3 · N'abandonne pas

— Où est-elle ? Mais bon sang, où est-elle ?

Le vieil homme ne faisait que répéter cette phrase de sa voix chevrotante, depuis maintenant une bonne heure. Bien que, lors de son arrivée, les papiers n'étaient pas bien rangés, il avait réussi à mettre un sacré bazar !

A genoux sur le sol, il fouillait, cherchait, attrapait, jetait, grimaçait, souriait, râlait... Sans jamais trouver.

Ce n'est pas une petite fille, qu'il cherchait. Ce n'est pas non plus un grand-père. Toujours pas cette famille, devant laquelle il ne put pourtant s'empêcher de sourire. Et ce couple, qui le fit presque pleurer de frustration.... 

— Bon sang, mais où est-elle ?

Il ne connaissait aucune des personnes sur les papiers glacés, mais il ne put s'empêcher de les détester. Qu'est-ce qu'ils faisaient là, à l'empêcher de trouver sa photo à lui ? 

Sa colère était telle que bientôt, il ne fit plus attention au soin des photos, et l'une s'en trouva malheureusement déchirée sur plusieurs centimètres, et quelques unes héritèrent d'un coin corné.

Le vieil homme se leva, difficilement, à l'aide de sa canne, et, comme il l'avait fait plusieurs fois depuis qu'il était là, se décala un peu à gauche. Il s'agenouilla de nouveau, et commença à chercher dans des tas de photos qui lui étaient auparavant inaccessibles, trop éloignés.

— Où est-eeeeeeeeelle ?!

Son cri fut plus fort que sa litanie précédente, plus puissant, plus rageur mais aussi, et surtout, plus désespéré. Oui, il commençait à désespérer. Et pourtant, quelque part au fond de lui, une parcelle de détermination continuait à se battre, essayant d'étendre son territoire. Il ne voulait pas partir sans cette photo....

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Cela faisait maintenant 5 heures qu'il était à genoux...et toujours rien. Rien, si ce n'est une dizaine de papiers plus ou moins déchirés, et d'innombrables coins abîmés. 

Il hurla, ravagé de tristesse, et de douleur. Il n'avait plus que cette photo, qui, comme toutes les autres, lui avait été enlevée. Si il n'était pas si vieux, peut-être les aurait-il tués, pour lui avoir pris son seul et unique souvenir. Il n'avait plus que ça d'elle, uniquement un bout de papier ! Pourquoi a-t-il fallu qu'elle lui soit ôtée ?!

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En larmes, il continuait pourtant. Il avait faim, il avait soif, il avait mal, il était fatigué... Mais il continuait. Le petit bout de détermination était toujours là, plus léger, certes, mais il se battait férocement, alimenté par une force qui vaut toutes les batailles. L'amour. Oui, son amour pour elle l'empêchait d'abandonner. 

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Il se décala à nouveau, et agita un bras mou dans l'entassement de photos. Je ne peux vous décrire la surprise, et surtout le bonheur qui furent siens en voyant son visage. Sa photo. Son amour. 

Alors, tremblant au point de ne presque plus pouvoir se tenir debout, fatigué à en tomber par terre, affamé au point d'en crier, assoiffé au point de ne pas pouvoir crier, mais surtout, amoureux à ne pas pouvoir vous le montrer, il se releva, et, en paix, heureux, put gravir le chemin qui menait à la sortie.