— Bon, nous y sommes.
— Nous y sommes.
— Et ? Sérieux, il va falloir accélérer un peu le mouvement, mon gars. Parce qu’on parle, on parle, mais vous n’êtes toujours arrivé nulle part.
— Je suis censé arriver où ?
— Là où il faudra. Alors ?
— Bon, cette maison…
— Elle est là, devant nous. Toujours fadasse ?
— Non et c’est bizarre. Elle…
— … elle ?
— Elle a des couleurs. Vous les voyez pas, vous ?
— Je vois ce que vous voyez.
— Comment ça se fait ?
— Trop long à expliquer.
— J’ai l’impression que du temps, on en a.
— Très mauvaise impression.
— Je fais quoi ? J’entre ?
— Je ne suis pas votre mère. Débrouillez-vous.
— Je crois que je vais entrer.
— Agissez au lieu de croire.
— C’est…
— Quoi encore ?
— Pourquoi la porte est ouverte ?
— Peut-être que ce sont des choses qui arrivent dans des petits villages fantômes.
— Fantômes ?
— Enfin, sans personne, quoi.
— Mais pourquoi “fantômes” ?
— C’est une expression. Alors, on y rentre dans cette maison ?
— Je… oui.
— Alors, les sensations ?
— C’est… c’est compliqué à décrire.
— Tentez quand même.
— C’est comme dans un souvenir, vous savez. Peut-être d’enfance. Le truc lointain, plein de soleil.
— Vous voyez du soleil dans la maison ?
— J’ai la sensation qu’il pourrait arriver par la fenêtre. Là, juste sur les meubles de la cuisine.
— Mais est-ce qu’il arrive vraiment ?
— Il n’arrive pas.
— Pourquoi ?
— Parce que c’est un souvenir de pluie.
— Triste ?
— Non, c’est une pluie d’été.
— Orage ?
— Au loin, on voit des éclairs.
— Sensations ?
— Diffuses. Je suis tout seul à la maison. Pour… je crois que c’est la première fois. Et… et…
— … et ?
— Et j’ai peur.
— Peur ? De quoi ?
— De la pièce du fond. Elle est… elle…
— Quoi ?
— Elle est dans l’obscurité. C’est… je crois que c’est un débarras. Et je crois aussi…
— Oui ?
— Je crois que j’ai entendu quelque chose bouger. Là-bas.
— Est-ce que ça a vraiment bougé ?
— Je sais pas. Ça… La pluie tambourine à la fenêtre. C’est peut-être juste ça.
— Vous n’allez pas voir ?
— Non. Non.
— Et si ça a vraiment bougé ?
— Si ça a bougé, il faut pas que j’y aille. Ça pourrait être… quelque chose.
— Ça pourrait sortir.
— Ça ne le fera pas. Ça restera derrière la porte, dans l’obscurité. Jusqu’à ce qu’elle revienne.
— Elle ?
— Elle.
— Et ensuite ? La pluie va se terminer ?
— Toutes les pluies se terminent. Puis, viendra le soleil. Par la fenêtre de la cuisine. Je…
— Quoi ?
— Je me sens pas bien.
— Ouais, on se sent pas bien quand les souvenirs reviennent.
— Mais pourquoi ils étaient partis ?
— Ça, c’est à vous de le trouver. Est-ce qu’il y a d’autres choses à voir dans cette maison ?
— Le…
— Quoi ?
— Le débarras.
Au fil de ma lecture, :
« — Là où il faudra. » -> La conjugaison au futur m’a perturbé. Le lieu d’arrivée pourrait dont changer au fil du temps ? Ou ne se révéler que plus tard ?
« — J’ai l’impression que du temps, on en a. // — Très mauvaise impression. » -> Haha, parfait. J’adore à quel point la guide est blasé xD
Je vois que la personne traîne toujours joyeusement les pieds, voire freine des quatre fers à certains moments ^^ Bon, là, on le comprend un peu mieux ; il y a l’air d’avoir autre chose que juste de la confusion, et les souvenirs, c’est pas toujours cool quand ils reviennent, la guide a raison.
J’ai envie de penser que c’est sa maison d’enfance, et que le débarras cache le monstre dont il (elle ? iel ? je sais plus si y a un accord quelque part qui laisse deviner le genre de la personne...) avait peur petit... Mais um, ça pourrait être un monstre « réel », aussi.
Curieux de voir la suite du coup !
(C'est un il, btw)
Merci d'être toujours là :p
Enfin le retour de la comè... du ça-n'avancera-donc-jamais-cette-histoire ! : D
Je suis ravie de retrouver ce petit monde bien étrange et cette personne qui ne semble décidément pas spécialement motivée à comprendre ce qu'elle fait là.
En tout cas il y a tout de même, l'air de rien, des petites choses qui se précisent, le trauma d'enfance par exemple, le souvenir d'avoir été seul à la maison pour la première fois, le "truc" qui bouge dans le débarras... hmmm hmmm...
Vivement la suite ! : )
C'est gentil de dire que ça se précise, alors qu'on avance pas des masses xDD
Depuis le moi de février qu'on reste planté devant cette porte et cette maison, c'est pas pour faire demi-tour maintenant ;) s'ils ouvrent le débarras et qu'ils y trouvent un balai... je... hmmm. Je ne sais pas ce que je fais !
Je crois que je vais renommer cette fic en "Des portes et des portes et des portes"...