Un somptueux repas fut organisé le soir même dans la salle de réception du château, une longue tablée fut préparée pour l'occasion, les ministres et proches de Sa Majesté étaient tous là. Cette dernière au milieu de la table, Seru en face d'elle, décalé sur la gauche, et Carsha à sa droite, en tant qu'invités d'honneurs de la famille royale. Les placements s'enchainaient ainsi jusqu'aux bouts de la tablée par ordre d'importance. Seule restait vide la place du Roi, en face de la Reine. Par tradition, son couvert avait été disposé, quand bien même, il ne viendrait pas. Les plats en or, l'argenterie et les verres en cristal étaient de mise afin de décorer cette table.
— J'eus aimé porter un toast au retour du Professeur Lerann parmi nous, commença la Reine. Et pour souhaiter la bienvenue à sa fille Carsha sur notre humble planète. Puisse l'hospitalité velmorienne vous sied, jeune fille.
— Merci Votre Majesté, la remercia chaleureusement Seru. Merci à vous tous d'être venu pour partager ce repas avec nous. C'est comme toujours un honneur pour moi de passer du temps sur Velmor, même après tant d'années.
Tous s'assirent après la Reine et les discussions allèrent bon train, allant des banalités sur la vie de Lerann pendant ces quelques années d'absence, jusqu'à la politique de la planète et de la Galaxie.
— J'ai proposé à Carth de se présenter aux élections sénatoriales, intervint Denira. Afin de remplacer le Sénateur Novar dans l'hémicycle.
Tout le monde se tut à cette phrase, les proches de la Reine ne sachant que dire et les ministres trop interloqués pour oser prononcer un mot.
— Mais… ma Reine, se lança un ministre. Pourquoi remplacer Sen Novar ? C'est un bon sénateur depuis des dizaines d'années.
— Je suis d'accord ! répliqua un autre ministre. Le peuple n'acceptera jamais, il ne connaît pas votre ami.
— Nous n'avons jamais eu de problème avec le Sénateur Novar, pourquoi changer ? demanda un autre. Ce n'est pas que nous n'avons pas confiance en vous professeur, au contraire.
— Le peuple n'a plus confiance en Monsieur Novar, ajouta un jeune ministre. Depuis le début de la guerre, il ne fait plus rien pour notre planète. Il doit être remplacé messieurs. Si Sa Majesté a confiance en Monsieur Lerann, nous devons, nous aussi, lui faire confiance.
— Qui sait même s'il est capable de s'acquitter d'une telle tâche, ajouta l'Intendant Zelor, un vieil homme voûté aux cheveux bouclés.
Seru écouta et observa chaque individu parler sans rien dire, reposant calmement son verre. Il semblait bien que les ministres étaient partagés entre les anciens qui avaient peur du changement, et les plus jeunes qui souhaitaient le bonheur du peuple, sauf peut-être l'intendant.
— Eh bien, Professeur Lerann, railla l'intendant. Dites-nous.
— Il suffit ! s'exclama la Reine en se levant. Vous ne voyez donc pas que notre peuple n'approuve plus le Sénateur Novar ? Cela fait bien longtemps qu'il est devenu un fantôme du Sénat Galactique, il fait honte à notre tendre planète. Le Professeur Lerann m'a appris à vivre lorsque je n'étais qu'une enfant. Il est l'homme le plus cultivé et le plus intelligent que je connaisse. Si quelqu'un peut guider notre peuple et faire entendre sa voix au Sénat, c'est bien lui.
— Il n'en reste pas moins qu'il ne fait pas partie intégrante du peuple, Votre Excellence, intervint Zelor d'une voix nasillarde. Le peuple ne le connaît pas, il ne vient qu'une fois tous les cinq ans.
— Si Sa Majesté a confiance, moi aussi ! s'exclama un des ministres.
— Mais qu'en est-il de vous, professeur ? demanda un proche de la Reine.
— Je n'avais pas encore pris ma décision jusqu'à présent, répondit Seru en reposant son verre.
— Et maintenant ? demanda Denira.
— Depuis le temps que vous essayez de me faire rester, s'amusa Seru. Il a fallu que la République s'effondre pour que vous y arriviez. Une aussi belle et paisible planète avec un peuple aussi généreux a besoin d'un meilleur représentant qui ne se reposera pas sur sa richesse pour conserver son pouvoir. Et, j'ai bien l'intention de montrer à ceux qui doutent encore, que le peuple a toute confiance en Sa Majesté la Reine Denira.
— Je ne sais comment vous remercier… se leva Denira.
— Nul besoin, chère amie, sourit Lerann.
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Il ne fallut pas bien longtemps à la Reine afin d'organiser, pour le lendemain, un discours de Carth Lerann devant le peuple de la capitale velmorienne. Le bruit courut à travers les rues et les bâtiments de la planète et même jusqu'aux oreilles du sénateur actuel, Sen Novar, qui fit le déplacement dans la nuit pour être présent. Jusqu'à la cantina où étaient finalement retournés le petit groupe pour discuter de leur visite.
— Carth Lerann… songea Alora. Qui est-ce ?
— Je ne sais pas, admis Iris. Mais quelque chose me dit que Seru n'est pas loin dans cette histoire.
— Tu penses ? demanda la twi'lek.
— Ouais, et si c'est le cas, il n'a en effet pas perdu de temps.
— Y'a pas à dire, fit Kelborn. C'est un rapide.
À suivre…