32. Fenore

Par Hinata

La lumière qui brillait au fond de ce couloir avait quelque chose de tout à fait fascinant. Pour un peu, elle aurait presque fait oublier à Fenore les brûlures désagréables de ses bras. Si l’onguent de Goran avait fait effet plus longtemps, nul doute qu’elle serait encore en train de dormir. Ces quelques heures allongées sur la pierre, avec les plumes d’Atkos qui étaient venues lui chatouiller la nuque, ne lui avaient certainement pas suffi.

Ce n’était pas grave, elle pourrait se reposer encore dans la journée, après que Goran lui aurait redonné de son baume incroyable. Elle avait tout de même tergiversé un moment avant de se décider à vaincre sa timidité pour aller le lui demander. Et la voilà qui s’y rendait d’un bon pas, comme une grande, car cette fois-ci, elle ne se laisserait pas materner par Domyrade. Elle aussi pouvait être un buisson d’épine. Enfin, peut-être pas, mais au moins une épine. Oui, cela au moins était dans ses capacités, elle le sentait.

Fenore prit garde à plisser les paupières au moment de franchir le seuil du couloir. Le soleil ne brillait pas tant que ça, mais les dalles claires de la cour où elle mettait les pieds renvoyaient vivement la lumière. Elle se rappelait d’endroits près de son village où les rochers produisaient le même effet éblouissant en ne recevant pourtant que de minces rayons qui perçaient le feuillage. Il devait y avoir aussi des arbres dans cette cour, car Fenore entendait le bruissement familier du vent dans les branches.

Un râle étouffé la fit tout à coup se raidir de la tête aux pieds, tous ses sens aux aguets. Des bruits de lutte. Luttant contre son envie de fuir, Fenore se précipita en avant et découvrit, derrière le puits en pierre, Enza qui plaquait de tout son poids le vieux Goran sur le sol. Le nain se débattait en grimaçant mais n’avait aucune chance contre cet adversaire qui faisait trois fois sa taille. Fenore n’était pas sûre d’être à la hauteur non plus, mais elle aurait toujours plus de chance que ce pauvre vieillard blessé.

Sans perdre un instant, elle fonça tête baissée pour empoigner Enza à la taille. A sa grande surprise, elle ne rencontra absolument aucune résistance. Ils roulèrent ensemble sur le côté, libérant Goran. En quelques coups d’œil, elle avisa le visage défait et anormalement transpirant d’Enza, la main aux veines saillantes qui vint presser une coupure sur son bras, et le sourire malsain qui étirait désormais le visage ridé de Goran.

− Attention… poison…

Le souffle rauque d’Enza agitait les mèches noires qui lui tombaient devant les yeux. Elle aperçut ses paupières se crisper avant de se détendre tout à fait. L’instant d’après, il s’avachit un peu plus sur le sol et ne bougea plus. Fenore tendit le bras pour aller chercher son pouls mais sa main s’immobilisa en l’air. Impossible d’aller au bout de son geste. Elle ne voulait pas.

− Il n’est pas mort. Pas encore.  

Goran s’était hissé sur ses pieds en s’aidant aux pierres du puits. Il surplombait Fenore, encore par terre, et ses yeux enfoncés dans leurs orbites fixaient les siens avec une intensité effrayante.

− Je dois te remercier. Si tu n’étais pas arrivée, il aurait sûrement réussi à m’étrangler avant que le poison ne fasse effet. Sa constitution y a résisté plus longtemps que je ne l’aurais cru.  

Fenore ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Enza avait attaqué le nain, mais il gisait par terre désormais, et il avait utilisé ses dernières paroles pour l’avertir avant de s’écrouler. Fenore ne savait plus qui était la victime, qui était l’agresseur… Une chose était certaine : en cet instant, Goran lui faisait terriblement peur.

− Je n’aime pas ton regard, ma petite. Ne me dis pas que j’ai perdu ta confiance ? Rappelle-toi quand j’ai eu la bonté hier de soigner tes brûlures. Et je vous ai laissés dormir tranquille, bien au chaud sur mon tapis. Tu me croiras si je te dis que ce garçon comptait tous vous tuer pour vous dépouiller ? Tu raconteras à tes amis comment il a essayé de m’asphyxier ?

Fenore se croyait revenue au village. Elle voyait le visage de tous ces enfants qui la surplombaient et lui dictaient ce qu’elle devrait raconter à sa famille pour expliquer les bleus sur ses jambes. Ses frères et sœurs la traitaient de maladroite. Ce n’était pas croyable de trébucher sur autant de racines dans la même semaine…

Goran poussa un soupir et se pencha pour ramasser un couteau par terre.

− Tu aurais dû apprendre à cacher un peu mieux tes émotions, ma pauvrette.

Tétanisée, Fenore regarda son horrible main, qui n’avait plus que la peau sur les os, attraper le manche du couteau.

− Je ne veux pas prendre de risque. Tes amis seront bien obligés de me croire si je suis le seul témoin, n’est-ce pas ?

Fenore aurait voulu s’enfuir, mais à la place elle se ratatina un peu plus. Cette lame empoisonnée avait eu raison d’Enza, et Goran pouvait la jeter sur elle à tout moment. Au moindre mouvement, elle finirait raide morte sur le dallage, c’était certain, et cette pensée la tétanisait.

− Je leur raconterai comment le garçon et toi avez décidé de partir ensemble. Ils voudront sans doute te courir après. M’est-avis que personne ne pensera à regarder au fond du puits… Oh non, pas eux !

Son cœur palpita. Goran l’avait enfin lâchée des yeux pour fixer sur un point derrière elle. Ils arrivaient, ils venaient la sauver ! Elle tourna la tête et comprit soudain dans un éclair de terreur : il n’y avait personne derrière elle. Goran l’avait piégée. Son esprit tournait au ralenti, mais son corps, lui, réagit. Le monde tourna sur lui-même le temps d’une roulade et elle entendit distinctement le couteau ricocher sur la pierre à l’endroit qu’elle venait de quitter. Dans son élan, elle se redressa enfin sur ses jambes et bondit vers Goran. Elle lui empoigna le col à deux mains et le souleva sans ménagement dans les airs. Le souffle court, Fenore se sentit revenir à elle-même. C’était vraiment elle qui venait de faire tout ça ?

− Arrête…

Goran s’agrippait à ses bras pour ne pas tomber dans le puits. Ses yeux avaient perdu un instant de leur assurance, mais il reprenait déjà confiance en lui. Un sourire se dessina même sur ses lèvres décharnées.

− Ne fais pas ça. Crois-moi, petite, tu ne veux pas la mort d’un homme sur la conscience.

Fenore ne bougea pas d’un pouce. S’il essayait de l’amadouer, cela voulait dire qu’il était bel et bien en mauvaise posture. Il ne devait plus avoir d’atout dans sa manche. De toute manière, tant qu’il restait suspendu au-dessus du vide, il ne pouvait pas risquer d’attaque contre elle.  

− J’ai compris la leçon. Tu es vraiment une elfe digne de ce nom. Je promets de bien me tenir.

Ses paroles épuisaient autant Fenore que de garder ce poids à bout de bras. Il avait beau ne pas peser bien lourd, cela ne pourrait pas durer. Goran dut le sentir car il s’accrocha un peu plus à ses manches. Les brûlures de Fenore la firent grimacer.

− Oh ! Si tu me repose, je pourrai sauver le garçon ! Sans moi, il mourra ! Tu ne veux pas une deuxième mort sur la conscience, n’est-ce pas ?

Il mentait pour sauver sa peau, c’était évident. Tandis qu’il parlait, ses pieds tentaient de trouver un appui sur le bord du puits. Elle le secoua rageusement. Pourquoi se retrouvait-elle dans ce genre de situations ! Goran poussa un glapissement de terreur. Fenore ne savait plus quoi faire.

− Fenore !

Beherzt. C’était sa voix. Il arrivait vraiment cette fois ! Nesli aussi se mit à l’appeler. Ils venaient pour elle, ils allaient l’aider. Des larmes de soulagement perlèrent au coin de ses paupières. Elle faillit ne pas voir le minuscule éclat argenté qui apparut entre les doigts osseux de Goran. Sans lui laisser le temps d’agir, Fenore agit sans réfléchir. Elle lâcha brusquement le vêtement de Goran. Une main décharnée resta crispée sur sa manche. Son bassin heurta le muret en pierre en l’empêchant de basculer en avant. Le tissu se déchira. La tête de Goran percuta la paroi du puits. Son corps désarticulé disparut dans les profondeurs. Fenore fixa malgré elle la trace de sang sur la pierre. Il fallut que Beherzt la tire doucement en arrière pour qu’elle en détache son regard.

 

***

 

Enza gardait ses mains fermement agrippées aux pans de la couverture, comme si la lâcher revenait à sombrer de nouveau dans le coma terrifiant dont il avait enfin émergé. A le regarder, on avait malgré tout l’impression qu’une part de lui n’en était pas tout à fait sortie.  Difficile de savoir si sa torpeur était due au poison qui l’avait assommé ou au choc émotionnel des récents évènements. Quoi qu’il en soit, Beherzt n’avait pas l’intention d’attendre plus longtemps. Assis en face d’Enza, il avait l’air d’un héron guettant le poisson. Alors qu’elle l’observait, son ami lança avec la vivacité d’un coup de bec :

− J’ai une foule de questions à te poser, Enza des fossés. Mais je crois que ce serait aussi simple si, pour commencer, tu te chargeais de nous expliquer la situation.

L’humain hocha de la tête avec un aplomb qui secoua ses mèches noires. Fenore aurait aimé recouvrer elle aussi ses forces. Elle n’avait pas été touché par l’aiguille que Goran avait sortie quand les autres étaient arrivés. Pourtant, elle se sentait sur le point de s’écrouler. Ses amis lui avaient conseillé de se reposer après qu’elle leur avait raconté de son mieux tout ce qu’il s’était passé. Mais impossible de fermer l’œil sans penser aux deux meurtres qu’elle avait commis. Entre l’homme brûlé vif par son Don au milieu des tentes, et celui lâché au fond d’un puits noir, elle ne savait pas quelle mort lui donnait le plus de vertiges.  

− Je ne sais pas par où commencer, avoua Enza.

Sa voix de ténor ramena Fenore à l’instant présent. Elle enroula ses mains autour de ses genoux et riva son regard sur l’humain, bien décidée à faire abstraction de ses hantises.

− Et pourquoi pas en nous disant la raison pour laquelle ton « ami » Goran a essayé de te tuer ?

Atkos avait énoncé la chose aussi calmement que possible. Lui aussi en avait assez de tous ces mystères. À côté de lui, Nesli et Domyrade approuvèrent du menton sa question.

− Il m’avait vu parler avec vous deux, répondit Enza en regardant tour à tour Beherzt et Nesli. Je vous avais dit qu’il m’avait interdit de le faire… Il a décidé que je n’étais pas digne de confiance, et il a voulu me réduire au silence, tout simplement.

− Mais pourquoi ? s’agaça Beherzt. Qu’est-ce qu’il voulait tellement garder secret ?

− Seulement deux choses. Deux énormes secrets qu’aucun étranger au monde ne connaît. Le plan de conquête et l’existence d’Uh’ak. Nos origines et les raisons de notre présence ici.

 

***

 

Il ne restait plus que Beherzt, Enza et elle assis sur le tapis, mais elle aurait pu aussi bien être partie avec les autres que cela n’aurait rien changé à la situation. Fenore avait depuis longtemps abandonné toute forme de réactions au reste de ses amis, et elle ne comptait pas réveiller son opinion personnelle avant un bon moment. Jouer le spectateur fantôme lui allait très bien.

Elle n’avait pas bougé d’un pouce quand Atkos s’était mis à hausser dangereusement le ton. Ni quand il avait voulu frapper Enza et que les trois autres s’étaient précipité pour l’en empêcher. Elle avait frémi en le voyant pleurer, et en l’entendant traiter Enza de meurtrier d’une voix brisée. Puis il leur avait tourné son dos de plumes hérissées, Nesli s’était levée pour le suivre, et Domyrade l’avait imitée. Fenore leur avait laissé ce rôle, tout comme elle avait laissé à Atkos celui de s’emporter. Il y avait de quoi s’emporter, dans ce que leur disait Enza, mais elle avait déjà renoncé à réagir à ce moment-là.

− Je suis désolée Enza, mais je n’arrive pas à y croire. Une ville entière construite de rien dans le désert ?

Ah oui, le rôle de réfléchir, se donner la peine de douter, de chercher du sens à tout ça. Ce n’était pas tellement la première fois que cette tâche échoyait à Beherzt, mais jamais auparavant ils n’avaient eu autant besoin de lui pour mettre les choses au clair à leur place. Fenore s’employa à rester malgré tout une spectatrice attentive.

− Pourtant vous n’avez pas douté longtemps quand je vous ai avoué faire partie des humains qui attaquent tous les clans.

Beherzt eut un coup d’œil fugace en direction de la porte où les trois autres avaient disparu.

− C’est différent. Tu parles de quelque chose dont nous avons été directement témoins. Et victimes aussi, indirectement.

Il hasarda cette fois un regard vers elle. C’est vrai que les marchands aussi avaient péri dans cette attaque. Elle avait presque oublié leur existence. Quelle horrible personne fallait-il être pour oublier ça ?

− Je n’ai aucune preuve concrète de l’existence d’Uh’ak. Et je comprends très bien ce que vous ressentez. Je ne croyais pas tout à fait à votre monde non plus avant d’y mettre les pieds. Et maintenant encore, j’ai du mal à imaginer à quoi une forêt peut bien ressembler…

Dans d’autres circonstances, Fenore aurait pu lui parler de sa forêt natale. Cette simple évocation lui donna brusquement le mal du pays. Elle raffermit sa prise autour de ses jambes et chassa de son esprit les images de feuillages et d’oiseaux colorés.

− Admettons que je décide de te croire sur parole, reprit Beherzt. Nous sommes dès lors en possession d’une information capitale. Nous savons qu’Helmer n’a rien à voir avec ces horreurs, et nous savons où se cachent les vrais responsables.

Son ami prit une pause, comme s’il avait besoin de digérer un instant ce qu’il venait de dire.

− Nous devons absolument aller à la Citadelle pour avertir la Mère. Elle pourra informer le reste des Dirigeants de la situation et lancer au plus vite une offensive pour parer à cette menace.

Fenore hocha la tête. Elle n’était pas encore sûre de tout saisir, mais ce que Beherzt proposait semblait vraiment la seule chose à faire.

Toujours enveloppé dans sa couverture, Enza secoua la tête. Il avait l’air d’un grand vautour triste.  

− Vous n’aurez pas le temps. La prochaine vague arrivera bien avant que vos chefs ne puissent lever une armée.

− Mais au moins ils seraient prêts à se défendre quand elle arrivera !

− Ils se feront piétiner, voilà tout.

− Mais si on ne fait rien, ce sera pire ! On ne peut pas rester sans rien faire. Il doit bien y avoir un moyen d’aider nos royaumes.

− Notre roi est très fort. Il a tout misé dans cette conquête, et je sais qu’elle se terminera sur un succès. Je refuse d’y participer, mais je le sais.

− Et moi je sais qu’on ne peut pas abandonner comme ça. Il doit y avoir un moyen d’empêcher cette guerre de faire plus de dégâts.  

Fenore se remémora les paroles d’Enza un peu plus tôt, lorsqu’il leur avait parlé de l’attaque auquel Goran aurait dû participer s’il ne s’était pas blessé à la jambe sur le trajet. Pendant que les humains attaquaient la Plaine, les nains, eux, se chargeaient de Lignum. Heureusement, seules les villes de la frontière étaient visées, la famille de Fenore ne craignait rien. Mais si ces attaques mystérieuses se transformaient en guerre, alors le roi et les Généraux lanceraient la mobilisation. Cela voulait dire que tout à coup, ses parents, sa grande sœur et ses frères aînés, pourraient se retrouver au cœur de la mêlée. Les souvenirs lumineux de sa famille au centre d’Entrainement se teintèrent de sang et Fenore eut de plus en plus de peine à respirer normalement.

− Là, Fenore, regarde-moi. Voilà… Prends une grande inspiration avec moi. Très bien.

Elle sentit son souffle saccadé passer sur ses lèvres. Des éclats verts parsemaient les yeux noisette de Beherzt. Elle n’avait jamais remarqué auparavant.

− Voilà. Reste calme, d’accord ? Je suis avec toi, tout va bien.

− Ma famille…

− Ils vont bien aussi. Et tu les reverras un jour, je te le promets. On va aller en Edelstein et trouver une solution.

Sans retirer la main réconfortante qu’il avait posée sur son genou, Beherzt se tourna de nouveau vers Enza.

− Tu as dit que l’Edelstein ne subirait aucune attaque, c’est bien ça ?

− Je ne suis pas vraiment certain du plan, en fait. Nous n’étions mis au courant que de la partie qui nous concernait. Les informations ont quand même circulé entre tout le monde, bien sûr. Mais ce ne sont que des rumeurs.

Son ami grommela dans sa moustache une poignée de mots incompréhensibles.

− Et si…

Enza s’arrêta au milieu de sa phrase. Il fallut que Beherzt insiste pour qu’il accepte d’aller au bout de son idée :

− Et s’il y avait une toute autre solution ? Pour empêcher la prochaine vague d’avoir lieu, et donc faire échouer tout le plan de conquête.

− Tu pourrais retourner chez toi et assassiner ton roi.

Fenore vit à son expression que son ami n’était pas sérieux, mais sa réplique eut pour effet de faire perdre des couleurs à Enza.

− Non, non, je parle de quelque chose de réalisable. Ce serait dangereux, bien sûr… Et il faudrait bel et bien retourner à Uh’ak, c’est un long voyage…

− Dis ton idée, s’impatienta Beherzt.

− Mon idée, c’est de priver les armées de la seconde vague de leur moyen de transport. Il suffit de faire évader les bêtes dans la nature et le plan tombe à l’eau. Tous ceux qui sont déjà en train d’attaquer ne recevront pas les renforts à temps, et ils seront donc vaincus.

− Et tu n’as aucun problème avec ça ? Ce sont tes congénères après tout.

− Ce sont des meurtriers. Et puis s’ils voulaient vivre, ils n’avaient qu’à déserter comme moi.

Beherzt fit une moue plus ou moins convaincue qui incita Enza à ajouter : 

− Si on applique mon plan, alors peut-être que le roi décidera même d’annuler la seconde vague. Cela sauvera beaucoup de vies. Tous ces gens pourront continuer à vivre à Uh’ak comme avant, et moi aussi.

Cette fois-ci, Beherzt hocha la tête. Sa main lâcha le genou de Fenore pour venir effleurer distraitement ses moustaches.

− Voyager jusqu’au désert pour faire sortir des chevaux d’une écurie, résuma-t-il. C’est à la fois absurde et brillant. C’est vrai qu’il n’y a pas besoin d’une armée pour ça. Je crois que ça pourrait marcher.

− Je le crois aussi. Mais seul je n’y arriverai pas. J’ai besoin qu’au moins deux d’entre vous m’accompagnent.

Beherzt se contenta d’acquiescer pensivement.

− Oh et je crois qu’il y a un détail que tu n’as pas très bien compris.

− Ah oui, lequel ?

− Je n’ai jamais parlé de chevaux. D’ailleurs il n’y en a pas à Uh’ak. Les bêtes que le roi a réussi à capturer pour son armée sont bien plus grosses, bien plus rapides et bien plus dangereuses.

− Et alors qu’est-ce que c’est ?

− Des mammouths. Et il va falloir percer le mur géant de leur enclos si nous voulons les faire sortir.

Cette fois, Fenore ne pouvait pas rester sans réagir. Elle détacha ses mains l’une de l’autre et se pinça violemment l’avant-bras. Le geste sur sa peau déjà abîmée par les brûlures lui fit monter les larmes aux yeux. Au moins elle avait la confirmation que cette discussion n’était pas un rêve.

Sa petite scène eut aussi le mérite d’arracher à Beherzt un sourire amusé, le premier depuis un petit moment. Son ton oscilla entre sérieux et légèreté lorsqu’il déclara :

− Si tu dis la vérité, Enza des fossés, je crois que cinq personnes pour t’accompagner ne seraient pas de trop. Reste à convaincre les autres.

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Alice_Lath
Posté le 28/08/2020
Enza, si gentil, trop bon trop con j'ai envie de dire haha, purée, il est vraiment pas fiable comme soutien pour son peuple. Je saaais, il est gentil, je saaais il est pacifique, mais bon, voilà quoi, hein, il aurait dû rester là-bas ou s'investir dans la logistique plutôt que de partir en première ligne huhu
Et ouiiii, faire peur aux mammouths héhé, ou encore mieux. En cas de guerre, tu t'en fous d'évader les animaux, tu fais beaucoup plus simple : tu les empoisonnes pour les tuer. Problème résolu, et au moins ils peuvent être certains que les mammouths ne risques pas d'être recapturés derrière
Hinata
Posté le 15/09/2020
Ah non mais on est bien d'accord, Enza est loin d'être un héros pour le moment =.= Il ne voit pas vraiment beaucoup plus loin que le bout de son nez, ce grand garçon...
Ah j'avoue que l'idée du poison est pas bête du tout ! Sauf qu'on parle quand même de bestioles gigantesques là, donc à tuer au poignard, pas évident haha, et pareil pour les poisons, c'est difficile de savoir à quel point leur organisme peut résister (et puis encore faut-il avoir un spécialiste en poisons sous la main, et non pas au fond d'un puits, hum hum....)

Merci merci pour ta lecture et tes commentaires si vivants et si précieux <3
J'espère poster la suite très bientôt (je me suis enfin remise aux corrections cette semaine!) , en attendant : la bise !
Notsil
Posté le 25/08/2020
Eh bien, quelle discussion !

Et Goran, quel manipulateur... j'aurais cru que Behertz révèlerait son pouvoir en sauvant Enza du poison, tiens. Goran... est-il vraiment mort ? Ou aurait-il réussi à s'accrocher à la paroi du puits, contre toute attente ? (ouais je me méfie des teigneux comme lui ^^).

Enza... un vrai déserteur, ou les attirera-t-il dans un piège ? Je doute encore un peu de lui :p

J'imagine qu'ils vont devoir choisir entre avertir la Mère et partir libérer les mammouths ? En tout cas, va falloir convaincre Atkos ^^

Sinon en coquille " lorsqu’il leur avait parlé de l’attaque auquel Goran aurait dû participer" -> l'attaque à laquelle ?

Et tu parles de Enza des fossés plusieurs fois, sauf qu'au chapitre précédent tu parles une fois de Enza des taillis. C'est voulu ou c'est une erreur ? ^^

Hâte de les suivre dans leur voyage ^^
Hinata
Posté le 25/08/2020
Re !

Ah oui hein, on l'attendait un peu cette sacré discussion, après tous ces non-dits !
Haha, j'aime vraiment bien les interrogations que tu continue de te poser. J'espère que la suite ne te décevra pas !

Merci pour la petite coquille !
Ah, et oui, ce doit être une erreur puisque les formulations correctes sont respectivement Enza des fossés et Goran des taillis, j'ai du m'emmêler les pinceaux à un moment donné ^^" Merci de l'avoir relevé !

A la prochaine :)
Xendor
Posté le 20/08/2020
Les choses s'éclaircissent un peu, enfin ! Bigre, ils ont donc bien un lien avec Murn, Goran et Enza. Je trouve que malgré les révélations, le chapitre est plutôt "calme", au sens où vu qu'on ets du point de vue de Fenore et qu'elle est traumatisée, c'est comme si on entendait les informations au travers d'un brouillard. En cela c'est très réussi.

Désormais, il ne restera plus à savoir quels vont être les choix de chacun des Révélés. Personnellement, je m'attends presque à ce que Atkos parte en croisade ... Quoi qu'il est décidé par le groupe, il faudra y aller à fond !
Hinata
Posté le 23/08/2020
Ouiiii, ENFIN, haha !
Oui, heureusement qu'on est pas dans la tête d'Atkos ou Beherzt pour ce chapitre, ou alors la narration de ces révélations n'aurait pas été aussi posée XD Contente que l'effet "brouillard" que j'ai choisi fonctionne bien ! ^^

Oui ne t'en fais pas, ils ne vont pas rester mille ans à hésiter !

Merci pour ton commentaire ^^ A très bientôt j'espère !

_HP_
Posté le 17/08/2020
Hello !

Donc Goran avait bien un lien avec Murn... Et Enza aussi, indirectement, mais involontairement je pense... 🤔
J'adore ces moments où les différents points de vue se croisent, s'emmêlent, se lient ! Et en voilà un nouveau ! 😝
Je ne vais pas te mentir, je suis plutôt contente que Goran soit mort. Je ne le sentais pas trop, et là encore moins 😆 Et puis ça aura permis qu'Enza parle et révèle tout ça ^^
Sincèrement, le plan de Murn a l'air plutôt bien conçu... Et c'est pas très rassurant 😕😬
Enfin bref, moins de réflexions que le chapitre précédent 😆 Je suis suuuuuuuuper curieuse (et impatiente, on ne va pas se mentir) de connaitre la suite, ça devient de plus en plus prenant ! <3
Hinata
Posté le 17/08/2020
Yooo ^^

Eh oui, Goran et Enza avaient tous les deux un lien avec Murn puisque ce sont deux soldats de son armée de bannis, mais c'est vrai que la différence avec Enza, c'est qu'il ne cautionne pas la conquête, alors que s'il n'avait pas été laissé à l'arrière à cause de sa blessure, Goran se serait fait un plaisir d'envahir les cités elfique au service de son roi Murn :/
(haha du coup en le disant j'ai un doute : est ce que tout ça est clair dans le chapitre ? J'ai essayé de faire des révélations assez concises mais du coup peut-être que ça va un peu trop vite > <")

Ah oui, c'est un soulagement de le voir disparaître celui là hein XD Même moi je me suis sentie tout de suite mieux après haha

Oui, on constate direct que Enza est beaucoup plus libéré sans ce " confrère" avec lui :)

Eh oui, moins de réflexions parce que enfin moins de mystères haha ^^ Tant mieux hein ;)

J'ai trop hâte de partager la suite, merci pour ta présence tellement bénéfique <3
_HP_
Posté le 17/08/2020
J'ai trouvé ça très clair, ne t'en fais pas ;)
Hinata
Posté le 17/08/2020
Ouf, trop cool ! Merci ^^
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