— Eeh revoilà notre sauveur ! s'exclama Alora, visiblement un peu éméchée, à la vue Seru sortant de l'ascenseur situé à gauche du bar. On croyait que vous viendriez jamais !
— Vous n'avez pas perdu de temps, observa le concerné. Vous croyez que je ne m'amuse jamais ?
— Vous voulez la vérité ou je peux mentir ?, rit-elle doucement.
— ça me rappelle une discussion qui s'est tenue ici même à l'époque de l'Alliance, songea l'homme en posant ses coudes sur le bar.
— L'Alliance ? demanda la jeune Twi'lek en servant un verre à l'historien.
— L'Alliance Éternelle, ajouta Seru après une gorgée. Une coalition de personnes de tous horizons ayant souhaité se battre contre l'Empire Éternel de Valkorion, alias Dark Vitiate, aka Tenebrae.
— Ah ouiiii ! s'exclama-t-elle. On n'en entend pas beaucoup parler dans les cours d'histoires.
— Cela ne m'étonne pas spécialement, dit-il. L'Ancienne République était trop peureuse pour prendre part au conflit, seul l'Empire de Dark Acina nous a aidé à l'époque. Les couards du Sénat n'ont pas voulu vanter les exploits d'autres pendant qu'eux courbaient l'échine devant l'Empereur Immortel.
— Vous êtes vachement remonté envers la République vous ! répondit la Jedi.
— Je n'appréciais pas vraiment l'Empire non plus, continua Seru. Mais je ne pouvais pas refuser une aide précieuse.
— Eeeet c'était qui le chef de cette Alliance ? interrogea-t-elle.
— À l'entendre, c'était lui, fit Kelborn un peu plus loin.
— Quoiiii ?! sauta presque Alora. C'était vous le "Commandant" ?
— En effet, hocha-t-il la tête. À l'origine, cela ne devait pas être moi, je devais simplement être le chef militaire, mais un événement tragique a fait que je le suis devenu à la fondation de l'Alliance.
— Waah… souffla-t-elle, impressionnée, se resservant un verre.
« Mais alors… réfléchit Alora, son regard s'assombrissant. Vu votre âge, vous deviez savoir que les Sith étaient toujours dans l'ombre ?
— Oui, dit-il simplement. J'ai connu Dark Bane et son apprentie.
— Vous saviez que les Sith préparaient leur retour et vous n'avez rien fait ?!, s'offusqua-t-elle, l'alcool la désinhibant.
— Dites-moi, vous êtes sourds chez les Jedi ? demanda-t-il d'un ton railleur.
— Pourquoi vous n'avez pas prévenu le Conseil ? Comment pouviez-vous décider de ne rien dire ?! fulmina la chevalière.
— Oh, je vois, comprit-il en se redressant. Vous allez m'accuser de la stupidité de vos prédécesseurs ? Vous allez m'accuser des conséquences de la suffisance des maîtres qui se sont fait berner en tuant un guérisseur à la place d'un Maître Sith en se faisant berner par une simple apprentie ?
— De quoi parlez-vous ? s'exclama-t-elle. Vous dites n'importe quoi !
— Je l'ignorais avant de récupérer vos archives, dit-il calmement. Et pourtant, c'est vrai, en recoupant ce qu'ont écrit vos ancêtres, avec mes propres informations, j'ai vite compris la stupidité des Généraux Jedi de l'époque. Trop sûrs d'eux après avoir gagné la Septième Bataille de Ruusan, exploit qui n'est absolument pas de leur fait, mais une action de Bane, ils ont pris la moindre petite chose comme acquise et ont décrété les Sith comme exterminés.
— Et alors ?! cria-t-elle en laissant son verre dans la direction de Seru qui le devia grâce à la Force et l'envoya exploser contre un mur. Vous auriez pu leur dire ! À cause de vous, tout le monde est mort ! À cause de vous, la République est foutue ! Vous avez le sang de milliers de Jedi sur les mains !
— Quel était l'intérêt ? demanda l'historien en essayant les quelques gouttes d'alcool ayant atterri sur son visage. Donne-moi un seul intérêt à dire aux Jedi que je déteste tout autant que l'Ordre Sith, que leurs ennemis sont toujours en vie. Dis-moi, où aurait été la morale d'envoyer des milliers de Jedi aux trousses de deux Sith ?
— Regardez le résultat ! explosa la Twi'Lek. Deux Sith ont suffi à détruire un millier d'années de politique ! Elle est là la morale !
— Comment pouvais-je savoir qu'ils allaient réussir ? demanda Seru. C'était impossible à prédire.
— Vous deviez le dire ! continua Alora, des larmes ruisselantes sur ses joues. Tout est votre faute !
La jeune Twi'Lek sortit son sabre laser et se jeta sur l'homme aux cheveux gris avec une rage folle, il devait mourir pour son acte. Iris et Carsha, qui était arrivée durant la dispute, essayèrent de s'interposer, mais elles furent repoussées par Seru grâce à la Force, ce dernier sortant son sabre laser pour parer la première attaque d'Alora.
— Alora arrête ! cria Carsha. Tu vas te faire tuer !
— Il doit mourir ! hurla l'intéressée.
— Tu es complétement folle ! enchaîna Iris. Tu ne fais pas le poids !
— Laissez-la, dit sèchement Seru en repoussant son assaillante.
Il se mit dans une posture de duel très classique des Jedi, de ce fait, on pouvait difficilement prévoir si son but était d'attaquer, ou de se défendre. Il patienta alors, attendant son adversaire. La fureur se voyait dans le regard de la Jedi, sa respiration était forte, et la tension dans son corps en disait long, elle serait forcément la première à attaquer, elle n'aurait pas la patience de Seru. Il ne fallut pas bien longtemps à l'homme pour voir sa théorie se réaliser, à peine quelques secondes plus tard, la Twi'lek courut dans sa direction en frappant avec force. La précision de son coup laissait à désirer, mais la puissance de ce dernier eut le don de surprendre le bretteur qui vit sa garde fléchir lorsque les sabres s'entrechoquèrent. Il riposta par deux coups bien placés au niveau des épaules de son adversaire qui vinrent rencontrer le sabre de cette dernière. Alora ne lui laissa pas à instant de répit et enchaîna une salve de coups remplis de rage, Seru recula tout en bloquant les coups.
D'un point de vue extérieur, on aurait pu penser que la Jedi frappait de toutes ses forces et que l'historien n'avait même pas besoin de lever le petit doigt pour la contrer, à vrai dire, c'était le cas. Il se contentait de placer sa garde au bout endroit, au bon moment, et de renvoyer quelques coups quand il le pouvait. Il évoluait avec une fluidité presque insolente, tandis qu'Alora frappait la mâchoire serrée, des gouttes de sueurs perlant sur son visage. Seru sauta en arrière sur une table pour éviter un coup qui vint frapper le sol dans un flot d'étincelles, il fit tourner son sabre laser dans sa main, attendant de voir ce qu'allait faire la Jedi.
— Il est temps d'arrêter cette folie, Jedi, dit-il. Tu es à bout de force.
— Qui êtes-vous pour pouvoir juger de qui doit vivre, et de qui doit mourir ? hurla-t-elle en fonçant sur lui.
Ce regain d'énergie mêlé à cette question surpris le bretteur, il aurait pensé que la raison reviendrait à la jeune Rylothienne, au lieu de cela, c'est lui qui se fit surprendre. Les coups de la Jedi était d'autant plus puissants, à croire qu'elle avait pris sa phrase pour une raillerie. Seru tenta de reprendre sa concentration rapidement, mais il n'eut pas ce temps, et le sabre vert vint brûler la chair de son bras gauche. Il se mordit la lèvre, émettant une plainte sourde et rauque, lâchant son sabre à l'instant même où la douleur parcourue son bras dominant. Secouant la tête, il eut tout juste le temps de sauter en avant pour éviter la charge d'Alora. Récupérant son sabre grâce à la Force, il se redressa.
— Fini de jouer, souffla-t-il.
Il avait été trop sûr de lui, et il venait d'être rappelé à l'ordre, il ne referait pas la même erreur. Plaçant son sabre blanc dans sa main droite, il plaça son bras blessé dans son dos. Prenant une posture de l'art Makashi, il pointa son sabre vers l'avant. Cette fois-ci, c'est lui qui n'allait pas attendre, il devait simplement l'assommer ou la désarmer. Seru s'approcha d'un pas rapide et donna une salve de coups qui parut n'avoir pas de fin, il voulait submerger son adversaire de coups rapides, fluides et parfaitement placés. Seul son poignet bougeait avec une extrême rapidité, on aurait pu croire qu'il s'agissait de sa main habituelle tellement il n'y avait que peu de différence avec les minutes passées. Ses pas étaient précis, mais relativement lents, il bougeait simplement pour attaquer son adversaire selon des angles différents, pour la faire tourner sur elle-même et la déstabiliser. Alora ne fit que reculer en parant les coups, Seru ne lui laissait pas le temps ni de riposter, ni de souffler. Le visage de l'historien était nettement plus crispé et concentré qu'à l'origine, il voulait la pousser à bout et la désarmer facilement, mais il devait avouer qu'elle se défendait bien. Voyant qu'Alora semblait presque s'habituer à ses assauts, il changea sa stratégie, pivotant sur ses appuis, il fit un mouvement plus ample, la Twi'lek bloqua alors le vide en essayant d'anticiper le prochain coup. Un éclair de Force fendit alors les airs pour se loger dans le poignet de la jeune femme, qui, par réflexe, lâcha ce dernier dans un cri de surprise et de douleur. Carsha accourut et s'empressa de récupérer le sabre de son amie et de l'accrocher à sa ceinture.
— Il suffit, grinça l'homme en portant sa main à son épaule blessée. Tu as perdu, médite sur cet échec et sur tes propos.
C'est sur cette phrase que Seru s'éclipsa, s'éloignant. Il allait faire de même pendant les heures à venir, panser sa plaie, et réfléchir à cette ultime question qui l'a tant déstabilisé.
— N'avez-vous donc aucun amour pour quiconque en vous pour avoir laissé faire ça ?! s'exclama Alora, prête à le suivre.
— Que savez-vous de l'amour, Jedi ? demanda Seru avant de partir.
— Eh ! la stoppa Iris. Arrête ! Tu es devenue folle ou quoi ? Qu'est-ce qui t'a pris de l'attaquer comme ça ? Il t'a sauvé la vie !
— C'est sa faute si tous nos amis sont morts Iris ! sanglota-t-elle en s'appuyant sur le mur derrière elle, se laissant glisser jusqu'au sol.
— Tu sais que c'est faux, répondit-elle.
— Non ! renchérit-elle. Ils sont tous morts parce qu'il n'a rien dit.
— Je sais que ça en a l'air, admis Iris, essayant de la comprendre du mieux possible. Mais à vrai dire, il a la même opinion des Sith que des Jedi, on ne peut pas dire qu'il nous apprécie. Mais il a choisi de nous aider, alors qu'il aurait pu ne rien faire, ou pire, aider Palpatine. S'il n'a rien dit à l'époque, c'est que c'était la meilleure chose à faire, crois-moi.
— C'est vrai qu'il n'a pas l'air gentil comme ça, continua Carsha et s'accroupissant devant Alora. J'ai un peu peur de lui moi aussi, mais je ne pense pas qu'il apprécie ce qu'il se passe. Et puis, parait-il que le Grand Maître Satele Shan lui vouait une confiance aveugle, ce n'est pas rien !
— Médite sur ce qui vient d'arriver, conclut Iris. Tu as besoin de repos, et de te calmer.
Alora hocha la tête sans rien dire, continuant de pleurer. Elle ne savait plus si elle pleurait d'énervement, de honte, ou de tristesse. Carsha et Iris s'éloignèrent pour sortir de la cantina et discuter sur la plateforme extérieure.
— J'ai cru qu'il allait finir par la tuer, souffla Carsha, comme épuisée par ce duel.
— La tuer ? demanda Iris. Non, il n'aurait pas fait ça.
— Ouais, c'est vrai… approuva la jeune chevalière. Il peut lancer des éclairs, c'est fou…
— Ah ça oui, ricana Iris après un rictus de souvenir douloureux. J'en ai fait les frais.
— Sérieux ? s'étonna Carsha. Ça fait mal ?
— Ooh que oui, répondit l'aînée. Je m'en souviendrai toute ma vie, je crois.
À suivre…