Ludivina avait beau tourner et retourner son carnet, Aymée et Merle ne voyaient toujours pas ce que représentait le dessin. Un ogre ? Un lutin ? Une libellule aux ailes repliées ?
— Mais non, pouffa-t-elle, c’est une statue sur laquelle je suis tombée. Bon, statue, c’est un grand mot, c’était comme une formation rocheuse qui ressemblait un peu à un être vivant. C’était gigantesque.
Merle sentit ses mains le démanger à l’idée de sculpter cette vision mystérieuse. Ces derniers temps, il avait de plus en plus envie de faire un manège sur Läbim. Il représenterait les spectres des Dunes mais aussi les pierres, les coraux, les portes. C’était un univers qui le fascinait, maintenant qu’il s’autorisait enfin à y accéder quand il le souhaitait. Pourtant, il n’avait même pas fait une tentative, car il n’osait pas imaginer ce qu’en penserait Aymée. « Dis, ça ne te dérangerait pas que je fasse une œuvre d’art du cauchemar qui te poursuit depuis des voltes et dans lequel tu basculeras inévitablement si tu meurs ? » La barrière lui semblait tacitement infranchissable.
— Vous avez eu peur ? demanda Aymée à Ludivina au sujet de la statue.
— La première fois, oui. Et puis j’ai eu envie de la revoir. Je ne sais pas pourquoi, mais j’y pensais tout le temps. Il fallait que je la retrouve. C’est là que mon périple s’est corsé.
Aymée acquiesça, l’air entendu : remettre la main sur quelque chose dans Läbim était aussi difficile que se souvenir des détails d’un rêve des voltes après l’avoir rêvé. Il ne semblait y avoir aucun système de navigation fiable ; on ne savait jamais où on arrivait ; et une apparition terrifiante pouvait surgir à n’importe quel moment.
— Vous y êtes arrivée ? s’enquit-elle en se penchant un tout petit peu en avant, depuis le fond de son fauteuil d’extérieur.
Dans le confort du panier en osier rembourré de coussins, ses yeux brillèrent un peu plus vivement à cette perspective. Elle était sous deux couvertures bariolées, protégée du soleil par un parasol exagérément large — cela leur évitait de le déplacer toutes les quelques heures.
Ludivina tourna les pages suivantes de son carnet : toujours la même statue, un peu différente à chaque fois, avec son étrangeté, cet impalpable mystère qui l’entourait.
— Et donc c’est là ? demanda Merle. Que se trouve votre porte ?
La vieille boulangère eut un sourire amusé et secoua la tête. En pointant du menton vers Aymée, elle répondit :
— Elle, elle comprend à quel point mon récit est unique. Le tout n’est pas de trouver sa porte, c’est de savoir y revenir.
Le canopéen grimaça : elle avait raison. Ils étaient encore si loin de leur but. Ils n’avaient même pas une idée d’à quoi ressemblerait l’issue d’Aymée. Ils n’avaient toujours pas appris à se repérer ni à rester longtemps là-bas. Ils étaient épuisés quand ils remontaient. Ça commençait à se voir à la pâleur de leur visage et aux cernes qui s’accumulaient sous leurs yeux. Des vivants n’étaient pas faits pour des séjours aussi intensifs dans Läbim.
Ludivina avait eu la bien meilleure idée d’y voyager quelques instants par solède, pour ne jamais oublier mais ne jamais s’y perdre, y faire simplement un tour, connaître, explorer, revenir. Elle avait moins l’obsession de trouver sa porte, leur avait-elle dit, car elle savait que si elle s’y sentait à peu près apaisée, elle finirait par la localiser une fois décédée. Sa légèreté quand elle parlait de tout ça était impressionnante.
— Comment vous avez fait pour y retourner ? demanda Aymée à Ludivina, avec un regard vers son frère qui le suppliait de rester tranquille. À la statue.
— Je ne sais pas, admit la vieille femme. Et je ne sais pas pourquoi elle en particulier. J’ai tout essayé : des invocations, des incantations, y penser la journée avant le voyage, suivre mon espadon, dormir longtemps avant, dormir peu, le ventre plein, le ventre vide, et je vous en passe. J’ai pris des notes à chaque fois.
Elle leur montra des grilles d’observations griffonnées dans des lettres minuscules et indéchiffrables par quiconque d’autre. Ça s’étalait à l’arrière du carnet, page après page.
Rien. Aucun résultat n’avait été probant. Elle ne savait pas pourquoi elle échouait parfois à la statue, et parfois ailleurs. Pourtant, elle ne se décourageait pas, et elle continuait ses explorations, à la recherche de ce mécanisme qui lui permettait de revoir la formation rocheuse de temps à autre.
— Et si c’est le hasard ? demanda Merle, soucieux.
Ludivina haussa les épaules. Elle ne croyait pas trop à la chance et était plutôt adepte des signes et chemins. Si cette statue revenait, ce n’était pas pour rien. Bien sûr, ajoutait-elle avec un soupir, ce serait plus simple si elle pouvait s’en approcher pour lire les mots qui semblaient inscrits sur ses aspérités, ou chercher des formes claires sur son relief. Sa conscience émergeait pourtant de Läbim dès qu’elle essayait de discerner les détails de la statue.
— Les Dunes ont leur propre sagesse, conclut-elle d’un ton patient et émerveillé.
Merle n’atterrissait pas toujours au même endroit qu’Aymée. S’il était distrait ou préoccupé, il ne parvenait pas à faire le vide dans son esprit et à la suivre ; ses émotions l’emmenaient face aux monstres qu’il s’imaginait devoir pourfendre. Il ne parvenait pas non plus à se réveiller quand il le souhaitait, donc il devait attendre, marcher, accepter qu’il ait ses propres promenades à faire, sa propre porte à trouver. Pendant ces moments de solitude, le silence abyssal n’était ponctué que des chants irréguliers de baleines et autres céphalées. Merle ne les voyait jamais mais il reconnaissait leur voix et il en frissonnait, tant d’émerveillement que de stupeur.
Lorsqu’il se réveillait puis replongeait son esprit dans l’océan, cette fois aux côtés d’Aymée, elle riait en silence et des bulles entouraient son visage. Cette solède-là, elle lui montra un dessin qu’elle avait trouvé par terre, sur le sable. On aurait dit qu’il venait d’être fait, mais il n’y avait personne autour. Merle pointa vers Aymée, qui secoua la tête : c’était déjà là quand elle était arrivée. Ils penchèrent la tête d’un côté et de l’autre pour essayer de comprendre ce que voulaient dire les lignes. Certaines étaient droites, d’autres rondes ; des pointes semblaient correspondre à des flèches ; des ronds apparaissaient à des emplacements aléatoires.
C’est une carte, projeta Merle à Aymée.
Celle-ci fronça les sourcils et secoua la tête à nouveau. Elle avait parcouru la zone et le plan ne correspondait pas à ce qu’elle avait vu. Les couloirs étaient similaires, mais pas les apparitions. Le labyrinthe s’adaptait à ses visiteurs ? Est-ce que quelqu’un avait dessiné cette carte parce qu’elle revenait souvent au même endroit ? Étaient-ils proches d’une porte ? Aymée pouvait-elle emprunter n’importe quelle porte ou seule la sienne marcherait-elle ? Qu’est-ce qui se passerait si elle essayait de s’engouffrer ailleurs ? Est-ce que les portes disparaissaient une fois que leur âme correspondante les avait traversées ?
Aymée se passa la main sur le visage, exténuée des doutes qui revenaient en permanence. Plus elle explorait cet endroit à la recherche de réponses, plus des questions se posaient. Elle se tourna avec un sourire vers Merle, qui examinait le plan dessiné par terre : au moins n’était-elle plus seule à chercher des indices.
Du sable se souleva dans l’allée et vola vers eux, créant comme un brouillard autour de leurs silhouettes recroquevillées. Ils se relevèrent mais ne discernaient toujours rien. Comme quand ils étaient enfants, Aymée grimpa sur les épaules de Merle. De là-haut, ce qu’elle vit la terrifia.
C’était un tourbillon océanique, qui s’agitait dans la plaine, en direction du labyrinthe.
Elle sentit sa respiration s’accélérer et son cerveau bloquer. Que faire ? Que faire ? S’ils mouraient ici, est-ce qu’ils mouraient là-haut ? L’esprit restait-il bloqué, inerte ? Leurs corps deviendraient-ils inutiles ? Comment pouvaient-ils fuir un tourbillon ?
Merle la fit redescendre et elle mima ce qu’elle avait vu. Sans un mot de plus, ils se mirent à courir le long de l’allée, puis à gauche, puis à droite, s’enfonçant toujours plus dans ces couloirs de calcaire. Ils savaient pourtant qu’il n’y avait aucune issue, aucun refuge.
Quand leur sang cogna tellement fort à leurs oreilles qu’on aurait dit un orchestre de tambours, ils se réveillèrent tous les deux en sursaut.
Le parc de la cure était devenu leur endroit préféré au monde. Merle n’aurait même pas troqué sa forêt de Landamæri contre les fleurs qui poussaient en troupes féroces autour des lacs, et les myriades d’animaux qui venaient s’y abreuver. C’était un spectacle de plus en plus superbe, d’autant que l’été s’essoufflait, ses chaleurs s’affaissaient, et parfois la brise de l’automne arrivait tout doucement jusqu’à eux, comme une promesse d’apaisement. Chaque solède, Merle devait se répéter qu’Aymée ne guérirait pas, car tout dans ce paysage lui donnait envie d’y croire de nouveau, de recommencer à se battre, de hurler contre les guérisseurs et de chercher un autre médecin, n’importe lequel, d’inventer des traitements lui-même, de brûler les cures et de décapiter les rois. Il avait essayé de la sauver et il voulait maintenant seulement l’aider pour la grande traversée, celle sur laquelle on glisse d’un monde à un autre, avec la grâce qu’on s’accorde, la légèreté qu’on s’autorise. Il pouvait au moins faire ça. Il remerciait donc les arbres de brunir pour que sa sœur les voie, elle qui avait toujours adoré l’automne, et il ne leur demandait rien de plus. Il souriait même aux goules, même quand ce qu’il voulait vraiment faire, c’était pleurer.
La nuit, Aymée se mit à rêver des Dunes de nouveau. Ils cessèrent pendant quelques jours leurs explorations diurnes, pensant que les deux événements étaient liés, mais les cauchemars continuaient. C’était comme sur le navire, et c’était revenu.
— Basile avait raison, murmura Cora en secouant la tête, ébahie. Les symptômes s’apaisent avec la distance géographique mais ce n’est qu’une question de temps. Aymée, est-ce que tu veux un somnifère ?
La jeune femme refusa, car elle voulait profiter de tout ce qui restait, de tout le temps qu’il y avait. Elle ne voulait plus rien éteindre de l’existence.
Comme sur le bateau, ses songes se propagèrent autour d’elle, chaque nuit un peu plus loin, surtout quand Merle s’assoupissait sur le fauteuil à côté d’elle. Sans le faire exprès, il décuplait les visions qu’elle lui transmettait, et tous les patients se retrouvaient pris dans le labyrinthe à leur tour. Ils ne s’y croisaient jamais, mais à force d’y plonger, ils commencèrent à en discuter.
Le réfectoire devint un salon sur Läbim. Chacun narrait ses voyages et tous redoublaient d’exploits et détails horrifiques et monstres vaincus. On y trouvait peu de vérité mais une tendresse infinie dans la façon qu’ils avaient de se féliciter. Le but était simplement de se donner du courage.
À un déjeuner, Andromède apporta une toile sur laquelle il travaillait. C’était un immense paysage des Dunes, dans un style enlevé : le pinceau traçait les couleurs et les lignes de façon furtive, comme pour montrer les changements continuels de ce lieu, sa demi-réalité, mais aussi la fascination apeurée qu’on y éprouvait. Les tons étaient bleu sombre, complétés de noir dans les coins où on imaginait des monstres plutôt que de les apercevoir. L’effet était saisissant.
— C’est ta plus belle toile, commenta Merle, admiratif.
— Andromède, c’est magnifique, confirma Aymée en souriant.
Elle avait d’abord été gênée que ses rêves se répandent et avait considéré dormir ailleurs, loin, ou accepter les somnifères, mais quand elle en avait parlé avec les autres patients, ils avaient tous insisté pour qu’elle reste. Ils ne feraient qu’une bouchée de l’abîme océanique, disaient-ils. Ils le lui répétaient à chaque fois qu’elle doutait de nouveau.
De voir ce tableau, même inachevé, l’émut plus qu’elle ne put le dire, pour une fois. Elle resta silencieuse pendant le reste du repas, tandis que Merle, Andromède et Antoine échangeaient des théories et observations sur le monde d’en bas.
— Je suis sûr que ma porte est un portail. Ça s’ouvrira tout seul, comme par magie, et ce sera très grand, et très bleu, disait Antoine avec ravissement.
— J’espère qu’il y aura une fresque sur la mienne, imagina Andromède.
— Vous pensez que celle d’Aymée sera comment ?
Celle-ci eut un sourire quand les autres se tournèrent vers elle, et elle haussa les épaules. Elle n’avait pas la moindre idée de l’apparence que la sienne aurait. Elle la cherchait, pourtant, depuis des quarts désormais, mais rien n’apparaissait. Peut-être que la peur en elle était encore trop grande ?
— J’ai l’impression que plus on la cherche, moins on la trouve, dit Antoine.
— Te voilà philosophe ! plaisanta Merle.
— C’est toi qui dis ça ! Tout le temps à nous déblatérer tes trucs de sablière, là.
— Je ne considère pas sablière comme une insulte mais comme un compliment, dit Merle.
— Gna, gna, gna, l’imita Antoine en prenant l’air distingué.
— Vous pensez qu’il y a des choses défendues dans les Dunes ? demanda Aymée soudainement. Des interdictions ?
— Pourquoi tu demandes ça ? Tu as peur de te faire emmener au cachot ? Ce serait un ventre de baleine ?
— Non, non, au contraire : je me dis qu’il y aurait un garde, un gardien. Quelqu’un qui pourrait nous expliquer.
— Je ne pense pas, songea Andromède. Je crois que des yeux sont posés sur ce labyrinthe mais que personne n’interviendra sauf dans un cas.
— Lequel ? demanda-t-elle avec espoir.
— Qu’un mort essaye de revenir.
Chaque solède, le bureau du parc devenait plus élaboré. En plus du fauteuil d’Aymée, il y avait désormais trois autres fauteuils : un pour Merle, d’autres pour des éventuels patients qui passaient par là et voulaient observer leur travail ou suggérer des hypothèses. Merle apporta un matin un bureau qui était dans la cave de la boulangerie depuis des lustres ; Pardo lui donna un coup de main pour l’installer et passer un coup de chiffon. Ils calèrent ensuite les livres, cartes et carnets d’Aymée dessus, pour qu’elle se sente comme chez elle. Il y eut le parasol pour les heures de sieste quand le soleil était encore trop chaud. Il fallut ajouter un petit meuble où mettre des rafraîchissements et des encas pour les réveils agités après un voyage aux Dunes.
— C’est une petite entreprise que vous montez là, commenta Cora en souriant. On peut savoir ce que vous fabriquez ?
— Les Dunes, dit Aymée d’un ton mystérieux.
— Ah, dit la guérisseuse, eh bien vous avez de quoi monter votre agence de voyages, à force.
— Encore faudrait-il que les autres puissent nous trouver là-bas.
Cora n’avait jamais essayé de voyager dans Läbim et son esprit était étrangement résistant aux incursions de Merle.
— Pas n’importe qui devient guérisseur, expliqua-t-elle en buvant une limonade avec eux. Notre magie principale n’est pas, étrangement, de voir le corps des autres, comment il fonctionne, de sentir s’il va bien ou pas. Tout ça s’apprend assez facilement, d’ailleurs, c’est juste fastidieux car il faut retenir beaucoup de mots compliqués. Non, notre magie majeure c’est le…
— … barrage, devina Merle.
— Oui. Sinon, on ne pourrait pas traiter un grand nombre de patients qui projettent sans faire exprès leur douleur tout autour d’eux. Surtout dans une cure comme celle-ci, cela va sans dire. Je n’aurais pas pu m’intéresser à la cendrure si je n’avais pas un bouclier particulièrement développé.
— Et vous ne pouvez pas le baisser ? demanda Aymée.
— Non, fit Cora avec une moue. C’est de naissance, ou de petite enfance en tout cas, il a toujours été élevé et têtu comme une bourrique. C’est dommage, parce qu’il paraît que c’est très beau de voyager ensemble par la pensée, ou de se parler à travers les distances. Mais c’est aussi très pratique, je dois dire, alors on fait avec.
Aymée la scruta longuement, puis déclara :
— On devrait faire une expo.
— Pardon ?
— Des patients ont commencé à créer des œuvres autour des Dunes. Vous ne pouvez pas comprendre, mais une fois qu’on y est allé, c’est absorbant. Ça fait peur mais en même temps on ne peut pas s’empêcher d’y retourner, de se demander si cette fois on va trouver la sortie. Comme un jeu macabre, un peu.
Cora acquiesça, ne voyant pas très bien où la jeune femme voulait en venir.
— Vous ne pouvez pas voir ce que cause la cendrure, ce basculement inévitable vers ce monde de l’entre-deux, qui remplace la lumière du soleil par des volutes bleues. Et de ce que vous dites, vous n’êtes pas la seule. Les guérisseurs, ceux qui nous traitent, qui nous parlent, ne peuvent pas comprendre car ils ne voient pas.
— Alors on devrait organiser une exposition, comprit soudain Merle, pour que vous donniez à voir aux autres ce qu’est Läbim.
Les patients n’ayant pas grand-chose d’autre à faire que dormir, faire des cauchemars éveillés, se nourrir et observer les lacs, ils acceptèrent avec grande joie de bûcher chacun sur une représentation personnelle des Dunes. Ça s’affaira dans toutes les chambres, chaque couloir, le réfectoire, le parc. On trouvait de la peinture, on s’échangeait de la terre cuite, on trouvait des morceaux de papier découpés. L’établissement fut pris comme d’une frénésie. Chacun voulait raconter. Cette fois, cependant, il ne s’agissait plus de raconter de faux exploits pour impressionner la galerie, amuser les autres patients. Cette fois, il s’agissait de dire la plus pure vérité sur ce qui nous attend tous, de faire comprendre ce qu’était l’extinction lente, le basculement dans une forme à la fois de folie et de sagesse. Si la création était d’abord publique, elle devint de plus en plus privée : chacun emportait son œuvre dans sa chambre et peu en ressortaient, car ils devenaient absorbés. Ils accueillaient les cauchemars que projetaient Aymée et y glanaient des précisions, des détails.
La solède du vernissage arriva vite.
La cure fut ouverte à tous ceux qui le souhaitaient. Des colporteurs avaient parcouru non seulement les villages de l’Ambré, mais aussi le Lac et le Lac pour diffuser la nouvelle. Des centaines de personnes passèrent. Certaines restèrent quelques minutes seulement, affolées par ce qu’elles virent, mais d’autres s’attardèrent et discutèrent avec les patients.
C’était la première fois depuis longtemps que les cendrés avaient l’occasion de parler avec des gens du monde du dehors. Les uns comme les autres y trouvèrent un soulagement étrange, indéfinissable, ceux qui surgissent lorsqu’une frontière s’abat.
Le réfectoire avait été transformé pour l’occasion. À chaque mur, des dizaines de tableaux et dessins étaient affichées. Dispersées dans la pièce, il y avait des sculptures, en papier, carton, verre, céramique, terre cuite. Quelqu’un avait même fait une création à base de fleurs et pommes de pin. Une flûtiste avait, quant à elle, souhaité retranscrire les chants de baleine parmi le silence, et jouait donc, de temps à autre, sa mélodie.
Aymée observait tout cela d’un air très calme, satisfait, tandis que Merle, Pardo, Hortense et Ludivina l’entouraient. Elle aussi avait réussi à participer, finalement, à apporter un tout petit peu de lumière dans un trajet qui en avait grandement besoin.
Sinon, j’ai adoré l’idée de l’exposition. C’est très joyeux et plein d’énergie!
Histoire:
“espadon” : c’est pas un beluga?
dessin neuf->ça me parait difficile de voir comme ça si un dessin vient dêtre fait ou non?
Je me suis noté “Chercher sa porte = s’euthanasier?” En vrai, pourquoi chercher sa porte? N’est-on pas conduit là bas naturellement quand on doit mourir? Tout le monde à une porte? Que se passe t il pour les cendrés qui n’ont pas de capacité à voyager dans ce monde?
“tous les patients se retrouvaient pris dans le labyrinthe” et “on ne peut pas s’empêcher d’y retourner, de se demander si cette fois on va trouver la sortie.”, pour moi c’est en contradiction avec les marins, qui n’ont pas, mais pas du tout apprécié l’expérience. Même cause devrait amener même conséquences, ou alors faudrait être très explicite sur les raisons de cette différence.
Monde: la cendrure fait quelque chose aux yeux mais est ce que ça rend aveugle ou autre chose? Ce n’est pas clair pour moi, ni la vitesse de propagation.
Style: “les deux en sursaut. Le parc “-> transition un peu abrupte.
”Gna, gna, gna, l’imita Antoine en prenant l’air distingué.” Je chipote, mais tu pourrais aller encore plus loin et faire des gnagnagnas qui suivent le rythme de la phrase d’avant.
Rythme: c’est très calme, puis assez enjoué, un chapitre qui respire la joie. Tu peux laisser comme ça, c’est good vibe.
Persos: pas grand chose d’intelligent à dire ici, je trouve que Merle retrouve une certaine joie de vivre, et ça fait du bien !
Thème: ici on a l’acceptation de soi, au point où la maladie devient un sujet de partage et d’échanges. C’est très intéressant de voir un aspect sombre devenir lumineux
Merci, pour le.partage!