4. L'étincelle, partie 8

Notes de l’auteur : Publication : 13/06/25
Dernière édition : 13/06/25

Le lendemain, avant même le soleil levé, Seru était debout, observant la capitale du haut du balcon de sa chambre. Si tout se passait comme il l'avait prévu, d'ici peu, il serait sénateur non seulement de Velmor, mais d'un secteur entier de la Bordure Médiane. Il avait porté de nombreux titres et occupé bien des fonctions au cours de son existence, il ne s'était arrêté sur la politique que lorsqu'il s'agissait d'un mal strictement nécessaire. Il n'avait jamais apprécié le baratin cauteleux des politiciens, où toute phrase était entourée de velours dissimulant des couteaux, pire que les paroles mielleuses de l'aristocratie qu'il avait déjà du mal à tolérer. Il observait les quelques lumières insomniaques restantes, profitant de l'air frais de la fin de nuit.

— Entrez, dit-il en entendant frapper à sa porte.

— Carth, dit la Reine en s'approchant, se mettant à ses côtés.

— Denira, répondit Seru. Vous êtes levée bien tôt.

— À dire vrai, avoua la Reine. Je n'ai pas su trouver le sommeil.

— Qu'y a-t-il ? demanda l'homme.

— Je ne veux pas vous forcer à vous acquitter d'une tâche si dure, se repenti la belle femme. Vous pouvez encore vous abstenir.

— Je vous remercie pour votre avenance, dit-il. Mais ma décision est prise, je souhaite vous aider. Et je dois dire que je n'apprécie pas plus que vous la présence de l'Empire. Alors, comme dit l'adage, faisons d'une pierre deux coups.

— Merci… souffla la Reine, visiblement soulagée. Veuillez excuser l'inquiétude de certains ministres et de l'intendant, ils ne pensaient pas à mal, ils veulent le meilleur pour notre peuple.

— C'est compréhensible, répondit Seru, peu convaincu.

— Je me souviens lorsque j'étais enfant comme si c'était hier, dit Denira, un brin nostalgique. Vous étiez le même, froid et dur, mais pourtant si pédagogue, et j'étais si naïve, si jeune, si… Inapte à régner. C'est à croire que j'ai changé du tout au tout et que vous n'avez pas bougé d'un iota.

— C'est vrai, fit l'historien. Vous n'étiez pas prête. Vous n'aviez aucune idée de ce qu'avoir du pouvoir signifiait, vous n'aviez aucune connaissance.
« Mais vous n'étiez pas prête quand je vous ai laissé non plus, continua-t-il, voyant que la Reine ne répondait pas. Personne ne l'est jamais, on doit apprendre sur le tas, c'est ainsi. Et vous êtes douée, votre peuple vous aime, il vous suivra peu importe vos décisions.

— Merci pour vos encouragements, sourit la Reine. Je vais vous laisser vous préparer.

La Reine quitta finalement la chambre de son invité. Et tous se retrouvèrent quelques heures plus tard à la grande porte du palais, Seru était toujours vêtu de sa tenue de la veille, à quoi bon changer. À son arrivée, les portes du palais s'ouvrirent sur une estrade mise en place pour l'occasion, en bas de laquelle l'attendaient la Reine, quelques ministres, et Carsha.

— Vous êtes prêt, père ? demanda cette dernière.

— Nous verrons, répondit-il simplement.

— Suivez-moi, très cher, sourit la Reine en montant les marches menant à l'estrade.

Seru patienta quelques marches plus loin tandis que Denira parlait à son peuple. Un tonnerre d'applaudissements se fit alors que la Reine se présenta en s'inclinant devant l'assemblée, des cris joyeux et des sifflements résonnaient devant le palais royal.

— Chers velmoriens, chères velmoriennes ! sourit-elle avec entrain. Merci beaucoup ! Merci d'être venu si nombreux ! Vous le savez, les élections sénatoriales se terminent bientôt, et je sais aussi que certains d'entre vous aimeraient du changement. Mais avant de lui laisser la parole, laissez-moi vous parler de lui. C'est un homme qui fut mon professeur lorsque je n'étais encore qu'enfant, afin de m'éduquer pour qu'un jour, je puisse être une femme digne pour notre Roi. Il m'a enseigné les sciences, l'histoire galactique, la politique, mais surtout, il a fait de moi celle que je suis aujourd'hui. Il m'a appris à être la Reine que je suis, devant vous. Je pense qu'il sera bon pour notre peuple. Mais je vais vous laisser en juger, laissez-moi vous présenter le Professeur Carth Lerann.

La Reine se recula alors que Seru montait le reste des marches pour rejoindre la plateforme. Les habitants applaudirent son arrivée avec enthousiasme. Il faut dire que Denira l'avait dépeint de telle façon.

— Il a vraiment réussi… dit Alora.

— J'avoue qu'il m'impressionne là, répondit Iris.

— Le Sénateur Novar est là lui aussi, chuchota la Reine en passant à côté de Seru. Ah, j'oubliais, très cher, c'est retransmis dans tout le secteur sur l'Holonet.

— Eh bien, cela promet d'être intéressant, dit-il en s'avançant.

Il observa le regroupement en posant sa canne contre le pupitre. Ils étaient des centaines, peut-être un millier, sans compter les autres habitants du secteur qui le regardaient via les caméras flottantes autour de lui. Il avait rarement vu un tel nombre de personnes, surtout pour l'écouter lui. Il vit effectivement le sénateur actuel au premier plan, le toisant. Il s'agissait d'un humain visiblement plus enclin à s'empiffrer de toasts lors des réceptions qu'à faire de la politique. Seru laissa les applaudissements se calmer avant de prendre.

— Veuillez m'excuser, je n'ai pas préparé de discours, commença-t-il. Je préfère la spontanéité.

— Il est sérieux ? demanda Carsha.

— Apparemment, s'amusa la Reine.

— Mais d'abord, poursuivit-il. Je tenais à vous remercier d'être venus. Certains doivent se demander l'intérêt d'une telle présentation si bien organisée alors que vous avez déjà un représentant au Sénat. J'avoue moi-même m'être posé la question lorsque Sa Majesté m'a proposé de remplacer le Sénateur Novar. J'ai connu Sen il a de nombreuses années lors de mes visites sur Velmor, et il faisait un excellent travail, vous représentant à merveille, garant de votre sécurité, de votre prospérité. Mais j'ai vite compris la demande de Denira lorsqu'elle m'a avoué que depuis le début de la Guerre des Clones, Monsieur Novar avait changé, préférant profiter des ravages du conflit pour s'enrichir plutôt que de continuer à aider son peuple.

Il marqua une courte pause, un léger grondement de paroles se propagea dans l'assemblée, chacun allant de son petit commentaire à son voisin.

— Oui, j'imagine que ce que disait la Reine est vrai lorsque je vois le visage de bon nombre d'entre vous, continua Seru. C'est ce qui m'a poussé à accepter. Je ne suis pas un politicien, je n'ai jamais apprécié les détours de phrases des sénateurs. Mais je suis attaché à la famille royale, à la Reine, que j'ai vu grandir, s'épanouir, et vous guider dans une atmosphère paisible, et je ne peux laisser, à l'aube d'un nouveau régime politique qu'est l'Empire, votre peuple être représenté par quelqu'un qui se moque de vous. La démocratie, la paix et la prospérité de Velmor doit continuer, même si la démocratie n'est plus que le reflet d'elle-même depuis l'avènement du Nouvel Ordre.

L'homme se racla la gorge, mais alors qu'il allait reprendre sous les applaudissements du peuple. Il entendit des cris et des tirs de blaster derrière lui.

— Calomnies ! Laissez-moi passer ! 

— Arrêtez-le ! Novar !

— Professeur, attention !

Seru se retourna et vit le Sénateur Novar derrière lui, un pistolet blaster à la main. La panique se fit dans l'assemblée alors que ce dernier s'approcha de l'historien. Les gardes royaux montèrent sur l'estrade et s'arrêtèrent lorsque Seru leur fit signe d'attendre.

— Que croyez-vous faire exactement, Lerann ? demanda le sénateur. Vous pensez que le peuple va vous écouter ? Vous n'êtes même pas velmorien ! Vous n'avez rien à faire ici.

— Non, je ne suis pas de Velmor, répondit Seru. C'est vrai, mais je suis profondément attaché à cette planète. Et je suis bien décidé à lui offrir le représentant qu'elle mérite, qu'elle avait avant que la guerre ne vous fasse tomber, Novar.

— Foutaises ! s'exclama-t-il en agitant son blaster devant Seru. Vous ne connaissez rien à la politique.

— J'en ai vu plus que vous n'en verrez jamais en une dizaine de vies, répondit l'historien.

Il ne laissa pas le temps au sénateur de répliquer et agrippa sa canne. Il changea ses appuis et d'un coup précis, il frappa le poignet de Novar, lui arrachant un cri alors qu'il lâchait son arme. Seru fit pivoter le pommeau et sortit une épée du fourreau en bois, la pointant contre le torse du sénateur.

— Comment… ? bredouilla Sen en levant les mains en signe de reddition.

— Et en plus, vous ne savez pas vous défendre, railla Seru. Vous êtes un bon à rien.

— Gardes, s'exclama la Reine en remontant sur l'estrade. Faites descendre le sénateur. Vous n'avez rien professeur ?

— Non, pas d'inquiétude, dit-il en rangeant son épée.

— Vous êtes encore plein de surprises, très cher, sourit Denira.

— Vous en doutiez ? demanda Seru en se retournant vers l'assemblée qui criait et l'applaudissait de toutes ses forces.

— Vous voyez à présent ce que peut faire le pouvoir et la richesse chez un homme, fit Lerann. J'espère que les Dieux m'en garderont éloignés. Merci pour votre attention, et puissent mes paroles vous convaincre.

Seru se retira sous les applaudissements du peuple, Novar avait fait bien plus que lui offrir la victoire, il la lui avait servie sur un plateau de Beskar massif. Il serait élu, cela ne faisait aucun doute.

— Il a réussi, dit Iris.

— Faut dire que ce sénateur est aussi idiot qu'un bantha, fit remarquer Kelborn.

— C'est clair, rit Alora.

À suivre…

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