Chapitre 10 : Le vote
Leçon
Ada leva sa main devant sa bouche pour masquer un bâillement. Quelques larmes perlèrent aux coins de ses yeux à cause de la contraction de sa mâchoire, qu’elle s’empressa d’essuyer pendant que son père lui tournait encore le dos. Elle essaya de s’intéresser à ce qu’il lui montrait, mais ne vit qu’un autre champ de céréales. Le cinquième, au moins, depuis le début de la matinée. Elle ne discernait aucune différence avec les précédents ; néanmoins, elle s’efforça de hocher vigoureusement la tête d’un air passionné. Subor lui rendit un sourire fier. Trop occupé à disserter sur les innombrables et inintéressantes techniques de fertilisation des sols, il ne remarquait même pas qu’elle avait cessé de l’écouter depuis longtemps.
Autour d’eux, les hommes et les femmes du quartier Kegal continuaient leur travail comme s’ils n’existaient pas. À peine leur lançaient-ils de temps en temps un regard un peu curieux. Ada avait espéré de leur part des interruptions, des interpellations pour régler des affaires urgentes, n’importe quoi qui aurait pu distraire son père et ainsi la soustraire à sa leçon ; en vain. Elle soupira, résignée à faire semblant de boire ses paroles jusqu’au prochain repas.
Ils se trouvaient à l’est de la Cité, près des champs que le mastodonte avait piétinés peu avant la fête du Vent. Ada ne comprenait pas pourquoi les paysans continuaient à les arroser alors que rien n’avait encore été planté pour remplacer ce qui avait été détruit. Quand elle avait posé la question à son père, il avait répondu d’un air évasif que c’était la tradition puis était parti dans une explication alambiquée à propos de la forêt. Elle en avait déduit qu’il n’en savait rien non plus.
La jeune fille réprimait un nouveau bâillement quand un homme arriva vers eux en criant leurs noms. Son visage rouge trempé de sueur indiquait qu’il avait beaucoup couru. Il s’arrêta à leur hauteur et se plia en deux, les mains sur ses genoux, pour reprendre son souffle. Il semblait sur le point de s’évanouir, ou de vomir. Ada jeta un œil interrogateur à son père qui haussa les épaules. Visiblement, il ne connaissait pas non plus la personne qui venait de les rejoindre.
— Je vous ai cherché partout, réussit-il à articuler entre deux halètements. J’ai une missive de la part de l’administratrice Volbar.
Subor tendit la main pour le débarrasser de son message, mais l’homme recula d’un pas en grimaçant légèrement.
— Excusez-moi, administrateur, la missive est pour votre fille.
Ada leva les yeux vers lui, intriguée. Pour elle ? Prenant le papier que le messager brandissait, elle rougit sous le regard suspicieux de son père. D’une écriture fine et assurée, Mara la priait de se joindre à elle pour déjeuner puis de passer ensemble tout l’après-midi. Elle l’attendrait sur la place principale du quartier Kegal sous les coups de midi.
Après avoir replié le parchemin, Ada observa le ciel. Le soleil, déjà haut, indiquait que les cloches ne tarderaient pas à sonner l’heure du rendez-vous. Elle remercia vivement le messager et lui demanda de faire savoir à l’administratrice Volbar qu’elle acceptait sa proposition. L’homme repartit vers la ville en trottinant.
— Méfie-toi de Mara. Elle est très douée pour la flatterie et les sourires mielleux, mais elle n’est pas ton amie. Quand un Volbar offre quelque chose, il faut toujours s’interroger sur ce qu’il gagne en retour.
Le ton réprobateur de son père agaça Ada. Ces disputes stupides entre leurs deux familles tournaient au ridicule. Elle refusait de participer à cette animosité qui durait depuis trop longtemps et voulait forger sa propre opinion sur leurs voisins.
— Je sais ce qu’elle y gagne, elle me l’a dit. Elle aimerait montrer aux autres administrateurs que nous sommes unis autour du barrage. Et puis, je pensais que tu serais content de voir que je m’intéresse à la politique.
Subor soupira et grommela quelques mots que sa fille ne comprit pas.
— Fais juste attention, d’accord ? lâcha-t-il après un moment.
Ada lui sourit. Au fond, même lui devait bien reconnaître que les querelles entre leurs deux familles n’avaient pas beaucoup de sens et que ni Mara ni son père n’étaient foncièrement mauvais. Soudain, elle réalisa qu’elle s’apprêtait à déjeuner avec l’une des femmes les plus intimidantes qu’elle avait jamais rencontrées. Qu’elle discuterait pendant tout le reste de la journée avec des gens dont elle ne connaissait que le nom. Qu’elle devrait faire honneur à son quartier et éviter de passer pour une gamine. Elle inspira profondément, papillonna des paupières et essaya de lutter contre l’angoisse qui commençait à l’envahir.
— Qu’est-ce que je dirai aux administrateurs que nous allons rencontrer ?
— Je ne pense pas que Mara te laissera parler, lâcha son père en haussant les épaules.
— Papa !
Il la regarda dans les yeux et sembla y lire sa détresse, puis prit un instant pour réfléchir.
— Crois-tu réellement que la construction du barrage soit une bonne idée ? demanda-t-il d’un ton grave.
Ada fronça les sourcils. Elle avait besoin de réponses et son père lui posait une question. Cela lui rappela la conversation qu’elle avait eue, des lunes plus tôt, avec la Grande Prêtresse. Un changement, des amis, des ennemis… Le barrage, son nouveau statut d’héritière, Clane, Mara, ses frères… Comment faire le tri entre ce qui se rapportait à la prédiction et ce qui n’était qu’une coïncidence ?
— La seule façon de s’en convaincre, c’est de le construire, répondit-elle finalement. Au moins pour clore la question que tout le monde se pose.
— Mais nous avons tous très bien vécu jusque là sans savoir. Alors pourquoi est-ce si important aujourd’hui ?
À nouveau, Ada réfléchit un moment. Sans vraiment parvenir à en expliquer la raison, elle était excitée par l’idée du barrage, d’explorer des endroits inconnus, par l’effervescence que cela apporterait en ville. Elle, qui ne s’était auparavant jamais intéressée à ce qui pouvait bien se passer en dehors de la Cité, voulait à présent plus que tout découvrir ce qui se cachait au fond du gouffre. Exactement, elle l’aurait parié, comme beaucoup d’autres habitants. Ses frères avaient au moins réussi l’exploit de créer un nouvel engouement autour d’un sujet laissé de côté depuis des décennies.
— Parce que deux idiots un peu trop téméraires nous ont prouvé que nos rêves pouvaient peut-être devenir réalité, murmura-t-elle. Ils ont planté l’idée dans nos têtes et maintenant qu’elle a germé on ne pourra jamais s’en débarrasser, à moins d’avoir le cœur net sur ce qui se trouve là-bas.
Son père lui sourit doucement, mais ses yeux paraissaient perdus dans le vague.
— Parle-leur avec conviction, comme tu viens de le faire, et ils te respecteront bien plus que si tu essaies de les manipuler. Rentrons maintenant, il sera bientôt midi.
Il passa devant elle et se mit en route. Ada le suivit, légèrement rassurée, et l’observa tout en marchant. Sa lourde démarche semblait un peu traînante, comme s’il regagnait la Cité à contrecœur. Au début, ses parents n’étaient pas convaincus par l’expédition de Bann et Mevanor. Doutaient-ils toujours autant aujourd’hui ? Comment parvenaient-ils à mettre leur opinion de côté pour faire se rallier toute la ville derrière une idée à laquelle eux-mêmes ne croyaient pas ?
Ils arrivèrent sur la place principale du quartier Kegal juste au moment où les cloches sonnaient la mi-journée. La somptueuse calèche des Volbar les attendait déjà, rideaux tirés. Ada s’approcha timidement du cocher, qui descendit de son siège pour lui ouvrir la porte et l’aider à grimper. Avant d’entrer, elle jeta un dernier regard derrière elle et vit son père lui sourire, sans se départir de son air désapprobateur.
Ses parents, qui préféraient monter à cheval, possédaient un véhicule semblable. La cabine de celui-ci était toutefois beaucoup plus spacieuse et confortable. Sur la banquette de droite, Mara feuilletait un ouvrage relatif à l’édification des ponts et viaducs. L’administratrice leva la tête au bruit de l’ouverture de la portière et invita Ada à s’installer face à elle. Entre leurs sièges, un repas froid avait été dressé sur une petite table. Elles mangèrent et bavardèrent tandis que la calèche roulait au pas vers le quartier Nott, de l’autre côté de la frontière sud des Kegal. Ada, très intimidée en entrant dans le véhicule, se détendit petit à petit devant le sourire encourageant de son interlocutrice et ses manières moins affectées que d’ordinaire. Elle ne sentait pas aussi à l’aise qu’avec Clane ou sa mère, mais elle commençait à trouver agréable la présence de la femme en face d’elle.
Une fois arrivée à la première étape de leur circuit, le cœur du quartier Nott, vassal des Volbar, Mara ne descendit même pas de la voiture. Elle discuta avec les administrateurs des dernières nouvelles politiques et économiques directement depuis la fenêtre du véhicule. Ensuite, elles traversèrent le Fleuve à l’est pour rejoindre le quartier Tosnir, dont les dirigeants semblaient encore indécis au sujet du barrage. La calèche s’arrêta devant une modeste maison blanche, bien plus petite que celle des parents d’Ada. Un claquement de langue et un regard sévère de Mara retinrent la jeune fille d’ouvrir elle-même la porte de la cabine et de descendre seule. Elle rougit quand le cocher lui proposa son aide d’une main assurée et balbutia quelques mots de remerciement, alors que derrière elle l’administratrice sortait de la voiture d’une démarche gracieuse.
Les Tosnir les accueillirent dans leur salon de réception, une jolie pièce lumineuse aux meubles colorés. Ils paraissaient jeunes. La femme, Tustel, attendait manifestement un enfant. En fouillant dans sa mémoire, Ada parvint à se souvenir qu’ils avaient hérité du quartier à peine deux ans auparavant. Mara fit les présentations et il lui sembla que leurs hôtes la déshabillaient du regard. Une vague de panique l’envahit à nouveau. Fébrile, elle s’assit sur le siège qui lui était désigné et s’efforça de respirer lentement. La discussion commença autour d’une nouvelle restriction sur la graisse de porc, qui paraissait agacer les trois administrateurs et Ada se calma peu à peu en comprenant qu’une fois de plus personne ne lui portait la moindre attention. Finalement, son père avait eu raison sur un point : Mara n’avait jamais eu l’intention de la laisser parler. Mais après tout, elle lui avait demandé de l’accompagner, pas de l’aider à convaincre leurs interlocuteurs.
Quand enfin l’administratrice Volbar aborda le sujet qui les intéressait réellement, Ereban Tosnir se tortilla sur sa chaise, une grimace embarrassée collée au visage. Il déplia ses longues jambes et se mit debout pour couper court à la conversation.
— Je vais nous faire gagner du temps. Nous avons bien reçu vos… sollicitations, dit-il après une légère pause. Nous sommes désireux de vous aider. Toutefois, les gens d’ici ne partagent pas tous cet avis, encore moins avec ces fichues affiches.
— Quelles affiches ? demanda Ada, perplexe.
Tustel et Ereban sursautèrent en l’entendant, comme s’ils avaient oublié sa présence. Elle fit un effort pour ne pas lever les yeux au ciel, car elle ne pouvait pas vraiment leur en vouloir. L’assurance et l’autorité que dégageaient Mara auraient éclipsé même des personnes moins insignifiantes qu’elle.
— Ils ne les ont pas placardés jusque chez vous, n’est-ce pas ? soupira Tustel. Nous ne les avons pas vues non plus, mais plusieurs marchands sont venus se plaindre du tapage qu’elles engendrent. Je ne sais pas qui sont vos détracteurs, mais ils ont frappé fort. Nous ne voulons pas nous mettre à dos la population de notre quartier, nous nous plierons donc à la volonté du plus grand nombre, même si pour cela nous devons voter à l’encontre de nos convictions et de nos intérêts.
À son tour, Mara se leva. Elle regarda la tasse de thé encore fumant devant elle et sembla sur le point de la jeter au sol. Finalement, elle la posa délicatement sur la table, salua sèchement leurs hôtes et sortit de la maison d’un pas furieux, Ada sur ses talons.
— Au quartier Letra, aboya l’administratrice au cocher avant de s’engouffrer dans la calèche.
Elle ferma le rideau de sa fenêtre d’un geste brusque et parut enfin se souvenir de la présence de sa compagne.
— Nous allons avoir une petite discussion avec Vélina, précisa-t-elle devant son air perdu.
— Tu penses que les affiches dont ils ont parlé viennent de son quartier ? On ne connaît même pas leur contenu…
La bouche de Mara se tordit en un rictus amer.
— Je suis prête à parier qu’elle les a fait imprimer elle-même, cette vieille conne. Elle manigance contre nous depuis le début. Pas besoin de savoir ce qu’elles représentent visuellement : elles sont un danger pour le barrage si elles contribuent à retourner la population contre nous. Il faut y mettre un terme.
Ada hocha pensivement la tête. Ses parents se plaignaient régulièrement de la politique de Vélina, qu’ils trouvaient trop autoritariste. La jeune fille n’avait pas assez de recul pour avoir un avis sur la question, néanmoins elle avait déjà compris que l’équilibre de la Cité reposait justement sur les dissensions entre ses trois quartiers les plus influents. Les Letra prônaient le retour à un pouvoir central plus puissant ; les Volbar voulaient accorder plus d’autonomie à chaque quartier et émanciper le Haut Conseil des contre-pouvoirs actuels ; et les Kegal se plaçaient dans un statu quo confortable. Vélina devait sûrement se sentir menacée par l’alliance inattendue des deux autres familles, qui la laissait en position de faiblesse.
La calèche roulait maintenant à vive allure et le trajet fut beaucoup moins agréable. Balancée entre le bois de la cabine dans son dos et la petite table devant elle, Ada dut s’agripper plusieurs fois à son siège pour ne pas se cogner. En face d’elle, le visage fermé de Mara trahissait sa mauvaise humeur. L’administratrice garda la mâchoire serrée et ne dit pas un mot jusqu’à leur arrivée dans le centre-ville.
Devant la demeure des Letra, un groupe de badauds leur indiqua que l’administratrice s’occupait d’une affaire urgente aux imprimeries. Le cocher relança les chevaux au petit trot. Sous les regards intrigués des passants, ils remontèrent les rues jusqu’aux longs entrepôts où tout le papier de la ville était fabriqué et stocké puis s’arrêtèrent au niveau des imprimeries. Mara entra dans le bâtiment comme chez elle. Sur ses talons, Ada s’efforçait de la suivre. Elle n’avait jamais visité cet endroit, que les vapeurs d’encre et de solvant emplissaient de relents âcres. Dans la pièce principale, des petites mains s’affairaient à placer des lettres métalliques sur des rails.
— Tout le monde nous regarde, murmura Ada en se rapprochant de sa compagne.
Son interlocutrice haussa les épaules. Contrairement à la jeune fille, elle devait avoir l’habitude de se trouver au centre de l’attention.
— C’est parce qu’ils savent qui nous sommes.
— Je ne suis pas sûre que les gens d’ici me connaissent.
Mara balaya sa remarque d’un geste de la main.
— Toi ! lança-t-elle à une femme qui passait près d’elles, les bras chargés de chiffons. Je suis l’administratrice Mara Volbar, accompagnée de la première héritière des Kegal. Nous devons parler à Vélina Letra. Où est-elle ?
La femme ouvrit de grands yeux et les observa tour à tour d’un air ahuri. Un homme plus âgé, visiblement le responsable, vola à son secours.
— L’administratrice Letra est dans l’atelier. Si vous voulez bien attendre ici, je vais la prévenir de votre présence.
— Inutile, je connais le chemin.
Mara passa devant les deux ouvriers et fit signe à Ada de la suivre. Le plus vieux se racla la gorge comme pour les essayer de les en empêcher, mais Mara ne lui jeta même pas un regard.
Elles traversèrent le bâtiment jusqu’à une salle remplie de cuves en métal. L’odeur alcoolisée de l’encre, beaucoup plus forte que dans la pièce précédente, donna le tournis à Ada, qui porta sa main devant son nez pour en masquer les effluves. L’administratrice Letra se tenait au milieu, penchée sur une table couverte de plans.
— Vélina, interpella Mara en la voyant. Comment allez-vous ?
La vieille femme leva la tête vers elles. Un air contrarié passa sur son visage, qui laissa rapidement place à un sourire froid.
— La matinée a été difficile. Un incident technique a fait plusieurs blessés, mais l’affaire est désormais réglée. Qu’est-ce qui vous amène ici ?
— Un petit souci d’affiches. Apparemment, quelqu’un cherche à semer le trouble en ville.
Vélina retourna à ses papiers, comme si la question ne la concernait pas.
— J’ai eu vent de cette histoire. Malheureusement, je crains de ne pas pouvoir vous aider. Nous ne contrôlons pas tout ce qui s’imprime dans cet atelier.
Mara émit un claquement de langue dubitatif dont son interlocutrice ne tint pas compte.
— Sachez que je vais faire mener une enquête pour déterminer qui en est responsable. Qui que soit la personne qui s’amuse du désordre qu’elles engendrent, elle doit être punie.
— Dites-moi, Mara, répondit Vélina en leur lançant un regard méprisant, qui est réellement responsable du grabuge qui règne en ville ? Qui a émis cette idée de barrage qui divise tant la population ? Vous pensez vraiment que de simples affiches ont tant de pouvoir ?
La bouche pincée en une ligne si fine qu’Ada n’apercevait presque plus ses lèvres, Mara fit un pas vers l’administratrice Letra. Elle sembla user de toute sa volonté pour se retenir d’attraper la vieille femme par le col de sa veste et la plaquer contre un mur. Finalement, elle serra les poings autour de ses propres doigts et recula.
— Quoi qu’il en soit, reprit-elle, il est impératif d’avancer le vote au plus tôt, pour clore définitivement le débat. En tant que membre du Conseil restreint, vous devez donner votre approbation.
— Cela ne me pose pas de problème. Je vous laisse faire parvenir à Nedim mon accord écrit.
Pendant que Vélina rédigeait sa missive pour le Gouverneur, un petit rictus narquois sur les lèvres, les deux administratrices se mirent à discuter des décisions adoptées lors du dernier Haut Conseil. Ada se renfrogna légèrement. Alors c’était tout ? Elles étaient venues percer un mystère et repartaient avec un message pour Nedim. Et la colère que Mara affichait si ouvertement contre son interlocutrice à peine un instant auparavant avait tout à coup disparu. C’était comme si elle portait un masque hypocrite et hautain, bien loin des sourires chaleureux et des rires sincères qu’elles avaient échangés pendant leur repas. L’une des deux Mara qu’elle avait eu l’occasion d’observer aujourd’hui jouait la comédie et Ada osait espérer que c’était celle qu’elle avait à présent sous les yeux. Ces airs un peu faux, cette façon d’en faire un peu trop. Elle réalisa pour la première fois pourquoi cette Mara lui inspirait autant de méfiance.
Elle parlait un peu comme Bann.