Il était une fois une maison aux volets violets. Elle était habitée par personne, et par tout le monde. C’était la maison du village.
Elle n’était ni petite, ni vraiment grande, ni blanche, ni colorée. Son toit n’était pas plat, pas pentu non plus. Elle était tout et rien, mais c’était la maison du village. Et elle avait des volets violets.
Quand on entrait par la porte – qui n’était jamais vraiment fermée – certains devaient baisser la tête. On enlevait ses chaussures, puis ses chaussettes, et on foulait pieds nus le plancher, jusqu’à la salle de réception. Personne ne savait ce qui se trouvait dans les autres pièces. Peut-être même qu’elles n’existaient pas. Mais tout le monde savait où aller.
Il n’y avait rien, dans cette salle. Rien, sauf un mur blanc à quatre côtés. Et, sur ce mur blanc qui entourait la pièce et ses visiteurs, il y avait des photos, des petits mots, des tickets de caisse, des billets de concert ou de cinéma, des dessins d’enfants, des lettres d’amour et de haine. On ne savait pas trop pourquoi c’était là, mais les villageois ne se posaient pas de question. Ils complétaient juste les souvenirs de la maison aux volets violets, minutieusement. Au cas où.