Bientôt, ils entendirent les premiers éclats de voix à travers les branches. Ce fut dans un étrange état second qu’il approcha toujours plus des paroles et du parfum de fumée et de nourriture. Il commença à distinguer les cabanes à travers les fourrés, puis l’arc de cercle du toit de la yourte. Son crâne lui semblait enserré dans un étau et il suivait Lara – qui avait récupéré sa main - sans plus vraiment la voir. Puis, tout d’un coup, ils débouchèrent dans la clairière qui abritait le camp.
La migraine, qui le faisait souffrir une seconde plus tôt, s’effaça au profit d’une sensation nauséeuse de légèreté. Pétrifié par les dizaines d’yeux tournés vers lui, il parvint à peine à déglutir. C’était une longue tablée qui l’observait en silence, dont Deneric. Cette attention là le happait tant qu’il ne vit pas Lara le laisser pour aller s’asseoir, pas plus que ceux qui se levaient de table dans un mouvement pressé. Le silence pénétrait Lysander comme une gelée froide et toxique.
Deneric se mit debout. Certains se plongèrent dans le contenu de leur assiette — ils avaient débarqué en plein repas, apparemment — d’autres fixaient Deneric ou Lysander, ou bien faisait la navette entre les deux.
— Quelle bonne surprise, déclara finalement Deneric.
La tension se relâcha si brutalement que les jambes de Lysander se mirent à flageoler.
— Viens t’asseoir, viens ! Tu dois avoir faim.
Un homme noir et costaud se décala pour lui laisser une place sur le banc. Lysander chercha Lara, mais tomba sur le regard mécontent d’une sexagénaire et abandonna.
— C’est bien de te voir, Lysander, poursuivit Deneric quand il s’assit.
Un peu plus loin, un jeune homme aux longues boucles brunes abandonna sa place et disparut dans le camp. Avant que Lysander ne puisse s’en préoccuper, quelqu’un lui mit un bol sous le nez.
— Bon appétit, chantonna celui qui l’avait servi avant de se rasseoir à sa gauche.
— Bon appétit, souffla Lysander.
Deneric hocha la tête, son sourire paternaliste attendrissant l’autre à tel point que Lysander se réfugia dans l’étude de son plat : un ragoût dont l’odeur de la viande le fit saliver. Au loin, le bruit d’une porte qui claque se fit entendre.
— On te manquait ? s’enquit Deneric.
Tout autour, les conversations avaient reprises. Se sentant nettement moins étudié — même si ce n’était qu’une illusion, dans un groupe à l’oreille aussi sensible — Lysander releva le visage vers le chef. Deneric était aussi imposant que dans son souvenir, avec ses épaules massives, ses cheveux grisonnants le long de ses mâchoires, sa collection de cicatrices et ses yeux attentifs comme ceux d’un prédateur à l’affût.
— J’étais curieux, répondit-il en se forçant à plus d’aplomb.
Ça ne lui plaisait pas de passer pour frêle et paniqué devant ces gens, devant Deneric. Son ton parut amuser le chef, ou alors sa réponse lui convenait.
— Curieux, hein ? répéta Deneric. C’est bien que tu sois tombé sur Lara.
Alors que rien dans son ton n’était menaçant, un frisson hérissa l’échine de Lysander. Il avala une grosse cuillère de ragoût.
— Après le repas, Leeroy pourra répondre à tes questions. Histoire d’assouvir ta curiosité, précisa Deneric avec malice.
L’homme à sa droite hocha la tête. Leeroy avait sans doute le même âge que Deneric et paraissait aussi grand. Sous le tissu de ses manches se dessinait une impressionnante musculature qui remontait jusqu’à ses mains, qu’il avait larges et épaisses comme des battoirs. D’anciennes coupures ressortaient blanches sur son teint buriné et un nez légèrement recourbé surmontait une barbe courte et bien entretenue.
— Je pourrais me joindre à vous ? demanda celui qui avait servi Lysander.
Ce dernier se tourna vers lui et ravala aussitôt un frisson d’horreur. Là où aurait dû se trouver son oreille, il n’y avait que trois larges griffures. Une blessure ancienne, apparemment.
— Je m’appelle Raffi, dit-il en tendant une main à Lysander.
Son sourire faisait presque oublier la terreur qu’inspirait sa balafre. Il avait un regard chaleureux sous les mèches châtains qui lui tombaient sur le front. Lysander serra sa main et Deneric dit :
— Si Leeroy est d’accord et si tu n’as rien d’urgent à faire.
— Ne vous en faites pas, Deneric. J’ai terminé ce que j’avais à faire pour l’instant.
Son clin d’œil apaisa quelque peu Lysander. Malgré son physique, Raffi était la personne la plus normale et sympathique qu’il aie rencontré jusque là.
Plus tard, une fille aux courts cheveux noirs, à l’air impassible et portant une chevalière en collier, vint ramasser le bol et les couverts.
— Merci, Anne, dit Raffi avec amabilité.
— Merci, bredouilla Lysander en tendant le sien. Je peux aider ?
Il s’était à moitié levé mais la fille rétorqua, un peu sèchement.
— Pas la peine. C’est mon tour.
— Tu dois aller avec Leeroy, toi, rappela Deneric. Il a pas toute l’après-midi.
— Viens, ordonna Raffi.
Il sortit de table et Lysander l’imita. Leeroy leur passa devant, pour les emmener droit vers la forêt. Quitter le camp déprima quelque peu Lysander. Si c’était pour discuter, ils auraient pu le faire dans la yourte, ou en restant à table. C’était vexant de devoir s’éloigner comme s’il dérangeait.
Mais la compagnie de Raffi atténua ce sentiment. Si Leeroy marchait sans mot dire, le jeune homme était intarissable et plein de curiosité vis-à-vis de Lysander. Ç’avait dû être difficile, dit-il, de vivre tout seul comme ça. « Les parents, ça ne fait pas tout, surtout dans notre situation. »
Lysander mit trop longtemps à répondre à ça, ce qu’il regretta. Ses parents étaient formidables avec lui, depuis sa morsure. Il ne pouvait pas dire s’être réellement senti seul. Pourtant, quelque chose avait coincé les mots dans sa gorge. Puis Leeroy s’arrêta pour leur faire face, et sa culpabilité éclata comme une bulle de savon.
Au fond de son esprit, l’autre leva les oreilles avec attention. Ils s’étaient assez éloignés pour ne plus rien entendre du campement. Autour, ce n’était que chuintement des frondaisons et parfum de terre.
— Mets-toi à l’aise, invita Raffi en s’asseyant dans l’herbe. On peut répondre à toutes tes questions !
« Mais quelles questions ? » se demanda Lysander avec un nœud à l’estomac.
— Raffi, reprit Leeroy d’une voix grave. C’est à moi de gérer ça.
Le plus jeune se tut, affichant un air provocateur que Leeroy ignora. Comme il s’asseyait aussi, Lysander suivit, de plus en plus malaisé. Aucune question ne lui venait à l’esprit. Il avait seulement accompagné Lara. À la rigueur, il aurait bien demandé pourquoi ils n’étaient pas restés au camp, mais il n’osait pas. Deneric avait sûrement ses raisons, et son alter ego approuva.
— Vous vivez là depuis longtemps ? hasarda-t-il face au silence pesant. Vous n’habitez pas ailleurs ?
— Non, répondit Leeroy. On peut dire que c’est notre résidence permanente, ici.
— Ce qui est pas plus mal, renchérit Raffi en s’étirant. On est mieux entre nous. Personne a envie de partir.
— Mais comment ça se fait ? Comment votre présence peut-elle rester secrète ?
D’accord, il y avait le grillage, du côté du parc. Il voulait bien croire que même les plus téméraires ne s’aventuraient pas loin dans les bois. Mais deux élèves de Priestlands avaient disparu en septembre, et on avait bien dû fouiller jusqu’ici pour les trouver.
— On s’est pas installé ici au hasard, confia Leeroy. Les cabanes ont été construites pour nous. Quelqu’un chapeaute notre présence et nous protège.
— Qui ça ? s’enquit Lysander le cœur battant.
Mais Leeroy croisa les bras et prit un air réprobateur.
— Pas besoin de t’occuper de ça. Ça concerne Deneric.
— Mais, en septembre, insista Lysander, il y a bien eu une battue pour…
— On te dit que ça concerne Deneric, coupa sèchement Raffi.
Il assouplit sa déclaration d’un sourire, mais Lysander s’était tendu à la rupture, le souffle court.
— T’en fais pas, reprit Leeroy avec délicatesse, nous ne sommes pas en danger ici, bien au contraire.
Un élan de jalousie le traversa. Lysander partagea brièvement son sentiment, n’était-il pas injuste qu’eux aient dû vivre dans l’inquiétude permanente jusqu’ici ?
— Y a autre chose que tu veux savoir ? relança Raffi.
— Je peux demander combien vous êtes ?
La question d’Ismael venait de lui revenir en tête, son inquiétude aussi, mais immédiatement après une douleur pressa derrière ses globes oculaires. Il tâcha de se concentrer sur ses interlocuteurs pour l’oublier, une technique déjà éprouvée.
— Vingt-deux si on compte Caleb, non ? répondit Raffi en étudiant Leeroy.
— Vingt, opposa-t-il.
— Ah oui, vingt. En ce qui nous concerne, en tout cas.
— Comment ça ? rebondit Lysander avec malaise.
Les prunelles dorées de Leeroy et Raffi — les mêmes que lui, réalisa-t-il pleinement avec un joie et d’effroi — piquèrent sur lui comme deux faucons sur un mulot. Leeroy esquissa un sourire étrangement gentil, patient face à tant de naïveté.
— Il y a deux autres campements comme le nôtre à New Forest, Lysander, dit-il avec précaution.
— Celui de Marika et de Ludwig, précisa Raffi avant de pouffer, mais Ludwig est un tocard.
— Disons plutôt, un Alpha peu raisonnable.
— Un Alpha ?
Finalement les questions venaient plutôt facilement, même si Lysander se sentait particulièrement stupide à répéter les choses ainsi.
— Les Alphas, c’est les chefs de meutes, répondit Leeroy avec un ton d’évidence.
L’espace d’une seconde, les muscles de Lysander se raidirent. Ses parents, son père particulièrement, auraient tiqué à cette phrase. Ils auraient argué que Lysander n’était pas un animal, qu’il répondait à des codes et des dénominations humaines.
Mais sous le grondement de l’autre, il chassa leurs voix d’un battement de cil. Ce n’était pas si important.
— Dis, Lee, lança soudain Raffi, est-ce qu’on peut aller se dégourdir les jambes ? Je suis sûr qu’il ne fait rien de très sportif chez les humains.
Son grand sourire dévoila des canines plus pointue que la moyenne et, un instant après, Lysander lui courrait après à travers les bois, essayant de se maintenir à son niveau.
Sans se soucier d’être vu. Sans chercher à retenir son rythme. Sans se cacher.
Jamais il ne s’était senti aussi bien.
Toute l’après-midi, Lysander couru et grimpa aux arbres, faisant plus que ce qu’il n’avait jamais fait en étant gamin. Leeroy les abandonna vite, Raffi et lui, et les deux garçons rirent beaucoup, même si Lysander n’aurait pu dire de quoi.
Quand il remarqua le changement de lumière, il eut un sursaut et dit devoir rentrer chez lui. Son sac et son téléphone étaient restés au camp. Raffi fronça les sourcils mais retrouva vite sa bonhomie, lui indiqua la route vers le parc et courut chercher ses affaires.
Il le rattrapa rapidement, lui jeta son sac en riant et parla à nouveau de tout et de rien. Son visage mutilé n’avait plus rien d’effrayant ; à vrai dire, Lysander n’y prêtait même plus attention. Parfois, une ombre tombait sur les traits de Raffi, il paraissait alors sévère, mais il émergeait bien vite et il était évident que c’était ainsi que se manifestait son autre.
Certes, il semblait plus envahissant que celui de Lysander, et alors ?
— Y a quelqu’un qui nous suit, non ? demanda soudain Lysander en se retournant.
Il ne voyait rien mais le craquement des branchages était évident. Raffi eut un rire dédaigneux.
— Ouais, et je sais qui c’est. Tu devrais pas préparer le repas, Lara ? interrogea-t-il en levant la voix.
Les yeux écarquillés, Lysander vit Lara sortir de l’ombre et des fourrés, l’air sauvage, les yeux luisants. Aussitôt, il prêta attention à son parfum de savon et de terre, et elle prit toute la place qui lui était due.
— Kay a dit que j’débarrasserai à la place, dit Lara. Rentre au camp, mon père veut t’parler. J’me charge de l’ramener.
Elle pointa Lysander du menton.
— Si c’est un mensonge… menaça Raffi.
Lara leva les yeux au ciel avec ennui et écarta les bras, déclarant avec un agacement qui lui faisait encore plus mâcher les mots :
— Pourquoi j’mentirais, ‘tain ? J’aime pas m’faire engueuler, t’sais ?
— Eh bien parfois, on dirait que si, conclut Raffi.
Il se tourna vers Lysander et son visage se fit à nouveau amical, contrastant puissamment avec celui qu’il venait d’offrir à Lara.
— Désolé, si Deneric m’appelle je dois y aller. Mais je peux emmener Lara avec moi si tu veux, t’es pas trop loin du parc.
Il semblait sincère. Lysander préféra ne pas avouer qu’au contraire, il était heureux que la jeune femme fasse un bout de route avec lui. C’était un peu masochiste de sa part, Lara finirait par se montrer désagréable et ça l’énerverait, mais savoir qu’elle les avait rattrapé…
— Non, ça ira. Merci pour tout, Raffi. Tu as rendu la journée vraiment sympa.
Raffi lui fit un clin d’œil, souffla à Lara de ne pas lambiner pour rentrer et courut rejoindre le camp. Il fut rapidement hors de vue et d’ouïe.
— Deneric voulait vraiment lui parler ? ne put s’empêcher de demander Lysander.
— En quoi ça t’concerne ? répondit Lara. Allez, viens.
Elle souriait. Il lui emboîta le pas mais pointa plusieurs fois le nez autour de lui, malaisé. Il avait l’impression qu’un brouillard commençait à se lever sans que ce ne soit le cas.
— Ça va pas ? finit par demander Lara.
Elle l’avait distancé de plusieurs pas et l’étudiait comme s’il venait de se prendre un arbre, les mains dans les poches et le dos cambré. Il ne put s’empêcher de réaliser qu’elle était souple comme un roseau et d’imaginer la courbe de ses reins.
— Juste une impression, bredouilla-t-il après s’être raclé la gorge. On dirait qu’on nous suit.
— T’entends quelqu’un ?
Elle se rapprocha, les narines dilatées tandis qu’elle flairait.
— Non, admit-il.
Elle le regarda, moqueuse.
— Bah alors, faut pas avoir la trouille des arbres.
— J’ai pas peur des arbres, protesta-t-il, vexé.
Sa proximité le troublait, son odeur lui montait à la tête et faisait paraître ses craintes dérisoires et stupides. À quoi tenait son impression ? Une pression sur son cerveau et une pesanteur dans l’air. La sensation d’évoluer dans un brouillard qui n’existait pas. Il se serait donné des claques pour s’être ridiculisé comme ça.
— C’est pas grave. T’as fait quoi, alors ? demanda Lara.
Elle marcha à côté de lui.
— On a surtout discuté, dit-il en essayant de retracer le fil de sa journée. On a… couru aussi.
— Juste couru ?
— Oui, pourquoi ?
Elle haussa les épaules. Les sous-bois l’oppressait, il avait l’illusion de respirer leur ombre verte, épaisse et odorante ; mais quand il s’attardait sur cette sensation, son crâne l’élançait douloureusement.
— Et vous avez parlé de quoi ?
— Honnêtement ? Je ne sais même plus.
Il se sentait con, mais Lara ne se moqua pas. Au contraire, le bref regard qu’elle posa sur lui était empreint de gravité. Une seconde après, pourtant, elle souriait. La pinède remplaça les arbres feuillus et ils foulaient désormais des aiguilles sèches.
— Ça devait pas être important, déclara-t-elle.
Elle croisa les bras dans le dos, le nez en l’air et l’expression pensive. Il se força à inspirer longuement, en rythme avec l’autre, et la migraine s’éloigna. À la place, des tentacules froides et légères comme de la brume se collèrent à sa peau.
— Ce serait quoi, pour toi, une information importante ? demanda-t-il.
Il se sentait ailleurs, mais la silhouette de Lara demeurait un point d’ancrage. Il la cernait mieux que l’environnement autour, elle avait plus de réalité pour son esprit cotonneux que les éclats de voix en provenance du parc.
Elle se retourna vivement – presque une pirouette – et parut lire sur son visage toute la confusion de son esprit.
— Ben… j’crois que j’aurais parlé d’Marika et Ludwig.
— Je crois qu’ils ont été évoqué. Brièvement.
Elle chassa une mèche de son visage, l’air froide et pensive. Lysander n’aimait pas son silence, ça donnait de l’importance à ce brouillard engourdissant.
— Rappelle-moi qui c’est, dit-il en se focalisant sur elle.
Il se débattit pour regagner une réelle concentration et parvint à saisir toutes les informations que Lara déroula dans un souffle :
— Marika et Ludwig c’est les Alphas des deux autres meutes. Celle de Marika s’trouve que’q’part vers l’milieu d’la forêt. Ludwig, l’est complètement à l’autre bout.
Elle zieutait dans sa direction pour jauger sa réaction.
— Raffi a traité Ludwig de tocard, se rappela-t-il.
En parlant, il eut la sensation de décoller un tentacule brumeux de sa tête.
— Ça ressemble bien à Raffi, grommela-t-elle. Pour la meute de Ludwig, c’est plus dur qu’pour nous d’rester calme. ‘Fin j’crois.
Elle avait rarement mangé autant de syllabes. Était-elle stressée ?
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
— On n’est pas pareil, résuma-t-elle en plantant ses yeux dans les siens.
— Mais comment ça ? s’agaça-t-il.
— Tu veux vraiment savoir ?
— Oui.
Il n’allait pas s’énerver de sa question ; c’était lui qui s’était amusé au lieu de prêter une oreille attentive à ce genre d’information. Il n’avait pas franchement protesté quand Raffi l’avait entraîné pour s’amuser. Lysander avait l’impression de se réveiller et, s’il en ressentait de la culpabilité, Lara avait l’air ravie. Sa voix, d’ailleurs, se fit plus posée quand elle parla. Quelque chose venait de l’apaiser.
— Je connais surtout la meute de Marika. J’y vais souvent. Mon frère, Caleb, y habite. C’est Deneric qui l’a décidé ; il a dit que c’est pour garantir à Marika qu’ils peuvent s’entraider.
— J’ignorais que tu avais un frère.
— Pas un vrai frère, corrigea-t-elle, mais c’est tout comme. Il a aucun lien avec Deneric, en fait, il s’est juste vachement occupé de moi quand j’étais môme.
Ses traits adoucis témoignaient de l’affection qu’elle lui portait. Lysander se demanda qu’elle était l’histoire de sa famille pour qu’elle s’en soit tricotée une ainsi.
— Du coup, on s’entend bien avec la meute de Marika, résuma-t-elle, et pas du tout avec celle de Ludwig. Chez Marika y a que les femmes qui se transforment à la pleine lune, et elles ont toutes un « pair ».
À son geste de mains jointes, il comprit que ça n’avait rien à voir avec la paternité.
— Elles sont liées avec un homme qui, lui, retrouve jamais forme humaine. C’est toujours un loup. Chez Ludwig, par contre, y peuvent tous se transformer quand ils veulent. Techniquement. Y paraît que s’ils le font pas régulièrement, ça les démange horriblement. Ils sont très nerveux, là-bas.
— J’imagine, souffla Lysander.
Il ne savait pas quoi dire d’autre. C’était beaucoup d’informations à avaler. Quand Ismael saurait ça, son inquiétude atteindrait de nouveaux sommets.
Presque aussitôt, ce fut comme si on lui enfonçait un piolet dans le crâne.
— Lysander ? s’inquiéta Lara comme il se pliait en deux, la tête dans les bras. Courage, on est bientôt sorti.
Il lui aurait bien répliqué qu’il ne voyait pas le rapport mais serra les dents pour ne pas se montrer désagréable.
— On en reparlera quand t’iras mieux, proposa-t-elle étonnamment prévenante.
— J’ai l’impression que tu pourrais m’en dire bien plus.
— J’ai l’impression qu’t’en supporterais pas plus, répliqua-t-elle.
Il pinça les lèvres fort. C’était vrai, en un sens, mais ça le frustrait réellement. Il aurait dû poser ces questions à Leeroy, quand il était encore en forme et pas sujet à cette migraine de tous les diables. Lara se rapprocha de lui, se hissa sur la pointe des pieds et souffla à son oreille :
— La prochaine fois. Comme ça, j’suis sûre que tu r’viendras.
Tout d'abord, un grand merci d'avoir pris le temps de répondre à tous mes commentaires, ça m'a fait tellement plaisir de voir que je n'étais pas à côté de la plaque dans mon interprétation de ton histoire !
Etrangement, je n'ai pas reçu les notifications par email, alors c'était une belle surprise de découvrir tes réponses en me connectant aujourd'hui !
Revenons-en à nos moutons, j'ai adoré ce chapitre ! Je l'ai même lu une deuxième fois tellement j'ai apprécié les aventures de Lysander dans la forêt : )
J'ai eu un peu peur pour Lara au départ, on sent que l'accueil n'est pas très chaleureux et je me suis demandé si elle avait bien fait de ramener Lyz avec elle... L'autorité de Deneric est très forte, les autres attendent clairement son approbation avant de saluer le petit nouveau.
Et un petit détail : cette porte ne claque pas juste à cause d'un coup de vent, n'est-ce pas ? J'ai comme l'impression que le jeune qui quitte la table précipitamment à l'arrivée de Lysander va repointer le bout de son nez bientôt...
Il y a de nombreux indices ici et là, ça rend la lecture encore plus agréable, et j'ai tout noté pour ne rien oublier ; )
Le mystère des jeunes disparus quelques mois plus tôt est visiblement un tabou, et il y a encore quelqu'un au-dessus de Deneric qui assure leur protection. Que de choses intéressantes, presque au point de réveiller ma théorie foireuse... Je vois vraiment bien la grand-mère en grand chef de toutes les meutes de loups-garous... (mais c'est très bien aussi si ce n'est pas le cas).
J'ai également noté cette hésitation sur le nombre de loups dans la meute. 20 ou 22 ? Simple erreur de calcul ou certains sont partis ? Se sont fait virer ?
Ou ont changé de meute ?? Puisqu'il y en a trois, et je trouve ça super, ça ouvre plein de possibilités pour la suite. Et puis le sujet des alphas est abordé, Lysander débarque à l'école des loups ; )
Côté personnages, j'aime bien Raffi, tu l'introduis facilement et il est tout de suite attachant, tout en étant entouré de mystère. Qui est responsable de sa griffure au visage ? Est-il un "fils" de Deneric ou il a simplement rejoint la meute ? J'ai noté qu'il le vouvoie, je trouve ça intéressant.
Je termine avec Lara (il faut vraiment que je termine, ce commentaire va être un vrai roman...), qui est juste adorable ! J'aime beaucoup la manière dont tu montres l'attirance entre eux, on dirait presque que Lyz la ressent plus à travers les sens de "l'autre" que les siens, c'est captivant, ça crée une sorte de tension.
Et j'ai failli oublier ! C'est quoi cette gêne bizarre qu'il ressent dans la forêt ? Est-ce que c'est seulement l'épuisement de la journée ou il y a autre chose ? J'ai tilté quand Lara dit "Courage, on est bientôt sortis". Il y a un truc pas clair dans cette forêt...
Malheureusement, chapitre plus long = plus de coquilles...
- « … d’autres fixaient Deneric ou Lysander, ou bien faisait la navette entre les deux. » -> ou bien faisaient
- « Tout autour, les conversations avaient reprises. » -> repris
- « Je pourrais me joindre à vous ? demanda celui qui avait servi Lysander. » -> pourrai ? (futur plutôt que conditionnel ?)
- « Raffi était la personne la plus normale et sympathique qu’il aie rencontré jusque là. » -> qu’il ait rencontrée (la personne)
- « On s’est pas installé ici au hasard, confia Leeroy. » -> installés
- « … mais immédiatement après une douleur pressa derrière ses globes oculaires. » -> virgule après « après »
- « … les mêmes que lui, réalisa-t-il pleinement avec un joie et d’effroi… » -> un mélange de joie et d’effroi ?
- « Les Alphas, c’est les chefs de meutes… » -> meute (en général, ils ne sont chefs que d’une seule meute chacun)
- « Son grand sourire dévoila des canines plus pointue que la moyenne et, un instant après, Lysander lui courrait après à travers les bois… » -> pointues / courait (un seul « r » pour l’imparfait)
- « Toute l’après-midi, Lysander couru et grimpa aux arbres… » -> courut
- « Désolé, si Deneric m’appelle je dois y aller. » -> virgule avant « je dois »
- « Lara finirait par se montrer désagréable et ça l’énerverait, mais savoir qu’elle les avait rattrapé… » -> rattrapés
- « Les sous-bois l’oppressait, il avait l’illusion de respirer… » -> l’oppressaient
- « Je crois qu’ils ont été évoqué. Brièvement. » -> évoqués
- « Elle chassa une mèche de son visage, l’air froide et pensive. » -> l’air froid et pensif (c’est son air qui est froid et pensif, pas elle)
- « On n’est pas pareil, résuma-t-elle en plantant ses yeux dans les siens. » -> pareils
- « … s’il en ressentait de la culpabilité, Lara avait l’air ravie. » -> ravi
- « Lysander se demanda qu’elle était l’histoire de sa famille pour qu’elle s’en soit tricotée une ainsi. » -> tricoté (elle a tricoté une histoire à elle)
- « Courage, on est bientôt sorti. » -> sortis
Je n'ai pas du recevoir la notif (ou alors elle s'était cachée dans les spams...) parce que ton com' ne me disait rien.
Je vais réparer ce mal aussitôt.
Merci ♥ Tant de compliments ! J'aime les questions que tu te poses, les choses que tu remarques... Je ne vais rien dire, parce que ce serait pas drôle ♥ (mais c'est hyper important, ce genre de retours, alors encore merci)
Je suis si heureuse que Lara te plaise ç_ç Elle est très présente dans ma tête, mais dans l'histoire je me rends compte qu'elle peut vite disparaître derrière Lyz et Ismael. C'est très important pour moi de la ramener au premier plan (ainsi qu'un autre prochain perso) et j'ai l'impression que ça fonctionne.
Merci aussi pour Raffi ! Prépare-toi à souper du personnage secondaire, je me suis fait plaisir xD (mais j'essaye de ne pas perdre les lecteurs, donc crie si tu es perdu)
Je vais de ce pas m'occuper de ces autres commentaires fantômes @_@
Encore merci !
Je suis aussi naïve que Lyz haha, je m'attendais pas à ce qu'il y ait d'autres meutes dans la même ville qu'eux ^^ Mais c'est très chouette : entre ça et les "méchants pharmaciens" (je dis n'importe quoi haha mais tu vois de qui je veux dire right ?) y a tellement de potentiel d'action future, c'est étourdissant
En plus leurs différentes façons de vivre leur malédiction est très intéressante, mais du coup je me demande à quoi c'est du, si leur capacité de transformation ou quoi dépendent dun enseignement ou juste de l'alpha qui les dirigent... Enfin bref, je suppose qu'on en apprendra plus
Oh et l'état de Lyz m'inquiète beaucoup sur la fin !! Ces tentacules de brume et ces migraines horribles qui l'empêchent de se concentrer, brrr je le sens mal tout ça, Isamel, reviens il a besoin d'un câlin !!! (bon, en vrai, je pense pas que ce soit la solution haha, mais eh, ça peut pas faire de mal si ? 😏)
Y a un passage où tu dis que Lysander est tellement accaparé par Deneric qu'il ne voit pas telle et telle chose, sauf que du coup c'est contradictoire avec le pov interne non ? S'il ne les voit pas, techniquement il ne devrait pas pouvoir nous les détailler...
Coquilles :
- pleinement avec un joie et d'effroi (il manque des mots je crois ^^)
- courrais (un "r" en trop)
Bravo pour tes avancées, ton roman est toujours aussi prenant et agréable à lire, avec ces petites formulations super bien trouvées et le rythme fluide ^^
Un gros merci pour ton commentaire ! Que d'enthousiasme, je devrais expliquer des trucs plus souvent ahahaha Je ne pense pas que ce soit du spoil de le dire... Il y a différentes façons de vivre la transformation, parce qu'il y a différentes espèces de lycanthropes. Ils ne sont pas tous pareil. Si ils mordent quelqu'un, selon la meute à laquelle ils appartiennent, ils ne transmettent pas la même malédiction.
(je te conseille de ne pas faire de câlin à Lyz sans le prévenir avant... Il n'aime pas ça du tout :p)
"Y a un passage où tu dis que Lysander est tellement accaparé par Deneric qu'il ne voit pas telle et telle chose, sauf que du coup c'est contradictoire avec le pov interne non ? S'il ne les voit pas, techniquement il ne devrait pas pouvoir nous les détailler..."
-> C'est très juste. Je corrigerai ça (avec les coquilles repérées). Merci ♥