Chapitre 1 : Le grondement
Destin
Quand le son des cloches de la ville annonça la fin de la journée, Mevanor l’accueillit avec soulagement. Le soleil se couchait déjà à l’horizon et il avait hâte de regagner sa maison et se sécher au coin du feu. Il se leva, étira son corps engourdi par le froid et l’inactivité et suivit ses compagnons jusqu’à la porte Nord-Est. Les quatre sentinelles qui avaient été affectées avec lui cet après-midi-là manquaient cruellement de conversation. Il avait essayé de discuter avec eux, pour tromper l’ennui, sans succès. Le silence et la fatigue avaient finalement eu raison de lui et il avait somnolé contre un arbre, à l’abri de la pluie et du vent, pendant que ses camarades lui jetaient des regards réprobateurs. Les abords des vergers qu’ils devaient surveiller, au nord de la ville, étaient restés calmes et l’endormissement constituait le seul danger contre lequel il avait dû lutter.
Bann l’attendait près de la caserne, l’air soucieux, abrité sous le porche d’une taverne. Il ne pleuvait plus, mais quelques gouttes tombaient encore des toitures et des gouttières. Son frère devait se trouver là depuis un moment : il portait des vêtements secs et le battement rapide de sa chaussure contre les pavés trahissait son impatience. Mevanor indiqua d’un geste de la main qu’il se dépêchait et s’empressa de monter l’escalier de bois gorgé d’eau, qui grinça sous son poids. D’un regard, il comprit en pénétrant dans la salle de repos des sentinelles que la plupart avaient déjà regagné leurs quartiers. Il se hâta de détacher son armure de cuir. Ses doigts engourdis s’emmêlaient dans les lanières durcies par la pluie et le froid. Il dut tirer de toutes ses forces pour s’en défaire et finit par arracher une partie de la cuirasse. Un peu honteux, il rangea discrètement son équipement abîmé au milieu des autres et fila vers la sortie. Une main se posa lourdement sur son épaule, le faisant sursauter. Quelqu’un avait-il remarqué la déchirure sur sa tenue ? Il se retourna et tomba nez à nez avec son commandant qui lui souriait de toutes ses dents. Mevanor balaya rapidement la pièce du regard et vit que toutes ses camarades avaient fui. Il soupira intérieurement, espérant que le désintérêt et la lassitude ne se lisaient pas sur son visage, pendant que son supérieur se lançait dans une tirade sur les droits et les devoirs des sentinelles qui lui sembla interminable.
Après avoir hoché la tête pendant un long moment, un sourire poli accroché aux lèvres, Mevanor réussit enfin à se débarrasser de l’homme et sortit rejoindre son frère.
— Pas ma faute, répondit-il à la question muette de son aîné. Le chef m’a tenu la jambe pendant une éternité. Apparemment, il faut éviter de prendre des risques inconsidérés, se battre pour prouver son courage ne sert à rien… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé aujourd’hui, mais il semblait remonté.
Bann leva les yeux au ciel et ils se mirent en route vers leur quartier, longeant dans la nuit la muraille en direction de l’ouest. La marche délassa progressivement le corps engourdi de Mevanor. L’air encore humide qui l’enveloppait lui paraissait lourd. Pendant qu’il essayait d’éviter les flaques qui s’étaient formées par endroit entre les pavés abîmés, son esprit vagabondait à propos des événements des derniers jours. Il tourna la tête vers son frère, qui avançait péniblement, sans mot dire. Il boitait un peu et semblait ailleurs, probablement à cause de la fatigue.
— Mauvaise journée ?
Mevanor avait fini par briser le silence qui les entourait alors qu’ils sortaient du quartier Viswen pour pénétrer dans celui des Volbar. Son aîné haussa les épaules, la bouche tordue en une moue légèrement dépitée.
— On a été attaqués par des ours, répondit-il au bout d’un moment comme si cela n’avait rien d’inhabituel.
— Vous avez quitté les champs pour vous réfugier dans la Cité ? C’est pour ça que tu étais rentré avant moi ?
Bann soupira.
– Non. J’ai tué l’une des bêtes. Elle m’a griffé dans le dos, mais rien de grave. Les autres ont fait fuir le deuxième. Un pauvre gars est mort.
Mevanor retint une grimace. Voilà de quoi parlait le commandant.
— Pourquoi vous n’êtes pas partis dès que vous les avez aperçus ?
— Un type a pris peur, il s’est mis à courir… J’ai pas envie de raconter, ajouta son frère en secouant la tête.
Ils continuèrent à marcher sans dire un mot. Mevanor lançait de temps en temps des petits coups d’œil à Bann, qui regardait droit devant lui, le visage pensif. Pourquoi l’avait-il attendu pour rentrer ensemble s’il ne voulait pas discuter ?
— Et cette couturière du quartier Nott, tu fais des progrès ?
Les filles. La plupart du temps, vu son succès, Bann accueillait plutôt bien le sujet.
— Pas intéressé, répondit-il.
— Toi ou elle ? plaisanta Mevanor.
Son aîné leva les sourcils et prit son air le plus pincé puis s’enferma à nouveau dans le silence. Ils bifurquèrent vers le Sud, plongeant plus profondément dans les rues propres, fleuries et bien éclairées du quartier Volbar. Estimée pour ses bijoux, parfums et autres soieries, beaucoup d’artisans de renom tenaient boutique dans cette partie de la ville, colorée et bien entretenue. Ils passèrent ainsi devant plusieurs joailleries, une ébénisterie et une confiserie avant d’atteindre la place principale. Elle était dominée par la somptueuse demeure des administrateurs, une riche famille de réputation fière et malhonnête. Mevanor et Bann n’avaient jamais vraiment compris la rivalité entre les Kegal et les Volbar, mais ils perpétuaient volontiers la tradition familiale et détestaient arbitrairement chacun des membres de cette famille.
— Les habitants d’ici doivent être rassurés de savoir qu’ils seront un jour dirigés par un homme qui n’a aucune aptitude militaire ou diplomatique, souffla Bann, ironique. J’ai hâte de voir l'avenir du quartier quand Dami Volbar prendra la place de son père.
Mevanor pouffa discrètement alors qu’ils croisaient des marchands qui rangeaient leurs étals. Son aîné semblait enfin de meilleure humeur.
— Tu vois petit frère, il y a ceux qui s’efforcent de se montrer à la hauteur de leur destin, et ceux qui se contentent de s’empiffrer avec ce qui leur arrive directement dans la bouche. Dami sait qu’il deviendra administrateur, il ne pense pas avoir besoin de se donner du mal pour se forger une réputation.
— Parce que voler des épées tu trouves que c’est se montrer à la hauteur de son destin, comme tu dis ? répondit Mevanor en réprimant un sourire devant le ton paternel et orgueilleux de son interlocuteur.
Bann s’arrêta brusquement et se tourna vers Mevanor, une lueur résolue dans les yeux.
— Mev, le temple du Fleuve s’est effondré, dit-il gravement.
Le cadet hocha la tête, perdu. Il ne voyait pas le rapport. Son frère semblait perturbé depuis tout à l’heure. Peut-être son combat contre l’ours l’avait-il plus choqué qu’il ne l’avait laissé entendre.
— Je sais, j’étais là quand papa en parlait pendant le repas. C’est horrible ce qui est arrivé aux pauvres prêtresses qui étaient dedans. Qui y sont toujours d’ailleurs…
— C’est pas ce que je veux dire, coupa Bann d’un ton impatient. Enfin, oui, c’est terrible bien sûr, mais…
Il se tut un instant, comme s’il cherchait ses mots, ce qui ne lui ressemblait pas.
— Tu te souviens de toutes ces nuits qu’on avait passées, il y a deux ans, à imaginer une expédition au gouffre ?
À nouveau, Mevanor hocha prudemment la tête. Se forger une réputation. Le gouffre. Il avait peur de comprendre où son frère voulait en venir.
— Crois-moi, je remercie tous les jours les dieux de nous avoir fait renoncer. Beaucoup trop dangereux, beaucoup trop interdit.
— Pas plus interdit que le reste, répondit Bann en haussant les épaules. Et maintenant que le temple s’est écroulé, plus personne ne surveille l’entrée du canyon. On pourrait en profiter. Pour être sûrs qu’ils n’aient pas encore choisi de nouvelles gardiennes, il faudrait partir avant la Fête du Vent. Avec un bateau des parents : sur l’eau, pas grand-chose à craindre des bêtes de l’ombre. Loin de la berge, il n’y aurait que le ciel à observer.
Une exclamation de surprise se coinça dans la gorge de Mevanor, qui manqua de s’étouffer. Les quelques passants qui déambulaient toujours dans les rues lui lancèrent un regard curieux avant de s’éloigner.
Les livres sur le gouffre, le jeune homme les avait lus, comme tout le monde. Les rares personnes qui avaient réussi à revenir d’un voyage là-bas avaient consigné leurs aventures pour la postérité. Ils racontaient la navigation en bateau à travers la vallée, puis entre les falaises étroites qui débouchaient sur la gigantesque cascade. Ils racontaient aussi le fracas des flots qui retentissaient en s’écrasant dans les entrailles de la Terre, les embarcations emportées par le courant qui finissaient dévorées par le Fleuve. Ils racontaient surtout le danger qui attendait les hommes s’ils osaient s’approcher du royaume des morts.
Bann n’était pas le premier à rêver d’aventures. Au fil des siècles, beaucoup de jeunes gens en quête de gloire étaient partis explorer les profondeurs de la Terre. La plupart n’étaient jamais revenus, si bien que quelques centaines d'années auparavant, le Haut Conseil de la Cité et la Grande Prêtresse en avaient finalement interdit l’accès. Le lieu était devenu sacré et gardé depuis par la dizaine de prêtresses qui résidaient dans le temple de Fleuve, creusé dans le canyon.
— Tu plaisantes ? demanda prudemment le cadet.
— Réfléchis un peu. L’eau qui arrive au fond du gouffre, où peut-elle aller ? Elle ne s’accumule pas indéfiniment dans une cavité ! Elle doit descendre, descendre et descendre encore, jusqu’à tomber en dessous de la Terre. Ou alors, elle emprunte un canal souterrain et continue son chemin sous la surface pour atteindre le bord du disque terrestre. Quoi qu’il en soit, je veux le voir de mes yeux. Tu imagines, si on découvre un passage qui mène jusqu’au bout du monde ? Ça ferait de nous des héros !
S’efforçant de se mettre à la place de son frère, Mevanor prit un moment pour réfléchir. D’un côté, Bann avait raison. Personne ne savait vraiment ce qui se trouvait au fond du gouffre et l’idée de percer ce mystère était exaltante.
Beaucoup plus que tout ce qu’ils entreprenaient habituellement. D’ailleurs, quelques années plus tôt, il avait été emballé par ce plan. Il tourna la tête vers Bann. La fatigue qu’il avait lue sur son visage tout à l’heure avait laissé place à l’enthousiasme. Le cadet sourit en voyant son expression de joie presque enfantine. De toute façon, il avait déjà pris sa décision, et Mevanor ne pourrait pas le faire changer d’avis.
Il l’accompagnerait, au moins pour l’aider à rentrer en vie.
Alors qu’ils empruntaient le pont qui constituait le point de passage vers le quartier de leur enfance, Mevanor regarda couler l’eau du Fleuve au-dessous de lui. Il prenait sa source dans la montagne située à une journée de marche à l’ouest de la ville, se déversait paisiblement dans la plaine et abreuvait les cultures qui assuraient la subsistance de ses habitants. Il traversait la Cité, charriait les cargaisons et approvisionnait les aqueducs. Loin à l’est, les étendues vertes se transformaient en des gorges rocailleuses, hautes et étroites. Le Fleuve s’y écoulait sur une grande distance et finissait sa course en s’engouffrant dans les profondeurs de la Terre. Tout autour, montagne, canyon et vallée étaient encerclés par la forêt pétrifiée. Les particules délétères qu’elle dégageait et sa faune agressive la rendaient impénétrable. Cette géographie, bien connue de tous, définissait les limites de leur monde, que plus personne n’essayait de repousser. Pourtant, Bann semblait s’autoriser encore à rêver à de nouveaux horizons.
Ils arrivèrent enfin au cœur du quartier Kegal. Même la nuit, une odeur âcre de vin et de fromage en maturation flottait dans l’air. Le lendemain matin, un peu avant le lever du soleil, des centaines d’agriculteurs afflueraient vers la porte Nord pour rejoindre champs de céréales et vergers, pendant que les fours de boulangerie répandraient un parfum plus doux et agréable dans les ruelles. Pour l’heure, seuls quelques soûlards déambulaient encore, sous l’œil vigilant de miliciens désabusés.
Leur maison se tenait au bout de la place du marché. Il s’agissait d’une bâtisse solide, avec ses épais murs de pierre et son toit de tuiles. Composée de trois bâtiments, elle était la plus grande du quartier. L’aile droite était essentiellement constituée de bureaux et de salles de réception, tandis que le personnel logeait dans celle qui lui faisait face, laquelle abritait également les entrepôts de vivres. Au milieu, le corps principal servait de résidence à la famille des administrateurs en poste, en l’occurrence leurs parents, Subor et Ateb Kegal. Ils occupaient cette fonction depuis trois générations. Les arrière-grands-parents de Mevanor et Bann avaient été élus soixante ans plus tôt, quand le couple en place était mort sans descendance, laissant le quartier pauvre et isolé. En quelques décennies, les Kegal en avaient fait l’un des trois plus influents de la cité, et le plus riche des quartiers agricoles. Difficile de se montrer digne d’un tel héritage, surtout pour Bann. Même si son frère avait incontestablement des qualités de meneur, Mevanor savait que leurs parents ne le pensaient pas capable d’assez de sérieux pour prendre un jour leur suite en tant qu’administrateur.
Héritier d’une famille qui n’avait pas confiance en son avenir, Bann voulait descendre le Fleuve pour à son tour écrire son histoire dans un livre.
Content de voir les frères préparer un nouveau plan, surtout qu'il a l'air d'une toute autre envergure. Ça va être intéressant d'en apprendre plus sur le gouffre, qui a l'air d'être un sacré lieu.
En tout cas, en avançant, on comprend de mieux en mieux les personnalités de Bann et Méanor ainsi que leur relation, je suis curieux de voir comment ces deux-là vont évoluer. Surtout Bann qui est pour l'instant très immature (en tout cas sur certains points).
Intéressant le passage où tu dis qu'ils reproduisent la rivalité de leur famille sans trop la comprendre, j'ai trouvé ça plutôt juste.
Un plaisir,
A bientôt !
Merci pour ton commentaire :) Et oui ils vont tous les deux bien évoluer au fil de l'histoire !
Je suis contente que tu aimes l'idée sur la reproduction de la rivalité entre leurs familles, car elle me tenait vraiment à coeur ^^
A bientôt :D
Je pinaille, mais ici c'est allégeable : "L’air encore humide qui l’enveloppait lui paraissait lourd." => C'est de l'air + il paraît lourd, donc il l'enveloppe forcément X)
qu’il essayait d’éviter les flaques => S'il y parvient, il n'y peut-être pas besoin de préciser "essayait"
Pourquoi l’avait-il attendu pour rentrer ensemble s’il ne voulait pas discuter ? => Ben il veut peut-être une présence rassurante, nigaud de frérot XD
Merci pour ton commentaire et pour tes remarques :)
En revanche, il va se passer un moment avant qu'ils arrivent à partir au gouffre x) j'espère que tu n'es pas trop pressée haha
No spoil par contre, haha
Me voici donc au bout du chapitre 1 \o/. Je le trouve très réussi.
Je n'ai pas d'a-priori concernant la longueur des chapitres, je pense que l'auteur est libre de faire ce qu'il veut, mais tu as bien fait de découper pour mettre en ligne ^^
Ce premier chapitre donne bien envie de lire la suite. J'en retiens deux personnages, deux frères, bien différents et bien construits.
Je me dis cependant que comme tu m'as parlé d'autres personnages "principaux" ensuite, j'aurai aimé que tu l'aies sous-entendu avant la fin du premier chapitre. Je ne suis pas surprise que certains soient pris de cours ^^ Après, si c'était un "vrai" livre, le résumé indiquerait au lecteur à quoi s'attendre, donc c'est un problème sans en être un ^^'
Tu as introduit beaucoup d'autres personnages dans ce chapitre, j'espère qu'ils reviendront avec de "vrais" rôles, sinon c'est un peu dommage d'avoir passé tant de lignes avec eux.
Question style général, je n'ai que peu à dire. La seule chose qui m'a un peu perturbée, et c'est un petit défaut courant dans les narrations comme celle-ci, surtout quand les personnages "principaux" sont proches (ici, deux jeunes hommes): parfois on a une impression de "caméra flottante", on ne sait plus exactement lequel des deux porte le point de vue (dans cette section en particulier ça m'a fait cet effet quand Mevanor rejoint Bann après son service et qu'il attend que son frère raconte pourquoi il est mutique.
Ça n'empêche ni de comprendre l'histoire, ni de s'attacher aux personnages, mais pour les gens comme moi qui ont une imagination très "caméra", c'est comme si je voyais un changement de plan sur un vieux film.
Quelques notes spécifiques à cette partie, au fil de ma lecture :
" Ils bifurquèrent vers le Sud, plongeant plus profondément dans les rues propres, fleuries et bien éclairées du quartier Volbar. Estimée pour ses bijoux, parfums et autres soieries, beaucoup d’artisans de renom tenaient boutique dans cette partie de la ville, colorée et bien entretenue."
>> Le "estimée" m'a fait tiquer, car "quartier Volbar" est masculin. Je ne saurais dire si c'est à proprement parler une erreur, mais c'est perturbant.
>> Dans ta description du gouffre et cascade, j'ai eu du mal à bien visualiser à quoi ça ressemble. Je voyais parfaitement la cascade qui tombe dans le gouffre, mais je n'arrivais pas à voir si le fleuve finissait dans la cascade ou s'il s'agissait d'une cascade et d'un gouffre près du fleuve. J'ai compris bien plus tard quand tu parles du fleuve.
" — Tu te souviens de toutes ces nuits qu’on avait passées, il y a deux ans, à imaginer une expédition au gouffre ? "
>> Je trouve l'opposition "toutes ces nuits" / " il y a deux ans" curieuse. En début de phrase je pensais que c'était leur lubie d'enfance, comme certains rêvent de faire archéologue, ou d'autres de refaire le monde pour que les pauvres aient à manger. Que s'est-il passé, il y a deux ans, pour que deux jeunes passent ainsi des heures à rêver de se mettre en danger ?
" Il l’accompagnerait, au moins pour l’aider à rentrer en vie. "
>> Ici c'est purement un avis personnel, mais j'ai du mal avec les gens qui se laissent "trainer" vers l'aventure sans phase de "mais tu es fou ? on va se faire tuer !". J'interprète cette facilité soit par le fait qu'ils en ont déjà tellement parlé que cette phase a eu lieu "il y a deux ans", soit par le fait que Mevanor est beaucoup moins mature que son frère, ou a une relation de dépendance avec lui, et ne se voit pas continuer à vivre seul en ville si l'aîné est parti, voir mort.
" Alors qu’ils empruntaient le pont qui constituait le point de passage vers le quartier de leur enfance, Mevanor regarda couler l’eau du Fleuve au-dessous de lui. "
>> Je n’avais pas compris que le Fleuve s’appelait « Fleuve ». Je trouve cela un peu curieux. Je n'ai pas étudié la question mais je ne connais pas de cours d'eau qui porte le nom de "cours d'eau" dans la vraie vie. "Prêtresses du Fleuve" ne me dérange pas, c'est un titre valable peut importe le nom du fleuve, mais voir "Fleuve" avec majuscule partout dans la narration ça me pique un peu les yeux. Avez-vous volontairement choisi de passer "Fleuve" en nom propre, parce que c'est le seul que les habitants connaissent ? Il pourrait être plus intéressant, en gardant cette idée, d’appeler le fleuve "l'Eau", ou " le Courant", cela vous permettrait aussi de limiter la répétition :)
En vérité, les chapitres sont déjà "prédécoupés" comme ça dans le roman, en plusieurs scènes, qui ont chacune un titre et un PDV. En soi ça pourrait être un roman de 70 mini chapitres... Mais j'ai voulu regrouper en "vrais" chapitres car pour moi ces ensembles de scènes ont une cohérence ! Je ne sais pas si c'est très clair haha en tout cas PA ne me permettait pas de faire des parties et des sous-parties donc j'ai fait comme j'ai pu ^^
Notre idée était de présenter les personnages au fur et à mesure, pour ne pas noyer le lecteur. Comme tu l'as dit, il y a déjà pas mal de noms qui ont été abordés (et tous auront une importance dans la suite, c'est pour ça qu'ils sont introduits dans le chapitre 1) donc on ne pouvait pas faire intervenir tous les personnages importants dès le début ; mais en réalité, la plupart des personnages qui auront droit à un PDV sont déjà mentionnés dans le premier chapitre 1, on les verra juste vivre leur vie en dehors de l'intrigue principale de Bann et Mev qui est "essayer d'aller au gouffre" :)
Cette impression de "caméro flottante" n'est pas voulue et c'est un effet secondaire de chapitres qui ont été écrits et réécrits sur plusieurs années par trois personnes différentes ^^ Je vais essayer d'être plus pointilleuse là-dessus dans ma réécriture :)
Concernant les points spécifiques :
- "estimée" ==> en fait ça fait référence à la fin de la phrase "cette partie de la ville", mais je me rends compte que c'est mal formulé et que ça peut porter à confusion ^^
- les descriptions ne sont pas mon fort du tout... je vais retravailler ça haha
- "il y a deux ans" ==> oui en fait ce morceau peut être enlevé, c'est plus une lubie d'enfance, il ne s'est rien passé spécifiquement il y a deux
- Mevanor est très dépendant de son frère :)
- le Fleuve s'appelle comme ça parce qu'il n'y en a pas d'autre ^^ tout comme la ville s'appelle la Cité ; étant donné leur univers très restreint, on n'a jamais imaginé à leur donner de nom, parce qu'il n'y pas besoin de les différencier avec d'autres fleuves ou d'autres cités qui pourraient les entourer (ce sont les seuls êtres humains sur terre, donc quel intérêt ?). Néanmoins, je t'accorde que c'est très compliqué du coup d'éviter les répétitions de "Fleuve" et je m'arrache les cheveux à chaque fois ^^
A bientôt !!
J'attendais d'avoir achevé intégralement le premier chapitre dans ses 4 parties pour publier mon premier commentaire.
Tout d'abord, la lecture est très agréable et très prenante ! Les personnages sont efficaces et caractérisés d'une manière habile, l'univers est quant à lui bien développé sans trop en dire (selon moi, bien qu'il me semble avoir vu quelques commentaires divergeant à ce sujet). De façon générale, je dirais que l'entrée en matière est réussie et qu'elle remplit son rôle, à savoir susciter l'intérêt pour la suite (sinon je ne serais pas là !). Le style est quant à lui très fluide et abouti, et l'on sent derrière cette plume une certaine expérience.
Si je devais à présent préciser un peu plus mon propos, je dirais qu'il existe néanmoins quelques "tics" d'écriture que j'ai pu retrouver dans l'ensemble des 4 parties de ce premier chapitre : les fameux adverbes ! Plus d'une fois, j'ai relevé une formulation inutilement alourdie par la présence d'un adverbe.
Quelques exemples :
- "S'ils agissaient froidement " (chapitre 3) : non seulement l'adverbe n'apporte pas grand chose à la phrase, mais je trouve la formulation étrange. "S'ils gardaient leur calme" ou quelque chose dans ce style m'aurait semblé plus judicieux.
- L'ours blessé poussa un grognement de douleur et ralentit légèrement... (chapitre 3) : ici, il peut être tout simplement supprimé car il ne change rien au sens de la phrase
- Une main se posa lourdement sur son épaule (ch.4) : pourquoi ne pas avoir plutôt opté pour un verbe plus fort comme "s'abattre" ?
- et mes préférés : "Mevanor hocha prudemment la tête (ch4)" et "Tu plaisantes ? demanda prudemment le cadet (ch4)" : je serais curieux de savoir comment on hoche la tête prudemment et comment on demande quelque chose prudemment x).
En outre, j'ai relevé cette coquille : "épées d'apparats" (ch3), il me semble que dans ce cas précis apparat ne s'accorde pas en nombre.
Et "Brann se précipita vers lui pour le retenir, trop tard" (ch3), la ponctuation et le rythme de la phrase sont bizarres. Peut-être plutôt : Brann se précipita vers lui pour le retenir. C'était trop tard. / Brann se précipita un instant trop tard vers lui pour le retenir.
Et une réflexion générale sur la longueur et le découpage du chapitre : à mon sens, un chapitre (et là je parle du chapitre 1 dans son entièreté) doit, idéalement, être limité à une seule péripétie et sa résolution. Ici, si l'on additionne les 4 parties, on se retrouve avec plusieurs petites péripéties qui mériteraient d'être chacune traitées dans un chapitre distinct comme ça a été fait avec le découpage. Si cette histoire devait être présentée à un éditeur, je ne pense pas qu'il soit judicieux de regrouper ces 4 parties en un seul chapitre, quitte à les développer un peu chacune afin de proposer 4 vrais chapitres qui ont leur propre dynamique.
Voilà pour mon retour ! Je ne pensais pas m'étendre aussi longtemps en commençant à écrire, mais j'ai été emporté par mes notes et mes remarques.
L'histoire, malgré les points que j'ai soulevé, reste très prenante et bien écrite et il me tarde de me plonger dans la suite !
A bientôt,
Il-Lazuera, le vieux sorcier.
Merci pour ton commentaire et pour tes remarques :) Je prends bonne note de tout ça ! En ce qui concerne le découpage du chapitre, ce sera le cas pour tous : chacun de nos chapitres est un ensemble cohérent de quatre ou cinq "scènes". Sur un fichier Word, le découpage serait plus fluide mais là sur Plume d'Argent on ne pouvait pas faire ce qu'on voulait exactement... Donc j'ai mis le rappel du chapitre auquel appartient chaque scène, mais elles sont pensées pour être indépendantes.
Je suis contente que l'histoire te plaise ! J'espère que la suite comblera tes attentes :)
A bientôt
J'ai eu un contre-temps qui m'a empêché d'écrire comme je voulais ces deux dernières semaines, du coup, j'ai fais une pause dans mes lectures sur PA mais me revoilà ! Et je suis ravi de retrouver votre histoire ! Ce chapitre pose très bien les enjeux pour la suite et je suis impatient de découvrir plus avant votre monde en compagnie des deux frères !
Quelques détails :
"Quand le son des cloches de la ville annonça la fin de la journée" -> J'aurais allégé la formule de départ par exemple avec "Quand les cloches de la ville annoncèrent..." + Dans ce même paragraphe, il y a plusieurs phrases qui comportent trois répétitions de "et". Là aussi perso j'essaierais d'alléger.
"Quelqu’un avait-il remarqué la déchirure sur sa tenue ?" -> Je croyais que c'était Bann qui avait eu sa tenue déchirée par un ours. D'ailleurs, je ne sais plus trop ce que Mévanor a fait de sa journée, et je n'ai aucun souvenir de l'incident où il aurait déchiré sa chemise.
"– Non. J’ai tué l’une des bêtes. Elle m’a griffé dans le dos, mais rien de grave." -> ça m'étonne que Mévanor ne voit pas plus vite l'état dans lequel est son frère après l'attaque de l'ours. Son vêtement est-il encore déchiré dans le dos ? S'il s'est changé, voit-on un pansement dépasser dans son dos, son cou ? Et il semble boiter, quel rapport avec la blessure dans le dos ? Les conséquences de cette attaque me semblent sous estimée ici.
"— Tu te souviens de toutes ces nuits qu’on avait passées, il y a deux ans, à imaginer une expédition au gouffre ?" -> concordance de temps : j'écrirais "toutes ces nuits qu'on a passées"
Ce que j'ai particulièrement apprécié :
"Son aîné leva les sourcils et prit son air le plus pincé puis s’enferma à nouveau dans le silence." -> super ces moments entre frères qui ne nécessitent pas de paroles !
"Ou alors, elle emprunte un canal souterrain et continue son chemin sous la surface pour atteindre le bord du disque terrestre. Quoi qu’il en soit, je veux le voir de mes yeux. Tu imagines, si on découvre un passage qui mène jusqu’au bout du monde ? Ça ferait de nous des héros !" -> Je suis surpris que Bann ne se contente pas de vouloir savoir ce qui s'est passé au temple, mais ça ne me gêne pas trop car comme lui j'ai envie de savoir ce que cache le reste de voir votre monde et s'il ressemble bien à un disque terre ou non !
"Cette géographie, bien connue de tous, définissait les limites de leur monde, que plus personne n’essayait de repousser. Pourtant, Bann semblait s’autoriser encore à rêver à de nouveaux horizons." -> Je suis content de mieux comprendre la géographie et les limites de leur monde. Et l'enjeu de Bann me parle beaucoup !
"Héritier d’une famille qui n’avait pas confiance en son avenir, Bann voulait descendre le Fleuve pour à son tour écrire son histoire dans un livre." -> Bravo pour la formule ! Et super ce résumé de l'enjeu de Bann (avec une contradiction qui ne cesse de m'étonner mais qui ne me dérange pas : Bann semble avoir plutôt confiance en lui-même, tandis que ses parents ne semblent ni voir ses capacités ni croire en lui ; il y a là une tension difficile à préciser et maintenir en équilibre, mais qui est très réaliste et permet puissamment de s'identifier).
A bientôt pour la suite (waouw c'est génial de voir tous ces chapitres que vous avez déjà postés !)
Je prends bonne note de toutes tes remarques, merci beaucoup d'avoir relevé tout ça ! La plupart de ces petites incohérences sont des restes d'une ancienne version de ce chapitre, qui a été déplacé plusieurs fois... Pour tout dire, cette scène faisait partie de la toute première version du livre, on est aujourd'hui sur la 3e haha donc pas mal de choses ont évolué depuis !!!
En ce qui concerne Bann, effectivement il est plutôt sûr de lui, mais ses parents le trouvent trop tête brûlée et insouciant pour faire un bon administrateur et ces défauts font qu'ils occultent ses qualités !
A bientôt ! (oui j'essaie de me tenir à mon rythme d'un chapitre par jour... c'est assez facile comme tout est déjà écrit ! Pour info il y a en tout 70 chapitres !)
Me revoici pour te donner mon ressenti sur la suite de l'histoire !
Tout d'abord j'ai trouvé très sympathique la description des abords du fleuve qui m'a permis de mieux me situer dans l'univers dans lequel évoluent les personnages.
De plus, après le passage précédent qui renforce le caractère de meneur de Bann, celui-ci met bien en avant les motivations qui le poussent à vouloir entreprendre un voyage périlleux. Quant à Mévanor, il m'apparaît comme un peu plus mou, un peu plus maladroit mais pourtant avec une belle force d'âme puisqu'il semble prêt à suivre son frère malgré tout.
Enfin pour ce qui m'a gêné à la lecture :
"il n'y aurait que le ciel à observer" -> tu veux dire "à surveiller" par rapport à d'éventuels prédateurs ?
"son frère devait se trouver là depuis un moment : il portait des vêtements secs" -> je ne comprends pas trop, pour moi c'est comme si les deux points amenaient une explication sur comment on sait qu'il attend depuis un moment mais du coup je ne vois pas trop le rapport avec le fait qu'il porte des vêtements secs ; est-ce qu'il est rentré se changer ? est-ce qu'ils étaient mouillés par la pluie mais qu'il a attendu son frère tellement longtemps qu'ils ont eu le temps de sécher ?
Voilà ! En tout cas j'ai toujours envie de découvrir la suite !
Tu as bien cerné les caractères des personnages :D J'ai peur que Mev soit un peu terne au début du livre mais la suite lui réserve des belles opportunités d'évolution ;)
Pour les points qui t'ont gênée :
- "il n'y aurait que le ciel à observer" ==> effectivement, surveiller convient mieux !
- "son frère devait se trouver là depuis un moment : il portait des vêtements secs" ==> je ne sais plus du tout pourquoi j'ai écrit cette histoire de vêtements secs, ça n'a pas beaucoup de sens en effet... je pense que je voulais dire qu'il s'est déjà changé mais dans ce cas autant l'écrire explicitement ^^ je modifierai ça !
Merci pour ces remarques, ça nous aide beaucoup !!
J'espère que la suite te plaira :)