32- Ça

Ce choc ne fut pas seul bien longtemps. Il fut bien vite suivi d’un autre, puis d’un autre, jusqu’à s’accorder au rythme de mon coeur par son intensité et sa régularité.

« Dodo, on fait quoi. » Britannicus murmura.

Quand bien même j’aurais trouvé quelque chose à répondre à ça, mes lèvres étaient scellées de terreur. Penser était devenu compliqué, avec se tambour qui me servait de coeur et qui pulvériseur ma terreur dans toutes les parties de mon être. Mes mains étaient froides, ma nuque me piquait. Chaque embryon d’idée était écrasée par ces fracassement contre la porte, répétitif, brutaux. Les gongs crissaient en rythme, la serrure grinçait.

« Dodo j’ai peur. » Il dit, et je ne sus pourquoi, mais ça me rappela à moi même.

Je vis alors que plus qu’être malmenés, les pièces métalliques étaient en train de se désolidariser du bois, et que bientôt, plus rien ne se dresserait entre nous et ce qui s’employait à entrer. Peu importe ce dont il s’agissait, je ne voulais pas le découvrir.

Je me mis à balayer nos environs, espérant y trouver quelque chose, n’importe quoi, une arme, un couteau, mais rien. C’était un stupide monticule de bric et de broc inutiles, avec des cristaux d’ésiop si vides qu’ils en étaient nuls.

Le gong grinça d’un air sec, et une vis vola dans les air.

Il n’y avait plus que ce couloir. Poussiéreux. Sombre. Duveteux. Terriblement habités par des octopèdes catastrophiquement grands. Mais il s’agissait également de notre unique sortie, alors j’agrippais la main de Britannicus et nous nous y engouffrâmes à corps perdu. Nous eûmes à peine le temps de nous glisser dans la derrière pièce qu’un bruit abominable résonna derrière nous, dans mes oreilles, de mes pieds jusqu’à ma tête.

Le plus doucement possible, je m’accroupis, et guidai Britannicus pour qu’il fasse de même derrière moi.

Ça se mit en mouvement. C’était lentement. C’était grand. C’était déterminé. Chaque pas arrachait au parquet un grincement de protestation, s’approchant toujours un peu plus de nous. Je réalisai alors que peut-être, quoique ce fut, cela avait remarqué, malgré la pénombre, nos traces dans la poussière. Quelque chose, à cette idée, jaillit dans ma tête. Une sensation froide envahit le bas de ma nuque, pour cristalliser entièrement mon esprit. Mes mains se mirent à tâtonner nos environs, jusqu’à tomber sur un petit morceau de verre, ou de miroir, peu importe.

L’important c’était d’être concentrée.

Le plus doucement possible, je dissimulai davantage Britannicus derrière moi, et me mis à évaluer chacun de mes muscles, me positionnant pour bondir. Je n’avais aucune chance de battre ça à la régulière, mais si je parvenais à le frapper à la tête ou aux yeux la première, il y avait bon espoir. C’était pas folichon, c’était ainsi.

Une porte grinça.

Ce n’était pas la notre.

J’avais fait le bon choix en ignorant les première portes, et le saccage qui suivit me le confirma. Ce truc dut retourner l’intégralité du contenu de la première pièce, et le vacarme fut abominable. Nous pourrions peut-être profiter du bruit pour nous enfuir- non, ça mit à peine une minute, peut-être deux, et jamais nous n’aurions le temps de véritablement le passer. D’autant que ça semblait rapide, et Britannicus avait des petites jambes.

Il en fit de même pour la seconde pièce, puis la troisième.

Derrière moi, Britannicus s’était mis à pleurer. En silence, me serrant la main gauche jusqu’à en chasser le sang.

« Dès que je te le dis, tu cours sans te retourner.» Je murmurai dans son oreille, et il secoua la tête de gauche à droite « Sinon je vais vraiment me mettre en colère.»

L’idée le terrifia, au point de lui faire écarquiller les yeux et hocher la tête.

La silhouette se trouvait à notre niveau. Le couloir était légèrement plus clair que la pièce, et je pus discerner une silhouette blafarde, géante. Les bras, étrangement rachitiques, tombaient jusqu’aux genoux. Par tous les Saints, qu’est-ce que c’était que cette merde?

Par Cassini-ne savait quelle miracle, ça m’offris un dernier répit et choisit la porte opposée. Une minute, maximum. Il fallait partir, laissait la place à-

Un fracassement de verre me prit au dépourvu et manqua de me faire bondir. Ce qui aurait été très stupide. Mon Esprit Familier heureusement, veillait sur moi et à la place mes muscles se pétrifièrent. Brièvement, mais ils eurent le méritent de ne pas paniquer. Paniquer de n’apporterait rien, hormis nous faire tuer.

J’étais une bonne enclume.

Je ne craignais pas le coup de marteau.

Mais le coup tarda à venir, se retardant, seconde par seconde. Un silence froid s’insinua dans mes tympans. Assez pour que la peur ait l’opportunité de réapparaitre dans mon coeur. Mes mains se mirent à trembler, d’impatience, principalement.

Que ça sorte et qu’on en finisse à la fin.

Les pas reprirent, plus légers et lointains. Une lueur bleuâtre gagnait du terrain dans le couloir, dessinant dans l’embrasure de la porte un fin pinceau de lumière.

« Britannicus, Sidonie. » Une voix familière murmura. Scetus, murmura. Pas de colère, pas d’exaspération. Sa voix était teinté de-

Scetus avait peur.

« Ici, ici! » Je sifflai, sans pour autant sortir de la cachette. J’attendis pour ce fait qu’il apparaisse dans la pièce, poussant prudemment la porte. Ses paumes m’éblouirent un moment- j’étais dans une ruelle, il pleuvait, sur un toit-

« Par tous les Saints, montrez-vous. » Il rugit, le soulagement et la tension palpable dans sa voix.

Ce fut ce mélange qui me piqua à nouveau dans la moelle de chacun de mes os  et qui me fit bondir, entrainant Britannicus avec moi.

« Vous êtes, Cassini merci. » Il s’écria alors, non sans me toucher nerveusement l’épaule, la joue de Britannicus, mais veillant à garder sa paume illuminée. Je remarquais alors la douzaine d’ombres à ses pieds.

« Vite, rentrons au manoir. » Il siffla, la voix à peine audible. Sa poigne se raffermit et il se mit à me tirer à sa suite.

« Vous l’avez eu? »

« Non, justement. » il dit, sa tension visible de sa poigne à sa mâchoire. « C’est un Lemure, Cassini ait pitié. Je n’ai aucune envie d’être dans les parages quand ça reviendra. »

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Cléooo
Posté le 08/11/2024
Et me revoilà, ce chapitre est court !

Par Cassini mais qu'est-ce que ce monstre qui fait même peur à Scetus... Il ne les a pas entendu parler ? Ça semble très menaçant en tout cas...

Remarques :
- "qui pulvériseur ma terreur"-> pulvérisait?
- "la derrière pièce" -> dernière ?
- "Vous êtes, Cassini merci." -> vous êtes... ? Vous êtes.......?????
A Dramallama
Posté le 10/11/2024
Hehehehehe!
J’aime les monstres qui montent tranquillement en puissance sans que personne ne s’en rendent compte ^^
À bientôt!
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