Tout le monde disait qu'Aaron était fou. Un scientifique brillant mais rongé par ses propres idées, embourbé dans sa folie. Les plus croyants allaient jusqu'à murmurer que c'était Verena qui lui soufflait d'étranges pensées. Et quand ce n'était pas la déesse tentatrice, il s'agissait d'un des trois démons émergents, Chaska, Hel ou Serena.
Aaron trouvait ça hilarant. Qui était le fou dans ce monde ? Celui qui se pliait aux règles où celui qui jouait avec ? Il adorait être la cible des ragots car il ne trouvait pas plus belle source de divertissement que voir les rumeurs qu'il s'attirait. Certains prétendaient que ses expériences avaient détruit toute sa lucidité et que maintenant, ses pensées se fusionnaient avec celles des Elsekers sur lesquels il avait travaillé. D'autres affirmaient que s'il portait un couvre-chef en permanence, c'était pour cacher ses cornes. Mais la plus amusante des rumeurs restait celle à propos de sa relation avec Rose : des fous - ceux qui se pensaient les plus malins et perspicaces - répétaient que la directrice d'Ystafël l'aimait passionnément.
Penser à ce on dit arracha un ricanement à Aaron : si elle l'aimait, eh bien, elle était l'archétype de ceux qui ne sachant comment dévoiler leur sentiment, faisait tout pour attirer l'attention de ceux qu'ils aimaient. Comme menacer les parents du scientifique par la mort.
"Nous ne comprenons pas ce qui est amusant, y a t'il quelque chose d'amusant, devons nous rire, pourquoi riez vous ?" Siffla Lugubre, dardant son étrange regard sur Aaron.
"Une vieille rumeur dont je viens me rappeller. Allons, allons, pas la peine de t'en inquiéter.
- Nous ne nous inquiétons pas, nous cherchons toujours à comprendre ce qui vous passe par la tête, nous sommes très inquiets pour vous." répondit la chimère les traits crispés avant d'ajouter, plus assurée. "Nous devons s'assurer que vous allez bien. C'est notre rôle.
- Je suis un fou, Lugubre. Tant que mon roi n'est pas menacé, le reste n'a pas d'importance."
Même si ici, le roi était une reine et que, elle se retrouvait menacée la majorité du temps. De toute manière : tant que ce n'était pas échec et maths, la partie pouvait continuer.
"Nous ne comprenons pas. Devons nous comprendre ? Nous ne savons pas qui est le roi, nous pensons savoir qui est le roi, nous avons deux rois en tête.
- Mathia et Rose ? Je sers la seconde : c’est à elle que je pensais."
Avisant de l'expression perplexe de l'effrayante chimère, Aaron éclata de rire. Personne ne ressemblait à Lugubre, dans tous les sens du terme. Pour beaucoup, elle représentait une monstruosité, une abomination que personne ne supportait de regarder. Aaron voyait en elle une expérience particulièrement réussie, mais ne prenait jamais le temps de défendre ce point de vue. La science justifiait la fin, la science justifiait tout.
Elle rendait parfaitement légitime l'affreuse créature qu'était la création d'Aaron. Tout en elle était dérangeant, elle n'était pas une simple chimère avec des traits bestiaux : elle possédait tant de ces traits qu'elle ne semblait plus humaine. Des ailes couvertes de plumes, une queue de scorpion, de larges griffes, le tout assemblé donnait une sorte de monstre. Tout en elle paraissait tirée d'un autre monde, elle se mouvait de manière saccadée et pourtant, se révélait extrêmement mobile et rapide. Sa colonne vertébrale avait été pensé pour être souple à l’extrême, ce qui permettait à la créature de se tordre dans des angles impensables. Mais ce n'était pas tant son corps qui effrayait tout un chacun, plutôt sa tête.
A l'origine, elle devait avoir deux yeux de reptiles pour atteindre leur acuité visuelle. Au lieu de ça, un de ses yeux restait parfaitement humain, là où l'autre était celui d'un serpent. Pire, les traits de son visage ne s'alignaient pas correctement, une partie de sa bouche se soulevait sur la gauche, ses joues paraissaient anormalement creuse et enfin, lorsqu'elle souriait, elle dévoilait une rangée de dents aiguisées. Et au milieu de ça, des écailles reptiliennes parsemaient son visage, ajoutant à l'horreur de son visage. Non Lugubre n'avait plus grand chose d'humain, quoi qu'elle ait conservé ses cheveux jais, un œil parfaitement humain et un teint hâlé.
Et même son comportement n'attirait pas la sympathie. Contradictoire à bien des égards, la chimère pouvait dire une chose dans une phrase et son parfait contraire dans le même temps. Elle soliquait seule, déstabilisant quiconque cherchait à la comprendre. Mais avec le temps, le scientifique avait saisi que sa manière de se comporter venait juste de la collision de toutes les émotions qu'elle traversait. Résidue des autres créatures à laquelle elle avait été fusionnée, elle ressentait leur sentiments et au milieu de tout ça, devait composer une réponse. Lugubre détestait autant Aaron qu'elle l'admirait, sans pouvoir trancher dans cette opposition. Il trouvait cela amusant et pas vraiment dérangeant : à la fin, elle accomplissait toujours ce qu'il lui demandait sans rechigner.
Ce qui faisait d'elle une personne parfaitement infréquentable qui attisait les murmures et mesquineries - mais toujours de loin. Aaron savourait cette tranquillité gagnée. Avec Lugubre à ses côtés, tout le monde l'esquivait. Il se souvenait très bien de la première fois qu'elle l'avait accompagnée pour une réunion scientifique. Choqués, tous les autres avaient échangé des messes basses, dévisageant la chose, cible de toutes leurs attentions. Jusqu'à ce qu'un homme s'avance, un audacieux.
"Qu'est ce que c'est que ça au juste ? C'est une création bien lugubre.
- Oh oui ! C'est son nom. Mes très chers amis, je vous présente Lugubre."
La concernée avait frémi en entendant son nom tout fraîchement choisi. Une plaisanterie bien cruelle, mais Aaron ne se préoccupait pas des sentiments des autres. Non pas qu'il déteste la chimère - comment détester une hybride si bien réussie ? mais il ne voyait aucune bonne raison à l'épargner. Au moins lui avait-il trouvé un nom.
"Nous sommes arrivés, ce sont des nouveaux surveillants, je ne les aimes pas, j'ai envie de discuter avec eux, je dois leur faire peur, pensez vous que je leur fasse peur ?
- Voyons, ne t'embarasse pas de leur avis, ils sont si ennuyeux." commenta Aaron avant d'adresser un rictus mauvais aux deux gardiens, un homme et une femme a l'air nerveux. "Bonjour monsieur, madame ! Puis-je passer ?
- Il nous faut vérifier vos accréditations.
- Oh vraiment ? Curieuse chose sachant que je travaille ici. Très curieuse oui. Il faut tout de même être un peu Shaz pour me demander mes accréditations alors que j'ai créer ce laboratoire... Vous ne trouvez pas ?
- C'est que, ce sont les ordres monsieur." bégaya un des sentinels tandis que l'autre se crispait.
Un sourire mauvais étira les lèvres d'Aaron, conscient que le "Shaz"les mettait très mal à l'aise, preuve que ces deux gardes savaient de quoi il parlait. A vrai dire, c’étaitun secret de polichinel que le nom de famille d'Aaron étaitdevenue une insulte, une qualification méprisante pour les personnes excentriques et probablement un peu folles. Alors, le scientifique prenait toujours un malin plaisir à sous-entendre qu'il savait très bien ce que les autres pensaient de lui. Surtout si ça les mettait mal à l'aise.
"Ah, si c'est ça, je ne peux pas refuser, n'est ce pas Lugubre ?
- Je ne crois pas que vous pouvez, vous avez bien le droit, pourquoi vous en préoccupez vous, mieux vaut leur donner les accréditations.
- Correct ! Je serais bien une mauvaise personne à refuser alors que je peux me targuer de pouvoir compter sur deux vigiles si consciencieux."
Ces deux derniers dévisageaient Aaron et la chimère avec une crainte évidente. Il faut dire que Lugubre ne leur facilitait pas la tâche, à ne pas les lâcher du regard. Hilarant. Enfin, ils cédèrent le passage au scientifique, après avoir vérifié les papiers qu'il leur tendait.
Aaron entra donc le dédale, comme il aimait appeler le grand laboratoire. Ezreal l'attendait, accoudé sur un mur du long couloir blanc. Ses yeux rougeoyants se posèrent sur le scientifique auquel il retira son chapeau, d'un geste délicat. Sans le toucher bien sûr, le Shokunin utilisait toujours ses pouvoirs pour manipuler ce qui l'entoure.
"Tu as fini de torturer ces pauvres gardes ?
- Torturer ? Voyons, Ezreal, quel mélodramatique tu fais ! Mais je note que tu as tout entendu sans même penser voler à mon secours.
- J'entends toujours tout." rétorque l'homme, balayant les plaintes de son supposé allié d'une phrase. "Bonjour Lugubre.
- Tu entends tout ? J'espère qu'entendre les hauts projets de trahison d'un fou ne te dérange pas alors.
- Ils me dérangeront le jour où je ne t'aiderais plus à les former. Par ici, j'ai une expérience à te montrer. Oh et je t'ai préparé du café.
***
Sans un mot, Lugubre s'esquiva. Elle savait très bien ce qu'expérience signifiait et elle ne voulait pas raviver de vieux souvenirs. Fut un temps où c'était elle qui servait de rat de laboratoire. Aaron ne s'en préoccupait pas vraiment, mais, il ne s'était jamais soucié des problèmes d'autruis. Seule sa famille comptait et, peut-être, Ezreal. Après tout, il se révélait un allié fiable, un esprit brillant aux discussions intéressantes. Et, dans un monde où même la Reine avait sombré dans une forme de folie, que demander de mieux ?
"Par ici." Glissa Ezreal, pianotant le code sur le clavier holographique distraitement. Comme toujours, ses mains étaient dissimulées par d'épais gants de cuir, qu'il ne retirait que pour utiliser son pouvoir. Les deux hommes entrèrent dans l'ascenseur, dépassèrent le premier étage, s'enfoncèrent jusqu'au second. Les Elsekers commençaient seulement à devenir intéressants à ce niveau, puisque ceux d'avant alternaient entre les pleurnicheries et les pseudo-rébellions. Amusant au début, lassant par la suite.
La porte s'ouvrit, libère les deux scientifiques qui s'avancent à travers le long couloir blanc. Ezreal prit la tête du cortège et s'arrêta vers une des cages où une jeune chimère aux oreilles de renard leva un regard vitreux vers ses invités inopinés. Déverrouillant la porte grâce à son badge, Aaron entra dans la pièce. Un lieu miteux mais pourvu du strict minimum. Un matelas au sol, une douche et des toilettes qui pouvaient être dissimulés par un rideaux. Quant à ceux et celles qui souffraient de leur menstruation, rien n’était mis en place : pourquoi se préoccuper de problèmes si futiles ? L'intérêt de l'individu ne représentait aucun intérêt. Bien sûr, il n'y a qu'à prendre des murs qui alternaient entre limpide et opaque selon la volonté des uns et des autres, mais qui irait investir une telle somme d'argent pour des monstres en devenir ? Même Aaron n'a jamais eu le coeur à défendre cet aspect de son laboratoire. De son usine à abomination, comme aime à les appeler les autres.
"Montre-nous." Ordonna Ezreal, comme s'il lui demandait ce qu'elle voulait boire.
Un éclat furieux traversa fugacement les yeux de la jeune fille, mais, et sans doute l'étrange et fascinant aura du Shokunin jouait un rôle, elle finit par céder. Elle saisit la pierre opaque que lui tendait Ezreal, l'enfermait dans sa main gauche et de sa main droite créa une poudreuse éparse. Elle ferma les yeux, une lumière s'échappa du poing de la chimère avant que la neige se liquéfie, prenant une forme entre l'eau et la glace. Fasciné, Aaron se tourna vers son collègue, les yeux brillants.
"Elle en est incapable à l'ordinaire ?
- Oui.
- Fascinant. Sera-t- elle capable de créer de l'eau par la suite, plutôt que de la glace ?
- J'y travaille. Mais ce n'est pas aussi simple que ça, il faudrait que je puisse dépasser la théorie de la rose des pouvoirs. Soit, être capable de la faire changer de pôle de pouvoir et personne n'y est encore parvenu. Au même titre qu'un mage de destruction ne peut pas devenir un mage de création, un mage qui manie une forme détournée de l'eau ne peut pas totalement apprendre à manier l'eau. Pour l'instant.
- Tu penses que nous pourrions changer les formes de magie ? Permettre à n'importe quel Elseker de manier une autre magie ?
- Si c'était si simple, je serais déjà venu à bout de ma malédiction. Mais comment savoir, à moins de mener des recherches ?"
Approbateur, Aaron Shaz hocha la tête, regardant avec une admiration non dissimulée pour l'artefact créé par Ezreal. Le visage sans vie de la chimère se teintait d'un éclat aussi froid que vivant. Brusquement, elle ferma sa main sur la pierre et fulmina.
"Pourquoi... Pourquoi vous parlez comme si je n'étais pas là ? Cela ne vous suffit pas de me traiter comme une merde ? Vous vous foutez de tout le monde dans ces cages ! On vous sert juste des cobayes ! Je suis pas un rat de laboratoire. Je suis pas... Vous n'avez pas le droit !"
Elle dressa sa main libre, créa de larges lames de glace avant de les abattre droit vers les deux hommes. Les piques fusèrent, assez tranchants pour tuer les deux scientifiques s'ils touchaient leur coeur.
Pourtant, Aaron adressa tout juste un regard au Shokunin. Sans bouger d'un pouce, il laissa apparaître ses deux paires de bras, invisible le reste du temps et d'un mouvement sec, fit disparaître les stalactites. Choquée, la fille renard laissa échapper un petit cri horrifié avant de se reculer, dévisageant Ezreal avec horreur.
"La rose des pouvoirs est une théorie populaire et qui a reçu le consensus de la majorité des scientifiques. Selon cette rose, il existe quatres pôles de magie liés entre elles et à des vertues cardinales. Ces quatres directions sont l'eau, le feu, l'air et la terre dont découlent des sous-magies et des vertues descendantes. A cela s'ajoute deux grandes magies qui répondent à leur propre code : la magie de destruction et celle de création. A l'heure actuelle, ces deux magies s'opposent et beaucoup, moi le premier, se demandent quelle genre de magie serait créée si ces deux magies étaient liées." commenta le Shokunin, d'une voix égale.
Il managea une pose, s'avança d'un pas et ses quatre bras entourés d'un halo de lumière, bien plus frêles que les deux autres, s'agitèrent doucement. Manipulant des fils invisibles, Ezreal, empêcha la jeune fille de bouger. Pétrifiée, elle respirait avec peine, regardant l'homme aux yeux rouges sang avec une crainte non dissimulée. Celui-ci soupira et pointa sa main humaine vers la chimère.
" Pour en venir à ton cas, tu manies une forme de magie des eaux. Et moi, mon pouvoir est de percevoir tous les fils qui te permettent, entre autres, de créer des pics de glace. Avec une maîtrise et de l'apprentissage, il m'est possible de fabriquer des artefacts et surtout d'agir sur la magie des autres.
- Eh bien, je ne te connaissais pas aussi pédagoque mon cher ange gardien ! Ce qu'il veut dire, c'est que c'était stupide de penser pouvoir nous tuer. Nous servons Ystafel et Ystafel ne mourra jamais.
- C'est faux ! Mathia finira par le détruire et elle vous détruira aussi. Ce n'est qu'une question de temps, les Monarques Pourpres finiront par gagner !
- Oh vraiment ?" S'amusa Ezreal. "Je le concède, Mathia est puissante, Mathia est fascinante mais cette reine ne sait pas ce qui l'attend. Vois-tu, très chère, ton utilité est de la renverser. L'heure tourne et, charmante nouvelle, tu vas perdre ton esprit et devenir une arme au service d'Ystafel. Toi et tes amis les rats de laboratoire, c'est la seule chose d'utile que vous accomplirez dans votre pitoyable vie. Alors, portons un toast à ta folie future et à la défaite de Mathia et ses papillons !"
Un sourire venimeux étira les lèvres d'Aaron tandis qu'Ezreal sortait de la cellule et le scientifique fou conclut, avec un petit rire.
" Mais sois rassurée très chère, si ma vie est un danger, je me ferais un plaisir de servir ta reine. Si elle survit aux petits cadeaux que je lui prépare."
Un chapitre avec de nouveaux personnages, et surtout l'autre côté de l'histoire, celui des antagonistes.
Je pense que c'est un plutôt bon choix de passer par là, car il est important de donner du relief à toute situation. Jusqu'ici, on a clairement été biaisés en faveur des Monarques Pourpres. Il y a toutes les chances qu'ils soient effectivement dans le juste, mais leur justice perdrait de l'intérêt sans un véritable pouvoir d'oppression en face. Être 'gentils' juste pour l'être, ça perd de la valeur. En tous cas, je trouve. On peut aussi faire dans le registre jeunesse et balancer les nuances au diable, en mode conte, mais vu ce qui se passe ici, je ne pense pas qu'on reste côté jeunesse. ^^
Dans ce chapitre, le point fort évident est pour moi celui de l'esthétisme. Il y a de nombreux détails qui m'ont marquée positivement.
- Aaron qui se joue des rumeurs, accentue sa folie présumée par pur amusement, va jusqu'à utiliser son propre patronyme comme une sorte d'insulte, et s'accompagne d'une monstresse juste par goût des regards dégoûtés voire apeurés qu'elle provoque. Le classique scientifique fou.
- Lugubre, justement, la chimère à la fois victime et complice, presque incarnation du Syndrome de Stockholm, aux expressions contradictoires comme un écho funeste à son anatomie recomposée. J'ai beaucoup mieux visualisé son visage que son corps, mais les deux étaient bien détaillés.
- Le laboratoire, propre et froid, aux niveaux qui augmentent en horreur au fil d'un dédale de couloirs, avec des gardes pratiquement aussi tremblants que les prisonniers. Bonne illustration d'une hiérarchie malsaine.
- Et enfin Ezreal, au regard et aux gants déjà inquiétants, mais en réalité aux pouvoirs dissimulés presque encore plus effrayants.
Vraiment, tous ces points sont frappants sous toutes les coutures. Percutants, je dirais même.
Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de trouver tout ça un peu... unidimensionnel. Ils sont méchants. Okay. Pour le moment, j'ai du mal à voir une justification particulière, une profondeur à leurs actions. Leur cruauté m'a paru un peu gratuite et injustifiée, pas même par des motifs viciés. Ils ne sont clairement pas affectés par la torture qu'ils imposent, ce n'est pas un plaisir particulier pour eux, ce n'est pas ce qu'ils recherchent, en tous cas je n'en ai pas eu l'impression. Mais parallèlement, si les avancées scientifiques étaient leur but premier, ils ne semblent pas en être consumés pour autant. Ils ne tentent pas de convaincre leur victime qu'elle va servir à un objectif noble qui la dépasse, ils la dénigrent simplement, et ça n'a pas sonné très pertinent à mes yeux. S'ils la méprisaient réellement comme un moyen vers une fin, pourquoi prendre la peine de lui expliquer quoi que ce soit ? Je soupçonne que c'est aussi pour le bénéfice des lecteurs, mais cette conversation aurait pu avoir lieu sous une autre forme entre les deux hommes, sans impliquer leur victime. Dans l'ensemble, ce léger manque de cohérence (pour moi, j'insiste, il m'arrive souvent de manquer de perspicacité, je ne vais pas le cacher) donne une sorte de non-équilibre à leurs actions. On ne sait pas trop sur quel pied ils dansent. Peu importe combien impensables ils puissent paraître, les individus sont supposés avec des justifications à leurs agissements, une forme de cohérence, aussi illogique elle puisse sembler à la plupart des gens, aussi difficile elle puisse être à comprendre et 'accepter'. Disons qu'elle me manque un peu ici. Ont-ils été maltraités eux-mêmes ? Ça ne justifierait rien, mais ça pourrait en partie expliquer la répétition d'un schéma. Ou alors, peut-être que leur appréciation pour la douleur qu'ils infligent n'a pas été suffisamment soulignée pour me convaincre ? Je ne sais pas. Peut-être que, comme pour les autres personnages, on passe juste un peu rapidement sur eux ? Je reviens sur le fait que leur esthétique est très soignée, alors c'est un peu dommage qu'ils sonnent presque creux par ailleurs. Est-ce que tu as eu peur de t'étaler ? Personne ne te jetterait la première pierre si c'était le cas. Ça commençait pourtant très bien, avec les pensées d'Aaron tournées vers les rumeurs, mais on ne fait qu'effleurer tous les impacts que ça peut avoir sur lui, déjà il arrive au niveau des gardes et pouf, ça le coupe dans ses états d'âmes. Les racontars l'amusent. D'accord. Et ensuite ? Il est rapidement fait mention de sa famille, menacée par Ystafel et l'une des seules choses qui comptent à ses yeux. Qui sont-ils ? Pourquoi arrivent-ils à compter et personne d'autre ? J'ai la sensation qu'il manque un passage, comme lorsqu'on arrive en haut d'escaliers et on s'attend à une dernière marche. C'est frustrant, parce qu'encore une fois, je reste convaincue que tu as tout sous le pied et ne l'a juste pas partagé. xD
Une fois de plus, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop d'avoir été plutôt directe dans mon commentaire. =S Je ne pense pas que t'épargner ma frustration serait bienvenu de ma part. J'espère que tu sauras voir dans mon opinion que j'ai tout simplement envie d'en savoir plus. =)
À bientôt !
Zlaw
P.S.: j'ai noté 2 incohérences majeures :
- "Quant à ceux et celles qui souffraient de leur menstruation" -> Quoi qu'on pense de la supposée théorie des genres, si tous les individus femelles ne menstruent pas, aucun individu mâle ne le fait. Aussi, il semble étrange qu'un laboratoire se laisse embêter par de telles considérations. Ils ne peuvent pas juste mettre les cobayes sous hormones ? Même sans notion de pudeur, c'est juste une contrainte a priori inutile pour leurs besoins. Non ? Pourquoi ne pas les laisser déféquer par terre également, alors ? Si c'est juste pour ajouter au malaise, alors ça fonctionne, mais je ne suis pas convaincue que c'était nécessaire. ^^
- Ezreal utilise son pouvoir pour retirer son chapeau à l'arrivée d'Aaron, mais ensuite il est fait mention du fait qu'il porte toujours ses gants, qu'il ne retire que pour utiliser son pouvoir. Il les aurait remis entre l'arrivée du scientifique et leur franchissement de la porte ? Puisqu'il semblerait que ce soit l'un de ses gimmicks (avec son regard rouge sang et ses deux paires de bras excédentaires, voire peut-être aussi son chapeau), je suggèrerais de ne jamais hésiter à faire mention de toute interaction avec eux. Au fil du temps, ça finira par s'associer à la menace qu'il représente, si bien que leur simple évocation incitera la peur chez le lecteur. Ce n'est peut-être pas du goût de tout le monde, mais je sais que je suis friande de ce genre de petit repère. =D
Merci pour ton retour !
Je suis contente de voir que les personnages dégagent l'expression que je souhaitais, parce que pour le coup, Aaron est très clairement dans la dynamique du savant fou. Et effectivement, MP n'est pas du tout pour la jeunesse xD Cela me semble important de dépendre un univers un peu plus sombre... Mais aussi nuancé.
Du coup, ça me fait une transition parfaite avec la suite. Je comprends très bien ce que tu veux dire et ce que tu ressens parce que pour le coup, je suis la première à avoir horreur des "méchants qui sont juste méchants" xD
Pour le coup, effectivement c'est la famille d'Aaron qui joue un rôle majeur. Et il y a aussi le fait qu'il déteste les Elsekers, mais ce n'est pas non plus un personnage sadique par essence. Quant à Ezreal c'est moins gênant car c'est un personnage assez particulier. En tout cas, on les reverra plus tard !
Cela dit, comme je l'ai dis, je comprends bien ce que tu veux dire et en vrai, j'ai l'impression que mon gros défaut c'est que j'ai peur de trop en dire/d'ennuyer le lecteur. Je n'ai pas trop développé le pdv d'Aaron sur pour quoi il faisait ça parce que je me suis dis que ça casserait le rythme. Je vais faire ça à l'avenir et je prends note pour la correction, je développerais davantage son point de vue !
Sinon pour les incohérences... Effectivement xD C'est tout bête mais sur le coup de l'écriture, j'ai pas fais gaffe et j'ai même pas pensé aux hormones et j'ai pas réalisé non plus pour Ezreal. Donc merci de l'avoir relevé o/
Et pas de soucis pour tes remarques, au contraire, je suis contente d'avoir des retours et même si pour l'instant les chapitres sont laissés tels quel, je les note précieusement et ça m'aidera quand je reprendrais ce qu'il faut corriger !
Je mets juste un commentaire pour me rappeler où j'en suis arrivé, ça va m'éviter de relire le chapitre xD
Bon sinon, j'attends la suite avec impatience (=
A bientôt !