Plusieurs jours passèrent, avant que finalement, les choses avancent. Ils avaient tué le temps en étudiant, méditant, s'entraînant, ou en visitant même les alentours de la demeure de leur hôte. Odessen était une planète magnifique, presque aucune espèce intelligence n'y avait mis les pieds dans toute l'histoire de la Galaxie. Mais malgré tout, ceux désireux d'agir tournaient en rond, attendant que leur sauveur daigne les informer de ce qu'il avait prévu. Alora et Iris allaient même jusqu'à penser que les voir attendre avec autant d'impatience amusait Seru, c'était peut-être vrai. Faire attendre un soldat ne faisait que renforcer sa détermination et sa volonté d'agir. L'historien ne s'était d'ailleurs que peu montré ces derniers temps, c'est à peine s'il croisait un seul de ses convives en une journée. Mais finalement, il les invita à le rejoindre dans la salle de guerre le lendemain. Et tous furent présents devant la grande console dès les premières lueurs du jour, patientant et discutant de ce qu'ils allaient bien pouvoir entendre et faire après ça. Seru arriva en dernier, vêtu d'une simple bure souple blanche.
— Pour comprendre l'Empire et savoir que faire, commença-t-il. Il faut le connaître de l'intérieur. Quelle est la meilleure manière ?
— En espionnant ? proposa Alora.
— En infiltrant ! sourit Iris, comprenant où il voulait en venir.
— Exact, hocha-t-il la tête en faisant apparaître la structure du Sénat Galactique sur la console. En infiltrant. Et plus précisément, en écoutant et en participant aux débats du corps dirigeant. Même si l'espionnage pourra nous être utile aussi.
— Oui, mais comment ? demanda Carsha. On est tous connus ici.
— Tous, sauf moi, fit Seru. Je doute que l'Empereur ait eu le temps de me voir avec précision, et même si c'est le cas, il ne fera sûrement pas le lien, les Sith sont trop fiers pour y voir clair.
— Comment allez-vous faire ? demanda Alora. Il faut être sénateur ou représentant pour pouvoir intégrer les décisions.
— Précisément, répondit-il.
Il fit apparaître l'hologramme d'une femme, en tenue finement taillée et brodée, âgée d'une trentaine d'année a priori. À sa posture, et à sa fraise en collerette, on pouvait facilement deviner qu'il s'agissait d'une aristocrate de haut rang.
— Denira, la présenta-t-il. Reine de Velmor.
— Vous connaissez cette femme ? interrogea Carsha. Elle est belle !
— Et parce qu'elle est belle, je ne peux pas la connaître ? la toisa l'historien. J'ai été le professeur de Denira durant son jeune âge, en échange d'un accès aux archives de la planète.
— Pas bête… réfléchit Alora. En plus, Velmor est membre de la République.
— Denira et moi entretenons une amitié depuis, ajouta Seru. Une amitié plus à sens unique, en pratique.
— Vous jouez avec le cœur de cette pauvre femme, dit Iris, feignant d'être irritée, même si l'amusement se voyait sur son visage.
— Je plaide couplage, s'amusa presque Seru avant de voir son visage s'assombrir quelque peu. Heureusement pour vous, vous n'aurez jamais à vivre assez longtemps pour vous obliger à ne pas vous attacher. Quoi qu'il en soit, une personne pourra venir avec moi rencontrer la Reine. La plus douée en diplomatie, de préférence.
— Alors Carsha est toute désignée, sourit Alora en la poussant doucement en avant.
— Que… s'étouffa Carsha. Eh non !
— C'est décidé, conclut Seru. Nous partons dans une heure précise. Les retardataires resteront ici.
**
Chacun se choisit un endroit pour se préparer, aussi bien en termes de matériel, que mentalement. Iris, qui n'avait finalement rien à préparer à part son vaisseau, qui l'était déjà, choisit de se diriger vers la mystérieuse salle dont lui avait brièvement parlé Carsha, derrière un ascenseur dans la cantina. Elle voulait voir de ses propres yeux la fameuse beauté dont parlait l'apprentie de Satele. Elle s'attendait à beaucoup de choses, mais certainement pas à ce qu'elle vit en sortant de l'ascenseur. Tant de dorures, tellement qu'elle trouvait cela étonnant pour un homme si peu attaché à l'argent comme Seru. Mais elle comprit vite que cette salle n'était pas destinée à son mentor, mais bien à d'anciennes personnes chères à l'historien : son maître, sa sœur, Satele Shan, Theron Shan, sa femme… Tant de personnes qu'Iris aurait adoré connaître. C'était bien ce dont Carsha avait parlé. En revanche, elle n'avait pas mentionné, à l'extrême gauche de la carte galactique, flottant au-dessus d'un piédestal, un holocron cubique, et de l'autre, un holocron semblable, dans la même position. Ne sachant vers lequel se tourner, elle fit confiance à son instinct et s'approcha lentement de l'holocron de gauche. Elle lut l'inscription gravée sur le socle.
— "Holocron du Maître Jedi Elneck". Elneck ? se dit-elle. Ce nom ne me dit rien…
Se disant qu'elle ne pouvait pas faire de mal à s'y intéresser, Iris s'agenouilla devant l'holocron, sans le toucher, et se concentra dessus. Elle pénétra l'enveloppe de l'objet avec son esprit pour activer sa matrice. L'holocron tournoya légèrement dans les airs, avant d'émettre de la lumière et de s'ouvrir. Laissant apparaître un homme somptueusement habillé, coiffé simplement, à l'exception d'une tresse devant l'oreille droite.
— Salutations, fit l'homme. Je suis le Maître Jedi Elneck, membre du Conseil Jedi, Ombre Jedi, archiviste, et honorifiquement nommé Barsen'thor de l'Ordre Jedi et Guide Spirituel de l'Ordre.
— Eh bien… souffla Iris. Vous êtes beaucoup de choses… Je n'ai jamais entendu parler de ces titres.
— Les événements m'ont un peu forcé la main, je dirais, sourit le maître Jedi. Le titre de Barsen'thor est purement honorifique, il signifie "Gardien de l'Ordre" en Céréen. Il a été créé à l'origine par un maître pour son Padawan, Lorjan Sakku, à titre posthume. Ce titre a été repris par l'Ordre et était utilisé pour récompenser les plus sages. Il ne doit plus être utilisé à ton époque.
« Pour le titre de Guide Spirituel, continua-t-il. C'est le Grand Maître Jedi Satele Shan qui me l'a décerné, ce n'était pas vraiment un titre, mais une mission lors de la traque de l'esprit de l'Empereur Sith. Mais je l'ai gardé jusqu'à ma mort.
— Je suis impressionnée, admit Iris.
— Et comment te nommes-tu, jeune Jedi ? demanda le gardien.
— Iris Roancy, se présenta-t-elle. Chevalière de l'Ordre.
— Enchanté, s'inclina-t-il respectueusement. Alors dis-moi, en quoi mon humble personne peut-elle t'aider ?
— À vrai dire, expliqua Iris. J'étais simplement curieuse de savoir qui vous étiez. Si vous êtes ici, c'est que vous devez être important pour Seru.
— Je vois… Si j'ai un regret, avoua le Jedi. C'est de ne pas avoir réellement parlé à mon frère de son vivant.
— Regret partagé petit frère, dit Seru derrière Iris. Tu le sais bien.
— Vous êtes frère ?!, s'interloqua la Jedi.
À suivre…