Ça tourne
— Arsène, ça ne m’arrange pas des masses d’être là avec toi.
— Oui, moi non plus, ça ne m’arrange pas d’être ici, Ariette. Alors je suis content que tu sois venue.
— On en a encore pour longtemps ?
— Eh bien, techniquement, on aurait déjà dû être au 156e sous-sol. Mais euh…
— Quoi ?
— Je ne sais pas, l’ascenseur semble avoir ralenti entre temps.
— Qu’est-ce que tu racontes ? Il affiche bien que nous sommes en train de descendre. Regarde, on vient de passer le 67e sous-sol.
— Oui… Pour la quatrième fois.
— Pardon ? Et t’as attendu quoi exactement pour me le dire ?
— Je ne voulais pas t’inquiéter. Tu semblais assez remontée. Tu soupirais tout le temps et tout. J’ai aussi pensé que c’était juste l’affichage des sous-sols qui marchait mal et qu’on continuait de descendre. Mais ça fait quatre fois et je pense qu’on peut dire que ce n’est pas un problème d’affichage.
— Arsène… J’ai encore tellement de travail et je me retrouve là, avec toi, à tourner en rond dans un ascenseur. Il y a un truc qui ne va pas, tu ne crois pas ?
— Oh si, et comment ! Cet ascenseur est pris dans une boucle spatiale.
— Une boucle spatiale.
— Oui, c’est comme une boucle temporelle. Sauf qu’on ne tourne pas en rond dans le temps, mais dans l’espace.
— Je sais ce qu’est une boucle spatiale. Ce que je ne comprends pas, c’est ce qu’elle fiche autour d’un ascenseur.
— Eh bien…
— Quoi ?
— Tu vas m’en vouloir.
— Arsène !
— Je pense que j’ai une théorie. Comme on m’a demandé à moi et à moi seul de descendre au 156e sous-sol qui est en accès restreint… eh bien, je pense que c’est ta présence qui empêche de passer. C’est pour ça qu’on arrive jusqu’au 77e sous-sol et qu’on reprend au début. Enfin… tu vois…
— Et ça, tu ne pouvais pas le deviner avant qu’on monte dans cet ascenseur ? Avant qu’on vienne perdre un temps fou alors que tout le monde est en alerte maximale et que chaque seconde compte ?
— Non…
— Arsène… Tu me désespères parfois.
— Oui, on me le dit souvent.
— Bon… Ce n’est pas si grave. Tu ne pouvais pas savoir. Enfin, pas vraiment. On va bien trouver un moyen d’arrêter cette boucle. Ah, mon communicateur ne passe pas ici. Il tente d’attraper le signal à chaque nouveau niveau et le perd aussitôt.
— Ce n’est pas très fiable, ces appareils.
— Oui. Accusons la technologie.
— Non mais c’est un fait. Personnellement, je n’ai jamais réussi à les faire fonctionner correctement. C’est pour ça que les missives, on préfère me les remettre en main propre maintenant. Remarque, je ne m’en plains pas. Je préfère discuter avec les gens plutôt que d’échanger des messages sans vie.
— Nous voilà bien. Je ne te demande donc pas si ton communicateur capte mieux que le mien.
— Ariette, tu n’as pas l’air bien.
— Ah bon, tu crois ? J’imagine que c’est le fait de tourner encore et encore dans un ascenseur qui accentue mes tendances claustrophobes.
— Oh, je ne savais pas. Tu devrais boire de l’eau.
— T’as de l’eau ?
— Non.
— Dans ce cas… Bon, donc le communicateur, c’est mort. On peut essayer de taper sur la porte. Et peut-être qu’à certains étages, on nous entendra et on pensera à appeler la maintenance et…
— Ou sinon, on peut appuyer sur le bouton d’un autre étage et descendre avant.
Et la relation entre Arsène qui semble un peu bête et Ariette qui semble super blasée, c'est exquis !
C'est comme si on avait mis Marina Foïs et Eric Judor dans un ascenseur qui se bloque dans la Tour Montparnasse (infernale) !
Tiens, je viens de me rendre compte que j'en étais au chapitre 5... tant pis pour les 3 chapitres des HO, je crois que je vais continuer encore un peu :D
Je savais que je devais m'attendre à du lourd en remettant le nez dans tes histoires en full-dialogue (et puis au vu du résumé abracadabrant aussi XD), mais je crois que ça dépasse même mes attentes ! C'est absurde à souhait, j'adore <3
Et puis tu maîtrises toujours autant ce style...
Je reviens très vite pour en savoir plus sur cette étrange industrie et ses dysfonctionnements ;)
La chute. Excellente. Tellement logique. Bon il aurait pu y penser avant. Quoiqu'il a dû y penser avant comme le fait qu'il ait remarqué qu'ils étaient dans une boucle spatiale depuis un moment et qu'il se doute pourquoi ils le sont. Oui il est desespérant...
Mais au fond on lui pardonne parce qu'il voulait juste passer du temps avec Ariette, mais qu'il ne savait pas du tout comment lui dire autrement. C'est trop meugnon ? Enfin moi je trouve ça meugnon et je m'en fous si c'est pas la vraie raison...
Ce sera la mienne ! Na na ni na nère ! :P
Merci pour toutes tes lectures, Ju ! <3