Lylia, près de l’enclos à lucioles, était songeuse. Aujourd’hui on célébrait Mère Nature du matin au soir. Dès l’aube cela avait commencé avec certaines elfes chanteuses, elles ont accueilli l’astre solaire sur des notes mélodieuses. Quelques heures plus tard, des elfes ayant la main verte ont confectionnés des tas de jolies couronnes et colliers pour les offrir aux uns, aux autres. L’elfe regarda sa propre coiffure végétale, composée de roses, marguerites et lauriers. Un assortiment doux au regard, au toucher et à l’odorat. Bien sûr, la veille la liesse collective avait réchauffé son coeur pour faire fondre ses peurs. Des questions effrayantes hantaient son cœur depuis qu’elle connaissait le triste état de la Fleur de Vie Originelle. Malgré tout…
Et si ça ne fonctionnait pas ? pensa t-elle.
La fée déglutit, apeurée face à cette soudaine pensée qui tournait en boucle depuis son premier battement d’aile matinale. Elle leva un bocal grouillant de vers devant ses yeux, piocha une pauvre victime gigotante entre ses menus doigts et la glissa près d’un tas de feuilles mortes à ses pieds. Quelques minutes plus tard, le ver avait disparu - dévoré par des lucioles affamées. Tout un essaim remuait là-dessous, à l’abri de la lumière du jour. Un léger gargouilla la tira de ses rêveries solitaires.
J’vais manger un truc moi aussi.
Elle quitta l’enclos à pas pressés, comme si cette prise de conscience de sa faim l’avait soudainement fait accroître. Davan n’était pas libre pour un repas, il courait partout dans tous les sens en ce jour très festif. Chacun et chacune mettaient beaucoup d’énergie pour rendre hommage à Mère Nature : chants, créations champêtres, ou encore randonnées en groupe pour apporter soin et réconfort à cette faune et flore qui subit les attaques intempestives des êtres humains. Alors, seule, elle alla cueillir quelques cerises pour son repas accompagnées d’un bon morceau de pain chaud. Une fois installée sur la plus basse branche d’un arbre, en haut d’une légère côte, elle pu entamer son repas avec un vaste panorama sur un bout de son village. De sa position, son regard tendre couvait plusieurs chaumières, l’enclos à luciole, quelques arbres fruitiers et une belle fontaine magique d’où l’eau jaillissait depuis le sol. D’ailleurs un amas de fées se tenait près de cet espace, avec la ferme intention lui avait-on dit, de fabriquer une statue en l’honneur de Mère Nature. Le plus dur étant de trouver le bon symbole pour en faire quelque chose du plus grand honneur possible.
Je me demande si…
Alors que la plupart des fées avaient le cœur à la fête, aujourd’hui des témoignages à n’en plus finir et demain le jour de l’Éclosion, son propre cœur peinait à partager toute cette allégresse; comme si quelque chose l’empêchait de prendre part à un tel engouement. Lylia goba sa dernière cerise puis bondit sur ses pieds avec détermination. Occupé ou non, elle devait parler à Davan ! Une idée venait de germer dans son esprit, impossible de l’en déloger.
En quelques minutes elle rejoignit son aimé près de la fontaine grâce à ses ailes. Ce court vol lui donna le teint rose, ébouriffa sa chevelure à la couleur du blé, et lui permit d'afficher un air bien plus serein que le fil de sa pensée.
«— Davan ! Mon tendre Davan ! J’aurai besoin de te parler, s’il te plaît. » Ajouta t-elle avec un sourire mielleux. Elle venait de fendre la petite foule surexcitée, et attendit patiemment qu’il se retourne dans sa direction à son appel. Ce qu’il fit avec le plus grand, le plus chaleureux, le plus enthousiaste des sourires.
«— Ma douce, ma jolie Solaire te voilà ! C’est fantastique ! Nous sommes presque d’accord sur ce que nous allons produire, ici même pour Mère Nature ! Et crois moi ça va être incroyable !
— Je n’en doute pas ha ha ! Pourrais-tu venir un peu plus loin, j’ai une demande un peu personnelle à te faire... »
Des chuchotements et rires moqueurs les entourèrent brièvement. Davan rougit comme une pivoine tout en tirant sa compagne par la main. Une fois isolés, il lui prit les deux mains pour y déposer un baiser, depuis un regard transi d’amour. Cette étincelle était revenue, remarqua Lylia. La fée en profita alors pour lui exposer directement sa demande.
«— Tu sais, je me suis dis qu’on pouvait aller consulter Pura et…
— Non ! Enfin, tu sais que…
— Que quoi ?
— Mais enfin, ma belle goutte de rosée elle est… Enfin tu sais… Pas comme nous et…
— Et alors ? Je me souviens qu’à son Éclosion nous étions tous tellement ravie de cette fabuleuse faculté à percevoir l’avenir et !
— Grmpf. Ça c’est ce qu’elle dit. Je ne la crois pas. C’est de la magie noire ! Et elle est si différente, si… Anormale !
— Je suis blessée d’entendre ça venant de toi. »
Lylia dégagea ses mains avec force, les larmes aux yeux. Sans laisser le temps à Davan d’en dire plus, et peut être espérer se faire pardonner, elle se téléporta en un instant. La fée resté là, seul, était hébété. Il ne comprenait pas ce revirement de situation. Au même moment on revint le chercher pour lancer la fabrication de leur statue. Un peu renfrogné par la situation, il suivit néanmoins ses congénères en se faisant la promesse d’apaiser cette horrible dispute dès que possible. Il tenait entre ses mains la belle couronne de fleurs, que portait son amoureuse juste avant qu'elle ne s'éclipse par magie. Un poids pesait terriblement au fond de son cœur chamallow.
Quant à Lylia, elle venait de se déplacer à la limite de la forêt. Plusieurs larmes coulaient le long de son visage, son âme bouleversée. Elle ne s’attendait pas à rencontrer un mur aussi froid, un refus aussi catégorique, une énergie aussi négative de la part de Davan. Ses ailes traînaient sur le sol avec mollesse. Un soupir glissa sur ses lèvres humides de sel. Un frisson la fit soudainement se retourner, les oreilles pointues tendues. Rien, hormis cette obscurité qui semblait l’attirer. La maison de Pura se trouvait un peu plus loin; enfin l’arbre-mort pour être plus précis. Ce n’est pas une coïncidence que son sort de téléportation venait de la déposer ici même. Autant faire confiance à son idée, et aller jusqu’au bout.
Elle s’enfonça dans les ténèbres à pas lents, aux aguets. La température chuta brutalement, les rayons du soleil ne voulaient plus traverser le feuillage épais et lourd au-dessus de sa tête. Plusieurs bruits la firent couiner de peur. Mais sa détermination s’allia à son courage pour l’aider à zigzaguer entre ces hauts arbres touffus, à esquiver ces racines noueuses ou encore pour la faire traverser des marécages guères accueillants au prime abord. C’est sale et aux ailes toujours molles qu’elle arriva devant cette habitation à l’image de son excentricité propriétaire. Une grande inspiration afin de se donner courage, levant le poing vers la porte et…
«— Salut Lylia. Tu t’es souvenue que j’existais ? Et bha ça alors, ça m’en touche une aile sans faire frémir l’autre... » fit une voix dédaigneuse juste avant que son coup ne tomba.
Pura se tenait sur son palier, bras croisés et l’air fier. Derrière cette chevelure noire brillait deux grands yeux gris. Un corbeau sur son épaule croissa gravement.
Tant que tu ne me dis pas d'arrêter, je continue de te mentionner ce qui me saute aux yeux.
J'aurais mis le passage "Dès l’aube cela avait commencé avec certaines elfes chanteuses, elles ont accueilli l’astre solaire sur des notes mélodieuses. Quelques heures plus tard, des elfes ayant la main verte ont confectionnés des tas de jolies couronnes et colliers pour les offrir aux uns, aux autres." entièrement au plus que parfait. avaient accueilli, avaient confectionné (pas de S).
Laurier au singulier.
"premier battement d’aile matinale" sans e à matinal
Je ne connais pas le mot "gargouilla", j'aurais mis "gargouillis" ou "gargouillement".
"faculté à percevoir l’avenir et !" : le "et" est en trop, ou alors tu as oublié d'écrire quelque chose.
"guères accueillants au prime abord" : je pense que guère est invariable et que la formule est "de prime abord".
"C’est sale" : ce fut.
En tout cas, j'ai hâte de connaître les prédictions.
J'ai hâte de savoir ce que Lylia et Pura vont se dire et les révélations qu'elle va lui faire !
Oui Lylia est la douceur incarnée ❤️
Elle est vraiment trop trop classe
Mais j'adore Lylia aussi elle est mega douce et… le fait qu'elle aille voir Pura c'est beaucoup trop bien ! Hâte de voir ou ca va les mener (j'ai le droit de les shipper ?)
J'avoue j'ai un coup de coeur pour Pura aussi ♥
Tu as le droit oui vas-y vas-y ^-^ Je bouillonne d'écrire la suite !
Hate de lire la suite !!