Portant les lourdes chaînes sur nos frêles poignées, d'un œil de faucon, tu examines nos geôliers, alors armés de lames tranchantes. Sur les bancs gelés, dans la charrette chargée, le vent dont le sifflement désenchante porte à nos pieds le froid qui se déchaîne sur nos membres glacés. Une bouffée de buée sous la toile. Une pluie de flocons voile le champ enneigé.
Je vois tes doigts trembler d'ardeur, malgré le supplice hivernal, ton corps entier, malgré la douleur infernale, semble flamboyer avec une telle splendeur.
Une incandescence embrase tes pupilles ardentes, dévisageant le danger avec une telle ardeur.
Un instant. Une lueur. Des pleurs. Entre tes bras de braise, un ruissellement écarlate éclate tandis qu'il se meurt.
L'autre ravisseur n'a point le temps d'agir.
Ta hargne était aussi grande que ta froideur.
Alors maculée de sang, je vois en ton âme cette fleur dépérir, dévorée par le brasier qui consume désormais ton cœur.
Pas un mot, pas un soupir lors de notre voyage.
Derrière ces traits amers, je parviens encore à reconnaître ton doux visage.
Seulement, ton sourire s'est égaré entre les cendres de nos espoirs. Tu endures toujours, ma chère sœur, les brûlures de tes flammes ?