Je pris une profonde et lente inspiration en ouvrant les yeux. Mon corps était légèrement engourdi, mon esprit était encore un peu brumeux. Je me sentais étrangement détendue, comme débarrassée de tensions que j’avais fini par oublier, à force de les négliger.
Je me demandais si j’avais fermé les paupières quelques minutes, ou quelques heures. La réponse se trouvait déjà sous mes yeux, sous la forme d’un rayon de lumière qui filtrait par la fenêtre, projetant sa forme tout le long de mon corps. Cette lumière qui coupait mon corps en deux n’était pas très éclatante, mais elle n’avait pas non plus les teintes jaunes de l’aurore. Je reconnaissais bien ce type de lumière, c’était celle des matinées londoniennes de mon enfance, celle qui me réveillait en filtrant par la fenêtre de ma chambre, juste avant que la gouvernante ne vienne me prévenir que le petit déjeuner était prêt. Alors, l’odeur du thé jaune, du pain beurré bien chaud et de la confiture se chargeait de me sortir définitivement de ma torpeur, me faisant me lever de mon lit avec le sourire, tandis que j’entendais déjà le son des couverts en train d’être disposés sur la table de la salle à manger…
Mais le plafond que je fixais à présent n’était pas celui de la chambre que j’avais laissée derrière moi. Aucune gouvernante au visage souriant ne viendrait m’inviter à prendre le petit déjeuner, et les odeurs que je sentais étaient celles du café soluble de mauvaise qualité et du pain brûlé par un toaster défectueux, que l’on avait recouvert d’une pâte à tartiner bon marché. Pour finir, le seul son que j’entendais était celui des oiseaux. Et ce changement était loin d’être désagréable, contrairement aux autres. Mais tout cela allait devenir mon quotidien, et je devrais apprendre à en tirer de la satisfaction et faire de mon mieux pour l’améliorer.
Après m’être accordé quelques minutes supplémentaires afin de laisser la brume se dissiper de mon esprit, je me décidais enfin à me redresser, assise sur mon lit, avant de m’étirer longuement sans prendre la peine d’étouffer un profond bâillement. Et tandis que je commençais à bouger, je me rendis compte que je m’étais endormie dans mon tailleur, sans même avoir pris le temps de retirer mes escarpins. Vraiment, mon arrivée dans cette université avait en tous points manqué d’élégance. Cependant, je me pardonnais volontiers se laisser aller. Car après tout, j’avais dû prendre un avion pour Brest, puis le train pour m’arrêter dans la ville la plus proche de l’université. Après quoi, j’avais décidé de faire le reste du trajet à pied, afin de me dégourdir les jambes. Ce qui représentait une petite heure de marche. Puis vint ma rencontre avec Améthyste, qui n’avait pas très bien commencé. Après quoi, je dus faire connaissance avec mes camarades de résidence, pour finalement m’effondrer en pleurs avant de ranger toutes mes affaires pour fuir mon chagrin. Après tout cela, je pensais pouvoir me permettre de m’endormir tout habillée, en travers de mon lit.
Un rapide coup d’œil au vieux réveil mécanique que j’avais installé sur ma table de nuit m’indiqua qu’il était sept heures et quart. J’avais donc tout mon temps avant le début de mon premier cours, qui avait lieu à quatorze heures.
Je retirais donc mes escarpins, ce qui me fit soupirer de soulagement, puis le tailleur m’ayant accompagné dans mon long voyage et dans lequel j’avais même dormi. Autant dire qu’il n’était vraiment pas frais du tout. D’ailleurs, je notais dans un coin de ma tête qu’il me faudrait demander comment faire ma lessive. Il était hors de question que je mette mes précieux vêtements dans une espèce de grosse machine à laver commune tournant avec une lessive en poudre bas de gamme et donc forcément néfaste pour les tissus délicats.
Cependant, cette brève anxiété ne gâcha rien à ce que j’oserais appeler un petit plaisir typiquement féminin. Après une longue journée, et en ce qui me concernait, une longue nuit, défaire les agrafes de mon soutien-gorge fut un profond soulagement que je ne me retins pas de vocaliser d’un souffle. Enfin libérée de ces impitoyables bretelles, entre-bonnet et armature, qui irritaient et rougissaient ma peau avec la complicité d’une indésirable transpiration. Et surtout, le plaisir de pouvoir enfin libérer d’une certaine pression des attributs que la nature n’avait pas conçus pour être ainsi engoncés.
Une fois dans mon plus simple appareil, je déposais mes vêtements sales mais soigneusement pliés sur un coin de mon lit, en attendant de savoir quoi en faire. Puis je me dirigeais pour la première fois dans la petite salle de bain. C’était plutôt simple, mais étonnamment complet. Le lavabo était encastré dans un joli meuble blanc disposant de quelques rangements ainsi que d’un petit placard à pharmacie derrière son miroir. Il y avait un grand tapis de bain vert pastel sur le sol, près d’une large baignoire équipée d’une vitre plastique coulissante suffisamment opaque pour offrir une certaine intimité. J’étais plutôt ravie de pouvoir envisager l’idée de prendre un bain ; luxe auquel je ne m’attendais pas de la part d’une chambre d’étudiante. Cependant, ma joie fut un peu gâchée par un détail irritant : les cabinets se trouvaient également là, à la diagonale du lavabo et à la perpendiculaire de la baignoire. Je soupirais avant de tourner les talons, prenant simplement une serviette de bain, quelques savons et mon shampoing dans mes affaires, décidant de ranger tous mes autres produits de beauté plus tard. En fait, je détestais l’idée que ma salle de bain, lieu d’hygiène corporelle et de propreté, accueille également mes w.c...
Mais faisant fi de ces détails pour le moment, je grimpais délicatement dans ma baignoire, découvrant avec plaisir que le fond était tapissé d’une texture antidérapante.
Quel soulagement alors, de sentir l’eau chaude rincer ma peau et réchauffer mon corps, me réveillant un petit peu plus. Cependant, je ne restais pas trop longtemps à simplement profiter de l’eau chaude et attrapait mon savon pour le corps. Comme il était agréable de se laver, surtout le matin. Ma mère le disait souvent et je n’ai jamais fait que le confirmer : « une bonne journée commence par une bonne toilette. » Et pour elle qui avait grandi dans les traditions sud-coréennes, propriétaire de luxueux bains publics dans lesquels elle avait rencontré mon père, l’art de se laver était autant hygiénique que spirituel.
En ce qui me concernait, j’avais été élevée en Angleterre, baignée par des traditions fatalement empreintes de chrétienté. Cela dit, je ne boudais pour autant jamais les histoires que me racontait ma mère, lorsqu’elle me parlait des traditions et des légendes de son pays natal, que j’avais eu l’occasion de visiter plusieurs fois.
M’accordant un sourire pour moi-même à l’évocation de ces souvenirs, je prenais le temps de me rincer le corps avant d’attaquer un premier shampoing, puis un second. Et une fois celui-ci rincé, je tendis la main pour attraper le genre de savon très doux réservé aux femmes.
Après quoi, je poussais le petit volet coulissant et sortais délicatement de la baignoire, tâchant de ne pas faire d’éclaboussure. Heureusement, le tapis de bain était plutôt grand et semblait de bonne facture. Je pris donc le temps de me sécher soigneusement le corps, frottant ensuite activement ma chevelure afin d’éponger le plus gros, avant de commencer à la brosser sans vraiment de délicatesse. En effet, je n’étais pas le genre de femme à prendre follement soin de sa chevelure. J’avais hérité d’un type de cheveu asiatique, particulièrement épais et résistant, même s’il était un peu sec.
Une fois correctement brossés, j’attachais mes cheveux comme d’habitude, en une queue de cheval semi-haute et me dirigeais vers la chambre, commençant à réfléchir à ce que je pourrais bien porter aujourd’hui… lorsque quelqu’un frappa à ma porte :
— Lili, t’es levée ? On a fait le p’tit déj' ! Je peux rentrer ? chantonna une voix que je reconnaissais comme celle de Mauricio.
Et comme j’avais déjà eu un aperçu de l’humour potache de l’énergumène, et que je ne me souvenais pas avoir verrouillé la porte, je me crispais immédiatement en me sentant soudainement assez vulnérable. Je jouais donc la carte de la mise en garde, élégante mais menaçante :
— Si tu rentres, je devrais te crever les deux yeux, grognais-je en voyant la poignée de la porte bouger d’un petit millimètre.
— Oh ? Ça vaut peut-être le coup, si la dernière chose que je vois c’est…
Pour le faire taire, je flanquais un grand coup de pied dans la porte, sachant que cela le ferait reculer de surprise en plus de lui faire comprendre que je ne plaisantais pas. Le geste manquait d’élégance, mais lorsqu’une situation commençait à m’échapper, j’avais tendance à suivre mon instinct en faisant fi de beaucoup de choses, ce qui m’avait souvent valu des remarques de la part de mes parents. Mais ce défaut était rapidement gommé par le soin tout particulier que j’accordais habituellement à ne jamais laisser une situation m’échapper.
— OK, OK...! C’était juste pour rire ! Et puisque j’imagine que t’es pas encore habillée, mets un jogging, on ira courir un peu ensemble, d’accord...? balbutia-t-il.
Je soupirais. Je ne voulais pour rien au monde laisser l’incident avec Améthyste se reproduire. Même si mon changement brutal d’environnement ne m’y aidait pas, je devais impérativement faire en sorte de ne plus perdre mon sang-froid. Je n’avais plus l’excuse de la fatigue, tout juste celle d’être en territoire inconnu, et encore, ce dernier argument jouait en ma défaveur. Car à Rome, il faut faire comme les Romains. Je devais réviser mon comportement.
— Bien, je vous rejoins en bas dans quelques minutes, répondis-je alors d’un ton plus détendu. Et oui, je veux bien venir jogger avec toi, mais s’il te plaît évite ce genre de plaisanterie à l’avenir.
— Oh, heu, d’accord, désolé. Et merci, je suis content que tu m’accompagnes, on t’attend en bas alors !
Un étrange sourire se dessina sur mes lèvres, mi-amusé mi-victorieux. J’étais fière d’avoir finalement su reprendre le contrôle de la situation et d’avoir clairement fait comprendre les choses à Mauricio. J’avais échappé à l’influence de mon père, contrairement à ma première interaction avec Améthyste. Je ne voulais pas imposer le respect comme lui, du moins je ne le voulais plus depuis longtemps. Je préférais éventuellement inspirer le respect. S’imposer pouvait être une bonne chose dans certaines situations, mais ça n’était clairement pas une philosophie de vie que je jugeais acceptable.
Je secouais légèrement la tête pour sortir de ces désagréables pensées et me dirigeais vers le placard dans lequel j’avais rangé mes affaires. Des vêtements de sport donc. Cela faisait bien longtemps que je n’en avais pas porté. Cependant, je retrouvais facilement les survêtements noirs que j’utilisais lorsque j’étais au lycée. Après tout, on ne sait jamais quand une telle tenue pourrait s’avérer utile. Cependant, des survêtements de jogging et une paire de tennis ne me suffiraient pas pour aller courir. Je me tournais donc vers les petits tiroirs du large meuble afin d’en tirer une brassière de sport ainsi qu’une garçonne. J’avais rapidement appris, à mes dépens, que bien choisir ses sous-vêtements était également vital pour toute activité physique. Il ne me restait plus qu’à choisir une paire de chaussettes, blanches, et je fus enfin prête.
J’adressais alors un bref sourire à l’intention de mon reflet dans le verre de mes fenêtres et me dirigeait finalement vers la salle commune.
Une fois sur place, je ne pus m’empêcher d’être étonnée par le spectacle qui se déroulait sous mes yeux. Les trois personnes que j’avais rencontrées en arrivant dans ce bâtiment s’étaient réunies dans la salle commune, ayant improvisé une improbable cuisine sur le maigre comptoir derrière lequel se tenait le frigo. Il y avait, empilés çà et là en équilibre précaire, un vieux moule à gaufre, un grille-pain, un mixeur, de petites plaques chauffantes électriques, ainsi qu’une ribambelle d’autres ustensiles de cuisine. Le tout branché sur la même multiprise dont le plastique jauni et les tâches de gras me laissaient craindre pour la survie de mes camarades. Je pris une grande inspiration, puis soupirais en les observant, tous les trois… Et dire que je m’étais donné la peine de me laver, d’être fraîche et présentable, tout cela pour aller rejoindre un trio de « tombés du lit ».
— Ah, te voilà ! On a voulu faire un p’tit déj' en famille pour fêter ton arrivée ! s’exclama Mauricio, qui n’était vêtu que d’un horrible vieux pyjama gris sans forme.
Il était complètement décoiffé, il sentait mauvais, il avait encore des croûtes aux coins des yeux, et son pyjama, pour y revenir, était partiellement troué en des endroits que mon regard essayait de ne pas croiser. Je croisais les bras en l’observant :
— Si tu faisais partie de ma famille, tu aurais rapidement été renié, commentais-je, piquante.
C’est alors que les regards des deux autres se tournèrent dans ma direction. Timothée avait les yeux écarquillés, vêtu d’un pantalon de pyjama en excellent état, mais d’aucun haut… Hélène, quant à elle, se mordait la lèvre en m’observant comme si j’étais une extraterrestre. Et ne faisant pas mieux que les garçons, elle portait une robe de chambre tellement débraillée qu’elle ne cachait vraiment que l’essentiel. Dépendant de ce que l’on estime être essentiel évidemment.
Puis sans que je ne m’y attende, alors que j’offrais très certainement un visage contrit, presque outré, le trio se mit à éclater de rire. Un rire franc malgré le fait qu’ils ne soient pas complètement réveillés, un rire amusé dans lequel je décelais une étrange marque de soulagement.
— Haha ! Oh Lili, et dire qu’on avait peur que tu n’aies pas d’humour, déclara Hélène en se frappant doucement le ventre, ce qui échancra dangereusement sa robe de chambre.
Faisant quelques rapides pas en avant, poussée par un élan de pudeur mêlé sans doute à une certaine solidarité féminine, j’attrapais les pans de son vêtement et les rajustais convenablement avant de renouer fermement le ruban de sa ceinture.
— Bon sang, Hélène, fais attention, tu as failli montrer Primrose Hill et Towpath aux garçons !
Ma déclaration fut alors accompagnée de nouveaux rires, un peu plus discrets ceux-ci, mais toujours empreints de cet inexplicable soulagement. Je n’avais pas eu l’intention de les faire rire pourtant.
— Moi, j’ai compris la référence, se vanta Timothée avec un sourire amusé en rajustant ses lunettes. T’es trop drôle, compléta-t-il.
— Et toi, tu penses à mettre tes lunettes en oubliant d’enfiler au moins un T-shirt, expliquais-je dans un soupir.
Ce qui fit apparemment rire Hélène, car elle plaça une main amicale sur mon épaule, comme pour m’apaiser.
— Haha, je suis heureuse de te voir en forme. Il nous manquait justement quelqu’un comme toi. Une touche d’humour british est la bienvenue au bâtiment G, déclara la colosse en tirant sur la robe de chambre que je venais tout juste de rajuster.
— Je ne comprends pas, pourquoi êtes-vous tous aussi débraillés pour le petit déjeuner ? Et puis je n’ai rien dit de drôle. Franchement, vous pourriez faire un effort, expliquais-je avec une pointe d’agacement.
— C’est rien Lili, déclara Timothée avec diplomatie. C’est juste que ta manière de faire des remarques est très amusante pour nous. Tu viens de la haute société Londonienne, de ce que j’ai compris. Tes expressions sont, heu… rafraîchissantes.
— Oh, je… très bien, je comprends, répondis-je, un brin plus calme. Mais je ne plaisantais pas, comment pouvez-vous vous tenir aussi débraillés dans la salle commune ? Et si quelqu’un vous voyait ? Et puis regardez-moi ça, continuais-je en désignant le fatras d’électroménagers. Ce tas d’ustensiles tient certainement en place par l’opération du Saint-Esprit, vous ne pouvez pas envahir les lieux comme ça vous chante, que vont penser les autres ? Et le responsable du bâtiment… soupirais-je.
— OK, OK, je vois le malaise, souffla Mauricio avec un petit rire. Lili, dans tout ce bâtiment, il n’y a que nous quatre, et comme on est amis depuis longtemps, on a moins de pudeur et puis… c’est Hell la responsable du bâtiment.
— Cela dit, je peux comprendre que tu sois un peu perplexe, continua Timothée en se grattant la joue. Mais c’est le genre d’ambiance qu’il y a dans les facs de campagne, même prestigieuses. On aurait peut-être dû faire un effort, pardon… conclut-il en affichant une moue désolée.
— Heu, non, ce n’est pas ce que je voulais dire, c’est juste que… articulais-je avant de prendre une profonde inspiration. C’est vrai, je n’ai vraiment pas l’habitude de ce genre de choses, expliquais-je en jetant un œil au pauvre comptoir encombré. Et vraiment, j’aimerais faire des efforts pour m’intégrer et ne pas juste être « la bourge » qui s’offusque de tout mais… Le petit déjeuner en guenilles au saut du lit, c’est peut-être encore un peu trop tôt pour moi, concluais-je comme si je m’avouais vaincue.
Un bref silence un peu gêné s’installa. Mauricio toussota en regardant ailleurs, Timothée hochait doucement la tête en aparté, comme s’il venait de prendre conscience de la situation, et Hélène me tapota de nouveau l’épaule, très légèrement, avant de briser le silence :
— Améthyste avait raison, tu es cool comme nana. Et on devrait l’être un peu plus avec toi également ! déclara la colosse en hochant vivement la tête, avant de brasser l’air de ses grandes mains. Bon, les garçons, allez vous rincer la figure et enfilez au moins un jean et un T-shirt !
Mauricio et Timothée s’exécutèrent alors sans rechigner, se précipitant vers l’aile du bâtiment réservée aux garçons.
— J’ai tout de même un peu honte de bouleverser vos… habitudes, soupirais-je en me mordant nerveusement la lèvre.
— Il ne faut pas, plaida Hélène en se plaçant devant moi. Tu as fait ta part pour t’adapter, c’est normal qu’on en fasse autant. Et puis, t’es pas au bout de tes surprises, ma grande.
— J’imagine, soupirais-je en essayant de forcer un sourire. Mais dis-moi, pourquoi il n’y a que nous quatre ici ? C’est plutôt étrange pour un aussi grand bâtiment…
— Oh, hé bien… comment dire ? La personne qui a financé la construction de ce campus a vu très grand. Et comme l’administration est composée de mollusques, ils remplissent tous les bâtiments un par un plutôt que de répartir les étudiants entre toutes les résidences. Et nous, ben, on est le chiffre derrière la virgule, tu vois c’que j’veux dire ? marmonna-t-elle en remettant en place une de ses grandes tresses africaines.
— Je vois… donc, si j’ai bien compris, le fait que j’arrive dans un bâtiment qui a à peine commencé à se remplir signifie que je suis la seule nouvelle inscrite cette année, puisque vous vous connaissez déjà tous, fis-je remarquer.
— Houlà, t’habitais au 221B Beker Street toi non ? déclara la colosse en me titillant avec son coude, apparemment fière de me montrer qu’elle connaissait un fragment de culture anglaise.
— Haha, non, c’est juste logique, répondis-je humblement. Et c’est Baker Street, pas Beker, corrigeais-je poliment.
— Hein ? J’vois pas la différence, commença Hélène avant de s’interrompre en voyant les garçons redescendre. Ah, vous voilà, maintenant bougez-vous et préparez une gaufre pour notre nouvelle amie !
Je contemplais un bref instant l’idée de décliner, mais mon ventre vide me rappela soudainement le dîner que j’avais loupé hier soir. Et puis, j’allais bientôt partir faire un peu de sport, alors sans doute pouvais-je me permettre un petit écart. C’est donc dans l’idée de bientôt faire profiter mes joyeux camarades d’un vrai petit déjeuner anglais, que j’acceptais volontiers de me laisser à leurs bons soins :
— Merci les garçons, je prendrais de la confiture, déclarais-je en leur offrant un sourire.
Pour l’instant, l’exposition continue lentement.
En général lorsqu’une exposition est longue, il faut piquer l’intérêt du lecteur en lui faisant se poser des questions.
Cela me manque beaucoup sur ce début de récit il faut avouer.