Lolah
Lolah emporte Aurélie jusqu’en haut des escaliers avant de lui lâcher le bras.
Elle ne déteste pas Daniel, n’allons pas jusque là mais son air condescendant a toujours eu tendance à l'énerver et de toutes manières, pour qui il se prend sérieusement. Il n’est pas foncièrement mauvais, elle en est bien consciente. Mais sa tendance à se mettre au-dessus des gens et le ton suffisant qu’il utilise pour étaler son aisance financière lui hérisse parfois les cheveux. Enfin, parfois, non pratiquement tout le temps en fait. Il fait surement ça pour se donner une certaine importance ou quelque chose de la sorte, mais ce n’est pas une raison. Peut être qu'à défaut de ne pas le “détester”, elle ne l'apprécie pas du tout.Vraiment pas du tout.
Particulièrement pour le fait qu’il laisse souvent Aurélie dans son ombre. Et ça, elle n’arrive pas à le comprendre. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a envie de le secouer comme un pommier et de le remettre à sa place, c'est-à-dire bien loin, là où il ne pourra pas baver sa condescendance et sa masculinité toxique sur eux. Comme si Aurélie avait besoin de lui pour faire la moindre chose, comme si elle ne pouvait pas décider par elle-même. D’un autre côté, il serait hypocrite de dire qu’elle ne ressent pas une certaine jalousie face à leur proximité. Mais bon, qui est elle pour dire quoi que ce soit ?
En tous les cas, elle a fait une promesse, et elle compte bien la tenir.
Retirant une des bretelles de son sac la jeune femme fouille à l’interrieur pour en sortir une caméra. Pas la meilleure qu’il soit, c’est la première qu’Anthony s’est offert, mais elle fera très bien l’affaire. Vision nocturne, bon son, et bonne image, cela semble assez suffisant. Elle prend tout de même un quart de seconde pour prier qu’Anthony soit satisfait de ce qu’elles vont en tirer. Rapidement, elle vérifie le taux de batterie, elle aime son ami mais ce n’est pas la personne la plus organisée du monde, ce n’est un secret pour personne.
Charge au maximum, parfait. Comme quoi il peut toujours l'étonner.
Elle tend ladite caméra à la blonde prostrée à ses côté avant de balayer négligemment sa main autours d’elles “Tiens prends la, essaie de filmer un peu tout, Tony fera le tris de lui même plus tard”
Intriguée, Aurélie intercepte l’objet et le fait tourner délicatement entre ses doigts.
“Heu..je dois t’avouer que je ne sais pas trop comment ça fonctionne”
“Attends” Lolah s’avance et prend doucement la caméra, appuie sur le bouton “play”et la replace entre les mains de son amie. “Voilà, il n’y a plus qu'à explorer !”
Elle se retourne ouvrant théâtralement les bras face à l'étage sombre qu’elles s'apprêtent à traverser. Dans le noir il paraît bien plus imposant que lorsqu’elle avait levé la tête quelques heures plus tôt du bas des escaliers. Au loin, elle peut entendre Daniel et Anthony discuter avant qu’une porte ne se claque. Elles se retrouvent désormais seules et sa gorge fait un bruit humide lorsqu’elle déglutie. Prenant l’air serein qu’elle arbore facilement au quotidien, Lolah se redresse légèrement et se laisse engloutir par la noirceur des lieux, suivie de très près par Aurélie, l’objectif relevé.
Sa lampe de poche désormais dans ses doigts, elle prend le temps d'éclairer la zone en face afin de mieux appréhender les lieux.
Devant elles se tiennent deux interminables fenêtres ornées d’une peinture dorée écaillée. Leurs vitres, salies par la poussière et les intempéries, laissent à peine passer les rayons de la lune, faisant entrevoir des faisceaux lumineux ci et là. Clairement pas assez pour qu’elles y voit clair. Entre les deux fenêtres se dresse une petite table ronde sur laquelle un drapé rougeâtre tombe en lambeaux, frôlant presque le sol. Posé au-dessus, une vieille lampe dont l'abat jour, de la même couleur, démontre un goût médiocre pour la décoration avec ses cascades de petites perles tombantes et fades. Enfin ce n’est que son avis. Elle mordille sa lèvre inférieure et s’avance de quelques pas dans le couloir désagréablement étroit.
“Bon” Lolah se retourne vers Aurélie ce qui a pour conséquence de la mettre nez à nez avec la caméra la frôlant presque, ses réflexes lui arrachent un léger geste de recul.
Ah oui, elle filme. La brune prend mentalement note de faire - un peu- plus attention à ce qu'elle dit et fait.
“Droite ou gauche ? Et promis aucuns liens avec ton avis politique”
Aurélie jette un coup d'œil curieux des deux côtés, étouffant un rire timide.
“Pour être franches aucuns des deux côtés n’a l'air engageant, mais …on va tenter à gauche ?Si ça te convient bien sur !”
Lolah tend sa main sur son front en soufflant un “oui cheffe”, et se dirige donc vers la gauche, en prenant soin de bien éclairer devant elle. Ce serait ridicule qu’elle trébuche aux yeux de tous. Elle connaît son meilleur ami, il garderait ces images et les lui enverraient en boucle. Non pas qu’elle n’aurait pas fait la même chose, mais là n’est pas le sujet.
Une fois le bout atteint, les deux jeunes femmes se retrouvent dans un nouveau couloir, un peu plus large cette fois-ci, l'architecte de ce lieux était vraiment pas des plus éclairé soyons honnêtes deux secondes. De vieux cadres photos de la bâtisse recouvrent le murs derrière elles, donnant une image très claire de la beauté de la façade et des jardins bien entretenus qui l’entouraient autrefois. Peut-être n’est-t-elle pas convaincue par l'intérieur, mais Lolah ne peut pas nier la beauté du bâtiment en lui-même.
Fascinée, elle se rapproche pour mieux les observer. Tout à droite, un cadre manque visiblement, la trace plus claire et bien distinctement rectangulaire qu’il à laissé est sans équivoque. Elle s’avance doucement et, comme fascinée, lève la main avec l’intention de faire courir ses doigts le long du papier peint. Pourtant elle s'arrête quelques millimètres avant que ces derniers et le mur froid ne se rencontrent .Un sentiment cinglant d’inconfort se loge subitement dans son ventre. Quelque chose la met mal à l’aise. Assez pour qu’elle ramène son bras vers elle et détourne vivement les yeux des cadres. Elle fait rouler ses épaules cherchant à évacuer l’inconfort qui s'immisce en elle. Elle se retourne vers les deux portes en face d’elle, et trouve une excuse pour fuir ce couloir au plus vite.
“Bon on y va ?”
Aurélie détourne à son tour la tête des photos, surprise par cet empressement. L’ignorant, la brune se dirige vers une des portes, et l’ouvre sans cérémonie. Le parquet grince sous chacun de ses pas alors qu’elle avance dans la pièce.
“Wouah t’as vu ça ?” Souffle Lolah, pas le moins du monde perturbée par la cacophonie engendrée par son entrée.
Aurélie s'avance un peu plus a son tours et balaye la pièce avec la caméra. “Anthony avait raison, c'était surement un orphelinat”
“Ouais, ou une espèce d’internat. Et pour info, je maintiens ce que j’ai dit tout à l’heure. Cet endroit est chelou”
“Hmm.” La blonde se tourne vers elle, le regard vacillant. “Je trouve ça un peu triste. Enfin je sais pas, tout ces truc appartenait clairement à des enfant. Je peux pas m’empêcher de me demander ce qu’ils sont devenu”
Lolah ne peut que hocher la tête face à cette dernière phrase. La pièce est petite et tout aussi peu éclairée que les couloirs mais cette fois la crasse n’est pas la responsable. Les volets fermés des quatres fenêtres ainsi que les épais rideaux qui les recouvrent ne laissent passer aucun rayon de lune, rien. Juste un noir dévorant et glaçant.
Sa lampe zigzagant de gauche à droite, la jeune femme prend le temps d’inspecter un peu plus les lieux. Elle peut compter en tout trois petit lit à sa gauche, l'un ayant encore une sorte de couverture enchevêtrée à ses pieds. De l'autre côté, deux autres lits, qui eux sont faits si proprement qu’on pourrait s’imaginer qu’un enfant les a fait avec soin le matin même. Une petite table de chevet se tient misérablement entre les deux, penchant mollement vers l’avant.
Elle inspire; il est temps de faire le show pour Anthony. Lolah tors ses bras vers son sac encore sur son dos et sort de la poche avant un boitier noir, composé de petites leds alignées sur le haut. Elle remarque que son amie l'observe et ne peut s’empêcher d’expliquer du mieux qu'elle le peut. C'est-à-dire, répéter mot pour mot ce qu’Anthony lui à dit.
“C’est un détecteur EMF” avant même qu'Aurélie ne lui pose la question elle confesse ”Ne me demande pas ce que ça veut dire, Anthony parle trop et je ne retiens jamais tout ce qu’il dit” Satisfaite du gloussement à peine masqué de la jeune femme, elle continue “En gros ce truc est censé capter les ondes électromagnétique. Tu vois ces petites lampes là ? Bon, soit disant plus il y a d'activite paranormal ou électromagnétique plus elle s’affolent et s’allument”
“Et donc … ça peut détecter les fantômes ?”
“Apparement” Elle hausse les épaules et rajoute un sourire aux lèvres. “On verra bien”
Sur ces mots, elle appuie sur le bouton d’allumage et ..Rien. Bon en soit elle ne s'attendait pas à grand-chose mais la déception est toutefois présente. Elle secoue l’engin comme si ça allait le réveiller et se met à errer de façon aléatoire dans la pièce, son regard glissant dans les moindres recoins. Il faut quelques minutes avant que l’appareil ne commence à s'agiter. Curieuse, elle tente de suivre les indications données par les lumières entre ses mains, reculant lorsque celles-ci se baissent et s’avançant lorsqu’elles s'allument de plus belle.
Lolah arrive finalement devant un des lit, celui au plus près de la porte. Hésitante, elle s’assoie sur ce dernier, faisant grincer les ressorts usés sous son poid, ce qui la fait grimacer malgré elle. Le son résonne de manière lugubre et elle ne l’avouera pas à voix haute mais cela lui decroche presque un halètement de surprise. D’un coup la convivialité et la chaleur humaine ressentie quelques instants plus tôt lui semble bien lointaine. La sensation au creux de son ventre s'élargit.
Le matelas de son petit appartement en résidence étudiante lui paraît anormalement bien confortable comparé à celui-ci, et pourtant elle avait juré à sa colocataire que c’était impossible. Il faudra qu’elle pense à le lui dire en rentrant.
L’EMF entre ses doigts s'agite encore un peu plus. Elle est au bon endroit. Aurélie se rapproche le pas silencieux, et après un instant de flottement, finit par s'asseoir sur l'oreiller à quelques centimètres de là où elle à prit place.
Un vent tiède, comme un soupir, se glisse le long de ses chevilles découvertes, et réprimant l’envie de sauter du lit et de partir de la pièce, elle relève rapidement ses pieds et s’assoie en tailleurs. Lolah sait très bien qu’il n’y a rien sous le sommier, que son imagination lui joue simplement des tours, mais elle aurait pu jurer que le souffle venait du dessous de la couchette. Etant donné qu’il est hors de question qu’elle aille vérifier, ou qu’elle inquiète son amie pour rien, elle décide de mettre ça de côté. Le noir, l’ambiance, les histoire qu’ils se sont raconter, tout ça doit jouer sur ses nerfs. Et puis comme elle aime se répéter, ce qu’elle ne voit pas n’existe pas. C’est pas forcément rassurant mais au moins ça lui donne une excuse pour ne rien faire. Envieuse de dire quelque chose, n’importe quoi pour cacher son malaise, sa bouche articule la première chose qui lui passe par la tête.
« Désolé de t'avoir kidnappée au faite, mais en vrai on avait prévu les choses comme ça. Tony m’a montré comment tout utilisé au niveau du matos et tout, qu’il y ai au moins une personne par équipe qui sache le faire. »
« Pourquoi t’as pas tout simplement dit ça à Daniel ? »
D’accord elle marque un point. Et en vrai Lolah n’a pas d'excuse valable à lui donner. Elle hausse donc les épaules ne sachant pas trop quoi répondre. Ce qui pour elle relève de l'inconnu. La plupart du temps, elle le fait avant même d’avoir eu le temps de réfléchir. Des années à vivre dans une famille qui critique tout et n’importe quoi lui on apprit a être sur la défensive. Même si la plupart du temps c’est en faisant des blagues de mauvais goût. Elle pourrait dire tout et n’importe quoi pour ne pas laisser entrevoir ce qu’elle pense réellement. Il vaut mieux rire qu'admettre que quelque chose puisse la toucher.
Perdue dans ses pensées, elle n’a pas remarqué que le silence s’est installé. Aurélie vient habilement à son secours, prenant la parole à sa place. L'élastique claque pour la troisième fois contre son poignet .
“Je suis désolé aussi. Pour Daniel, tout à l’heure, il peut se montrer un peu protecteur dernièrement »
Alors ça Lolah ne s’y attendait pas, elle hausse de nouveau les épaules d’un air nonchalant et resserre son chouchou dans un espoir vain de maintenir ses cheveux en place. “Il tient à toi, ça se voit. Je le charie, mais je trouve ça plutôt adorable en vrai, c’est important d’avoir des amis présents comme ça. Ou copain. Ou quoi que ce soit que vous ..soyez.Êtes.» Elle lève les yeux aux ciel, et lâche un rire se portant plus vers le soupir “Okay je vais me taire, ça sera mieux pour moi ” Elle laisse passer quelques secondes et face à l’air étrange qu’Aurélie lui envoie, murmure, penchée vers la blonde « Ne lui répète jamais que je t’ai dit ça, je tiens à ma réputation »
L’ambiance semble d’un coup plus légère lorsque Aurélie s'esclaffe sans prévenir. Lolah suit la jeune femme du regard alors qu’elle s’ajuste sur le vieux matela, un sourir doux reposant sur son viage, ses mains se placent alors en arrière afin de soutenir son poids. Aurélie tourne la tête vers elle, ce qui la pousse à détourner les yeux, et à plutôt se concentrer sur le tapis effilé au sol. Du coin de l'œil elle aperçoit le reflet des cheveux ondulés d’Aurélie qui glissent de son épaule, brillant presque dans la faible lumière s'échappant de la lampe de poche déposée entre elles deux.
Aurélie penche sa tête légèrement sur le côté « Ta réputation de nana qui en a rien à faire ? »
Touché. Cette fille aura sa peau un jour elle le sent.
« Ouais celle là »
Aurélie hoche la tête, elle peut le voir au coin de ses yeux, elle fait glisser sa main contre le drap humide et délavé sur lequel elle est assise.
«Pour être franche je sais pas ce qu’il à depuis qu’on est arrivés, je crois que quelque chose lui prend la tête, il est pas toujours comme ça je te le promet » Admet Aurélie
Ce qui lui prend la tête c’est sûrement elle, du haut de ses un mètre soixante de sarcasme. Elle ajouterait bien qu’elle ne l’a jamais vu autrement que comme ça, mais ça ne jouerait pas en sa faveur et cette fois-ci exceptionnellement elle opte pour le silence. La brune prend le risque de tourner à nouveau la tête vers son la jeune femme. Un air inquiet y à remplacer la légèreté, et l'idée qu'il se passe peut-être réellement quelque chose avec Daniel lui traverse l’esprit. Après tout, elle ne le connaît pas vraiment.
« Hm, personne n’est parfait et regardes ça fonctionné non ? Je suis certaine que Daniel a juste les chocottes et qu'il ne veut pas l’avouer» Elle ricane et change hâtivement de sujet afin de ne pas trop s’y attarder et risquer de dévoiler son hypocrisie à peine dissimulée. Mais bon, qui peut la blâmer ?
Aurélie semble lire entre les lignes, entre ses lignes. Comme si elle avait accès au sous titre de chacunes de ses paroles, de chacuns de ses mots, de ses gestes. Et ça fait trembler Lolah. De gêne ou d'excitation, elle n’en à pas la moindre idée. Elle décide qu’elle cherchera la réponse à cette interrogation plus tard et puis de toutes maniéres, la caméra que la jeune femme a posée sur la table basse à côté d’elle a été temoin de bien assez pour le moment.
Lolah se relève assez pour être en capacité d’attraper l’objet en question.
“D’ailleurs on ferait bien de s’y mettre, comme ça on aura le temps d’aller un peu plus loin avant de rejoindre tout le … Attends.”
Elle s’appuie un peu plus sur son bras, et se penche encore de façon à avoir une meilleure vue de la table basse.
C’est bien ce qu’il lui semblait. Elle est propre comme un sous neuf. Pas un brin de poussière ne la recouvre, pas une trace de salissure comme l'ensemble de la pièce, où, même les draps semblent être solidifier par la crasse et l’humidité.
“Tu as passé un coup sur la table basse ?”
“Non, bien sûr que non pourquoi?”
“Je sais pas si c’est moi mais elle me paraît étrangement propre contrairement au reste de cette chambre.”
La blonde se lève comme un éclair et part vérifier d’elle-même. Elle fait le tour de la pièce et revient hâtivement, se mordant la lèvre.
“T’as raison, peut-être…je sais pas.” Elle se retourne balayant la chambre du regard, comme si la solution allait apparaître devant ses yeux, et commence à se frotter les tempes “ Peut être que la poussière ne peux pas tomber à cet endroit ou…” Devant le sourcil levé de Lolah elle semble réaliser l'impossibilité de ses dire et se ravise laissant tomber lâchement ses bras de chaque côté de son corps. “Okay. Cet endroit commence à me faire flipper”
“Ouais… En réalité, on n'est sûrement pas les seuls à venir ici. Il y avait sûrement quelqu’un hier ou avant hier. Mais au vu du boucan qu’on à fait ça m'étonnerais que d’autres -Lolah fait des guillemets avec ses mains- enquêteurs soient aussi ici aujourd’hui.” Face au silence perplexe de la blonde elle ajoute “ Okay c’est grand mais pas au point de ne pas se croiser pendant des heures.”
Aurélie n’étant pas totalement rassurée, Lolah lui tend la caméra. Au moment ou l’objet passe dans les mains de son amie elle ajoute d’un ton plus doux “ Écoutes, on est pas seule, Tony et daniel sont juste en bas, et au moindre truc on n’a cas prendre les bagnoles et se barrer, d’accord ?”
La jeune blonde expire un grand coup, expirant ses peurs, et se place au milieu de la pièce. Après quelques instants et ce malgré les nombreux lit autour d’elle, elle décide finalement de s'asseoir à même le sol, manifestement à contre-cœur. Il n’y a qu’elle qui peut s'apprêter autant pour visiter un endroit aussi sombre, morne et sale. Et encore plus pour mettre du blanc. Ou blanc cassé, difficile à dire. En tous les cas c’est clair, et elle n’est pas là pour débattre sur les couleurs. Lolah sent déjà son esprit partir sur autre chose, elle se doit de rester concentrée.
“Bon heu..donc je te filme tu peux y aller” annonce Aurélie.
Prise de cours, elle secoue la tête et se met un peu plus à l’aise, tentant de trouver un peu de confort sur le vieux matelas.
Son esprit est de nouveau centré sur son objectif. Ce n’est pas la première fois qu’elle participe aux vidéos de son ami, et être devant la l’objectif ne l’a jamais vraiment mise mal à l’aise, jouer un rôle c’est un sujet dans lequel elle excelle alors, elle s’habille de son sourire en coin et se lance.
“Hey la compagnie ! Comme Anthony vous l’as sûrement dit nous voilà Aurélie et moi à l’étage !” Sa main se lève poussant les mèches de cheveux qui lui passe devant les yeux. Il va falloir qu’elle fasse quelque chose à ce sujet, ça devient insupportable. “On est dans une sorte de dortoirs je crois, les lits sont clairement faits pour des enfants, donc …je suppose que Tony avait raison sur un point !”
Elle lève exagérément les yeux au ciel histoire d’en rajouter une couche, et, les ressorts du lit grinçant toujours sous son corps la coupent presque dans son élan.
“L’ambiance est plutôt particulière ici, mais après tout, c’est pour ça que vous avez cliquer sur la vidéo avouez le” Retirant son sac de son dos, elle le pose entre ses jambes et s’acharne à fouiller dedans, prenant soin à ne pas faire trop de bruit. “ On va utiliser un nouvel objet…. si j’arrive à le trouver” par chance pile à ce moment ses doigts s’enroulent autours d’un autre boitier noir, cette fois ci doté d’une antenne. Elle replace hâtivement la bague qui a glissé de son majeur, et dirige l’objet en question vers la caméra.
Derrière Aurélie penche curieusement la tête en sa direction.
“Voilà la spirit box ! En gros, si j’ai bien compris, ça va scanner des ondes radio et creer un bruit blanc, ce qui va permetre aux entitées de communiquer avec nous via une base de donner de …Je sais plus combient de mots exactement mais beaucoup”
“Quoi, elles s’aident des ondes radio ?”
Agréablement surprise par l’intervention d’Aurélie, Lolah lui adresse un sourire encourageant avant de froncer le nez, elle n’est pas vraiment une experte sur le sujet. “ Je pense bien oui, et ensuite ce qu’ils ou elles souhaitent dire s’affiche sur le petit écran juste au dessus. Peut être que c’est un peu comme les photos, souvent on dit que les yeux humain ne peuvent pas voir l'énergie des entitées mais qu’un appareil photo oui, ou même une caméra dans certains cas”
Manifestement intéressée, la blonde s'octroie quelques secondes pour réfléchir, son visage s’illumine et Lolah pense qu’elle ne l’a jamais trouvée aussi belle qu'à cet instant. Elle trépigne et prend la parole.
“Oh oui, j’avais lu un truc là dessus, un article répertoriant des documents où des visages ou autres manifestations étaient apparues après le développement de photos. Par exemple, celle prise dans une voiture ou un deuxième passager qui n'était pas présent est clairement visible sur le siège arrière. ! Ou, tu as entendu parler de Freddy Jackson lors de la première guerre mondiale ? Un soldat mécanicien, il me semble, mort dont les funérailles ont eu lieu le jour de la photo de ses coéquipiers. Et son visage y apparaît clairement, tous les membres de son escadron l’ont apparemment clairement reconnu ! Et il y en à plein d’autres … ” Et comme quelqu’un au bord d’une falaise, qui change d’avis à quelques millimètres du précipice, elle se ravise et ses mots se tarissent instantanément. La jeune femme se concentre à nouveau toute son attention sur la camera, oriantant bien l’objectif dans la bonne direction et confirme, plus timidement cette fois “C’était super interessant”
Elle n’avait aucune idée qu’Aurélie s'intéressait au sujet, et encore moins qu’elle possédait autant de connaissances. La possibilité qu’elle ait bien plus à apprendre sur la blonde ne fait que nourrir un peu plus sa curiosité. Lolah ouvre la bouche mais se ravise aussitôt, ce n’est pas le moment, elle va aussi devoir garder ça pour plus tard. Elle réfléchit, avant d’argumenter la tête penchée vers la droite “Bah ça me parait plutôt logique du coup, ça doit fonctionner pareil.”
Elle sautille sur le lit, utilisant le temps mort pour changer à nouveau de position, sa jambe droite commence doucement à s'endormir et l’immobilitée à toujours été un concepte difficile à intégrer pour elle “Aller c’est partit ? “
D’un geste qu’elle l'espère confiant au yeux de l’objectif en face d’elle, Lolah allume le boîtier sagement posé à sa droite sur le matelas. Anthony lui à bien dit de ne pas le garder en main lors de son utilisation, le corps humain pouvant servir d’antenne géante et fausser les résultats.Blah blah blah, il lui a dit plein de truc et elle est certaine d’en avoir retenu que la moitiée mais elle s’est promis d’essayer de rester sérieuse, pour Anthony. Elle le laisse donc à une distance plutôt correcte, mais assez près histoire de pouvoir lire facilement si, par chance un mot se décide à se dévoiler sur l'écran orangé.
Un bruit blanc assourdissant s’echappe d’un coup, et un sursaut lui echappe involontairement.
Une caméra est pointée sur elle. La future audience d’Anthony attend d’elle qu'elle joue son rôle habituel, Anthony attend d’elle qu’elle fasse ce qu’il lui a demandé de faire, et pour finir, elle à réussit à rassurer la jeune femme en face d’elle il y a quelques minutes à peine, ce n’est pas pour tout foutre en l’air maintenant. Non, Lolah n’est pas ce genre de personne, elle n’est pas la porteuse de mauvaises nouvelles. Elle se contente d’être celle qui dévie les sujets, celle qui fait rire les autres, qui les divertit à défaut de savoir faire autre chose.
Forcée de parler plus fort afin d’être bien entendue par dessus le bruit assommant de la spirit box, Elle s'exclame “ Il y a quelqu’un ici ?” Rien. Le bruit de l’engin couplé au fait de hausser la voix dans un tel lieu lui est troublant.
Elle s’attend presque à se faire rouspeter par une vielle femme grincheuse qui passerais le pas de la porte les bras croisé et l’air sévére. Sans mentionner le fait d’un de ses sens étant bloqué, elle se rend compte qu’elle apprécie peu le fait de ne pas pouvoir entendre clairement ce qu’il se passe autour d’elle. Elle inspire un grand coup.
“Vous avez vécus ici ?” Une pause, elle jette un coup d'œil sur sa droite. Toujours rien. Pas de vieille dame grincheuse, bon ça c’est plutôt rassurant, mais pour être honnête elle ne s’attend pas à grand chose non plus. D’ailleurs maintenant qu’elle y pense. Elle parle à des enfants; mais qui dit que des enfants sont réellement décédés ici ? En vrai Anthony ne leur à pas dit grand-chose, et le fameux e-mail d’un “collègue” chasseur d’entité qu’il lui avait donné l’indication de ce lieux ne contenait pas énormément d’informations. Et au passage, plus elle y repense plus elle trouve cet envoie disons, étrange ?
Premièrement c’est la première sortie qu’Anthony fait de ce genre, donc c’est pas comme si il était habitué à proposer ce genre de contenus, deuxièmement malgrés ses recherches, elle n'a trouvé aucuns comptes ni info liés à l’adresse mail du fameux informateur -ou informatrice-. Peut-être qu’il ou elle fait partie des gens qui ont l’habitude de venir ici et ne veulent donc pas se faire remarquer ? Peut-être des locaux ? Dans ce cas pourquoi donner les informations à un petit youtuber et streamer qui parle de partir en exploration sur un coup de tête - sans vouloir offenser Anthony- autant les donner à quelqu’un qui s’y connait assez bien non ? Ou quelqu’un de confiance ? Mince, son cerveau repars dans des diatribe interminables, elle aura le temps de penser à ça plus tard, ou même de ne plus y penser du tout. Éviter de voir le mal partout et surtout se concentrer.
Elle reprend la voix bien claire.
“Ces lits ne sont pas super confortables non ? Sérieusement vous dormiez ici?” Elle hausse les épaules face à l'air perplexe d’Aurélie. Toujours rien sur l'écran. Elle focalise son regard vers la pièce en face d’elle, cherchant quelconque inspiration devant la décoration vide et sinistre. “Vos parents vous manquent-ils ? Je suppose que vivre ici n’a pas dû être facile”
Seul le bruit blanc lui répond a nouveaux. Elle souffle laissant retomber ses mains sur ses genoux. Et se rend compte avec désagrément que deux de ses sens lui font défaut. La vue et l'ouïe. Elle jette un coup d'œil à Aurélie, sa propre lampe torche posée entre ses genoux pour ne pas altérer l’image de la caméra.
“Bon apparemment ils ne sont pas super bavards.” Annonce la blonde figée sur place.
“Sans dec"' Pouffe lolah avant d'augmenter l’intensité de sa voix. “ Vous avez dû faire les quatre cent coups ici non, avec vos amis ?”
Un bip strident les prend par surprise. Il lui faut quelques secondes pour se rendre compte qu’il vient de l’appareil à sa droite. Intriguée, elle se penche vers ce dernier, et fronce les sourcils face au mot affiché en majuscule. Pas de doutes, il prend tout l'espace sur le petit écran orange.
-Mensonge-
Sans dire un mot, elle tourne l’appareil dans la direction d’Aurélie pour qu’elle puisse elle aussi le lire. La sensation de malaise dans son ventre refait surface. Bon, quel est le pourcentage de chance pour que ce truc fonctionne réellement ? Lolah ne peut pas dire qu’elle ne croit pas aux esprits, mais elle ne peut pas pour autant dire qu’elle y croit. Elle se situe dans cet entre deux où, tant qu’elle ne l’a pas vu de ses propres yeux, elle n’a pas d’avis fixé sur le sujet.
Peut être que cette nuit va justement faire pencher son opinion d’un côté. Ou de l’autre. En vrai, tant qu’Anthony a sa vidéo, elle s’en fout un peu. Au mieux ça lui fera une histoire à raconter une fois de retour Paris.
Se forçant à garder l’ambiance détendue, elle regarde la caméra et souffle “ bon, bah apparemment ils n’avaient pas d’amis.” Face à la grimace impassible d’Aurélie, elle se passe la main dans les cheveux et décide de continuer.
“ Hm.. Quelqu’un vous embêtait ?” Lolah grimace face au cliché que sa question renvoie. Mais elle n’a pas le temps de se reprendre que l’appareil émet le même bruit qu’il y a une minute à peine. Trois fois de suite. Cette fois-ci, elle se penche directement pour attraper l'appareil et le tendre vers l'objectif afin d’en capturer les images.
-Ne-
-Pas-
-Dormir-
“Comment ça ne pas dormir ? Vous ne pouviez pas dormir ?”
Face à elle, Aurélie a désormais le visage fermé, inquiète. La caméra dans ses mains semble dévier légèrement de trajectoire. Elle n’est pas la seule à être prise au dépourvue. Et elle fait donc ce qu’elle fait de mieux dans ce genre de situation. Ignorer le problème.
“Tu sais si ça se trouve c’est de la camelote ce truc, avec des mots prés enregistrer ou je ne sais quoi.”
Son amie s'apprête à répondre mais un bruit fracassant les fait toutes deux sursauter et la coupe dans son élan. Lolah se lève d’un coup, et se dirige vers la porte d’entrée, avant de l’ouvrir d’un geste rapide. Elle se retrouve face à un couloir vide et silencieux.
La brune passe tout doucement le pas de la porte, pour avoir une meilleure vue, et se sent bien bête d'avoir laissé sa lampe sur le matelas. Derrière elle, elle entend un froissement suivi d’un bruit de pas, lui indiquant qu’Aurélie s’est levée et s’est arrêtée juste derrière elle.
Le couloir s’éclaire finalement, grâce à la lampe de son amie et tournant la tête vers la deuxième porte, l’air se bloque dans sa gorge pendant un instant.
Elle est ouverte.
Lolah se retourne vers Aurélie, et cette dernière, toute aussi horrifiée qu’elle, secoue la tête lui confirmant ce qu’elle craignait. Aucune d’elles n’a ouvert cette porte.
Elle ne peut plus faire comme si de rien n’était. La sensation au fond de ses tripes prend de plus en plus de place. Voilà ce qu’elle ressent depuis son arrivée dans ce couloir morne. Lolah ose enfin mettre un mot dessus. Elle a peur.
Aurélie lève les bras, repart empoigner la caméra et revient auprès de Lolah en quelques secondes, l’objectif levé, filmant la porte. Elles retiennent toutes deux leur souffle, mais elle reste grande ouverte, sans bouger d’un millimètre. On peut donc exclure l’idée que le vent ait pu causer ça.
“On..On y va ?”
Lolah se retourne vers son amie, clignant des yeux à plusieurs reprises. Elle ne peut pas empêcher la moue de doute se former sur son visage. Il y a à peine une trentaine de minutes, elle rassurait Aurélie, elle ne peut décemment pas passer pour la peureuse. A quel moment les rôles se sont inversés?
Il faut qu’elle se recentre. Elle lâche la bague qu’elle faisait rouler sur son doigt, reprend sa posture et lui répond.
“Ouais, on peut peut-être en tirer des trucs sympas. Et puis si ce sont les deux imbéciles du bas qui nous font une blague on pourra les prendre en plein flag"' Elle y ajoute d’un rire léger pour faire bonne mesure et retourne dans la pièce récupérer ses affaires.
Son sac bien vissé sur ses épaules, elle rejoint Aurélie et ferme soigneusement la porte, vérifiant trois fois qu’elle est belle et bien fermée. Au moins si celle-ci s'ouvre, elle aura réellement de quoi s'inquiéter. Satisfaite, la jeune femme s'avançe d’un pas décidé -encore une fois sous l’objectif voyeur de la caméra- et penche sa tête à l’interrieur de la piéce, n’osant même pas poser ses mains sur le dormant.
“Alors ??”
“Rien du tout. Il n’y a personne.” Lolah s’avance un peu plus dans ce qu’il lui semble être une chambre, triturant machinalement une des ses bagues. “IL n'y a qu’un seul lit ici et on dirait un lit pour adulte”
Aurélie la rejoint manifestement curieuse.
La pièce est légèrement plus petite que la précédente mais est tout aussi sombre et poussiéreuse. Les volets sont fermés de la même manière et leur seule source de lumière viennent de leurs deux lampes de poche. Machinalement Lolah se retourne retenant un frisson. La porte ne s’est pas refermée sur eux, elle ne s’est pas plus ouverte non plus.
Ses yeux se baladent, suivis par le halo jaunâtre de sa torche.
Le lit est placé au centre de la pièce, juste en dessous de la fenêtre et a ses côtés, deux tables basses en bois poussiéreuses y sont tristement posées. A leur droite une modeste armoir elle aussi en bois tiens à peine debout, une des portes cassée pend mollement vers le sol, un tisssus blanc semble y être ranger mais rien de plus. Elle oriente sa lumière vers la gauche et aperçoit ce qui paraît être une coiffeuse ou un bureau, difficile à savoir. Tout est morne et monochrome, là nuit n’aidant pas. La seule couleur vient du tapis au sol. Du même rouge acariâtres que la lampe qu’elle a remarqué plus tôt en haut des escaliers.
Elle aperçoit du coin de l'œil Aurélie qui balaie la pièce avec la caméra, s’attardant ci et là. Un sourire se glisse sur son visage sans s’en rendre compte. Le principe même qu’elle prenne ça à cœur la touche, elle semble être très appliquée pour quelqu’un qui ne souhaitait pas venir initialement.
Une fois fait, la blonde abaisse l’appareil, ne l'éteignant pas, et Lolah ne peut pas empêcher un petit ricanement en imaginant Anthony devant leur rush sans coupure. Mais l’attention que porte Aurélie à bien faire les choses est bien trop adorable pour lui dire quoi que ce soit.
“Qu’est ce que c’est vide. Soit ça a été pillé, soit les derniers proprios sont partit en laissant les meubles”
La blonde acquiesçe et, ses deux yeux faisant des aller retours de part et d’autre de la pièce, elle s’avance vers le lit avant de s’exclamer. “Attend il y a une autre porte au fond !”
“Quoi ?” Intriguée, Lolah trottine vers son Aurélie, ce qui au vu de la taille de la chambre ne prend que quelques secondes. Et effectivement, une porte, ornée du même papier peint que les murs se trouve devant elles. Étrange. Au sol une trace de rayure en arc de cercle indique que la porte s’ouvre bel et bien que ce n’est pas une simple décoration.
“J’sais pas si j’ai envie de l’ouvrir pour être honnête.” Elle confesse un gloussement au bout des lèvres, et Aurélie la rejoint, portant sa main à la bouche afin d'étouffer son rire nerveux. Une fois calmée, elle baisse la tête vers la brune et son air suppliant fait céder Lolah.
“D’accord, mais tu sais quoi, c’est bien pars’que je t’aime bien.” Elle accompagne ses mots d’un geste exagéré pour trouver la poignée de porte et appuyer dessus. La porte s’ouvre avec un grincement prévisible, suivant parfaitement la trace au sol. A nouveau elle passe sa tête dans l'entrebâillement pour avoir une petite idée de ce à quoi elle a à faire.
“Oh purée!” Lolah passe le chambranle d’un pas rapide, toutes précautions oubliées et se retourne vers Aurélie “Il y a un putain de Piano !”
Là, elle se trouve dans son élément. La raison de sa présence ici et la porte effrayante presque oubliée, elle pose négligemment son sac au sol et se dirige vers l’instrument.
Il a pris la poussière mais quand même l'air en plutôt bon état. Émerveillée, elle s'assoit sur le petit tabouret posé à côté - en faisant bien attention de tester sa stabilisée avant- et glisse une de ses mèches lui obstruant la vue derrière son oreille. Elle prend le temps de laisser ses doigts courir doucement le long des touches, faisant voler la poussière qui les recouvre.
“Tu sais jouer ?”
La brune sursaute, elle léve la tête et remarque qu’Aurélie s’est avancée auprès d’elle et la regarde avec attention, la caméra pendant à sa main. Elle hésite. Si il y a bien quelque chose qu’elle préfère éviter c’est bien que ses choix de vie soient de nouveau critiqués, mais peut être que les deux jeunes femmes ont bien plus en commun qu’elle ne le pense, alors pourquoi ne pas prendre le risque. PElle plisse le nez, et redirige son regard vers le piano, posant de nouveau ses doigts sur les touches.
“Ouais.” Elle teste deux des touches. Aucune fausse note. “ Si je suis partie c’est pour aller au Conservatoire de Paris. Étudier la musique.” Elle garde le regard vissé sur ses mains.”J’aimerais bien bosser là-dedans; et puis j’ai eu une bourse alors …”
“Attend t’as été acceptée au Conservatoire ? ”
Lolah dévie ses yeux du piano, le regard impressionnée de la blonde lui fait lâcher un souffle de surprise et un rire sincère s’échappe de ses lèvres.
“Par contre je sais pas ce que vaut ce piano, il à l’air en bon état mais il doit être en train de moisir ici depuis un moment” Elle essuie ses mains moites sur son short en jean.
Devant le contemplatif de son amie, un élan de confiance la prend et elle inspire un grand coup, avant de laisser ses mains courir sur l'instrument.