C'est étrange la façon dont deux inconnus se retrouvent mêlés à la même histoire alors que tous les opposent. Sam et moi ne nous connaissions pas il y a trente minutes et nous voici tous les deux, contre une voiture, en train de nous demander ce que nous allions bien pouvoir faire. Les cadavres s'entassent les uns sur les autres, à mesure que le temps défile et que les tireurs vident leurs chargeurs sur les passants. Si la situation était simple, nous aurions pu nous enfuir, mais les tireurs sont là pour nous. En tant que cibles seule notre mort les feraient partir. Dans ce genre de situation, en général, la seule autre issue est d’arrêter les criminels. Mais ces hommes-là ont des pouvoirs, mon instinct le confirme. Ce problème en entrainant ensuite un autre : comment les tuer ? La solution parait évidente : l'ensemble de mon corps me pique et m'implore de faire sortir ce hurlement. Celui qui les tuerait. Reste plus qu'à les atteindre. Je voulu partager mon plan avec Sam mais ma gorge me pique un peu plus à chaque seconde et mon cerveau semble décider lui aussi à me faire souffrir. Je ne peux plus réfléchir. Il faut que j'agisse. Je me mets donc debout derrière une petite voiture, laissant aux ennemis la capacité de percevoir la partie haute de mon corps, regarde les assaillants qui sont les plus proches de moi, dirige mon corps vers eux, lève les bras pour qu'ils puissent guider mon cri vers mes ennemis et ouvre la bouche, criant de toutes mes forces. Hurlant à m'en déchirer les cordes vocales.
Le bruit strident dure dix secondes tout au plus puis c'est le calme complet qui apparaît. Le temps paraît figé. Le cri sorti de ma bouche à bien atteint sa cible et à littéralement décapité trois de nos assaillants. Les autres me regardent sans savoir ce que je suis ou comment réagir dans cette situation totalement inconnue. Les légendes n'étant quasiment plus connues de personne aujourd'hui, personne ne reconnait le cri déchirant d’une Banshee, pourtant annonciateur de mauvais présages. L'un des ennemis me vise et tire. Mais les balles se contentent de traverser mon corps et continuent leur route comme si elles n'avaient rien heurtée et finissent leur course dans le mur derrière. L'homme continu de tirer, indifférent à la possibilité que je sois insensible aux balles. La conscience est quelque chose de curieux. Et à voir la tête de Sam, lui non plus ne croit pas ce qu'il est en train de voir. L'homme finit par s'arrêter de tirer, voyant que je ne bouge pas. Les autres personnes habillées en noir me regardent, ne sachant pas quoi faire. Les humains autour de nous recommencent à crier et à courir. Sam est toujours caché derrière la voiture. J'espère qu'il comprendra tout seul que pour sa sécurité il ne doit pas bouger. Je ne reste pas plantée là plus longtemps, je contourne la voiture et avance vers nos assaillants qui sont maintenant au nombre de 7. Deux d'entre eux dirigent leur arme sur moi et tirent. J'avance encore et me retrouve face au premier. Je lui décoche un coup de poing dans le nez. Il recule, déséquilibré. Un second s'approche de moi par derrière : je lui donne un coup de coude dans le cou. Je me retourne, lui donne un coup de poing, prend mon arme et lui tire une balle entre les deux yeux. Je sens le métal froid de mon glock dans ma main. J’aime cette sensation de tenir la mort entre mes mains. Je me tourne de nouveau et tire sur le premier. Plus que 5. 3 s'approchent, les autres vont vers Sam. Je me concentre et sens une puissante énergie remonter le long de ma gorge. J'ouvre la bouche et je crie. Deux sont couchées, quasiment morts, le troisième a comprit que s'il se mettait à terre il serait hors du champ. Il se relève et court vers moi. Je lui donne un coup de poing qu'il évite habillement. Il me lance un uppercut, je l'évite de justesse. Je fais mine de lui envoyer un coup qu'il se prépare à éviter, lève mon arme vers son visage et tire. Celui-là était habille mais pas assez rapide. Encore 2. Enfin je crois. Sam se bat avec un mais le deuxième a disparu. Je m'approche de l'assaillant visible, l'attrape par le cou et lui brise la nuque en deux. Désolée Sam, tu te bats bien mais tu n'es pas assez rapide. Il me regarde, il a le visage fermé. Je ne sais pas si c'est de la peur, de la surprise ou de l'énervement. Quelqu'un m'attrape. Il me tire et m'agrippe le cou, m'étranglant au passage. Il resserre son étreinte, m'étouffant. Si j'avais été vivante il aurait provoqué ma mort. Mais celui-là n'avait pas compris. Je tends mon arme vers Sam. Il l'a prend sans hésiter et me tire dessus. La balle me traverse et vient se loger dans mon assaillant. Il me lâche et tombe. Je me retourne. C'est le dixième homme. Il est étendu par terre, une flaque de sang coule autour de sa blessure au ventre. Je m'approche de lui et lui demande :
- Pour qui travailles-tu ?
- Si je vous le dis je suis mort, articule-t-il difficilement
- Pourquoi tout le monde sort toujours la même phrase de film ? Tu es déjà en train de mourir de toute façon, je m’agace.
- Je peux encore sauver mon âme, mais lui il mourra bientôt
Du doigt, il montre Sam. Puis sa main retombe lourdement sur le sol. Il est mort.
Je me relève et me tourne vers Sam :
- Merci
- Pas de soucis, dit-il en me rendant mon arme. J'ai encore une question : comment savais-tu que je tirerais ?
- Je n'en savais rien, lui répondis-je, Je t'ai juste fait confiance. Pourquoi as-tu tiré ?
Il sourit.
- C'est ton arme, c'est toi qui seras punie si on se fait arrêter.
Je souris à mon tour. En plus d'être mignon, il a de l'humour et il comprend facilement ce qu'on attend de lui.
Je me retourne et regarde le carnage auquel on vient de participer. La rue est maintenant vide, tout le monde s'étant enfui, et on entend les sirènes au loin. Des dizaines de corps jonchent le sol, et une odeur de sang et de plomb envahit l'atmosphère. On ne doit pas traîner ici.