5 | La Brocante (1/2)

Notes de l’auteur : Chapitre spéciale dédicace à Célian pour le mot "chanmax", Jules t'en remercie fichtrement beaucoup <3
Mis à jour le 16.07.23.

JULES.

Sérieux là, Spectrette ? Tu m’as promenée partout dans la Ville Écrasère pour atterrir dans c’quartier tout pourri ? Alors j’y ai supporté tout l’brouhaha-argh! des gens-bitume pour ça ? Une haute et moche maisonnée ? Migraine, oreilles qui flambent. Franch’ tu m’gonfles t’aurais pu choisir un truc plus congru, j’sais pas trop, un truc des jolis-charmes quoi ! Pask’ là ça craint grave : le bâtiment on a l’impression qu’il va s’écrouler d’une seconde à l’autre à cause qu’il penche, les murs en bois l’y sont tout moisis, les f’nêtres sont taches-brunâtres, grisaillées d’toiles d’araignées, pis ça pue la poussière jusqu’au dehors. La vitrine ça dit brocante. La pancarte ça dit chez Jasmin. Quel nom pourrave quoi. Mais bon, comme ça, au moins ça colle : un nom pourrave pour un endroit pourrave, on aurait pas pu trouver mieux.

Grommelante, l’nez froncé, j’entre. Ça clochettine et pis ça ferme la porte. Et… silence, feutré ? Me sens mieux. Sur-le-champ. Quand il y a moins de boucan, ramdam, barouf, je les hais… J’baisse la visière de mon béret, ma boule d’angoisse est d’retour dans la gorge. J’fais un rapide tour sur moi-même, je m’avance et j’y pars en exploration moi… Et très vite j’découvre que dedans c’est comme dehors : la brocante c’est un vide-ordures, et même, j’dirais, un vide-médiocre ? La banalité matérielle des gens tout là, tout ici. Elle est une jachère désaffectée de meubles, miroirs, bidules, trucs, avec du bric-à-brac par-ci par-là, çà et là, des antiquailles et des babioles que j’frôle ces objets qui se massent, s’amplifiassent jusqu’à former des colonnes et des colonnes et des colonnes d’infinie modicité. Tout est grand et tout est haut et tout est titubant et tout est exigu. Et moi j’me perds sous le sombrine et le clignotine. J’me perds sous le brun et le grise mine. Ça sent le bois, ça sent l’antique, ça sent le détérioré. Mon ombre mélangée à la poussière, j’me dis il n’y a personne ? Nulle part ? La brocante est ouverte mais personne dedans ? Bon.

J’balade encore quelque temps, Spectrette sur mes talons, n’sachant pas tellement quoi faire. Copinette refuse de m’guider, elle m’y laisse faire et moi j’erre en r’niflant, les mains dans les poches d’ma salopette. À force ça m’impatience, j’vais finir par m’tailler si j’trouve rien de chanmax d’ici sous peu… ouais… et là bim ! Tout à coup j’tombe sur c’truc que ! Wow… Alors là... Ouaip. Ça c’est chanmax. J’jure que j’m’y attendais pas à trouver ça ici. J’veux dire : le violoncelle. Là au beau milieu d’tout c’bazardé d’objets, à poussiérer sous les ampoules qui frétillent. La couleur de son bois : foncée, brun intense. Pis il m’a l’air ancien, si ancien que j’ose à peine m’approcher, comme s’il avait été maçonné y’a dix siècles au moins et qu’il en avait vu passer d’la tarée musique, avec des gens par milliers qui en auraient joué tout plein. Dingo comme c’fichu vio’ c’est d’la foutue belle antiquité. Ça m’happe, j’arrive pas à détacher mon regard de lui. Et p’t-être même, il est la raison d’ma présence ici… ? Au vu de comment Spectrette s’en approche… avec l’ébranlement des yeux, le corps tendu, sa respiration coupée, son casque vert tout penché… Hein, dis-moi Militairette ? C’est pour ça que tu m’as voyagée tout exprès pour ça ? Ce beau violoncelle ? Mes pieds qui brossent la poussière, je m’avance. Je suis toute proche maintenant. Là. Je… pas vrai ? Hésitante, je lève un bras. J’ai la peau toute moite, j’essaie d’sécher mes doigts entre eux, alors j’flanque ma paume sur le bois… comme ça… juste pour voir… Et alors, et alors… Fichtre !

Le vio’ il est chaud à l’intérieur. Surtout, aussitôt ma main posée dessus qu’la caisse de résonance vibre, doucement d’abord, pis de plus en plus fort jusqu’à ce que, sortie de j’sais pas trop où, une mélodie s’lève. Sourde, quasi imperceptible, elle s’déplie, chante, elle est là j’jure qu’elle est là !! On l’entend toujours plus forte maintenant, et montante, et claire, si bien que très vite, il ne fait plus aucun doute que l’vivivio’, tout seul il jouait. Aucun archet qui volait, l’instrument l’y chantait dans son ventre, dedans lui mais aussi dedans moi : c’était d’un genre lent et saisissant, qui vous escamote les émotions sans vous prévenir, comme ça, à les serrer fort si fort le coeur. La mélodiobeauté trémulait d’la vibre-en-poésie, soudain elle accélère, virtuose du sombrédésolé, ça m’est familier, rudement familier, j’suis sûre j’ai déjà entendu ça quelque part, juste j’sais pas trop où, et plus ç’harmonipleure plus ça m’fiche l’envie d’chigner, nan j’sèche mes yeux humides, ça vitesse grandiose chauffe et sonore toujours plus fort, alors un gros frisson, sorti de nulle part, court sur ma peau, me prenant toute entière, c’est un mélange de fièvre et de micro-vibrations, aussi chaud que froid, la secousse m’agrippe depuis l’intérieur, le frisson s’promène vite, très vite dans mes veines, partout, saleté d’crispation du dedans, ça m’fait terriblo mal alors, d’un geste abrupt, j’retire ma main.

J’déséquilibre, j’marche sur un crac! ça foule ma ch’ville j’tombe alors, à la renverse, sur les fesses, aïe! j’écrase des objets, j’renverse des trucs, ça ramdam du bruit, je n’entends plus le chant du vio’ mais l’énorme frisson lui n’a pas cessé, c’est comme si un truc s’est liquéfié dans mon sang et qu’il s’y rue à toute vitesse, ‘tit coeur pupupupulse pluplupluplus vite l’brûbrûbrûbrûlon vibre vite, toujours plus vivivivite, chaud, froid, chaud, froid, crispant, l’envie d’me gratter, fourieusement envie, j’me tortille au sol, gémissante, me repliant dans la poussière et la pénombre, les épaules tenues j’me frottais les omoplates, pis la hanche, j’roule, pis les bras, pis le ventre, mal-cheville, les ongles qui griffent, saignent,  mes gégémissements, pis… pis…. tordue dans la balayure, la joue qui râpe les échardes au sol, ça fourmille le sang. Ça pupulse

pulse.

Coeur tout en cascade.

Ça monte et monte jusque dans la tête

et vrille tout le front, ça cogne dans les tempes et

et soudain

ça silence.

J’sens plus rien. J’me sens… comme avant. Tout a disparu. Hein ? Comme s’il s’était passé que dalle ou que j’avais total’ déliré. Quoi ? Mais fichtre mais qu’est-ce qu’il m’arrive ??? Et pis… même ¿ J’ai quand même l’impression qu’il y a un truc différent en moi ? Juste j’sais pas trop quoi ¿

Transpirante, j’me redresse, autour de moi rien n’a changé. Il y a juste Spectrette assise à côté du violoncelle, son fusil sur ses cuisses, qui sourit comme rar’ment j’l’ai vue sourire. Qu’est-ce qu’y s’passe pourquoi t’es contente comme ça ? Et comme d’hab’ tu réponds que dalle, et comme d’hab’ ça m’enrogne cette absence de réponses. Crevée à cause que j’insomnie chaque nuit, cauchemarde souvent, j’ai les nerfs tout irrités, si irrités que j’ai diablement l’envie d’te secouer Spectrette et t’hurler à gorge déployée : et c’est quand qu’tu m’expliques tous les bizaroïsmes qui m’rôdent autour, hein ?¿ Franch’ ¡ Pis aussi ma ch’ville crie à la douleur, l’est pas solide celle-là, fichtre, suis juste tombée sur l’derrière pourtant et–

une exclamation pas loin. Ça fait comme ça : !

J’sursaute j’y lève la tête, y’a un m’sieur essoufflé qui vient d’accourir et qui m’observe les yeux hagards, désorbités, pis la tête échevelée, les mains bourrées de papiers, royal’ brouillon. Il a dû être alerté par le bruit d’ma chute ou d’moi qui r’nifle maugrée contre Nullardette, peste contre ma ch’ville ou j’sais pas trop ? Je m’humecte mes lèvres pour laver l’sang. L’est archi ‘tit le m’sieur, archi maigre, un corps archi comme le mien, avec des cheveux blancs qui cafouillent un visage errant. Un monocle effet-loupe recouvre son œil gauche, une ‘tite et étrange cicatrice en forme de vague est plantée dans sa joue droite, si nette qu’on dirait c’est fait exprès, et tout ça ensemble ça l’y fait un type étourdi, perdu dans son monde à lui, bigrement fou. D’ailleurs sa binette, elle passe du vio’ à moi plein de fois comme ça : vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’. Et si pendant longtemps, il a continué ses allers-retours en tête, ça a fini par se reconnect’ les neurones, pask’ soudain ses traits s’ouvrent, ses yeux brillent drôlement, il a dû découvrir que 2 + 2 ça fait 4 ou j’sais pas trop ? Il sourit à la folie. Minus ses dents. Il dit :

— Alors c’est vous.

Quoi c’est moi ? Moi c’est quoi ? Pis c’est quoi sa manie de m’vouvoyer ? Moi d’habitude du respect on m’en donne pas, jamais. Et moi franch’ j’en donne pas non plus. Alors j’réponds pas, j’veux pas parler, j’me recroqueville fort dans l’ombre-poussière. C’est par où que j’peux m’enfuir ? L’fou devant m’bouche le passage, tiens là-bas au fond y’a une p’tite enfilade, j’m’accroupis pour déguerpir mais l’sieur-loupe-à-l’oeil veut pas m’laisser filer lui il dit encore, avec urgence :

— Ce violoncelle est un instrument magnifique, vous ne trouvez pas ?

J’renifle un rire.

— Y m’fait total’ halluciner ton foutu vio’…

— Ah !

J’me rends pas souvent compte quand j’parle toute seule, mais là ça a dû être le cas, pask’ en plus de l’exclamation, chez tête-siphonnée, ça délire terriblo son oeil-pas-loupe, comme si c’que j’viens de dire ça piquait sa curiosité. Des billes de vif éclatent là-bas dedans, ça faisait fip-fip-fip-fip dans sa tête qui doit en pétiller du content. Mais moi j’déteste ça, cette fièvre des toi-tu-m’intéresses, ça m’fait trop ohé!-reste-là. Alors j’me déplie j’détale lap-lap comme un lapin, le hic c’est qu’en me levant, je r’tombe pask’ ma ch’ville foulée, mon mollet brûlé, ça soutient pas mon corps tout tremblotant. Lui tout d’suite il s’écrie un truc comme :

— Mais vous êtes blessée !

Il esquisse un geste pour me venir en aide, j’le foudroie du regard, il s’fige aussitôt. Ramassée contre le meuble j’grogne :

— Me touche pas.

Pendant un moment, il sait pas comment réagir. Il dit plus rien. Il fixe ma jambe, c’te brûlure qui l’enroule, saleté d’fouet ! avant d’souffler :

— C’est les Grisœils, n’est-ce pas ?

J’me replie plus encore, la lèvre en sang. Déteste ces saletés de situation-là. Dans le sens : causer aux gens. Suis jamais à l’aise mais lui, ça semble pas trop l’gêner Jules-taciturne puisqu’il s’assied alors, lentement pour pas m’effrayer, seulement il m’terreur depuis l’début, encore plus maintenant qu’il avance sa tête et souffle avec hâte, les yeux brillants, comme si c’était un gros secret partagé :

— Alors vous en voyez, c’est cela ?

Mais de quoi il parle ?

— Des idéelles ?

Et il a gorgé sa question d’une telle passion qu’un frisson m’a toute secouée. J’mordille l’intérieur d’ma joue. Yeux fermés. J’inspire, j’expire… Yeux rouverts. L’oeil-pas-loupe m’fixe drôlement.

— Des idées quoi ? fluetté-je finalement.

— Oh.

Ça l’désarçonne pas mal ma question, il s’y attendait pas que j’sois ignorante comme ça. Une ombre d’déception lui passe même à travers le visage. Il hésite, sait pas quoi faire. Finalement :

— Vous n’en avez jamais entendu parler, malgré l’Onde qui distribue des tracts pour informer les gens ?

— Suis pas du coin.

— Oh. Crénom… Alors ça !

— Bah quoi ?

L’y m’parait tout trison soudain l’vioque-homme et j’répète agressivo : bah quoi ??!

— Rien. C’est juste que... la Ville... les gens qui arrivent ne le savent pas… souvent… et après c’est trop tard ?

— De quoi ?

— Que si on y entre facilement, la plupart du temps on n’en sort pas.

Mon silence. Long. Et ma ricane. Courte. Pask’ s’il croit que moi Jules on peut l’encager ou quoi dans une Ville Tarabustère ! Et après lui tout curieux il m’demande d’où j’viens, et après moi mais il s’prend pour qui sérieux avec sa question ?! J’réponds rien, j’grogne, j’fais méchant avec mon r’gard. Et lui il finit par s’amuser d’ma réaction, puisque ses traits tout fins s’étirent, l’y rigolent un peu. Il s’installe plus à son aise sur son tapis, s’appuie contre le miroir derrière lui, comme s’il s’apprêtait à m’raconter une grande histoire et qu’il devait tout bien s’mettre en place, bienheureux de s’coller à cette tâche-là.

— Si les Grisœils s’en sont pris à vous, c’est que vous en voyez forcément, n’est-ce pas ? Ces sortes d’ombres qui brillent autour de vous mais que vous êtes la seule à apercevoir ?

J’garde la bouche résolument close. Tic-tac-tic-tac. Du temps s’étire sans que j’dise rien. Ma ch’ville gonfle gonfle, j’y ai peur que la douleur empire et que j’puisse plus m’défiler insaisissable entre les ombres. Souriant crispé, l’vieux bonhomme sait pas comment gérer la situation. Au bout d’un moment, il retente sa chance :

— Je peux… vous expliquer, si vous voulez ?

J’muette effrontément. J’guette autour, faut que j’me taille, allez saleté d’pied tu veux pas arrêter d’poum-poum ?! L’gaillard veut m’kidnapper ou j’sais pas trop !

— Peut-être qu’ainsi, vous comprendrez mieux ces sensations étranges que vous a procurées le violoncelle.

J’me raidis. J’fixe l’rabougri avec de gros yeux. Et ma réaction, c’est parlant pour lui. C’est la preuve qu’il attendait, puisqu’à son oeil-pas-loupe, y’a cette lueur des tarentules qui s’est rembrasée, ça m’a rappelé les gens lorsqu’ils passion-mordent, et avec son monocle, sa cicatrice-vague, ses cheveux hirsutes, comme de la paille blanche, son visage fin-flottant, il m’a fait penser à un savant royal’ cinglé. D’une certaine manière, ça m’a toute impressionnée, si bien que j’hésite moi, à rester, en apprendre plus même si j’vois bien que l’racorni bonhomme, il a une intention derrière tout ça. Son histoire c’est pas gratis. J’sais plus quoi faire… partir ou pas partir… pas partir ou partir… ouais nan…

Spectrette est là. Tiens, j’l’avais quasi oubliée celle-là ¡ Elle s’assied à côté du follo-lolo-savant. Elle m’fixe avec autorité, en mode : nan toi, tu restes là tu bouges pas. T’écoutes et pis v’là. J’ai baissé la tête. Courbé mes épaules. Et comme ça, Jules est restée. Et comme ça, l’ferré-des-idéelles a parlé.

D’abord, il lui a demandé c’qu’elle savait sur l’phénomèno, Jules a juste lâché l’mot « Grisoeils » parce que dans les faits c’était ça, elle tout c’qu’elle connaissait c’était « Grisoeils » et pis c’est tout. L’asticot réfléchit alors, s’demande comment lui introduire le truc, ça s’allume dans sa tête, soudain il dit :

— Est-ce que ça vous parle si je vous dis que les idéelles, c’est un état de notre conscience visibilisé ?

Jules n’réagit pas tellement, mordille sa lèvre, l’bonhomme hésite, y sait jamais comment prendre son éternel silence, il lâche alors :

— Bon alors, hmm… Et si, plus grossièrement, je vous disais que nos pensées peuvent être visibles, vous me suivez mieux ?

Alors, un rire nerveux échappe à Jules. C’est quoi c’nouveau délire ? Mais l’zigoto garde l’air très sérieux, si bien que ça coince dans la gorge d’Jules quand elle comprend que tout ça c’est pas d’la blague.

— C’est du n’imp’, marmotte-t-elle.

— En fait, si on prend le temps de réfléchir à cette grosse énigme qu’est notre conscience, pas tant que ça. Commençons peut-être par ceci : vous serez d’accord avec moi pour dire que chacun expérimente le monde différemment, n’est-ce pas ? Chacun le voit, le vit à sa manière. Eh bien, cela est dû à une représentation unique pour chaque individu, celle-ci étant en fait un état de conscience englobant aussi bien des sensations, des sentiments, des souvenirs, que des abstractions mentales comme une idée, un concept, une figure de l’imagination…

L’bougre s’tait un court instant, les yeux dans le vague, tapotant son doigt sur sa bouche. Il prend l’temps d’rassembler un tas d’idées dans sa ‘tite tête. Devant lui, Jules attend, la gorge entortillée, sa ch’ville qui crie un peu moins. Et quand ça s’est assez rempli sous son front, l’guignol rouvre la parole, tout enivré par c’qu’il vient d’penser  :

— Par exemple, si vous imaginez un arbre ici alors qu’il n’en est rien, vous avez néanmoins l’image de l’arbre en tête, « en vous ». Il en va de même pour, je ne sais pas, les couleurs qui nous entourent ? Vous ne les éprouvez qu’à travers une sensorialité particulière : la vôtre. Qui vous dit que le rouge tel que vous le percevez est le même que mon rouge ? Votre rouge n’est pas plus vrai qu’un autre. S’il possède une existence « hors de vous », il reste un rouge « pour vous ». Vous voyez ? Vous… oui ? Chacun construit ses propres représentations, qu’il s’agisse d’idées, d’images, de perceptions, et j’en passe… Et personne ne peut sauter hors de sa conscience pour découvrir comment se porte le monde « véritable ». Là comme ça, vous voyez ? Le réel ne prend sa signification qu’à l’intérieur de notre esprit. Là. Voilà ! Est-ce que jusque-là, vous me suivez ?

Lentement, la lèvre mordue, Jules hoche sa tête.

— Formidable ! s’exclame l’asticot. En fait, la fin est simple : comme chaque personne possède ses propres représentations, il s’agit dès lors de différencier l’objectif du subjectif. Ce qui existe « hors de moi » de ce qui existe « en moi ». C’est sensé, non ? Distinguer le réel « en soi » et le réel « pour moi ». Voilà qui implique nécessairement de déterminer ce qui est connaissable de ce qui ne l’est pas. Vous l’avez vu avec l’exemple des couleurs : vous ne pourrez jamais savoir si tout ce qui existe au sein de votre représentation correspond au réel hors de vous. Le réel est toujours réel pour moi. C’est là le coeur de toute l’affaire. Si vous comprenez ceci, là, ceci : qu’il y a le monde-en-soi, objectif, inconnaissable, et le monde-en-moi, subjectif, connaissable, alors vous comprenez pourquoi les idéelles sont possibles.

Et comme ça, l’éclairé-d’la-tête s’tait. L’a l’oeil brillant, il est tout épanoui. En face, Jules reste silencieuse un moment, ramène ses genoux contre elle, impressionnée par cette flopée de mots dont elle soupçonnait même pas qu’on puisse en empiler autant ensemble. Elle s’gratte le nez. Elle r’nifle, maugrée :

— Franch’ ? J’y ai toujours pas compris c’que c’est des idéelles.

Minios-dents sourit :

— Les idéelles, c’est comme conscientiser sa propre conscience. C’est mettre en évidence ce qui nous lie au monde. À partir du moment où je choisis un vivre plus ancré, faisant l’effort d’éprouver la vie autour de moi, la vie dans sa présence réelle, je rencontre un bout de réel-en-moi : mes idéelles. Si on parle parfois d’ « idées tombées du Ciel », ce sont plus des « idées tombées de moi ». Vous comprenez ? Ce sont des êtres à la consistance fantomatique qui reflètent un état de ma conscience.

Le gringalet philosophe-pas-gringal’dans-sa-tête, ça l’y fait passion-brûle son oeil-pas-loupe. Ses cheveux en paille blanche semblent hirsuter plus que jamais, comme si sa folie-sous-crâne les faisait s’élever frétillants quand ça folifurieuse là-dedans. Il observe Jules avec expectative, un large sourire des courtes dents, et Jules y réfléchit à tous ces concepts. Franch’ elle a pas tout capté mais au moins elle y sait maintenant que les idéelles, c’est un p’tit bout d’elle qui s’promène hors d’elle, et elle regarde Spectrette, toujours assise entre le philosavant et le violoncelle. Hochant sa tête, elle sourit à Jules, elle est tout d’accord avec lui et Jules, cuic! y’a mon ventre qui s’rétrécit. Quoi, alors Spectrette elle fait partie d’ma tête et pis c’est tout ? J’la r’garde un long moment. J’ai d’la peine à m’dire qu’elle est juste une idée. Et alors une idée d’quoi ? J’me replie encore plus contre moi-même. Et d’une voix fluette, Jules demande :

— M’sieur ? Vos idéelles, l’y m’faut des exemples.

— Très bien, alors… Tenez : comment vous sentez-vous actuellement ?

J’me crispe. J’réponds rien. Interdite. Tout gros mes yeux. L’asticot intelligent grimace, il tente malgré tout d’continuer, d’une voix plus douce :

— Apeurée disons. Le sol vous fait mal et le temps vous semble interminable. Eh bien, comme idéelles, vous pourriez tout à fait voir des ombres inquiétantes se mouvoir au plafond, aux murs, par terre. Vous pourriez voir des fourmis vous grimper aux jambes parce que vous avez les membres endoloris. Vous pourriez porter une montre, lourde, extrêmement lourde, qui vous rappelle à quel point le temps ne passe pas. Pesant, il s’éternise. Vous voyez où je veux en venir ?

L’sang c’est rouge dans ma bouche.

— Prenons une autre situation : vous êtes triste, vous êtes dans la rue. Il pourrait pleuvoir des idéelles sans que toutefois elles vous mouillent. Si au contraire vous êtes d’humeur joyeuse, le soleil pourra vous sembler particulièrement lumineux, des oiseaux voleront dans le ciel, les arbres se garniront de fleurs. Si vous vous disputez avec un ami et que vous êtes en colère contre lui, du feu pourrait tapisser le sol. Si vous perdez un être cher et que vous êtes nostalgique, vous pourriez le voir en face de vous. Ce ne serait pas son fantôme mais une réminiscence du passé, un souvenir. À l’inverse, si un jour vous vous sentez particulièrement confiante envers l’avenir, vous pourriez jusqu’à même vous voir vous dans un futur possible. Vous comme un vous idéal. Toutes temporalités se confondent, vous savez ? Les combinaisons sont infinies, nos idéelles sont en réalité toujours là, elles l’ont toujours été. Des milliards d’idéelles nous entourent constamment, formant une couche de pensées qui recouvre le monde, nourrissant l’horizon vivant du maintenant, mais souvent nous n’avons pas l’esprit assez clair pour les distinguer, ou alors pas assez d’imagination.

J’tiens toujours mes genoux contre moi, j’attends la suite. Et lui me r’garde, l’air d’attendre quelque chose, j’sais pas trop quoi. Diantre. Suis nulle pour causer. J’dois réagir c’est ça ? J’ose une ‘tite question :

— Pourquoi c’est forcé’ visibles et muets ces trucs-là ?

— En fait, une idéelle ne se manifeste pas forcément via une apparence spectrale, bien que ce soit à 90% le cas. La vision est notre sens le plus sollicité. Anatomiquement, une grande partie de notre cerveau est dédié au visuel, il est alors sensé que la première manifestation d’une idéelle soit visuelle. Toutefois, une idéelle peut aussi être auditive, olfactive, gustative, tactile même, bien que ce soit plus rare. Si on reprend l’exemple de la pluie, vous pourriez avoir la sensation qu’elle vous mouille alors qu’il n’en est rien.

— Mais ça barge la tête tout ça ! Comment savoir à la fin c’qui est réel de c’qui l’est pas ?

Son sourire, alors là il était tout grand tout immense, malgré ses minios-dents.

— Mais tout est réel, ma chère amie ! C’est tout ce qui fait le charme des idéelles ! Aucune réalité ne sera jamais plus réelle qu’une autre, l’idéel le réel tout se fond constamment l’un dans l’autre. À l’inverse d’être des illusions, les idéelles nous ancrent dans le réel. Elles nous le font vivre intensément, plus que jamais. C’est un mouvement de présentification, si l’on veut, d’actualisation permanente qui saisit un état de notre conscience – un état de vie alors – à un moment précis.

— Oui mais comment savoir c’qu’elles signifient ? Faut avouer qu’elles confusent quand même !

— Toute la question est précisément de le découvrir. Or, les significations se déclinent en un nombre infini d’interprétations et la plupart du temps, les gens se trompent. En fait, il est assez difficile de déterminer la symbolique de ce que l’on voit, mais peut-être n’est-ce pas là l’essentiel ? Garder un peu d’opaque n’est pas un mal en soi.

Oui mais oui mais nan, moi j’veux savoir c’que Spectrette signifie pask’ dans l’fond, ça m’révulse assez la théorie du philofou. Moi, j’refuse de penser que Spectrette c’est juste une idée. Primo : ça voudrait dire quoi, qu’elle est genre une idée de la guerre comme un souv’nir d’une guerre du passée ? Ou pire, qu’elle en annonce une autre ? Ou pire du pire, que c’est moi la guerre et que n’importe où je pose le regard, j’ai qu’une envie moi, celle d’dégommer les gens ? Ça boulotte dans ma gorge. J’ai les mains qui commencent à tremblouiller. J’les fourre dans les poches d’ma salopette. C’est du n’imp’ tout ça. Royal’ torchée cette théorie ! Hein, pas vrai ?! D’autant plus que, deuxio : Spectrette est plus que juste une idée, tellement plus que ça ¡ Spectrette elle est mue par une volonté, ça s’sent que ça coeur dans sa poitrine, elle est quelqu’un, quelque chose du moins, avec des pensées toutes à elle. Alors j’refuse ouais, c’est catégo’… J’y veux pas. C’est tout. Malgré que ça soit… que ça m’explique presque tout ? J’y crois pas ? Ou alors j’y crois quand même un peu ? Donc j’y crois mais juste pas tout ? Mais comment j’y fais moi, à la fin ? J’y crois ou j’y crois pas ? Hein ¿ Fichtre !

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Edouard PArle
Posté le 07/02/2023
Coucou Louison !
Je suis de plus en plus fan des chapitres Jules. Le style est toujours génial. Je t'ai mis dans mes remarques mes passages / mots préférés.
J'ai particulièrement apprécié l'ambiance du chapitre avec la brocante, le violoncelle (très beau passage).
Le personnage du vieil homme est super intéressant. J'aime beaucoup son introduction. Ce qui est bien, c'est qu'il a un langage très décalé par rapport à celui de Louison. Ca rend le passage des explications très amusant tout en permettant de le rendre très compréhensible avec les reformulations.
Le concept des idéelles qui restait jusque là très flou est vachement intéressant, à la fois poétique et intriguant. (est-ce que c'est ça qui va permettre de faire le lien avec l'autre univers ?) C'est certain que ça va avoir de l'importance vu que c'est le titre du livre (bravo Einstein).
Mes remarques :
"La banalité matérielle des gens tout là, tout ici." jolie phrase. En quelques mots, ça décrit hyper bien la lieu en laissant beaucoup de place à notre imagination.
"La mélodiobeauté" y a quand même de sacré mots xD très joli !
"avec des cheveux blancs qui cafouillent un visage errant." joli aussi !
"ses yeux brillent drôlement, il a dû découvrir que 2 + 2 ça fait 4" ahah xD
"que chacun expérience le monde différemment," -> expérimente ?
"impressionnée par cette flopée de mots dont elle soupçonnait même pas qu’on puisse en empiler autant ensemble." ahah très bon
"le philosavant" très cool ce mot
"Et lui me r’garde, l’air d’attendre quelque chose, j’sais pas trop quoi. Diantre. Suis nulle pour causer. J’dois réagir c’est ça ?" excellent passage !
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 11/02/2023
Coucou Edouard ! Merciii comme toujours pour ta lecture et ton com beaucoup trop adorable <3

Ahah tant mieux si t'aimes de plus en plus le style de Jules, je suppose oui qu'il faut quelques chapitres pour s'acclimater, puis la lecture est un peu plus facile (et kiffante aha x)).

Yees le vieillard, effectivement il a pas du toooout le même langage que Jules, contente si les explications du vieillard/ reformulations de Jules rendent le tout compréhensible ! Ouip le concept des idéelles est important aha, il va se décliner de différente manière =)

Tes remarques : aawn, trop chou, merci d'avoir noté toutes ces petites formulations que t'as bien aimées ! ça me fait plaisir <3

Et hop je file répondre à la suite, merci encore pour ta présence !
JeannieC.
Posté le 29/01/2023
Hey coucou Louison- !

Ravie de repasser par ici, où je retrouve la langue si énergique de Jules. C'est vivant, presque une musique avec ce travail du rythme et des élisions. On se sent vraiment déambuler en sa compagnie et invité à partager ses questionnements.
Fan de toutes les petites trouvailles textuelles comme "les gens-bitume", "c’est chanmax"...
Toujours beaucoup d'humour aussi, j'ai adoré "pupulse" c'est trop mignon *_* Et puis il y a aussi cette façon de rendre presque vivants certains éléments pourtant pas "êtres vivants", genre : "j’marche sur un crac!" comme si un "crac" était un petit être réellement écrasé ahah. Cela créé tout un monde hyper vivant et habité, ludique aussi. Même le silence que tu fais vivre avec cd "ça silence."

Pour le fond, beau tandem toujours entre Jules et sa comparse Spectrette gentiment taquinée tout au long du texte.
Et voici un nouveau personnage très intriguant, en la personne de ce "zigoto / asticot" etc (tu l'appelles de plein de façons marrantes j'adore xD ) qui éclaire enfin un certain nombre de choses quant aux idéelles. Je comprends mieux de quoi il s'agit, et c'est une manière originale de penser l'écart entre ce qu'on est et ce qu'on a conscience d'être. Mais aussi la variation du monde selon les perceptions des uns et des autres. C'est assez allégorique <3 Tu résumes bien ça avec une très jolie formules je trouve : "« idées tombées du Ciel », ce sont plus des « idées tombées de moi »"

Toujours un plaisir !
Bonne soirée et à bientôt <3
Louison-
Posté le 30/01/2023
Coucou Jeannie !
Merciiii comme toujours pour ta présence et ton message, ça me fait bien plaisir <3

Ravie que la langue de Jules te plaise toujours autant, moi aussi ça me fait beaucoup rire aha. Et que tu perçoives un certain rythme, une musique. Je passe beaucoup de temps pour que ça sonne vivant, "sonore", surtout chez Jules qui est très sensible à l'ouïe et qui utilise un tas d'onomatopées pour s'exprimer :) Donc qu'on le sente à la lecture, ça me rassure un peu. Mes efforts ne sont peut-être pas vains ahaha.

Nice aussi si t'aimes bien le nouveau personnage hihi (owi l'asticot ahahah, Jules n'a absolument AUCUN respect pour les gens et ça m'amuse beaucoup qu'elle leur donne à chaque fois des surnoms qui les valorisent pas forcément ahahah. Jpp de Jules :')) Chouette aussi si t'as bien aimé l'explication des idéelles, effectivement tout est centré autour de la subjectivité de chacun : comment on vit le monde et le voit à notre manière <3

Voilouille ! Toujours un plaisir de recevoir tes retours, je repasse par chez toi trèèèèès bientôt !
Bonne soirée à toi et à vite <3
Romane
Posté le 31/05/2022
Coucou Louison ! Me revoilà !
J’ai lu plusieurs de tes chapitres d’une traite sur téléphone, ce qui n’était pas très pratique pour commenter, mais je viens te faire mes retours ! (Ne t’étonne pas si tu reçois plusieurs commentaires à la suite ^^)

J’ai adoré ce chapitre parce que tu arrives à donner des explications très lisibles des idéeles avec ton style inimitable, et j’en suis franchement admirative ! :D
J’aime les concepts / entités dans les bouquins qui relèvent du surnaturel tout en paraissant parfaitement logique, intelligible, et c’est vraiment le cas ici !
Ce passage en particulier :
« Prenons une autre situation : vous êtes triste, vous êtes dans la rue. Il pourrait pleuvoir des idéelles sans que toutefois elles vous mouillent. Si au contraire vous êtes d’humeur joyeuse, le soleil pourra vous sembler particulièrement lumineux, des oiseaux voleront dans le ciel, les arbres se garniront de fleurs. Si vous vous disputez avec un ami et que vous êtes en colère contre lui, du feu pourrait tapisser le sol. Si vous perdez un être cher et que vous êtes nostalgique, vous pourriez le voir en face de vous. Ce ne serait pas son fantôme mais une réminiscence du passé, un souvenir. À l’inverse, si un jour vous vous sentez particulièrement confiante envers l’avenir, vous pourriez jusqu’à même vous voir vous dans un futur possible. Vous comme un vous idéal. »
Et bien c’est tellement sensé. Je veux dire, chez Jules, ça passe dans le réel, c’est un forme de vision, mais chacun de nous a déjà pu avoir intérieurement l’impression que le monde était plus beau, parce qu’il se sentait heureux, plus triste, parce qu’il pleuvait. C’est un certain état mental, mais que l’on vit tous, je pense, et bref, je trouve toujours génial les auteur.ices qui arrivent à fonder un système surnaturel si proche de notre réalité à nous, lecteurs ^^

Donc bravo pour cette idée, bravo pour l’explication super bien gérée !
Louison-
Posté le 03/06/2022
Coucou Romane !
Mercimerci pour ta lecture et tes retours, ça fait vraiment giga plaiz <3 <3

Je suis contente si les explications des idéelles sont lisibles dans ce chapitre, d'autant plus contente si t'as perçu le côté "logique" des idéelles. Certes ça a son côté un peu magique mais je tenais à ce que ça s'explique par derrière et que ça puisse jusqu'à même être concevable dans notre monde ^^ Donc chouettochouette ! Merci sinon pour le passage que tu relèves <3

Et hop je file répondre à la suite !
dodoreve
Posté le 03/05/2022
Bwahahah comme c’est le plaisir infini de retrouver le style propre à Jules ! « La vitrine ça dit brocante. » : ces constructions de phrase là vraiment j’adore <3

« Quand il y a moins de boucan, ramdam, barouf, je les hais… » J’ai trouvé ça un peu curieux : on s’attend à ce que la partie suivant « Quand... » la complète sauf que « je les hais » ça caractérise tout de suite les derniers mots, je sais pas si tu vois ce que je veux dire ? Le début de la phrase crée une attente et on part sur autre chose en gros

« J’balade encore quelque temps » toujours plus fan de tes verbes bonjour c’est moi ici dodoradio je vous adore

« chanmax » <3
gloire à toi Célian

« l’instrument l’y chantait dans son ventre » rololo <3

« une exclamation pas loin. Ça fait comme ça : ! » j’adore ahahah évidemment ça m’a fait directement penser à Damasio (sans compter sur le reste), et sauf que s’en tenir à un seul signe je trouve ça géniol parce que c’est très Jules je trouve, le déferlement d’émotion et le manque quant il s’agit de les exprimer précisément et en même temps le fait de réussir à les pointer direct avec très peu (?)

« L’est archi ‘tit le m’sieur, archi maigre, un corps archi comme le mien, avec des cheveux blancs qui cafouillent un visage errant. D’ailleurs sa binette, elle passe du vio’ à moi plein de fois comme ça : vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’. Un monocle effet-loupe recouvre son œil gauche, et tout ça ensemble ça l’y fait un type étourdi, perdu dans son monde à lui, bigrement fou. » Je chipote mais ça me semblerait plus logique pour nous de remarquer le monocle sur son œil avant de voir ce qu’il regarde (même si tu dis que c’est sa binette qui passe du vio à Ju) ?

« J’me rends pas souvent compte quand j’parle toute seule, mais là ça a dû être le cas » C’est vraiment fou et génialement écrit tout ce chapitre, dans la première version c’était déjà super mais alors là on atteint des SoMmEtS LOUISON enfin je trouve que ce genre de passage caractérise tellement Jules, elle est entière sous nos yeux c’est trop chouette et agréable à lire, et puis par rapport à ton histoire et au sentiment qui s’en dégage c’est aussi très drôle ? Elle me fait sourire tout léger et d’amour, comme si j’y reconnaissais une amie avec beaucoup de tendresse, fin bref meilleur sentiment des livres quand même, donc bravo <3

Et la rencontre entre Jasmin et Jules elle est super bien écrite aussi, on a vraiment l’impression que Jules c’est une petite souris avec un cœur vibrant de peur à toute allure, et lui très gentil, c’est très mimi et « authentique » comme rencontre (l’adjectif est bizarre mais j’espère que tu verras ce que je veux dire)

« — Alors vous en voyez, c’est cela ? / Mais de quoi il parle ? / — Des idéelles ? » J’ai trouvé que le rythme ça fonctionnait d’enfer ici, hyper dynamique, agréable comme tout à lire

« J’réponds rien, j’grogne, j’fais méchant avec mon r’gard. » POTITE CHOSE VIENT DANS MES BRAS MUST PROTECT

« cette lueur des tarentules qui s’est rembrasé » rembrasée* parce qu’une lueur c’est une FiLLeUh

« Son histoire c’est pas gratis. » Mine de rien je trouve ça très cool que Jules se fasse cette réflexion, parce que ça oriente vraiment sa peur comme quelque chose qui tient pas juste de la sauvagerie peureuse : on dirait que c’est autant un comportement qu’elle a adopté en réaction au jugement qu’elle a porté sur les choses et les gens qui l’entourent après observation.

Super le retour à la troisième personne avec les explications, ça arrive pile au bon moment, comme si le fait de céder et d’écouter ça la tirait un peu hors de son hypersensibilité ? Je pense que tu as réfléchi à cette cohérence, je sais pas si tu l’appliques à chaque changement, mais là en tout cas je trouve ça super pertinent et donc agréable à lire

Et les explications que donne Jasmin arrivent elle aussi au bon moment dans ton histoire je pense ? En plus c’est parfait via la rencontre Jasmin/Jules, tu peux répéter un peu les trucs comme quand il dit autrement « Et si, plus grossièrement, je vous disais que nos pensées peuvent être visibles, vous me suivez mieux ? » : le phénomène reste mystérieux mais c’est assez clair dans nos têtes (dans ma tête en tout cas)

« Chacun le voit le vit à sa manière. » Pour le coup j’ai trouvé que l’absence de connexion logique était surprenante pour ce monsieur qui s’exprime tout de même très bien ? (un ptit « et » ? si tu voulais t’éloigner d’une expression qui reste orale, après tout)

Alors trop drôle mais avec l’explication de Jasmin sur l’objectif et le subjectif, le réel en soi et le réel pour moi, j’ai pensé au Monde de Sophie de Jostein Gaarder. :’)

« L’a l’oeil brillant, il est tout épanoui. » épanoui est si bien choisi j’adore, dans un autre contexte c’est tellement positif et bienveillant de reconnaître cette qualité à quelqu’un, tandis que là comme on est vraiment dans la tête de Jules ça devient synonyme de fêlé ahahah Ce petit tour de magie est formidable <3

« C’est mettre en évidence ce qui nous lie au monde, là où émotionnellement je me donne, relationne. À partir du moment où je choisis un vivre plus ancré, faisant l’effort d’éprouver la vie autour de moi, la vie dans sa présence réelle, je rencontre un bout de réel-en-moi : mes idéelles. » Là je trouve ça un peu moins clair, parce que ça fait plus « soutenue » comme expression je pense, mais ce n’est peut-être que mon avis !

« Le gringalet philosophe-pas-gringal’dans-sa-tête » Là trop bien parce que je me suis dit que ça manquerait que Jules se dise pas que le gars il philosophe, tant on se fait nous-même la réflexion je pense

« Franch’ elle a pas tout capté mais au moins elle y sait maintenant que les idéelles, c’est un p’tit bout d’elle qui s’promène hors d’elle, et elle regarde Spectrette, toujours assise entre le philosavant et le violoncelle. Hochant sa tête, elle sourit à Jules, elle est tout d’accord avec lui et Jules, cuic! y’a mon ventre qui s’rétrécit. » Non mais Louison t’es vraiment un génie ou quoi ? Déjà je me disais : wow bien vu, tout pratique de réinterpréter les explications un peu soutenues par le vocabulaire de Jules. Puis le passage à la première personne dès que son ventre se noue ? Ça rejoint exactement ce que je remarquais plus tôt et voilà, c’est génial, bravo

« L’sang c’est rouge dans ma bouche. » Géniol ça aussi, évidemment on peut pas le voir mais du coup on sent sa couleur et son goût, bwololo je suis fan Louison si tu savais

« Comment savoir à la fin c’qui est réel de c’qui l’est pas ? » Ce n’est que mon avis mais « à la fin » ça alourdit un peu le Julostyle, mais c’est peut-être intentionnel maintenant qu’elle se calme (peut-être) ?

* intermède émotionnel *

(╯ᐛ)╯︵ ┻━┻
c’est tellement géniol je balance des tables

* oui *

Enfin voilà c’était vraiment génial ce chapitre, bravo ! Et sans compter que tout ce dont il est question me prend d’office par les sentiments, j’ai trouvé que tu avais énormément amélioré les choses que tu voulais corriger : on voit davantage l’environnement dans lequel Jules évolue, ça nous perd moins. En vrai j’aimais bien l’effet que procurais la première version à cet égard, mais ce qui est fou c’est que là tu clarifies tout en laissant Jules si présente !

Trop hâte de suivre cette folle histoire et encore bravo <3 pis tiens allez un bisou hop bonne journée <3
Louison-
Posté le 06/05/2022
« « Quand il y a moins de boucan, ramdam, barouf, je les hais… » J’ai trouvé ça un peu curieux : on s’attend à ce que la partie suivant « Quand... » la complète sauf que « je les hais » ça caractérise tout de suite les derniers mots, je sais pas si tu vois ce que je veux dire ? Le début de la phrase crée une attente et on part sur autre chose en gros. » >> Yes I know ! Mais là cette construction syntaxique un peu branlante c’est voulu, donc en fait je suis contente si tu trouves ça curieux, parce que c’est l’effet recherché hihi <3

« « une exclamation pas loin. Ça fait comme ça : ! » j’adore ahahah évidemment ça m’a fait directement penser à Damasio (sans compter sur le reste), et sauf que s’en tenir à un seul signe je trouve ça géniol parce que c’est très Jules je trouve, le déferlement d’émotion et le manque quant il s’agit de les exprimer précisément et en même temps le fait de réussir à les pointer direct avec très peu (?) » >> Aw je suis contente si tu trouves que ça fait très Jules, et aussi que tu compares à Dama, héhé trop chouette <3

Pour ta remarque sur le paragraphe avec le monocle : oh c’est pertinent ce que tu dis ! Effectivement y’a qqch à revoir ici pour une succession plus logique de ce-que-Jules-voit-d’abord ! Merci <3

« enfin je trouve que ce genre de passage caractérise tellement Jules, elle est entière sous nos yeux c’est trop chouette et agréable à lire, et puis par rapport à ton histoire et au sentiment qui s’en dégage c’est aussi très drôle ? Elle me fait sourire tout léger et d’amour, comme si j’y reconnaissais une amie avec beaucoup de tendresse, fin bref meilleur sentiment des livres quand même, donc bravo <3 » >> Aaw mais si mimi <3 Vraiment ça me rend joie tout ce que tu dis là, je suis particulièrement contente si Jules te fait sourire <3 <3 Mercimerci <3

« POTITE CHOSE VIENT DANS MES BRAS MUST PROTECT » Bhahaha, je t’adore <3

« « Son histoire c’est pas gratis. » Mine de rien je trouve ça très cool que Jules se fasse cette réflexion, parce que ça oriente vraiment sa peur comme quelque chose qui tient pas juste de la sauvagerie peureuse : on dirait que c’est autant un comportement qu’elle a adopté en réaction au jugement qu’elle a porté sur les choses et les gens qui l’entourent après observation. » >> Oh ça c’est chouette si t’a perçu ça, parce que certes elle panique pour rien, mais je voulais aussi qu’on perçoive que selon elle y’a quand même un truc de louche, donc cool si tu l’as vu <3

Pour le changement à la troisième personne : woui en fait je le fais assez au feeling, et là ça passait assez bien donc voilà, mais je suis pas systématique dans tout le roman je pense, ça dépend vraiment des scènes ! Mais c’est vrai j’ai remarqué que le passage à la 3ème personne advient souvent quand il y a changement d’attitude/perspective/évolution vers autre chose :)

Chouette si les explications de Jasmin semblent te venir au bon moment !

« « Chacun le voit le vit à sa manière. » Pour le coup j’ai trouvé que l’absence de connexion logique était surprenante pour ce monsieur qui s’exprime tout de même très bien ? (un ptit « et » ? si tu voulais t’éloigner d’une expression qui reste orale, après tout) » >> Woui tu as raison ! J’ai ajouté une virgule <3

Haha le monde de Sophie, c’est drôle t’es la deuxième personne qui m’en parle cette semaine :’) J’ai jamais fini ce bouquin rip, mais faudra clairement que j’aille lire la partie qui aborde le réel en soi et réel pour moi (si je la trouve), ça pourrait m’aider <3 (love la philo, qui l'eut cru qu'un jour j'irai relire des trucs de phénoménologie pour m'inspirer pour un worldbuilding ? :'))

« « C’est mettre en évidence ce qui nous lie au monde, là où émotionnellement je me donne, relationne. À partir du moment où je choisis un vivre plus ancré, faisant l’effort d’éprouver la vie autour de moi, la vie dans sa présence réelle, je rencontre un bout de réel-en-moi : mes idéelles. » Là je trouve ça un peu moins clair, parce que ça fait plus « soutenue » comme expression je pense, mais ce n’est peut-être que mon avis ! » >> Yop, j’ai archi galéré avec cette phrase, je me souviens. Elle me convenait pas et me convient toujours pas, terrible. Je la retravaillerai à l’occas’, merci de me noter ton impression sur elle ! Comme ça je sais que mon intuition qu’on bute sur elle est fondée <3

« c’est tellement géniol je balance des tables » >> Mais tu me tues <3 <3 <3

Et voilà et AAAAAAHHHH, qu’ai-je fait pour mériter autant de compliments, je ne sais pas. Mais vraiment, pour toutes tes autres remarques, j’ai pas grand-chose à rebondir mais je te dis merci et j’ai l’impression de passer ma vie à te remercier, mais en même temps je sais pas quoi faire d’autre parce que je lis ton com’ et je rougis et je suis toute coquille et remplie d’une énorme bouffée de reconnaissance à ton égard ? Alors merci, encore, toujours, pour ta présence, tu rends mes journées FOLLES.

BIOU-LE-PLUS-GRAND-BIOU-DU-MONDE-ET-AUSSI-CÂLINE-SUR-TOI <3
dodoreve
Posté le 06/05/2022
"Yes I know ! Mais là cette construction syntaxique un peu branlante c’est voulu, donc en fait je suis contente si tu trouves ça curieux, parce que c’est l’effet recherché hihi <3" Trop chouettos alors, ça fait un peu Césaire en fait je me dis !

Louison la coquille ouèche (de rien c'était trop cool j'adore te lire je suis FAN)

BIOUCALIN
dcelian
Posté le 13/04/2022
COUCOU ENFIN !
Et : "Chapitre spéciale dédicace à Célian pour le mot "chanmax", Jules t'en remercie fichtrement beaucoup <3" awwww :'
J'en suis très fier et ému. Avec plaisir <3
Bon alors retour sur la Brocante, je me souviens assez bien de l'impression qu'elle m'avait laissé la première fois, j'avais grave kiffé, j'ai hâte de voir ce que t'en as fait cette fois c:
Allézou !

"le bâtiment on a l’impression qu’il va s’écrouler d’une seconde à l’autre à cause qu’il penche"
>> Je sais pas si t'as déjà lu la trilogie "Le chaos en marche" de Patrick Ness, mais dans la version française le héros dit très souvent "à cause que" et je trouve ça carrément cool. Si tu les as pas lus : ihzoieghhêgjod quelle chance incroyable de pouvoir les découvrir VAZY FONCE

Je me rappelais pas une description de la façade aussi détaillée, c'est chouette que tu donnes autant d'éléments et j'aime beaucoup l'ambiance vieillotte et presque désaffectée qui en ressort.
Petit coup de cœur pour ça : "La vitrine ça dit brocante. La pancarte ça dit chez Jasmin. Quel nom pourrave quoi. Mais bon, comme ça, au moins ça colle : un nom pourrave pour un endroit pourrave, on aurait pas pu trouver mieux."
Le jeu des sens quand elle pénètre dans le bâtiment est carrément bien géré aussi, on est vraiment dans l'atmosphère que tu décris. C'est super étrange parce que tu utilises beaucoup de mots qui n'ont aucun sens, ou alors tu les transformes, mais pourtant tout est très parlant. C'est comme si tu inventais des mots qui auraient dû exister tellement ils sont logiques. Si ça fait sens. Enfin bref : bravo, c'est top !

"À force ça m’impatience, j’vais finir par m’tailler si j’trouve rien de chanmax d’ici sous peu… ouais… et là bim ! Tout à coup j’tombe sur c’truc que ! Wow… Alors là... Ouaip. Ça c’est chanmax."
>> ça lui va à la perfection... jsuis touché <3

Pire cool le passage sur la main contre le violoncelle. C'est un ajout, non ? Je me souvenais pas que l'instrument se mettait à jouer tout seul. On n'arrive pas à savoir si tout ça se passe dans sa tête ou réellement, ça semble irréel mais en même temps on voudrait presque y croire... Tes mots sont en envolée complète sur ce passage ! C'est très joli. Et bien sûr : étrange aussi (benwé, j'allais pas passer à côté de l'occasion de caser ce mot). Pourquoi elle entend ça, pourquoi Spectrette semblait vouloir l'emmener ici, pourquoi ça l'émeut autant, tout ça... hihi

Ouuuuuh encore plus étrange l'instant qui suit, où elle relâche sa prise et perd pied. Ça me fait penser à Nova juste après la boussole, cet état de confusion effréné. Mais en même temps c'est cool parce que leurs deux "délires" ne se manifestent pas du tout de la même manière, Jules joue plus sur les mots alors que Nova jouait plus sur les rythmes si je me rappelle bien ? Avec les mots manquants etc. Réussir à écrire deux folies différemment : chanmax ;)

"D’ailleurs sa binette, elle passe du vio’ à moi plein de fois comme ça : vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’ moi vio’"
>> Hahaha tu continues à jongler pour mon plus grand plaisir

"Et si pendant longtemps, il a continué ses allers-retours en tête, ça a fini par se reconnect’ les neurones, pask’ soudain ses traits s’ouvrent, ses yeux brillent drôlement, il a dû découvrir que 2 + 2 ça fait 4 ou j’sais pas trop ? Il sourit à la folie. Minus ses dents. Il dit :
— Alors c’est vous."
>> HOUU alors déjà c'est hyper drôle et aussi : on retrouve cet aspect prophétique étrange. C'est vous quoi, bondiou ???

"J’me rends pas souvent compte quand j’parle toute seule, mais là ça a dû être le cas, pask’ en plus de l’exclamation, chez tête-siphonnée, ça délire terriblo son oeil-pas-loupe, comme si c’que j’viens de dire ça piquait sa curiosité. Des billes de vif éclatent là-bas dedans, ça faisait fip-fip-fip-fip dans sa tête qui doit en pétiller du content. Mais moi j’déteste ça, cette fièvre des toi-tu-m’intéresses, ça m’fait trop ohé!-reste-là. Alors j’me déplie j’détale lap-lap comme un lapin, le hic c’est qu’en me levant, je r’tombe pask’ ma ch’ville foulée, mon mollet brûlé, ça soutient pas mon corps tout tremblotant. Lui tout d’suite il s’écrie un truc comme :"
>> Oui tant pis je mets tout le passage parce que ioaipghahpegaeg il est incroyablllleleeeeeeeeeeeeeeeeee !!!!!!!!
D'une manière générale j'aime beaucoup comme tu traites leur rencontre cette fois. Y a un côté beaucoup plus animal chez Jules que dans le premier jet et je trouve que ça lui correspond vachement mieux ! Sa méfiance et sa peur sont carrément palpables.
Ha j'adore que tu passes à la 3e personne quand Jasmin commence à raconter pour les idéelles et les Grisoeils !! ça donne un effet vraiment intéressant, une forme de détachement comme s'il parlait pas à la même personne, presque au lecteur.

"chacun expérience le monde différemment"
>> Hmm ça pour moi c'est un anglicisme non ? "to experience" ça peut pas vraiment se traduire littéralement en français, vu que "expériencer" c'est pas un verbe. Enfin je pense que le lecteur saisit l'idée ici, mais comme c'est Jasmin qui parle et qu'il a pas l'air de s'exprimer d'une façon aussi délirante que celle de Jules, jme disais peut-être qu'il valait mieux que je te signale ça !

La tirade sur la perception du monde est hypercool. J'ai toujours trouvé ça zinzin et génial de se dire que tout ce qu'on voit est peut-être complètement différent d'un individu à l'autre. Et en même temps ça ferait tellement sens, parfois... J'aime beaucoup que t'aies décidé d'intégrer ça dans ton histoire, et d'une manière qui m'a l'air tout à fait chouette avec ça !
Ça en particulier : "Si vous comprenez ceci, là, ceci : qu’il y a le monde-en-soi, objectif, inconnaissable, et le monde-en-moi, subjectif, connaissable, alors vous comprenez pourquoi les idéelles sont possibles."
>> Génialement dit, et génial tout court. Ça paraît tellement logique !

"je rencontre un bout de réel-en-moi : mes idéelles"
>> Trop joli ce mot, vraiment une trouvaille incr' *-*

"Le gringalet philosophe-pas-gringal’dans-sa-tête"
>> HAHA mais tellement bien dit punez

OK bon cette explication du concept d'idéelles : la folie. Déjà jte disais : je trouve l'idée de base vraiment jolie, une façon très délicate d'amener de la spiritualité et de la poésie dans le réel : toptoptop. Mais en plus l'explication de Jasmin est géniale parce que LIMPIDE, avec tous ses exemples et tout on comprend parfaitement là où il veut nous emmener. Et même si ça reste assez abstrait, ça pose aucun problème selon moi. C'est de toute façon une réflexion assez profonde sur la vie et nos perceptions, qui sont des choses carrément abstraites et difficiles à appréhender donc : logique que ce soit toujours abstrait après explication. C'est parfait comme ça, j'adore !!!

"— Mais ça barge la tête tout ça ! Comment savoir à la fin c’qui est réel de c’qui l’est pas ?"
>> ça aussi je trouve ça superfou

"Or, les significations se déclinent en un nombre invariable d’interprétations"
>> Jsuis pas sûr que "invariable" soit hyper adapté ici, pour moi justement le nombre d'interprétations et de significations varie carrément !

"En fait, il est assez difficile de déterminer la symbolique de ce que l’on voit, mais peut-être n’est-ce pas là l’essentiel ? Garder un peu d’opaque n’est pas un mal en soi."
>> Ah OUI entièrement d'accord, merci Jasmin. Et ça répond très bien à ce que je disais un peu plus haut : même si tout ce que tu écris n'est pas évident à comprendre, c'est chouette de laisser une part de mystère et d'interprétation personnelle !

"Primo : ça voudrait dire quoi, qu’elle est genre une idée de la guerre comme un souv’nir de la Belle Guerre ?"
>> Hmmm jsuis étonné que Jules connaisse aussi la Belle Guerre. Pour moi c'est vraiment une petite campagnarde sans éducation ni connaissance sur le monde. Très intéressant qu'elle mentionne ça, du coup, jme demande à quel point cette guerre a pu être traumatique pour que même elle en sache quelque chose.
On retrouve une sorte de parallèle avec Nova aussi : y a ce passage dont je me souviens pendant lequel elle se demandait si elle portait pas la guerre en elle, et là c'est au tour de Jules de s'interroger à ce sujet. Hm hmmmmmm !
J'aime aussi beaucoup qu'elle conteste le laïus de Jasmin parce qu'elle voit en Spectrette plus qu'une simple idée et projection de sa conscience. Ça fait douter le lecteur, en tout cas moi ça me fait douter : dans quelle mesure Jasmin sait vraiment ce qu'il raconte ? Spectrette a quand même l'air de vouloir dire quelque chose à Jules qu'elle ne comprend pas, or comment elle pourrait avoir créé elle-même une idéelle sans comprendre ce qu'elle signifie ? Hm hmmmm ? Une forme d'inconscient peut-être ?
Et le doute final aussi est vachement communicatif. On sait plus trop où se situer, avec tout ça !!

En tout cas : un chapitre SUPER réussi où tu places de nouveau plein d'éléments du "décor" tout en conservant ce style tellement FOU et fluide et drôle et wow ? Bravo, mégabravo même. Plus les chapitres passent et plus le suspense s'épaissit.... TROP HÂTE DE LA SUITE <3

AVITE !!!
Louison-
Posté le 15/04/2022
Ciélaaaaaan. Incroyable ton commentaire, comme toujours <3 Merci tout plein !

Non j’ai pas lu la trilogie de Patrick Ness, mais t’es pas le premier à me le citer ! Faudra que j’aille jeter un œil, aussi je viens de voir ils ont fait une série sur les bouquins ! Tu l’as vue ?? En tout cas, le pitch me parle ultra beaucoup :D

Oué j’ai ajouté une description extérieure :) Et pour la description intérieure, chouette si les mots que Jules te parlent <3

Pour le passage avec la main sur le violoncelle : oui tu as raison, c’est un ajout ! Et pour la suite, tu fais bien de voir un parallèle avec Nova et sa boussole ! ;) Ravie aussi d’apprendre que ces deux délires transparaissent néanmoins de façon différente chez Jules et Nova ^^

« D'une manière générale j'aime beaucoup comme tu traites leur rencontre cette fois. Y a un côté beaucoup plus animal chez Jules que dans le premier jet et je trouve que ça lui correspond vachement mieux ! Sa méfiance et sa peur sont carrément palpables. » >> Aw chouette si cette nouvelle version te plaît plus ! C’est vrai j’ai rendue Jules plus taciturne et sauvage dans cette réécriture, j’dois dire ça m’amuse aussi beaucoup <3

Pour le mot « expérience » : oooh je vois où tu veux en venir. En vrai j’avais pas pensé à l’anglicisme, juste j’ai pris le nom expérience et j’en ai fait un verbe, mais c’est vrai que chez Jasmin, ça peut sonner bizarre comme il a un langage plus « conforme » ! Je vais voir pour modifier ça, merci ! <3

Ensuite, pour l’explication de Jasmin : alors je suis vraiment super contente si tu vois ça comme limpide <3 Parce que je voulais quand même donner un peu d’épaisseur « philosophique » au truc mais j’avais peur déjà 1) d’emmerder le lecteur et 2) que ça le perde et/ou que ça soit trop long. Donc si pour toi c’est ok, alors c’est supra chouette ^^ Et oui sinon clair, moi aussi je trouve fou que tout ce qu’on perçoit est différent de la personne en face de soi, faudrait pouvoir se balader de tête en tête pour découvrir toutes nos différentes perceptions, imagine si c’était possible ??? (tiens, et si on faisait un dystopie à partir de cette base-là ????? :OOO)

Ooooh le terme "invariable". God. T’as trop mégaraison. Dans ma tête c’était le terme « infini » et c’est invariable qui s’est écrit, et je trouve ça fou que ma tête n’ait jamais tilté. Invariable ici ça va pas du tout, jpp :’) Merci de me l’avoir noté ! C’est corrigééééé hihi <3

Chouette aussi si tu trouves cool que le concept d’idéelle n’est pas non plus supra clair et qu'une part de mystère subsiste ! D'autant plus que tout ça dépend aussi des interprétations qu’en font les personnages, donc bon <3 C’est vrai c’est très abstrait et sûrement que les persos sauront jamais saisir l’essence exacte des idéelles, continuant à blablater dessus sans les comprendre exactement <3

« Hmmm jsuis étonné que Jules connaisse aussi la Belle Guerre. Pour moi c'est vraiment une petite campagnarde sans éducation ni connaissance sur le monde. » >> Oui t’as raison de voir Jules comme qqn "sans éducation", mais la Belle Guerre ça reste un truc assez imprégné dans la « connaissance commune » si on peut appeler ça comme ça. C’est comme nous nos WW1 et 2 par exemple, même une personne perdue dans sa campagne en a au moins entendu parler 1x dans sa vie tu vois ? Même si elle ne sait pas exactement le pourquoi du comment. Jules c’est un peu ça :)

Sinon, oui clair y’a un parallèle avec Nova et cette guerre dont ils ont peur de la porter en eux ! Et chouette aussi si ça te confuse toi-même que Jules doute de Jasmin héhé <3

Voilooooou ! Et un gros merci, encore toujoooours pour ton commentaire du tonnerre. Tu me fais à chaque fois giga plaisir, sdfaésdfasdfa, koeur koeur koeur <3 <3 <3 <3 Merci de l’infini <3
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