Anthony
Soulagé d’avoir réussi à dévier la conversation, qui, connaissant les deux concernés aurait duré de longues et difficiles minutes s’il n’était pas intervenu, Anthony relâche un souffle. Il termine consciencieusement de remplir son propre sac. Comme les autres avant lui, il sort son téléphone et après avoir vérifié ses notifications - seulement des commentaires sur sa dernière publication- il l'éteint et le dépose à son tour sur la table. Ce faisant, il remarque seulement deux autres portables et suppose que Lolah a encore le sien sur elle. Le vidéaste espère silencieusement qu’elle a quand même pensé à l’éteindre. Bien avant leur départ il lui a bien expliqué l’importance de n’avoir aucune ondes parasite présente, au risque de dérégler les différents outils électroniques qu’il leur a confiés et il adore sa meilleure amie, aucuns doutes à avoir là-dessus, mais elle peut souvent se montrer inattentive aux pires moments.
D’ailleurs en pensant à cette dernière, il se risque à lancer un regard vers Daniel. Son ami l’attend silencieusement devant la porte qui donne sur le couloir par lequel ils sont arrivés. Le jeune homme semble à nouveau perdu dans ses pensées. Il hésite quelques secondes et, face au silence tente quand même une approche.
«Tu sais Aurélie ne risque absolument rien. De un on est seul ici, si quelqu’un avait été présent avec nous il se serait manifesté depuis un moment avec tout le boucan qu’on a fait tout à l’heure, et de deux elle n’est pas seule »
Daniel laisse échapper un petit rire forcé. « Oui je sais. C’est juste … Laisse tomber.T’es prêt à partir ? »
Il comprend qu’il ne faut pas pousser plus et refermant son sac à dos, ouvert une dernière fois afin d’être certain de ne rien avoir oublié, Anthony l’ajuste une bonne fois pour toutes sur ses épaules. Il prend sa caméra, attrape au passage celle que Daniel a emmenée avec lui et d’un pas rapide, sans lâcher son ami du regard, il le rejoint, l’appareil tendu dans sa direction. Daniel l’attrape et le remercie.
« Tiens, film tout ce que tu peux, et si tu peux aussi faire des plans généraux des pièces ou objets un peu particuliers ça fera de belles images d’illustration »
Il pousse un peu plus la porte vitrée, laissant apparaitre devant eux le grand couloir, qui désormais plongé dans le noir, lui parrait beaucoup plus menaçant que lors de leur premier passage. Inspirant profondément, il s'engage en premier, pas à pas, afin de laisser assez de temps à ses yeux pour s’habituer à l’obscurité.
« Quoi je suis ton assistant maintenant ? » blague Daniel alors qu’il le rejoint après avoir précautionneusement fermé la porte derrière eux. Bien vu de sa part pense Anthony, rien ne sert d’exposer toutes leurs affaires à qui que ce soit si, par malheur, d’autres ont décidé eux aussi que ce soir-là est le bon moment pour explorer le coin.
« C’est toi qui le dis ! Pas moi !! » lâche-t-il un sourire en coin Il bouscule amicalement le jeune homme à ses côtés, et parvient à peine à le faire bouger au vu de sa carrure « Non en vrai merci d’être venu ! Quant au début, Aurélie m’a annoncé qu’elle n’allait pas venir, j’ai cru que t’allais toi aussi quitter le navire et qu’on se serait retrouvé que Lolah et moi. »
Il est vrai qu’il a craint un instant que tout tombe à l’eau, pas qu’il soit dérangé d’être en tête à tête avec sa meilleure amie, non. Mais le but de cette escapade étant aussi de passer une dernière soirée tous ensemble avant que chacun ne soit trop occupé, cela aurait perdu une grande partie de son intérêt.
En avançant, il peut, au fur et à mesure, commencer à mieux entrevoir les motifs des murs devant lui. De vagues ornements floraux tapissent discrètement un papier peint dont il a du mal à discerner la couleur. Beige peut être ? Ou rose pâle ? Difficile de voir avec le peu de luminosité présente et il n’y a absolument pas fait attention quelques heures plus tôt. Certains morceaux tombent en lambeau ci et là et, à divers endroits, de grosses taches d’humidité brunâtre donnent l’impression de creuser le mur. La deuxième chose qui attire son œil est un buffet massif poussé contre la cloison à sa droite. En plissant légèrement les yeux, il peut même distinguer une zone ovale au-dessus du meuble où le papier peint est bien moins délavé, plus propre. Sans doute qu’un miroir se trouvait à cet emplacement quelques années auparavant. Pendant une seconde, Anthony se demande si les derniers propriétaires sont partis avec ou si un bien des années plus tard quelqu’un l’a trouvé à son goût et à décider au passage de le ramener chez lui. Ce qu’il n’oserait jamais faire en y pensant bien. Premièrement, cela serait du vol, il n’est, soit pas la personne la plus droite dans ses chaussures qu’il soit, mais curieusement le simple fait de l’imaginer fait naître en lui un étrange sentiment d’effroi, et le force à repousser immédiatement cette possibilité. Deuxièmement, loin d’être né de la dernière pluie, Anthony n’est pas peu fier d’avouer qu’il a regardé tous les films d’horreur possible et imaginable et il sait comment finit ce genre d’histoire. Mal.
En effet, avant que Lolah ne déménage cela faisait même partie de sa routine hebdomadaire. A cette époque ils se rejoignaient tous les jeudis chez lui, elle fournissait la boisson et lui la nourriture. Une fois le film sélectionné, ils s’installaient tout deux sur le canapé , bières à la mains, entourés de plaids et surveillait intensément l’autre, prés à charrier au moindre soubresaut de peur. Parfois, lorsqu’il avait déjà vu le film, et savait qu’il n’était pas vraiment effrayant, il laissait même son petit frère les rejoindre, à la plus grande joie de ce dernier, content de faire quelque chose avec « les grands ».
« Honnêtement je sais pas ce qui l’a fait changer d’avis, mais je… » Il s’arrête lorsqu’il remarque que Daniel ne l’a pas suivi vers le fond du couloir, il se tourne donc vers son ami. « Quoi ne me dit pas que tu as peur ? » se moque-t-il, même si il sait très bien bien qu’il projette ses propres peurs sur son ami.
« Quoi ? Non ! » se défend rapidement le jeune homme, et pour prouver ses paroles, il s’avance d’un pas décidé. Une fois à ses côtés, il ajoute rapidement en haussant les épaules « C’est juste, je sais pas, cet endroit... Il y a un truc qui me dérange »
« Comment ça ? » l’interroge Anthony, fronçant les sourcils. Il a du mal à imaginer Daniel comme quelqu’un superstitieux ou même effrayé par ce genre de choses. Tout au contraire son ami est, de ce qu’il en sait, quelqu’un de très terre à terre et loin d’être apeuré sans raison valable.
« Je sais pas mec, quelque chose ! » lance ce dernier, et gesticulant ses bras vers les deux portes en face d’eux il ajoute agacé « On peut avancer ?!”
Daniel appuie alors sur le bouton d’allumage de sa lampe torche. Cette dernière émet une lumière fébrile, clignotant quelques secondes avant d’éclairer une bonne partie du couloir d’un halo jaunâtre. Anthony s'étonne face à l’empressement de Daniel à changer de sujet mais se retourne sans un mot vers l’endroit indiqué par son ami.
Deux portes en bois identiques se dressent de chaque côté du couloir. Un peu plus loin, en face d’eux se trouvent deux petites fenêtres obstruées par des planches en bois. Il les avait remarqués à leur arrivée, ces planches avaient l’air tellement bien clouées qu’il n’avait même pas émis l’idée d’essayer de les arracher pour passer.
Il voit donc très bien où il se trouve et si il utilise sa logique, la porte à sa gauche doit donner sur une petite pièce collée à la cuisine, alors que celle à sa droite mène pour le moment vers une toute nouvelle zone plus large.
« Bon, je te propose qu’on aille à droite, et après on peut partir de l’autre côté, d'après l'extérieure on va avoir pas mal à couvrir par las bas »
« Et ben c’est partit alors ! Après toi ! » exhale Daniel tout en indiquant la porte à leurs droite d’un geste de la main - et de lampe- exagéré.
« Ah ! Okay donc c’est moi qui ouvre la porte ? » répond Anthony d’un éclat de rire « Comme ça si quelque chose en sort c’est moi qui prend en premier ? »
« Yep c’est le plan,, je mets ma caméra en route d’ailleurs, histoire de ne pas en rater une miette, aller aller on attend. »
Anthony pouffe sans se retenir, et suivant les directives de son ami, sa main se pose sur la poignée arrondie, Daniel, lui, dirige le rayon de sa lampe dans sa direction ce qui lui permet d’y voir plus clair. Il enclenche cette dernière et pousse doucement la porte afin de s'entrouvrir, elle résiste quelques instants mais cède finalement, poussant un grincement aigu. Le bruit résonne tristement entre les murs sombres qui les enveloppent. Il frissonne et secoue la tête afin de se reprendre. Du nerf, il ne va quand même pas commencer à s’imaginer des choses. La soirée ne fait que commencer, ce n’est pas le moment de se faire peur avec sa propre imagination, surtout que l’idée vient de lui. Il ne va sûrement pas détaler au moindre bruit comme un enfant apeuré courant vers ses parents. De plus, du haut de ses 21 ans, il a, par manque de présence parentale, l’habitude de rassurer son petit frère lui-même encore sujet à des peurs enfantines. Il se reprend, s’accorde un instant pour se remettre dans ce rôle de grand frère protecteur qu’il connaît si bien, et s’avance.
Le jeune homme lève le doigt comme il l’a fait plus tôt lorsque Daniel lui a demandé plus d’informations sur les lieux, inspire un bon coup, allume d’un geste expert sa caméra et la tourne vers lui, faisant bien attention d’inclure son ami dans le cadre.
« Et nous revoilà, Daniel et moi ! Comme dit plus tôt nous allons inspecter le bas, pendant que Lolah et Aurélie, elles, vous feront découvrir l‘étage ! Nous somme sortit de notre QG improvisé, et voici la première pièce »
Le blond pivote la caméra en direction de la salle devant eux. Plutôt exiguë, elle est couverte du même papier peint vieillit que l’entrée. Les volets de bois, abîmés et obscurcis par l’humidité se referment sur la seule fenêtre dont elle dispose et bloquent toute lumière, mis à part un léger rayon fantomatique qui s’engouffre au travers d’une fissure. L’odeur âcre qui se dégage de l’ouverture lui laisse une sensation amère au fond de la gorge, cette pièce n’a clairement pas été aérée depuis un grand nombre d'années. Il plisse légèrement le nez et se laisse quelques secondes afin de s’habituer au relent âpre qui lui fait presque tourner la tête. Il avance tout de même d’un pas franc et s'engouffre à l’intérieur.
A sa droite, une petite table basse ronde entourée de deux chaises en osier se dessinent dans l’ombre, au-dessus, quelques livres aux pages gondolées y sont déposés. Dépassant de l’un d’eux, un marque page en acier finement décoré émet brusquement un éclat perçant lorsque Daniel y passe le faisceau de sa lampe torche. En face, encastrée dans le coin, une bibliothèque dont une des étagères tombe à l’étage du dessous, se dresse tristement. Les quelques ouvrages qu’elle y abritent ne font pas bonne allure eux non plus se mêlent parfaitement à l’ambiance générale. La décoration d‘une autre époque lui donne l’impression d‘avoir fait un bon arrière dans le temps, un peu comme dans ces vieilles séries télé que sa mère regarde avec une passion qu’il ne comprend pas. Daniel, ayant fait quelques pas en avant, feuillette un des livres auparavant posé sur la petite table, les yeux plissé pour déchiffrer l’intérieur malgré le papier vieillit.
« Nous voilà dans ce que je pense être un petit salon ou une sorte de deuxième entrée ! » annonçe Anthony alors qu'il s’avance au milieu de la pièce tout en prenant soin de ne pas trébucher sur le tapis au sol. « Comme vous pouvez le voir l’endroit est abandonné depuis un certain temps, vous ne pouvez pas le sentir au travers de votre écran mais l’odeur d’humidité est très présente. Je dois avouer qu’être ici, dans le noir, est assez impressionnant, l’ambiance y est assez étrange » Il marque une pause, puis ajoute sa caméra pointée sur ami. « Je sais pas ce que tu en penses Daniel, mais moi j’ai la chair de poule. Rien que de penser à tous ces gens qui ont vécus entre ces murs… ça me parait presque irréel quand on voit l’état actuel des lieux »
« Tu m'étonnes » lui répond l’intéressé après quelques secondes de flottement. Il referme le livre entre ses mains d'un geste sec et l’agite devant son camarade. « Cette bible date de dix-huit cent et des brouette, on voit bien qu’elle a beaucoup été utilisée, certains passages sont même soulignés au crayon » Il tousse rapidement, sûrement dus à la poussière qui s'échappe vicieusement de la couverture lorsqu’il la gigote dans tous les sens.
« La plupart des livres ici ont l’air d’être sur le même sujet : la religion catholique. »
Anthony se rapproche, soudainement intéressé. Ils vont pouvoir en savoir plus à propos des lieux avec l’aide de tous les indices laissés par les anciens occupants.
« L’hospice où je sais trop quoi qui accueillait les enfants était sûrement tenue par des bonnes sœurs, ça fait un peu cliché mais ça tient la route. Surtout pour cette époque ! Ou alors, tout le monde avait peut être ce genre de bouquins, faudrait qu’on fouille un peu plus”
Devant l’approbation de son ami, il s'avance, satisfait et s’accorde le temps de prendre quelques plans de la pièce. Après tout, il ne faut pas qu’il oublie son but premier. Une fois fait, il teste la solidité des planches restantes de la bibliothèque et y dépose soigneusement sa caméra, vision nocturne activée, l’angle tourné vers le centre de la pièce. Il pose ensuite son sac à terre et siffle entre ses dents face à la pagaille de sa grande sacoche. L’organisation n’est réellement pas son fort, mais il se reprend au moment où sa main se referme sur l’objet qu’il recherche : un petit enregistreur numérique de la taille de sa main, simple mais efficace. Ils viennent à peine de commencer, rien ne sert pour le moment de sortir le gros matériel, il aura le temps, bien plus tard, de s'essayer à ces technologies qu’il a pour le moment seulement vu dans les vidéos de ses confrères. Même s'il est vrai qu’il a du mal à retenir son impatience.
Ce moment, il y en a rêvé au fin fond de son lit, le soir en rentrant du travail, visionnant en boucle d'autres vidéos de ce genre, faisant attention à ce qui plait, déplait, ce qui attire les gens et ce qui peut les agacer. Pas de faux semblant; pas de bidouillage. Il doit jouer sur l'ambiance, l’histoire et la beauté du lieu. Il est tombé sur une pépite en venant ici, et se doit d’en tirer le maximum.
Invitant Daniel à le rejoindre, il s'assoie sur une des deux chaises sans même prendre le temps de la dépoussiérer, après tout il va bien finir par se salir avant le levé du jour quoi qu’il advienne.
L’objet grince sombrement sous son poid, il s'installe confortablement et met en marche l’appareil entre ses mains.
“Prise une, premiére piéce Daniel et Anthony.” Le blond se racle légèrement la gorge. Il se trouve étonnement intimidé, ce qui est loin de ses habitudes. Il sait baragouiner devant un public sans soucis, faire des lives sur internet sans aucunes gênes et ce même devant un grand nombre de personnes, mais ici, dans ce lieu, bien qu’en petit nombre il sent d’un coup un trac qui lui est jusqu'ici resté inconnu. L’impression de gêne qu’il a ressenti dans le couloir le frappe de nouveau. Son esprit doit sûrement lui jouer des tours. La nuit, ces légers rayons de lune et la poussière volant autour de lui laissent transparaître un aura lugubre, il suppose que c’est ça, le “fameux frisson” dont parle certains vidéastes. Soucieux de faire bonne figure devant son ami, il ne veut pas passer pour un peureux, Anthony se racle la gorge et se reconcentre sur son objectif.
“La poussière ici, je te jure c’est une calamité” le legers rire à la fin de sa phrase rebondit entre les murs et laisse résonner un ecos qui n’est pas le bienvenu. Il a à peine le temps de voir Daniel lever les yeux au ciel quand il se retourne. Il lève son enregistreur et continue.
“Bonjour, nous ne sommes pas venus ici pour vous déranger, nous souhaitons juste discuter un peu avec vous.” Le jeune homme prend une nouvelle inspiration et ajoute “ Y’a t il quelqu’un ici parmi nous ?”
Ne sachant pas trop quoi faire de la main qui porte l'enregistreur, il la surélève légèrement et reste ainsi quelques secondes. Dans l’attente, il laisse ses yeux scanner la pièce à la recherche d’un quelconque signe. Un petit rire sec à sa droite brise l'ambiance inconfortable. Son bras retombe lourdement sur sa cuisse, il se retourne vers son ami d’un air agacé.
“Quoi ?” chuchote Daniel. “Me dit pas que tu trouves pas ça un peu gênant quand même”
Devant le sourcil levé de son ami, il formule -à contre cœur- son accord d’un geste de la tête. Anthony soupire et dirige ses yeux vers son camarade l’implorant presque du regard.
“S’teuplait. On peut prendre ça un peu au sérieux ? Juste pour ce soir ?” Les deux se fixent quelques secondes, avant que Daniel laisse un souffle s'échapper.
“Okay okay, vas’y j’suis prêt recommence”. Il observe Daniel s’ajuster correctement sur son siège, d’un air exagérément sérieux, Anthony inspire un coup, et pose ses deux pieds bien fermement sur le sol. Il n’a pas remarqué de suite qu’une de ses jambes s’est mise à trembler légèrement.Tout ça paraît tellement plus simple au travers un écran, c’est un bon rappel de la différence entre ce que montre les gens sur internet et la réalité. Il relève son bras et présente pour la deuxième fois son dictaphone.
“Il y a t’il quelqu’un ici parmi nous qui souhaite nous parler ?” Le silence se réinstalle, et prend à nouveau possession des lieux. il attend quelques secondes et avale une bouchée d’air “ Avez vous vécu ici ?” De nouveau, seul le vide lui répond. Levant un peu plus son bras dans un espoirs vain de capter quelque chose, il réfléchit à une nouvelle question, à ce que les autres ont l'habitude de demander, mais est prit de vitesse par Daniel qu’il sent furtivement bouger sur sa chaise, ce dernier s’est penché négligemment vers l’avant, le livre qu’il avait précédemment posé sur la petite table de nouveau entre ses mains.
“Cette bible est-elle à vous ?”
De nouveau ils restent immobiles, sans bruit. Seul le vent qui s’est levé avec la nuit et qui glisse contre la fenêtre laisse un ronronnement de fond. Il se surprend à sentir son cœur battre dans ses tympans. Pas un mouvement ne se fait entendre. Pas un grincement, ni même le crissement d’une latte de bois; ce qu’il trouve quelque peu étonnant au vu de l’âge du bâtiment. Les vieux trucs ne sont pas censés faire du bruit dans tous les sens ? Daniel reprend.
“Vous l’avez beaucoup lu si je ne me trompe pas ? Pourquoi ne l'avez-vous pas emmener avec vous ?”
Anthony fronce le regard à cette dernière phrase. Il se sent d’un coup bien bête de ne pas y avoir pensé lui-même. Effectivement ! Si le livre est aussi précieux que Daniel le pense, pourquoi la personne qui le possédait n’est pas partit avec? Pourquoi tout laisser tel quel ?
Maintenant qu’il y réfléchit, contrairement à la cuisine et à la grande salle où leurs matériels ont été installés, cet endroit ne donne pas la même impression de vide. Bien au contraire. Quoique vieilles les étagères sont toutes bien remplies. Des coussins sont encore posés sur les chaises en osiers, d’anciens cadres ornés de photos représentant des personnes qu’il ne connaît pas décorent encore les murs et le tapis est posé sur le sol, bien centré au milieu de la pièce.
Seule la poussière et les tapisseries délavées aux murs laissent entrevoir les dégâts laissés par le temps et la négligence. Un frisson le traverse à nouveau. Depuis combien de temps cet endroit est laissé à l'abandon ? Combien d'années se sont déroulées sans que personne ne fasse vivre ces lieux ?
Daniel laisse tomber la Bible sur la table basse en face d’eux tout en soufflant avant de se relever et de dépoussiérer son pantalon d’un geste appliqué.
“Bon… Je sais pas ce que tu en penses, mais cet endroit me fou mal à l’aise et visiblement personne ne veut nous parler.” Il passe sa main dans ses cheveux foncés comme pour en retirer quelque chose “On bouge ? je pense qu’il y a bien plus à voir de l’autre côté”
Anthony acquiesçe devant le geste soudain de Daniel. Il éteint son enregistreur, le remet dans la poche arrière de son pantalon et récupère sa caméra. Il fait un geste de recul et cligne des yeux lorsque son ami allume brusquement sa lampe de poche. Ce dernier s'excuse à demi- mot, lui aussi visiblement dérangé par la luminosité soudaine, leurs yeux se sont habitués à l'obscurité ambiante.
“Tu sais Daniel, la plupart du temps, les voix se font entendre bien après, lorsque tu écoutes l’enregistrement”
“Quoi ? Même si on a rien entendu là ?”
“Ouais, f’in je suis pas un expert de comment ça marche, mais je dés demain, je vais tout vérifier, ou même tout à l’heure si on à le temps, y’a pas moyen qu’on trouve pas au moins un truc.T’as vu cet endroit ? De un c’est gigantesque et de deux, généralement on trouve toujours un quelque chose, un bruit bizarre..Tu vois. ”
“Ouais .. On verra bien écoute.”
D’un geste presque synchronisé, ils tendent chacun leurs caméra vers l’avant et passent de nouveau la porte pour se retrouver dans le couloir, Anthony ferme doucement cette dernière afin de ne pas faire trop de bruit. Il n’aime pas l’echos étrange qui fait mine de lui répondre à chacuns de ses pas, et tente donc de rester discret. Sans vraiment savoir lui-même pourquoi.
Il suit furtivement la direction indiquée par Daniel et s'avance vers la deuxième porte. Il pose sa main sur la même poignée ronde que la première pièce, et frémis discrètement au contact froid du verre qui la compose. Conscient que Daniel a sa caméra braquée directement sur lui, et que par conséquent chacun de ses faits et gestes sont enregistrés. Le jeune homme prend grand soin de ne pas laisser transparaître son hésitation lorsqu’il indique à ce dernier de lever sa lampe torche afin d'éclairer dans sa direction. Il ouvre doucement la porte et passe curieusement la tête dans l'entrebâillement, suivit de quelques secondes par sa propre caméra histoire de ne pas louper une miette du spectacle devant ses yeux .
Ce qui le marque d’emblée ce sont les différentes lumières colorées qui éclairent le sol, elles forment des taches éparses et mystiques qui font briller les lattes de bois noircis, faisant presque oublier la décrépitude de ces dernières. Il avance un peu plus, laissant à Daniel l’espace pour qu’il le rejoigne dans le large couloir. Il laisse sa caméra glisser vers ce qu’il reconnaît comme étant la porte d’entrée.
Se dressant fièrement devant eux, les vitraux qui l'entourent lui donnent un air presque féerique. Fasciné, il reste quelques instants à admirer la beauté de l'architecture. Toute de bois foncée, sa forme arrondie en haut lui prodigue une élégance qui est propre aux vieilles bâtisses. Les moulures gravées symétriquement des deux cotées en forme de feuille d'acanthe sont elles en parfait état, pas un éclat de bois ne dépasse. Le jeune homme derrière lui ne peut s'empêcher de laisser échapper un sifflement, manifestement tout aussi impressionné.
Essayant un maximum de capter cette énergie, et ce qu’il ressent face à ce spectacle, il utilise sa caméra et s’applique à filmer les moindres recoins, les moindre jeux de lumière émanant de la porte, le moindre détail, espérant que le rendu final en soit tout aussi époustouflant .
Une fois comblé, il baisse son bras, et indique une autre porte à leurs droite, un peu plus au fond du couloir, acquiesçant, Daniel lui intime de le suivre. La poignée de celle- ci prend elle aussi quelque instant avant de céder sous l'insistance de du Brun, et lorsqu'elle décide finalement de lâcher prise, il se retrouve projeté en avant dans la pièce.
Anthony suit le pas mais s'arrête brusquement lorsque d'un coup une odeur de moisie absolument nauséabonde lui remplit les narines. Il prend quelques instants à essayer de ne pas tousser. Et dire qu’il pensait que l'odeur de la pièce précédente était forte… Encore une fois, il à la preuve qu’il n’est pas au bout de ses surprises.
La piece est complétement plongée dans le noir, si ce n’est pour le filé de lumiére qui s’échappe desormais de l’entrebaillement de la porte tout juste ouverte. Toutes les fenêtres sont fermées, les volets tirés et de vieux rideaux recouvrent le tout, laissant la pièce dans un noirs épais. Il indique leurs deux lampes à daniel, et les dirigent ensemble vers le centre de la salle. Elles balayent de vieux bureaux posés en plein centre, projetant une ombre disproportionnée sur le vieux mur de crépis. Le jeune homme avance, le haut de son tee-shirt plaqué contre sa bouche et son nez.
“Eh ben… “Souffle Daniel impressionné “ On dirait une sorte de ..salle de classe ? ou d’étude non ? Qu’est ce que ça fout dans une maison ?”
Anthony marmonne un oui, encore trop pris à la gorge par la vive effluve pour répondre. Pour le coup son ami n’a pas tord, quatre bureaux de tailles moyennes sont dispersés un peu au hasard vers le milieu de la salle, seulement l’un d’entre eux a une chaise accolé près de lui. Malgré l’usure du bois, on peut y deviner une certaine qualité. Son regard sillonne la pièce, tout en s’avançant un peu plus afin d’y voir un peu mieux. Et lorsque sa lumière vacille, il secoue sa torche en levant les yeux au ciel - un vrai cliché- mais il réussit à lui rendre son éclat. Il se décide enfin à retirer son tee-shirt de son nez, même si c’est un peu à contre-cœur.
“Daniel, ça à été une sorte d'accueil ou orphelinat pour enfant ou jeune adulte d'après ce que j’ai lu, ça à surement été leur lieux d’étude non ? tu sais ou ils faisait la classe etc”
Pour le coup c’est ce qui lui semble le plus logique, d'énormes bibliothèques et casiers remplis de livres, qui, il est prêt à le parier, sont tous un tas de vieux manuels scolaires, ou d’études bibliques, peu importe. Un grand tableaux noir est vissé fermement sur le mur à leurs droite à côté d’une petite porte qui semble mener vers une autre partie du manoire.
Le sol grince sinistrement sous chacuns de ses pas, ce qui pousse un frisson à lui traverser le corps. Ce lieux devait être rempli de vie, de bruit, de rire…Et maintenant tout est froid et acariâtre. C’est un sentiment à la fois étrange et dérangeant. À côté de lui, il entend Daniel soulever le dessus d’un des bureaux afin de voir ce que son casier contenait, juste avant de souffler, déçus de ne rien y trouver.
“Je veux bien mais t’as pas dit aussi que ça avait été habité après ? Pourquoi les anciens propriétaires aurait laissé ces salles telles quelles ?”
Et encore une fois, Anthony se sent un peu empoté face à son ami, sa remarque est loin d’être absurde, surtout quand il se rappelle du journal trouvé par Aurélie plus tôt dans la journée, ainsi que de la date inscrite dessus : 1940. Donc bien après la fermeture du dit Orphelinat, quelque chose ne colle pas vraiment. Ceci dit, le peu d’information qu’il a eu ont été colportées sur internet sur des blogs un peu obscurs ce qui n’est pas la plus fiable des sources.
Il note dans un coin de sa tête que le peu d’informations qu’ils ont étaient peut-être à remettre en doute. Raison de plus pour fouiller les lieux, qui eux, contrairement au net, n'ont que la vérité à leurs dévoiler.
Il inspire afin de répondre au brun mais est coupé dans son élan par la vue devant lui.
Le vidéaste pointe sa lampe vers son ami, dorénavant debout, prostré au milieu des quatres bureaux. Daniel a les yeux tournés vers lui, mais son regard le traverse sans même le voir. Ses pupilles sont dilatées et ses yeux écarquillés. Avant même qu’Anthony ne puisse faire quoi que ce soit, il se retourne brusquement vers la droite, les sourcils froncés, le regard toujours perçant, mais ce coup-ci en direction de la porte. Il semble effrayé. Quelque chose dans son air dérange Anthony, mais quoi exactement ? Impossible de mettre le doigt dessus. Il s'avançe vers lui, posant calmement son sac sur le pupitre le plus proche.
“Tout va bien Dan ?”
Interpellé, le brun se retourne à nouveau vers Anthony, et semble sortir précipitamment de sa stupeur..
“Oui, oui ?… tu m’as parlé ?”
“Heu, non. Enfin pas après que tu m’ai parlé de tes doutes sur les anciens proprios…”
Il observe son camarade se détendre, et après un dernier regard aux alentours, il semble un peu moins nerveux.
“Foutu baraque avec leur bruit à la con.”
Anthony rigole doucement par bonne mesure et ouvre son sac pour y sortir de nouveau son enregistreur, une fois fait, il le sécurise à nouveau sur ses épaules, levant la tête vers daniel.
“T’es certain que tout va bien ?”
“Oui.” Le ton sec de Daniel le prend un peu de cours. Mais encore une fois il décide qu’il est bien plus judicieux de ne rien dire et de laisser courir. Anthony soupire, son impression de malaise ne le quitte toujours pas. Au contraire, cette intervention de Daniel n’a fait qu’accentuer les choses. Mais malheureusement - ou heureusement qui sait- sa curiosité est bien plus forte. Il s'écarte du bureau, inspire un bon coup malgré l'odeur toujours aussi lourde.
“Bon, on lance le micro et on voit ce qu’on chope ?”
Visiblement soulagé de ne plus être sous le regard inquisiteur de son ami, Daniel hoche la tête et fait un geste de la main, indiquant à son ami de commencer. Anthony fait quelques pas, s’installe le plus confortablement qu’il peut sur un des bureau, laisse le temps à daniel de faire de même sur la seule chaise debout à ses côtés; et appuie de nouveau sur le bouton.
“Anthony et Daniel, dans la ….Salle de classe ? D’étude ?” Il jette un regard au brun qui hausse les épaules, ne sachant pas quoi rajouter de plus il se lance. “Est ce que quelqu’un est avec nous ici ?” Silence. “On ne veut pas vous faire de mal, on vient simplement discuter avec vous.” Un battement.
Mais toujours rien, pas un bruit. Le jeune homme plisse son nez, et ses yeux s'arrêtent sur les différents ouvrages posés un peu plus loin. “Vous étudiez ici ? Mh..ça devait pas être super marrant non ?”
Doucement il commence à se prendre au jeu. Il essaie donc de s’imaginer, élève ici -si cela était bien une salle de classe- attendant avec impatience que les cours s’arrêtent afin de peut être, profiter de la grande propriétée, ou d’aller s’amuser dehors avec ses camarades, de tirer parti d’une enfance qui ne devait pas être des plus joyeuse.
“Vous voulez jouer ? On peut s’amuser si vous voulez ! C’est quand même bien plus marrant que d’avoir le nez plongé dans les livres non ?”
Toujours aucun signe d’activité. Il soupire, cherchant des phrases pouvant aider, et au pire cela fera une bonne séquence à mettre en vidéo. Il renifle.
“Promis je ne le dirais à personne, on peut jouer et ça sera notre petit secret” Daniel incline sa tête vers lui d’un air curieux mais ils sont brusquement interpellés par un bruit passant de droite à gauche, de l’autre côté de la porte. Celle qu’ils n’ont pas encore traversée.
“Putain Anthony t’as entendu ça ? ?” Daniel se lève d’un coup faisant racler les pieds de sa chaise contre le sol.
Il descend à son tour du bureau et se passe la main dans ses cheveux collant de transpiration. Son cœur se met à battre dans ses oreilles.
“Ouais, ouais j’ai entendu !! On aurait dit … Putain mec au aurait dit quelqu’un qui cours dans le couloir non ? “
“Je … je sais pas, mais je crois bien oui.” Il inspire un grand coup. “C’est peut-être les filles ? Non ?”
“Aucune chance, Aurélie n’aurait jamais laissé Lolah nous faire une blague comme ça.”
Bon, il marque un point la. Et la situation ne s’y prêtant pas, il laisse passer le pique envoyé vers son amie. Il y a aucune chance qu’elles s’amusent à faire ça, surtout qu’ils ont tous bien pris le temps de parler du fait qu’il mettait un point d’honneur à ne pas faire de “faux événement”. Ceux qui le font se font toujours avoir. Toujours. Et il ne veut pas faire partie des blacklistés du paranormal alors qu’il vient à peine de mettre le pied dedans.
Il n’y a donc plus qu’une seule chose à faire, et il le savent tous les deux au vu du regard qui partagent : Aller voir ce qui à causé ce bruit. Anthony sert son enregistreur dans sa main moite et se secoue les épaules pour se donner du courage.
“Bon…Je vais aller voir. Si il y a quelqu'un d’autre que nous on se casse d’accord ? On essaie pas de faire ami-ami, on sait jamais”
“T’auras pas à me le dire deux fois”
Il s’avance d’un pas léger mais rapide vers la porte, dans une tentative d’être le plus discret possible suivi de près -mais pas trop- par Daniel. Sa atteint la poignée de porte, et il l’ouvre cette fois rapidement et sans difficulté. Il scrute l’allée sombre devant lui, certain que si Daniel se rapproche un peu plus, il pourrait entendre les battements fébrile de son cœur.
Devant le silence et la froideur du noir qui les acceuillent, il laisse echapé un soupire de soulagement. Au moins il n’y a personne. Enfin personne de vivant. Ce qui, en y repensant, n'est pas forcément plus rassurant. Il lève son enregistreur toujours en marche d’une main tremblante, son bras traverse le chambranle de la porte alors que son corp lui, reste bien derrière la porte.
Il ne se savait pas aussi peureux.
“Il y a quelqu’un ?” Sa voix sort presque comme un murmure. Il n’ose pas trop faire de bruit. Mais en même temps il veut savoir. Il attend donc, ilmmobile. Mais après quelques secondes rien ne vient. Il relâche alors l'air qu’il bloquait inconsciemment dans ses poumons en rabaissant mollement son bras. Daniel s'écarte et retourne vers le centre de la pièce.
“Ecoutes mec ça peut être n’importe quoi.”
Anthony éteint son appareil électronique et soupire. De déception ou de soulagement il ne sait pas vraiment. Peut-être un peu des deux. Il avance vers le centre de la pièce à son tour, en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui.
“On dirait que tu dis ça pour te rassurer”
“Peut être et alors ?” Anthony s'apprête à se défendre face au ton un peu brusque de Daniel, mais se fait couper à nouveau. Une mauvaise habitude de son ami.
“En tous les cas t’as sûrement tout enregistré, peu importe ce que c’est donc tu pourras mettre ça dans ta vidéo. Et puis qui sait on trouvera sûrement la raison, la maison est grande et vieille, sans oublier qu'on n'est pas seuls. Les filles sont encore là haut ou sont peut-être même déjà descendues.”
Il lève les yeux au ciel, se rassoit sur le bureau sur lequel il était plus tôt après avoir rangé son magnétophone portable. Il glisse une main dans sa poche et en tire un paquet de cigarette. Agilement il en glisse une entre ses lèvres et en fait sortir une du paquet qu’il temps vers daniel.
“Une petite pause ?”
Ce dernier accepte la cigarette avec une appréciation visible et se rassoit sur sa chaise en attendant qu’Anthony lui envoie le briquet. Une fois fait, ils prirent quelque temps, restant tous deux silencieux. Mais Anthony ne peut pas s'empêcher de jeter des coups d'œil furtif vers la porte, elle semble osciller seulement lorsqu'il ne la regarde pas.
Daniel souffle de la fumée par ses narines et indique de sa main libre la caméra posée au sol depuis leur entrée dans la pièce.
“Tu filmes toujours ?”
“Bah ouais, on sait jamais, quelque chose peut se passer à tout moment non ? Imagine on filme on à rien, et dès qu’on éteint les fantômes se mettent à faire les zouaves? J'aurais l’air bien con non ?” Le léger rire de son ami le rassura, il a réussit à détendre un peu l'atmosphère. Et un point pour lui.
“Tu t’occupes des rush tout seul ?” Il tourne la tête vers Daniel, qui arbore soudain un air pensif.” Je veux dire …” Son ami laisse sa phrase en suspens préférant tirer une latte sur sa cigarette.
“Ouais.” Il fait de même en prenant le temps d'apprécier la sensation de la fumée traverser ses poumons. il exhale, et il pense savoir exactement où le brun veut en venir. “De toute façon Lolah repart en début de semaine prochaine.”
“Hmm” Son ami écrase le bout de sa cigarette de ses doigts afin de faire tomber le foyer à terre et garde le mégot éteint en main. Anthony lui laisse le temps de rassembler ses pensées. Et lorsqu'il se lance enfin, il l’écoute attentivement.
“Désolé pour tout à l’heure, depuis qu’on est arrivé ici…Je sais pas je suis un peu sur les nerfs je crois.” Il se redresse un peu sur sa chaise. “ Tu crois que je suis un peu trop sur son dos ? Aurélie je veux dire.”
“Peut être, c’est surtout à elle qui faut poser la question je pense”
Quelques secondes de silence et anthony réprime un frisson, autant il se sentait à ses aises à son arrivée ici, autant maintenant il n’est plus vraiment si confiant. Il y a quelque chose dans l’air qui le dérange. Il est arrivé en se pensant plus fort que les autres, il se souvient encore à quel point il rigolait devant ces vidéastes effrayés aux moindre bruit, les trouvant un peu ridicules. Maintenant, il rit un peu moins.
Le jeune homme déglutit puis se reprend. La nuit change vraiment l’ambiance d’un lieu. Après tout, qui n’a pas déjà eu peur d’aller aux toilettes en pleine nuit dans sa propre maison ? Alors qu’en plein jour, rien n’est effrayant.
C’est simplement ça.
Il sort un cendrier de poche afin d’y ranger son mégot depuis longtemps éteint et le tend à son ami pour qu’il en fasse de même.
Au loin, une mélodie au piano se fait entendre, accélérant à nouveau les battements de son cœur. Daniel s’est levé, manifestement lui aussi aux aguets. Il faut quelque seconde au blond pour comprendre, et jurer dans un souffle. Il lève les yeux au ciel, une sale habitude il le conçoit, et installe son sac sur son dos avant de se diriger vers sa caméra.
Anthony jette un dernier regard vers la porte, et serre les dents avant de suivre Daniel, déjà repartit en direction de la salle principale.