37. Pour mon bien

Par MarieZM
Notes de l’auteur : (pas de TW particulier)

Paris, automne 2013. – Point de vue d'Émilie.

 

Je recommence cette année, il faut bien que j'aille jusqu'au bout pour valider mon foutu diplôme. Prune aussi reprend le chemin de la fac, elle doit valider une licence en arts. On devrait être heureuses d'aller vers la connaissance en chantant, mais quelque chose a été détruit. Cette chose, c'est la croyance que tout cela est vrai. Tout cela semble faux. Comme si tout fonctionnait à l'envers depuis le départ.

On dirait qu'il suffit de « faire semblant » pour que ça fonctionne. Comme si tout le monde jouait au même jeu, dont les règles sont implicites, sauf pour nous. Puisqu'en faisant tout correctement il se produit n'importe quoi... Est-ce qu'il suffit de faire n'importe quoi pour que les choses se passent correctement ? Et notre seule question, c'est de savoir si à l'envers de l'envers on retrouvera l'endroit ou si le monde ne ressemblera qu'à un vieux chiffon encore plus tordu.

On s'est fait un serment, naïf au demeurant, mais notre naïveté c'est notre force dans ce monde aux cases de travers. On s'est promis que quoi qu'il arrive, on agirait pour notre bien, sans nuire à autrui, mais en se considérant comme une personne à part entière. Dont le bien mérite d'être respecté. C'est un principe tout bête, et pourtant qui donne le sentiment d'avoir donné un grand coup dans la fourmilière. Je ne sèche plus les cours, je vais seulement à ceux qui rencontrent mon bien inaliénable. Je n'écoute plus de profs discourir sur notre médiocrité estudiantine, ou dont l'attitude rabaissante me porte préjudice. J'ai le droit de souffrir quand on me fait mal. L'eau mouille mes joues, et la pluie qui goutte sur mes épaules efface mes rêves, rature dans ma vie. Comme une aquarelle trop mouillée dont le papier gondole. 

Je fuis les amphis qui accroissent mon anxiété, je cours ceux qui portent ma passion des sciences et de leur enseignement. Peut-être parce que j'ai failli mourir, je me rends compte alors que la vie est trop précieuse pour subir une humiliation quotidienne. C'est une sorte de fuite dans le pays imaginaire, mais ma survie psychique et morale vaut bien quelques entorses aux contraintes du monde réel.

On a chacune remis une pièce dans la machine universitaire, mais paradoxalement, on ne s'attend plus, ni l'une ni l'autre, à toucher le moindre jackpot.

Projet de couverture du livre :  AS de Bâtons, du tarot Rider-Waite. Il symbolise un nouveau départ, une étincelle d’énergie et de passion. Pour mon bien incarne la capacité à faire le choix des choses qui nous apportent du bien et à rejeter celles qui nous font du mal (quand c'est possible, y'a rien de culpabilisant là-dedans c'est pas de la positivité à tout prix, c'est vraiment un processus lent et complexe).

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