel un geyser. Ce qui eut pour effet de dessiner une sorte de portail lumineux. Deux battants, gracieux, laissant penser à la devanture d’un manoir d’architecture victorienne. Ses motifs furent en effet raffinés et tous inspirés des plus beaux édifices anglais d’antan.

Ces deux battants s’ouvrirent devant Faerya et Kayla. Un long voile noir flottait à l’intérieur. À première vue, il semblait tangible mais sa façon de voleter portait à confusion. Et sans demander son reste, Faerya emprunta cette voie de sortie qui se referma sur elle. Kayla n’eut pas le temps de réaliser qu’elle quittait ce monde. Elle se retrouva rapidement devant des portes fermées qui disparurent en s’évaporant.

Quelques secondes s’écoulèrent, le temps que le sort de Faerya ne fasse plus effet. Le tableau figé redevint une scène de théâtre. Le monde autour d’elle reprit vie comme s’il ne s’était rien passé.

La seule différence constatée fut pour ce pauvre amoureux abandonné et délaissé. Il ne faisait plus face à la Faerya gênée. Devant lui se tenait à la place une Kayla en état de choc. Une sensation étrange s’empara de lui car il ne comprenait pas comment Faerya avait pu disparaitre.

Il chercha autour de lui, tourna sa tête vers la droite et vers la gauche pour tenter de la repérer parmi les passants. Rien. C’était comme s’il venait de parler dans le vide, face à personne. Enfin non, quelqu’un se tenait devant lui. Une drôle d’inconnue qui restait là, plantée, sans savoir quoi faire ou quoi dire.

- Qui es-tu ? demanda-t-il. Où est Faerya ?

Kayla ne répondit pas. Dans un état second, elle se mit à avancer machinalement sans se soucier de donner un coup d’épaule au pauvre garçon plongé dans la confusion. Elle-même ne savait pas vraiment expliquer ce qu’il venait de se passer. Son esprit, pourtant habitué à voir des choses surnaturelles, ne parvenait pas à lui offrir la lumière de la compréhension qu’elle désirait.

La disparition de Faerya venait de lui déclencher une drôle de sensation. Comme une attraction dès l’instant où ce portail apparut. C’était viscéral. Quelque chose l’avait poussé à le franchir aussi. Seules ses jambes avaient refusé de suivre ce réflexe irrationnel. Elle n’avait pas de mots pour décrire ce qui venait de l’assaillir.

Sans aucun contrôle de ses émotions, elle laissa s’échapper une quantité anormale d’aura autour d’elle. Preuve une fois de plus qu’effectivement, elle n’était pas une Asteria initiée. Elle ignorait ce terme, ses implications et ce lien si étroit qui séparait ce mot de sa perte de mémoire.

Certains passants remarquèrent ce flot d’aura, ces mêmes personnes qui s’interrogeaient de voir cette Asteria jouer à l’étudiante sans prendre de précaution. Toujours peu discrète, sans le vouloir, Kayla ne savait pas encore qu’elle finirait par attirer les personnes actuellement à sa recherche. Elle n’était pas tombée sur Faerya par simple coïncidence. Les rouages d’un nouveau destin venaient de se mettre en marche.

Ce n’était plus qu’une question de jours avant qu’elle ne puisse plus se terrer dans le monde des Étincelles. Madame Schwarz le redoutait et ce drôle de chat-gardien guettait ce moment. Tous deux ignoraient cependant que rien n’allait se passer comme prévu.

Oui, Kayla l’Asteria allait débuter son nouvel éveil en tant qu’Astromancienne. Son cycle maudit sur le point de se reproduire, elle avança vers un avenir qui ne faisait pas sens pour le moment. Sa démarche lente et hésitante laissa derrière elle un flot de lumière qui attira notre cher chat-gardien. Apparut soudainement non loin d’elle, il se fraya un chemin derrière elle en faisant attention à ne pas se faire écraser par ces parisiens stressés.

Le petit félin suivit ainsi Kayla sans miauler et se contenta de ramasser cette étrange substance qu’elle libérait et qu’il emprisonna dans son talisman porté autour de son cou. Une façon pour lui d’effacer les traces de son passage mais aussi de se préparer pour les prochains évènements.

Il n’avait toujours pas le droit d’intervenir. Il ne pouvait plus rien décider non plus car les dés étaient déjà jetés.

« Avons-nous fait les bons choix ? ».

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Tynah Paijy
Posté le 20/05/2023
Hello !

Me voici de retour sur ton troisième chapitre et j'avoue que je suis un peu perdue... J'avais bien compris que Kayla était une sorte de "magicienne" mais maintenant, je me pose beaucoup de questions quant à son passé et ce qu'elle était réellement. Le fait qu'elle puisse observer de la magie ne me parait pas problématique, ce qu'il l'est c'est qu'elle ne se pose pas plus de question... Moi j'aurais déjà question la mamie fleuriste à sa place x).

Maintenant, je trouve aussi problématiques ces petites phrases qui nous signalent qu'elle est exeptionnelle/ va avoir un futur haut en couleur (en gros hein), je pense que c'est pas nécessaire, puisque c'est ton héroïne donc on s'en doute déjà en tant que lecteur x) (enfin, c'est mon pdv).

En tout cas, je trouve que tu as un très belle plume, alambiquée certes (c'est un compliment hein), mais vraiment ça change des textes qui manques de saveurs (oui, j'ai osé le dire x) ).

A très vite !
Tynah!
Peridotite
Posté le 07/02/2023
Coucou Syanelys,

Pendant ma pause, j’ai lu la moitié du chapitre à peu près.

J’ai toujours du mal avec le style. Le texte est pas toujours facile à lire pour moi. C’est parfois vraiment le style lui-même, comment la phrase est tournée, un peu comme au chapitre précédent où j’ai eu la même impression. Mais parfois c’est le fond qui est bizarre, car tu te contredis d’une phrase à l’autre. Par exemple, j’ai trouvé les pensées de l’étudiante brouillonnes au début. J’avais du mal à suivre. Elle est souvent absente, n’aime pas les cours, est seule. Mais en même temps, elle aime la littérature, les Fleurs du Mal notamment et tu dis qu’elle vit chez Madame Schwarz donc elle n’est pas seule. On apprend qu’elle a des parents. Pourquoi ne va-t-elle pas les voir pour leur poser des questions ? Je trouve du coup que ça ne campe pas bien la héroine pour l’instant, car j’ai l’impression qu’elle est le tout et son contraire. On apprend ensuite qu’elle a des visions, mais elle ne se pose aucune question à ce propos. Pourquoi ? On s’attendrait à une réaction de sa part.

Mes notes de lecture :

« Se rendre en cours, c’était ouvrir une porte sur l’évasion. En écoutant les raisons qui avaient poussé Baudelaire à consacrer de son temps sur « Les fleurs du mal », elle pouvait espérer oublier sa propre condition. »
> Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça. Juste avant, tu dis qu’elle n’écoute rien et qu’elle s’en fiche des cours. Pourtant, ceux-ci constituent pour elle une évasion, donc quelque chose de positif, non ? N’est-ce pas contradictoire ?

« La volonté de l’auteur de mêler le beau au sordide et la sensualité au mal faisait écho à son existence poétique. »
> Que veux-tu dire ici ? Je ne comprends pas. Quelle existence poétique ? Qu’est-ce que ça signifie pour toi cette phrase ? Pour moi, elle sonne alambiquée.

« Jour après jour, ce quotidien d’étudiante était sur le point de mettre en doute sa stratégie d’exposition minimale. Entendez par là sa volonté de se montrer le moins possible et donc de se dévoiler le moins possible. »
> Cette phrase aussi est contradictoire. Son quotidien d’étudiant la fait douter de venir en cours ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Quel quotidien ? Pourquoi son quotidien de personne absente la fait-elle douter d’être absente ? Si elle doute à cause de son quotidien, ne devrait-elle pas conclure d’être moins absente ? Là, je ne te suis plus.

« Une telle attitude l’empêchait très nettement de s’entourer d’amis ou ne serait-ce de connaissances. »
> Pourquoi ? Quand on est absent de cours à la fac, on traîne dans les cafés ou les bars généralement, avec d’autres. Pourquoi son absentéisme l’empêche d’être sociale ? Ce serait plutôt de bosser d’arrache-pied qui empièterait sur le social selon moi.

« À lire ce recueil de poésies, peut-être qu’un peu de compagnie l’aiderait à affronter sa nouvelle vie. »
> Je ne comprends pas le cause à effet : lire un livre lui donne envie de compagnie ? Pour affronter sa nouvelle vie ??

« à ses souvenirs du passé »
> Les souvenirs se rapportent toujours au passé normalement, donc tu peux enlever « du passé » je pense.

« rien ne pouvait l’écarter de la solitude » et « [Madame Schwatz] avait su l’accueillir et lui permettre de reprendre sa vie en main. »
> Du coup, pourquoi dis-tu que rien ne pouvait l’écarter de sa solitude si elle vit avec quelqu’un, en l’occurrence Madame Schwarz ? Elle ne vit pas seule.

« une amie de ses parents » et « Comment construire de nouvelles relations si elle était amenée à en retrouver d’anciennes, sûrement plus importantes et ancrées dans son enfance ? »
> N’a-t-elle pas demandé à ses parents de lui représenter ses amis d’enfance ? Pourquoi ?

« Un drôle de chat la rejoint »
> « la rejoignit » : attention à la concordance des temps

Je m’arrête là, au milieu à peu près, car je dois filer 😊
Syanelys
Posté le 07/02/2023
Hey Peridotite !

Concernant le style et la maladresse de mes phrases, je ne pourrai que m'améliorer. Il s'agit de mon tout premier projet d'écriture et je n'ai pas opté pour un sujet facile.

La contradiction, les pensées brouillonnes et la confusion sont toujours souhaitées concernant Kayla. Ma volonté était de faire un contraste entre ce qu'elle souhaitait de son nouveau quotidien et comment son amnésie est vécue. Si cela est trop accentué par contre, il me faudra alléger ses pensées. Tout se travaille :)

J'espère que cette première partie n'était pas trop indigeste pendant ta pause. Merci à toi pour le temps consacré à cette histoire ! Merci pour la coquille trouvée en dessert !

Au plaisir d'échanger avec toi !
Peridotite
Posté le 08/02/2023
Coucou Syanelys,

Je t'encourage à bien retravailler tes phrases, à les lire à haute voix. Je fais presque toujours ça (surtout pour les dialogues en vrai, mais aussi pour le reste quand j'ai un doute). Tu peux grapiller des trucs et astuces ici et là sur internet, mais je pense qu'il ne faut pas hésiter à tailler dans le lard et faire des essais. Réécrire, reformuler, jusqu'à ce que ce soit parfait. Fais attention car un moment les phrases vont te sonner familières, car tu vas connaitre ton texte par cœur, mais ça ne veut pas dire qu'elles sont fluides pour autant (c'est ce qui m'arrive souvent). Pas facile ! 😊

Attention, ce ne sont pas les pensées de K qui sont brouillonnes, mais la façon dont tu as écris ce de début de chapitre. Il y a des contradictions et des bouts de texte qui pourraient être regroupés voire supprimés. Je n'ai par exemple pas ressenti que Kayla était une fille brouillonne ou bordélique par exemple. Si elle souffre de son amnésie et essaie de retrouver des morceaux de passé, je ne l'ai pas perçu non plus. Si elle veut faire table rase de son passé pour se concentrer sur ses amis futurs, ce n'est pas clair. D'ailleurs, pourquoi fait-elle des études de littérature ? Pourquoi veut-elle tout lâcher ? Ses objectifs ne sont pas clairs pour le lecteur, donc on n'a rien à quoi s'accrocher pour comprendre K. Depuis quand est-elle amnésique ? Cette info serait importante. Si elle l'est depuis 10 ans, elle ne réagirait pas de la même façon que si c'était arrivé le mois dernier au cours d'un accident. Tu mentionnes ses parents, mais pourquoi ne l'aident-ils pas ? Et elle n'avait pas des amis à elle à la fac avant son amnésie ? Pour que ton perso soit bien posé, il faudrait lui donner de la profondeur en faisant appel à son passé (qu'elle n'a pas, tu me diras), mais au moins répondre un peu à ces quelques questions en fonction de son environnement immédiat. Pourquoi se rend-elle à la fac par exemple si elle vient tout juste d'être heurtée par une voiture le mois dernier et qu'elle a perdu tous ses souvenirs ? (je dis ça, mais je me doute qu'elle a subi un accident magique ou quelque chose). Était-elle une élève motivée avant et depuis son accident, elle laisse couler ? Elle n'a pas demandé des infos à ses parents, à Madame Schwarz, à ses camarades ? Elle n'a pas fouillé ses affaires pour avoir des bribes de réponses ?

Je t'ai basardé tout ce que j'avais 😊. Si tu veux créer du mystère autour de K, c'est avec ces infos que tu peux jouer, pas en faisant des phrases bizarres qui risquent d'égarer le lecteur à mon avis. Les phrases pourraient relayées ces infos et tu pourrais juste en cacher assez pour créer du mystère et du suspense.

T'inquiète, c'est pas indigeste du tout. Pour moi, c'est un plaisir de lire les textes des autres, même s'ils sont encore brouillon et premier jet. Si tu avais vu la tête de mon premier jet, tu m'aurais jeté des salades, c'est sûr 😊 Et puis, des coquilles, on en fait tout. Je pense que c'est qu'àprès le passage d'un correcteur pro (ou deux !) qu'on peut se dire qu'il n'y a plus de coquilles. Sinon, c'est impossible de tous les virer, un travail de titan !

Bon courage pour les relectures, je repasserai lire la suite bientôt 😊
Tac
Posté le 16/01/2023
Yo !
Bon, je vais commencer par ce qui ne me va pas dans ce chapitre. Je préviens qu c'est une tartine, mais c'est parce que je me reformule beaucoup car j'ai peur de pas bien être clair, j'insiste que ce n'est que mon point de vue et que ce n'est rien de non corrigeable ! J'enchaîne ensuite sur cee qui m'a plu :)
Il m'a été un peu plus ardu dans ce chapitre de faire abstraction du dérangement que me cause le parti pris narratif ; ça merappelle des lectures de lycée de Zola où la question de l'attachement aux personnages ne se pose par car ce n'est pas du tout l'ambition ; je lisais ça de manière très détachée, j'arrivais pas trop à "rentrer dedans". Je trouve que ce parti pris t'amène à donner plein d'informations qu'on n'aurait pas autrement, mais je trouve que tu te reposes beaucoup dessus et néglige d'autres aspects. Par exemple je trouve que les choses ne sont pas assez montrées. Je trouve aussi que le suspens, le mystère, sont (à mon goût) artificiellement entretenus par des phrases du style "mais cela ne se produirait pas comme ils le prévoyaient" ou "ils ne le savaient pas encore, mais..." ; or ces phrases apparairaissent, je crois, à une fréquence trop élevée pour qu'elles gardent leur pouvoir, c'est pour moi dommage.
Je ne comprends pas trop pourquoi Faerya s'en va, si l'objectif c'est d'être discrète je ne comprends pas pourquoi elle disparaît sous les yeux d'un humain lambda ; je n'ai pas non plus compris quel sort elle voulait jeter avant d'être interrompue par Kayla.
Enfin, je trouve assez triste la vision que Kayla a de la vie : en quoi des relations dans l'enfance seraient forcément plus importantes que des relations construites au cours d'un cursus universitaire ? cela dépend de tes choix, de tes priorités, des gens que tu rencontres... elle pourrait se dire qu'elle mariera la vie quelle entame avec celle dont elle se souviendra si la mémoire lui revient ; les deux vies ne seront pas forcément incompatibles et elle peut présupposer que même si elle ne se souvient de rien, elle a quand même globalement les memes gouts. Pour moi la question serait plus légitime s'il s'agit de lier une relation amoureuse dans un contexte de monogamie ; là elle pourrait se dire que peut-être auparavant elle était en couple avec quelqu'un d'autre et que ça pourrait poser problème, mais dans le cas d'amitiés, au moins de connaissances histoire d'avoir un minimum de lien social et passer des pauses déjeuner un peu sympathiques, je ne suis pas sûr de trouver ce choix si pertinent, à part juste pour faire plaisir au scénario. Ou alors je pourrais le comprendre si elle s'est réveillée amnésique y a pas si longteps et qu'elle est encore en train de démêler ce qu'elle va faire, mais là ça a l'air de faire plusieurs mois ! (d'autant qu'en vrai, avec les travaux de groupe, elle doit être bien obligée de parler avec deux trois personnes, au moins pour accomplir le travail.)
Aussi, si elle sait que la personne qui l'a hébergée connaissait ses parents, pourquoi ne lui demande-t-elle pasquelques informations ? Au moins pour savoir dans les grandes lignes qui elle était ? Peut-être que Mme Schwarz n'a pas envie de lui répondre car elle ne peut pas tout lui révéler, m'enfin elle peut quand même lui raconter deux trois trucs, genre son livre préféré et sa matière favorite. Au vu de toutes les informations que le narrateur nous dévoile, je ne comprends pas pourquoi on n'a pas cette précision de "mme Schwarz lui avait révélé ça de son passé suite à ses questions". J'ai du mal à voir la cohérence, la logique dans ce qui nous est dévoilé et ce qui ne nous l'est pas, pour le moment.
Passons à ce qui m'a plu :
Mine de rien je m'attache un peu à Kayla. Pas tant, je pense, grâce à l'histoire, à cause des raisons énoncées plus haut, mais par le personnage lui-même et de ce que je sais de lui globalement. J'ai une grande curiosité pour les personnages amnésiques, et pour les personnages placés dans des situations de "les gens autour de toi en savent plus que toi mais vont te laisser bien galérer". je trouve que ce jeu de points de vue autour de Kayla marche plutôt bien pour nous la faire voir sous différents angles, pour la montrer comme un jouet aux mains du destin et c'est difficile de ne pas avoir de la sympathie pour elle à partir de là. Donc en dépit de ce que j'ai pu dire sur les choix narratifs, il y a quand même des trucs qui fonctionnent, et qui je pense, fonctionneront encore mieux lorsque tout le reste sera plus affiné.
Plein de bisous!
Syanelys
Posté le 16/01/2023
Hey !

Effectivement, je t'engage ! Je suis bien loin de ces considérations-là puisque mon postulat de base, comme écrit dans mon journal de bord, est d'être un narrateur proche du lecteur. Avec quelques interventions qui lui sont directement destinées. Si j'ai bien saisi, ce point de vue global/omniscient demeure maladroit, ce que je peux parfaitement concevoir. Proposer un choix et explicitement l'assumer. Cela sera clairement une des pistes d'amélioration à considérer en fil rouge lors de mon prochain travail sur ces chapitres.

Pour Kayla, je la souhaite détachée. Elle a sa propre volonté de se laisser vivre loin des chaines de son passé. Madame Schwarz lui a confié quelques éléments de base sur qui elle était, mais elle non plus n'a pas trop d'éléments à lui apporter en dehors du cadre du secret. Tu vas détester ce qui va suivre en terme de temporalité je sens :p

Je te remercie de prendre le temps et la patience de lire ces chapitres en perte d'équilibre. Tous tes retours sont soigneusement notés dans mon petit carnet.

Au plaisir d'échanger avec toi !
ClementNobrad
Posté le 01/01/2023
Sacrée rencontre ! J'ai encore beaucoup aimé ce chapitre. Je te laisse découvrir mes remarques au fil de la lecture :

"En l’ayant vue perdue dans ses pensées il s‘était dit que c’était l’occasion rêvée de la surveiller plus intimement" > Kayla aussi serait fleuriste ? ;)

"Paris lui offrait sur sa scène principale des petits détails surnaturels ou bien des détails qui semblaient se produire par magie et… rien. Elle en avait pris l’habitude et n’avait jamais cherché à comprendre ces évènements." > Ah tu réponds donc à ma question du chapitre 1. Tres bien. Tout est clair maintenant. Il n'en faut pas plus (pour confirmer ma réponse à ta question du premier chapitre)

"Elle n’en avait pas besoin puisque c’était inné dans son cas à elle. " > J'aime bien ce point de vue externe, omniscient, qui ne joue pas sur un faux suspens de ce qui va arriver à notre héroïne. On se doute qu'elle va vivre des choses extraordinaires, et que tu l'annonces aussi clairement est, pour moi, "honnête", tu joues pas la fausse surprise attendue.

"- Depuis toujours ! Je ne peux plus te cacher être tombé amoureux de toi, Faerya !" > Mauvaise typographie. Utilise — pour tes dialogues :)

"Du côté de Kayla, c’était la première fois qu’elle assistait à ce sort. Même si elle était habituée à observer d’étranges détails magiques chaque jour, ce fut la première fois qu’elle était témoin d’une magie d’une telle ampleur." > repetition de "première fois", je pense que tu peux enlever le second.

"Au moment où il allait approfondir ses pensées, il sentit les yeux oppressants de Faerya se poser sur lui." > Décidément, que de fleuristes ! ;)

"Si elle devait alors lieu alors qu’il n’avait pas le droit d’intervenir" > avoir lieu, je suppose

"C’était comme si elle venait de jeter un ballon en baudruche d’eau qui s’éclata au sol." > Je ne suis pas sûr de la formulation : un ballon de baudruche rempli d'eau ?

"Une sensation étrange s’empara de lui car il ne comprenait pas comment Faerya avait pu disparaitre : elle se tenait juste devant lui !" > Je trouve la proposition après les " : " de trop, car un peu trop naïve et explicite à mon goût. Le lecteur comprend bien la situation :)


Petit supplément :
"Figer le temps, ce n’était pas rien !" Je ne te fais pas le dire ;) si tu découvres mes Peregrinations, de tels évènements ont également lieu. Il y aurait-il un lien entre nos univers ?
Syanelys
Posté le 01/01/2023
Hey !

Sacrée Faerya qui se croyait seule au monde. Voilà que maintenant une Kayla traîne sur son territoire ! J'espère que tu auras à coeur d'apprécier ce nouveau personnage =)

Nous avons donc Asteriae (latin, quand tu nous tiens) qui se croisent à Paris. Mais quelque chose cloche : l'une est à sa place, l'autre est une drôle de touriste :p

"Se perdre dans ses pensées" m'est resté depuis le passage sur Madame Schwarz. Par contre, ce n'était pas voulu pour "l'approfondissement des pensées". Alala l'inconscient !

Merci pour tes yeux aiguisés car tu as carrément raison sur tes remarques. Attention, je risque de me reposer sur toi pour la relecture !

Au plaisir de te retrouver au fil de mes chapitres. De mon côté, je découvrirai bientôt ton univers (je dois juste me mettre à jour sur les autres lectures initiées pour espérer les suivre de manière épisodique par la suite).

Tes retours comme tes conseils me sont très précieux, encore merci !
Flammy
Posté le 22/12/2022
Bon, je crois qu'on peut dire que ça commence à partir de cacahuètes ='D

J'avoue que je suis très curieuse de cette rencontre avec Faerya, il semble y avoir un nombre de législations pas possibles autour des astromanciens, pas seulement dans le monde des étincelles, et j'avoue que je me demande pourquoi autant de contrôle sur ces personnes là. Genre, même se rencontrer alors que c'était pas prévu, c'est hors la loi ? Ca me laisse songeuse et pleine de questions ^^

Il y a quand même une chose qui m'a interloquée. Si Kayla est amnésique, comment elle s'est souvenue que madame Schwarz est une amie de ses parents ?
Syanelys
Posté le 22/12/2022
Pour éclairer davantage ta lanterne, je peux juste te dire que du côté des Astromanciens, cette Kayla ne se trouve pas au bon endroit et au bon moment. Le malaise ressenti par tous ceux l'ayant croisée sera bientôt expliqué :)

Kayla est toujours amnésique et le restera sûrement tout le temps, qui sait ? Dans cette vie qu'elle essaie d'endosser, elle sait juste quelques éléments de base. Madame Schwarz l'a recueillie comme amie de ses parents et sait pour son amnésie. Elle sait même tout sur elle mais s'interdit de le lui dire (et au lecteur aussi du coup...).

Merci de ton retour en tout cas ! J'aime beaucoup ta perception de l'histoire et je croise les doigts pour que tu la continues avec intérêt et curiosité !
Elly Rose
Posté le 21/12/2022
Chaque chapitre que je découvre et véritablement une pépite et un véritable big bang dans ma tête!
Les informations que je lis peuvent être trompeuses, ou alors mon esprit les transforme pour me donner des indications que je ne suis pas certaine de comprendre ou alors, ou alors je ne sais pas comment l'expliquer mais quoi qu'il en soit, je suis définitivement fan de ce que je découvre.
Ton univers est indubitablement riche et bien formé et j'adore vraiment!
Syanelys
Posté le 22/12/2022
L'apparition de Faerya complique en effet les choses. Elle en sait beaucoup mais ne veut surtout pas aider notre pauvre Kayla. Quel dommage !

Beaucoup de tes interrogations seront honorées au prochain chapitre en tout cas ! Toujours un plaisir d'échanger avec toi

Mille mercis pour ton commentaire, vraiment !
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