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Hello Maël,

Ne t’en fais pas, ça n’était pas si horrible que ça, c’est même très gentil. Merci à toi pour toutes ces belles choses, ça me touche.

Et non, mon état n’est pas si grave, du moins pas encore. Simplement, mes parents travaillent, beaucoup, voyagent, constamment, et n’ont pas, ou plutôt ne prennent pas le temps de s’occuper de moi. Ils se contentent de payer. Je pense que ça les soulage du poids que je dois représenter pour eux, même si c’est triste à dire. Et je ne sais pas si je préfère leur absence ou une présence distraite et piteuse.

Pour ce qui est de mes activités quotidiennes, outre les soins qui prennent une certaine partie de ma journée, je lis, je regarde des films (sous-titrés évidemment), j’écris des poèmes, parfois ; je me balade sur les réseaux sociaux. J’essaie de parler à des gens qui fuient dès l’annonce ou de ma surdité, ou de mon cancer. Et toi, qu’est-ce que tu aimes faire ?

La calligraphie… Oui, maintenant que tu le dis, je le vois dans la courbe de tes lettres. C’est très joli, en tout cas, Maël.

Et oui, je suis désolé pour ces pauvres spaghettis. Ne m’en veux pas, je t’en prie ; c’est plus facile à manger comme ça. Et puis c’est surtout que j’y suis habitué ; on me les coupe chaque fois qu’on m’en sert ; en fait, je ne sais pas si c’est moi qui les aime en morceaux ou si c’est simplement qu’on m’y a conditionné.

Pour ce qui est de la solitude, oui, c’est vrai que c’est parfois pesant. Oh, je ne suis jamais longtemps seul, entouré d’infirmières bourdonnantes, de médecins à lunettes et parfois, parfois même d’un passage en coup de vent de mes parents. Enfin, seulement un des deux. Ils ne viennent jamais ensemble ; peut-être sont-ils divorcés, je n’en ai même pas la moindre idée.

J’avais quelques amis, au début. Mais entre les cours, le bac, les amours… Bref, ils ont juste arrêté de venir. Sans même un message, rien. De toute façon, eux aussi ils me regardaient misérablement, comme si j’étais à plaindre.

Je passe aussi du temps avec plusieurs enfants ou adolescents de l’hôpital, dans le même cas que moi ou alors qui y viennent très souvent ; mais ce ne sont pas de vraies amitiés, plus des liens tissés par la maladie.

Je crois comprendre, dans tes mots, pourquoi les autres te rejettent. Mais je ne trouve pas ça étrange, moi ; j’aime bien ce côté rêveur et unique qui te fait toi. C’est différent de ce que j’ai pu rencontrer déjà, et ça me plait. La calligraphie, ces phrases si bien tournées (mieux que les miennes, désolé) ; ça a un côté “vieux”, mais plus dans le sens vintage que ringard. Enfin, c’était un compliment, je m’excuse si tu trouves ça méchant.

Bon, je suis en train d’écrire un vrai roman, pardonne-moi (pour la troisième fois en trois lignes…).

A très vite, j’espère.

Eliott.

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Coucou !

Ça ne me dérange pas de longues lettres, cela donne l’occasion d’écrire de longues réponses !

Oh, tu écris des poèmes ? Je serais très curieux d’en lire un, mais je ne t’y oblige pas : je comprendrais que tu refuses, ce n’est pas évident de montrer des textes comme ça à un inconnu.

Ok, je révise mon jugement : ce n’est qu’un demi-sacrilège, de sacrifier les spaghettis, si jamais tu n’y es pour rien.

Ça ne doit pas être évident cette relation avec tes parents, non ? Je suis très proche des miens, et je trouve ça un peu triste qu’ils t’abandonnent ainsi, sous prétexte que tu ne serais pas “normal” (je ne dis pas que tu es anormal hein, qu’il n’y ait pas de confusion).

Ces “amis”, que tu avais ou que tu rencontres sur internet ne sont que des idiots. Tu n’es pas étrange, tu es même très sympa ! Et je suis désolé que ça se reproduise encore et encore, ça doit te plomber le moral.

En dehors de la calligraphie (merci pour ce gentil mot), donc, j’aime beaucoup écouter de la musique, notamment (ne te moque pas, je t’en supplie) Lady Gaga : j’aime beaucoup le timbre et surtout la puissance de sa voix. Et toi, quel est ton chanteur ou ta chanteuse préférée ?

Il m’arrive de dessiner, aussi, même si ça ne ressemble jamais à rien et que je m’empresse de jeter ces horreurs. C’est surtout pour poser mes émotions sur le papier, les sortir de mon esprit ; je fais souvent ça le soir, parfois même dans le noir, pour réussir à dormir calmement.

Sinon, j’aime aussi beaucoup regarder des films ou lire ; en été, je m’installe sous un arbre de mon jardin, un livre sur les genoux. Je peux y rester des heures, voire une journée complète. J’aime beaucoup ces doux moments, et je dévore des dizaines de livres en peu de temps.

Non, je ne le prends pas mal, au contraire, tu es très bienveillant envers moi, ça change et ça me fait plaisir.

Et tes phrases sont très belles ! Ce sont plutôt les miennes qui sont trop bien tournées, excuse-moi.

Bon, j’arrive au bout de mon inspiration pour cette lettre-ci… A bientôt !

Maël.