Il faisait terriblement chaud en ce jour, et il était particulièrement étrange pour une femme âgée de porter de long habits noirs de laine et un foulard violet qui couvrait sa chevelure blanche. Un observateur particulièrement aguerri aurait été frappé en constatant que la peau ridée de son visage ne témoignait aucune sueur, comme si cette femme était physiologiquement inapte à ressentir la chaleur infernale de ce 4 juillet.
Plus que tout, un observateur ordinaire aurait bien remarqué que cette femme âgée portant d’impénétrables lunettes de soleil et un sac en cuir se tenait sur le perron de la maison des Simon, alors qu’elle n’habitait évidemment pas ici ni n’était invitée.
Car jamais personne n’était invité chez les Simon.
La femme en noir jaugea la porte d’entrée décrépie, les poignées en cuivres sales, le plancher grincant. La maison avait besoin d’entretien, mais la femme en noir se demandait bien quelle femme de ménage aurait envie de travailler ici.
La femme en noir leva la main, s’apprêtant à toquer à la porte, puis s’arrrêta. Il lui semblait maintenant entendre des bruits de voix diffus, provenant de l’autre côté de la maison, dans son arrière-cour. La femme en noir se rappella instinctivement le plan de la maison : un portail rouillé, puis une dizaine de mètre à parcourir dans une végétation touffue pour atteindre la maison, et derrière celle-ci une grande arrière cour d’environ un hectare. Tout le terrain était encerclé par un mur de brique et une série d’arbres assez hauts pour empêcher de discerner les bâtiments voisins.
Les bruits de voix étaient inaudibles. La femme en noir tendit l’oreille : elle en déduit qu’il ne devait pas y avoir plus de quatres personnes. Surtout des hommes. La police ?
« Qui êtes-vous ? » interrogea une voix fluette.
La femme en noir sourit et se retourna. La voix provenait d’une petite fille d’environ 7 ou 8 ans qui était couchée dans l’herbe, pratiquement dissimulée par un buisson. La petite fille avait des cheveux bruns et sales, une petite jupe qui aurait été jaune poussin si elle n’était pas recouverte entièrement de poussière et de terre. Au milieu de toute cette saleté, les yeux bleus perçants de la petite fille fixait intensément la femme en noir.
Pensant qu’il ne s’agissait pas du regard ordinaire d’un enfant de 7 ans, la femme en noir avança en direction de la petite fille tout en commençant à ouvrir son sac en cuir. La petite fille grimaça et articula lentement :
« Ne bouge pas. »
Sa voix était cette fois-ci plus gutturale, plus rauque, raclant le fond de la gorge avec un ton menaçant. La femme en noir s’arrêta, désormais à quelque mètres de la petite fille, gardant son large sourire.
« Bonjour, dit-elle polimment. Je m’appelle Sarah. Tu es la petite Simon je présume ? » La petite fille resta silencieuse, comme si elle n’écoutait pas. Sarah continua sur sa lancée. « Puis-je te demander où je pourrai trouver ta mère ?
— Elle est de l’autre côté, finit-elle par répondre. Elle parle avec la police.
— Et pourquoi donc ?
— Ils disent que quelqu’un est mort. Un meurtre. Et que ma mère est liée à ça. »
La petite fille mentionnait cela comme si cela avait la même importance qu'un changement dans la météo. Sarah poursuivit, de plus en plus intriguée :
« Comment tu sais cela ?
— Je l’ai entendu, dit-elle en haussant les épaules.
— Tu es une drôle de petite fille, commenta simplement la femme en noir sans jamais s’arrêter de sourire. Maintenant, c’est important, alors réponds-moi sans mentir : est-ce que ta mère aurait une amie spéciale ?
— Spéciale ? »
La petite fille avait répondu en fronçant les sourcils et penchant légèrement la tête sur le côté. Sarah en déduit qu’elle ne lui mentait pas. J’espère que je ne me trompe pas. Elle poursuivit :
« Une amie qui ne la quitte jamais, nuit et jour, qui s’entend toujours très bien avec elle. Et que seule elle peut voir et entendre.
— Qu’est ce que vous lui voulez à ma mère ? »
Une nouvelle fois, la voix de la fille était plus gutturale, plus grave. Puis, il y eut un mouvement dans l’herbe en face de la petite fille. Un petit bruit de sifflement aigu se fit entendre. La femme en noir baissa la tête.
Il y avait, le dos couché sur l’herbe, une misérable poupée de chiffon. Ce n’était qu’un amas grossier de plusieurs morceaux de tissus constituant une forme vaguement humanoïde. Ses « membres » étaient grotesquement longilignes, et son buste parsemé de déchirures se tordait dans un angle perpendiculaire.
Ce qui frappa Sarah, ce n’était pas le fait qu’elle ne remarquait la poupée que maintenant, ce n’était pas le fait que son sac en cuir donna une légère secousse, ou alors que les yeux de la poupée de chiffons la fixait intensément.
Ce qui l'a surpris, c’était qu’elle s’était mise à trembler.
« Partez d’ici, et ne revenez plus » déclara la petite fille en prenant la poupée dans ses bras. Sarah ne souriait plus. Elle regarda tour à tour la poupée puis la petite fille. Je l’ai sous-estimée. Je ne peux rien faire pour l’instant, comprit Sarah, livide.
Sans ne rien laisser paraitre, Sarah rejoignit le portail, contournant prudemment la petite fille et sa poupée, rassemblant tous ses efforts pour que sa demarche paraisse la plus assurée possible. Elle sentait leurs regards brûlants la suivre dans son dos. Au bout d’un moment qui lui parut interminable, elle finit enfin par atteindre le portail.
Sarah s’arrêta sur le seuil. Elle se retourna lentement vers la petite fille, et demanda d’une voix ferme : « Comment s’appelle ta poupée ? »
Sophie Simon ne répondit pas, ne laissant transmettre aucune autre émotion sur son visage de glace. Pourtant, Sarah aurait juré que l’air était soudainement devenu plus lourd autour d’elle.
Le visage ridé et transpirant de Sarah se fendit alors d’un large sourire sans chaleur, dévoilant sa rangée de dents jaunes et usées, fixant de ses yeux aveugles la poupée de chiffon, et laissant échapper dans un murmure : « À partir de maintenant, soit sans cesse sur tes gardes et ne fait confiance à personne d’autre. Car je le jure, je vais te tuer, toi, et tout ceux qui te sont chers. »
Son sac en cuir se mit à trembler.
Ca reste creepy à souhait, ça se lit très bien. C'est vrai que c'est un peu difficile de se retrouver mais on arrive à suivre le fil après quelques chapitres. Par contre je n'ai pas fait l'effort de suivre la date suivant les chapitres, on verra plus tard.
Et le petit lexique des personnages, c'est vraiment utile, merci de l'avoir mis !
Mais après je vais garder l'index des personnages. Pour que l'horreur marche, il faut quand même savoir qui est qui... C'est le désavantage de la narration nonlinéaire aaaaaaargh
Insidious, c'est une de mes refs pour écrire oui! Annabelle j'ai pas vu (j'en suis incapable) : en ref principale je citerais Silent Hill 2, que je te conseille de jeter un oeil (je suis sur en plus qu'il pourra te servir pour La Faucheuse...)
Merci de continuer à suivre !
Après c'est peut-être juste moi qui a un QI en dessous de la moyenne aussi et que personne d'autres à dû mal à suivre hein .... Je ne suis qu'une lectrice parmi tant d'autres !
Silent hill, le 1 m'a suffit, trop gore pour moi ;) j'aime le surnaturel mais pas la violence gratuite ^^ (ce qui est le cas de tous les films gores...), Insidious, c'est un des meilleurs films d'horreur que j'ai eu l'occasion de voir. Annabell 1 est pas ouf, le 2 est génial. :)
A bientôt ^^
Content que ça te plaise encore ! Parce que moi aussi, je prends un pied monstrueux à essayer de faire peur hehe