5. La légende des Portes

Par Neila

Elle avait froid. Elle avait mal. Mal à la tête, à la jambe et aux côtes. Elle avait l’étrange impression de flotter, aussi. Des voix lui écorchaient les oreilles. Elle aurait voulu leur dire de se taire, changer de position et tirer la couverture jusqu’à son menton, mais elle ne trouva pas la force de remuer, pas même de battre des cils. Elle se sentait fatiguée, malade. Elle sombra à nouveau.

Ce furent les mugissements du vent qui la tirèrent une seconde fois du sommeil. La tempête devait faire rage. Des courants d’air glacé se faufilaient sous ses vêtements. La fenêtre était-elle ouverte ? Elle avait vraiment froid. Mais d’un côté seulement. De l’autre, il y avait quelque chose de chaud. Quelqu’un. Elle était blottie contre quelqu’un. Son grand-père ? Quand elle était plus petite et qu’elle n’allait pas bien, il la prenait sur ses genoux, s’asseyait dans la chaise à bascule du salon et la berçait jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Elle se sentait bercée. Un bras se referma autour de ses épaules. Elle avait encore tellement sommeil. Malgré les hurlements du vent, le froid et la douleur qui continuait à la lancer, elle se rendormit.


 

Il faisait chaud. Agréablement chaud. Il n’y avait plus de mugissements ou de voix, seulement de discrets craquements. Ceux du bois qui se consumait. Un feu ronflait tout près. C’était apaisant. Parfait pour se prélasser au lit. Sauf qu’Hayalee avait soif. Vraiment très soif. Et sa cuisse lui faisait mal. Pourquoi est-ce que sa grand-mère ne venait pas la réveiller ? Elle avait la sensation d’avoir beaucoup dormi. Elle n’arrivait pas à replonger dans le sommeil. Elle essaya de se concentrer sur la chaleur du feu pour effacer l’inconfort qui commençait à la gagner. Depuis quand y avait-il du feu dans sa chambre ? Elle ouvrit les yeux.

Elle ne reconnut rien de ce qu’elle vit. La pièce était sombre et basse de plafond, constituée de briques en pierre parfaitement bien agencées. Hayalee était bel et bien dans un lit, mais ça n’était pas le sien. L’endroit ressemblait à une chambre, mais ça n’était pas la sienne. La pièce était tout en longueur, pourvue d’une cheminée, mais pas de fenêtres. Le feu qui brûlait dans l’âtre était la seule source de lumière.

Tout lui revint en un battement de cil.

Sa grand-mère était venue la réveiller. Ils avaient pris le petit-déjeuner et s’étaient tous rendu au cimetière. Hayalee était partie à l’académie. Elle avait assisté aux cours et puis… et puis il y avait eu Matéis. Le réprouvé et les veilleurs. Ludwig, l’église et le racheté. Le garçon, les soldats et le feu. Son cœur se mit à cogner dans sa poitrine et Hayalee se redressa. La douleur pulsa dans sa cuisse. Elle repoussa les couvertures et découvrit qu’elle ne portait plus de pantalon. On lui avait bandé la jambe.

— Rien de bien grave. Tu t’en remettras vite.

Hayalee tourna la tête. Un homme était assis à l’autre bout de la pièce, près de la porte, dans un coin que la lueur du feu peinait à atteindre. Elle le fixa sans savoir comment réagir, sans savoir quoi dire. Les couvertures étaient toujours tirées sur ses genoux, dévoilant ses cuisses nues et sa culotte. Elle s’empressa de les rabattre. On lui avait également ôté sa tunique, heureusement elle portait encore son justaucorps et son haut en laine.

— Comment te sens-tu ? demanda l’inconnu.

Hayalee ne répondit pas. Elle hésitait à bondir hors du lit pour se ruer vers la porte, à attraper l’oreiller pour le lui jeter dessus – ou mieux, le tisonnier près de la cheminée. Elle hésitait à lui demander qui il était, et où ils étaient, et qu’est-ce qu’il lui voulait, et où était son pantalon ?

— Tu dois avoir soif.

Oui, elle avait très soif. Sa gorge était aussi sèche que du parchemin.

L’homme se leva et approcha de la cheminée. Hayalee se tassa contre le mur, guettant le moindre de ses faits et gestes. La lueur dansante des flammes vint glisser sur ses cheveux, révélant une crinière grisonnante. Un vieillard ? Non, son allure n’était pas celle d’un homme rompu par les années. Son pas était trop souple, sa carrure trop athlétique. Il portait un plastron en cuir par-dessus sa chemise en lin, ainsi que des protections sur les avant-bras. Avec des gestes posés, il s’empara du tisonnier et décrocha la bouilloire suspendue dans l’âtre. Attrapant une tasse qui traînait sur le manteau de la cheminée, il la remplit et vint la tendre à Hayalee.

Elle resta statufiée au fond de son lit. Une impressionnante balafre barrait la figure de l’homme. La cicatrice courait de son front à sa joue en passant sur l’arête brisée de son nez, droite et nette comme un coup de griffe. Sous les mèches folles de sa tignasse, il manquait également un bon morceau à son oreille gauche. Sa main droite était amputée de deux doigts : il n’y avait plus que le pouce, l’index et le majeur pour pointer hors des bandelettes enserrant sa paume. Il ressemblait à un de ces animaux errants qui passaient leur vie à se battre. Pas tout à fait vieux mais plus très jeune.

Loin de perdre patience, il sourit et de petites rides se creusèrent aux coins de ses yeux noirs. Malgré les stigmates, son visage carré mangé par une barbe de trois jours était plus avenant que menaçant. Renonçant à l’attaquer à coups d’oreiller, Hayalee consentit à prendre la tasse qu’il lui tendait. Elle plongea un œil suspicieux à l’intérieur. Ça ressemblait à une décoction.

— Bois, l’encouragea-t-il, ça te fera du bien.

Elle renifla et but une petite gorgée. Le breuvage était délicieusement chaud, moins amer qu’attendu et elle vida la tasse d’un trait. L’homme réprima un sourire et la resservit. Il abandonna la bouilloire sur le secrétaire qui faisait face à la cheminée et indiqua l’espace entre l’âtre et le meuble :

— Tu permets que je m’assoie là ?

Hayalee acquiesça à retardement, déstabilisée par cet excès de tact. Il alla récupérer sa chaise et la plaça à une distance respectable du lit. Il s’assit, croisa ce qui lui restait de doigts, avant-bras appuyés sur les genoux, et dit :

— Je m’appelle Iltaïr. Je suis un ami de Saru – le garçon qui t’es venu en aide. Tu te souviens de lui ? Petit, les cheveux dans la figure, têtu comme un mùlock.

— Oui, dit Hayalee d’une voix enrouée.

L’évocation au garçon fit remonter de grosses bulles de panique.

— Qu’est-ce qui lui est arrivé ? Où est-ce qu’il est ?

Elle se souvenait des silhouettes noires envahissant le bois et elle se souvenait du feu, mais tout avait été si confus. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle avait vu.

— Est-ce qu’il… ?

Elle ne trouva pas le courage d’aller au bout de sa pensée. Le dénommé Iltaïr s’empressa de la rassurer :

— Ne t’en fais pas, il va bien. Il est ici.

Hayalee retomba sur ses oreillers, soulagée. Si quelque chose avait dû arriver à ce garçon, elle se serait sentie responsable. Ses intentions avaient beau rester obscures, il lui avait sauvé la vie.

— Il doit être en train de bouder dans un coin, ajouta Iltaïr.

— Ah. Pour… pourquoi ?

— Je l’avais laissé quelque part à Karakha avec l’ordre formel de m’y attendre et il m’a désobéi pour venir te secourir. J’ai dû lui tirer un peu les bretelles.

Il lâcha un soupir :

— Nous ne sommes pas passés loin du drame. Heureusement, je vous ai retrouvés à temps.

Hayalee entrouvrit les lèvres. Ça lui revint d’un coup : cet homme qui avait émergé des flammes, ses yeux noirs penchés sur elle. Elle n’avait pas halluciné.

— C’était vous, souffla-t-elle à mi-voix.

— Le feu a offert une diversion bienvenue, dit-il. Sans cela, je ne sais pas si nous aurions pu échapper aux soldats.

— Qui êtes-vous ? Où est-ce qu’on est ?

Il se laissa aller au fond de sa chaise et fit mine de réfléchir :

— Hum… dans un refuge, à environ trois cent lieues de Karakha, au sud-est. Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment.

Il éludait sa première question, mais Hayalee ne s’en formalisa pas sur le moment. Son esprit était trop focalisé sur le reste.

Trois cent lieues de Karakha ? Ils étaient à trois cent lieues de Karakha ? Le plus loin qu’elle soit jamais allée était la ville de Felmis, où son grand-père l’avait emmenée une fois. Et c’était à cinq lieues de chez elle. Trois cent lieues… ça représentait, quoi ? la moitié du pays ?

La lueur du feu vacilla. Si elle n’était pas déjà dans un lit, Hayalee aurait sûrement eu besoin de s’asseoir. Son mal-être n’échappa pas à Iltaïr.

— J’ai dû t’emmener ici sans ton assentiment, j’en suis désolé, mais il fallait te mettre en sécurité. Tu as dormi pendant près de quarante-huit heures.

— Quoi ? s’étrangla-t-elle.

Elle abandonna sa tasse sur la table de chevet avant de la renverser. Elle était restée dans les vapes pendant deux jours ? Mon Dieu, ses grands-parents et sa sœur devaient être morts d’inquiétude.

— Il faut que je rentre chez moi.

Iltaïr l’observa avec gravité, l’air profondément peiné par ce qu’il s’apprêtait à lui dire :

— Ce n’est pas une bonne idée.

Hayalee sentit sa langue faire des nœuds dans sa gorge et l’effroi se muer en un début de révolte : si ce type s’imaginait pouvoir l’empêcher de rentrer chez elle, il se fourrait le doigt dans l’œil. Elle lorgna le tisonnier suspendu près de la cheminée en évaluant ses chances de l’atteindre avant qu’il réagisse.

— Tu te méprends, l’interrompit-il. Ce n’est pas que je ne veuille pas te laisser partir – loin de là. Si tu décidais de passer cette porte, je ne te retiendrais pas. Personne ici ne te retiendra. Mais comprends bien, Hayalee, que retourner à Karakha signerait ton arrêt de mort. Sans parler des ennuis que cela pourrait attirer à ta famille.

L’horreur lui glaça les entrailles.

— À cause des soldats ?

— Précisément.

— Pourquoi ? Pourquoi ils en ont après moi ? J’ai rien fait à la fin ! Je…

Ses mots en ramenèrent d’autres à la surface.

« Tu sais pas ce que t’es. »

Elle garda la bouche ouverte, sans plus réussir à articuler un son. Qu’est-ce que Saru entendait par là ? Qu’est-ce que ça voulait dire au juste ?

— Hayalee ? appela Iltaïr.

Il s’était penché en avant, comme pour mieux capter son attention. Sa voix était douce et son regard d’une extrême prévenance.

— Tu veux bien me raconter ce qui s’est passé ? Depuis le début.

Hayalee déglutit, pesant le pour et le contre. Elle n’était pas sûre de pouvoir lui accorder sa confiance, d’un autre côté elle avait le pressentiment que lui et Saru comprenaient la situation bien mieux qu’elle. Et Hayalee voulait savoir. Plus que ça : elle en avait besoin.

Elle prit une profonde inspiration et se lança :

— Tout ce que je voulais c’était m’assurer que Matéis allait bien. C’est un… un camarade de classe, précisa-t-elle avant de s’éclaircir la gorge. Il est pas venu à l’académie. Apparemment son père a été arrêté. Ça a rendu Matéis fou. Un de ses amis a eu peur qu’il aille faire une bêtise au Temple des veilleurs, alors… j’ai fait un crochet là-bas en sortant des leçons – pour être sûre.

Ça sonnait un peu grotesque. Se donner autant de peine pour un simple camarade de classe… Si Iltaïr devina que ses sentiments pour Matéis allaient au-delà de ça, il ne se permit aucun commentaire. Il se contenta de hocher la tête, l’incitant à poursuivre.

— Je l’ai croisé sur le chemin du Temple – il fuyait les veilleurs. Ils l’ont rattrapé et… Matéis a… il s’est pas laissé faire au début, d’accord. Mais il y avait ce réprouvé qui est intervenu et qui a réussi à le calmer. Il a essayé de calmer les veilleurs aussi mais…

L’expression d’Iltaïr s’assombrit.

— Ils l’ont frappé, puis ils se sont mis à frapper Matéis, dit-elle, sans parvenir à retenir les larmes qui lui montaient aux yeux. Encore et encore… j’ai cru qu’ils arrêteraient jamais. J’ai cru qu’ils allaient les tuer.

Iltaïr ne lui rit pas au nez, ne leva pas les yeux au ciel, ni surpris ni choqué par la violence qu’Hayalee attribuait aux veilleurs de Karakha. Peu de gens l’auraient cru pourtant, à moins d’y avoir assisté. N’importe quel Psamien droit dans ses bottes aurait pris le parti des veilleurs, prétendu qu’elle exagérait. C’était plus facile, plus sensé, de condamner un réprouvé et un adolescent qu’une troupe de veilleurs intègres. Cela dit Hayalee avait la nette impression que cet Iltaïr n’était pas exactement un « Psamien droit dans ses bottes ».

— Je leur ai simplement crié d’arrêter. Je… je sais pas ce qui s’est passé, acheva-t-elle, désemparée. J’ai rien vu, la tête m’a tourné à ce moment. Le temps que je reprenne mes esprits, les veilleurs étaient tous par terre et ils étaient…

Hayalee ne finit pas sa phrase. Comme si évoquer les brûlures dont avaient souffert les veilleurs la rendrait automatiquement coupable. Comme si le lien avec elle était évident.

Iltaïr ne réclama pas les derniers détails. Il se contenta de la dévisager avec une intensité troublante.

— Je vois, finit-il par souffler.

Un silence pesant plana dans la chambre. Comme Iltaïr ne se décidait pas à reprendre la parole, Hayalee prit son courage à deux mains et avança :

— Les soldats… ils pensent que c’est moi qui ai blessé les veilleurs.

— Et toi ? Qu’en penses-tu ?

Hayalee voulut nier, lui dire combien c’était stupide, mais les arguments restèrent coincés dans sa gorge. Elle n’était plus si sûre de son innocence. Elle ne l’avait jamais été, sinon pourquoi aurait-elle pris la fuite ? Les mots de Saru et de Ludwig tournaient dans sa tête.

« Tu sais pas ce que t’es… L’armée qui se mobilise, c’est pas normal. »

La respiration frémissante, les yeux agrandis par l’épouvante, elle souffla tout bas :

— Qu’est-ce que j’ai ? Qu’est-ce qui va pas chez moi ?

La mâchoire d’Iltaïr se contracta brièvement et une drôle d’expression passa sur son visage : quelque chose entre la colère et la tristesse ? Ce fut néanmoins avec le plus grand calme qu’il demanda :

— As-tu déjà entendu parler des Descendants, Hayalee ?

Elle fronça les sourcils.

— Les descendants de qui ?

Un sourire indulgent se peignit sur son visage.

— Et les Portes de Kyar et Hassa ? essaya-t-il encore.

De plus en plus perplexe, Hayalee fouilla sa mémoire, mais ces « portes » ne lui disaient absolument rien.

— Désolé, je… je sais pas beaucoup de choses sur le monde, admit-elle avec une grimace. Est-ce que c’est, euh, des monuments ?

Il pouffa de rire et Hayalee sentit le rouge lui monter aux joues.

— Non, pas vraiment. Mais tu n’as pas à te sentir ignorante, très peu de gens en ont entendu parler. Les Portes de Kyar – le Ciel – et Hassa – la Terre – sont des passages qui mèneraient respectivement à ce que les gens appellent aujourd’hui le paradis et l’enfer.

Hayalee cligna des yeux.

— Par « passage », vous voulez dire…

— Un endroit bien réel. Une porte entre notre monde matériel et celui des âmes qu’il serait possible de franchir de son vivant.

Hayalee laissa échapper un drôle de son, à mi chemin entre l’exclamation incrédule et le gloussement, puis dit :

— C’est une blague, hein ?

— Hum… fit-il, pensif, avant de conclure : Ce ne serait pas une très bonne blague.

Est-ce qu’il était maboule ? Ça en avait tout l’air. Et quel rapport avec les problèmes d’Hayalee ?

— Je n’ai jamais entendu parler de ces portes, dit-elle.

— Normal. Tout ce qui les concernait a été effacé des textes sacrés et historiques, c’est un secret bien gardé.

— Pourquoi ça ?

— Ce n’est pas évident ? Les dirigeants de Psamias en ont peur. Les Portes renfermeraient tous les secrets de l’univers et bien plus encore. Elles sont une source de pouvoir inimaginable. Des Hommes ont consacré leur vie à essayer de les trouver, certains sont allés jusqu’à s’entre-tuer pour Elles.

— C’est assez stupide, de s’entre-tuer pour ça.

Iltaïr la regarda fixement et Hayalee redouta d’être allée trop loin. Lorsqu’il reprit la parole cependant, sa voix était toujours aussi calme.

— Ces Portes représentent un passage direct vers le royaume des morts : le sanctuaire des âmes. N’y a-t-il personne que tu pourrais souhaiter revoir, ce à n’importe quel prix ?

La remarque lui fit l’effet d’une douche froide. Pouvoir revoir les gens morts… comme sa mère ? Et si sa sœur ou ses grands-parents venaient à mourir prochainement et qu’il existait un moyen d’être à nouveau auprès d’eux, jusqu’où serait-elle capable d’aller ?

— Une idée dangereuse, n’est-ce pas ? appuya Iltaïr avec un sourire ombrageux.

Cette fois, Hayalee se garda de rétorquer. Elle avait parlé sans réfléchir, mais elle commençait à entrevoir ce que ces portes pouvaient avoir d’intéressant.

— Retrouver les êtres qui nous sont chers, percer les mystères de l’univers, obtenir le pouvoir, la richesse ou la vie éternelle : tout cela serait à portée de main pour qui franchirait les Portes. Tout ce qu’une âme peut désirer – et redouter – se trouve derrière les Portes.

— Excusez-moi, commença-t-elle, mais… quel est le rapport avec ce qui m’est arrivé ?

— Laisse-moi t’en dire un peu plus et le rapport t’apparaîtra clairement.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine. La conversation prenait une tournure étrange. Hayalee s’était attendue à ce qu’ils parlent des veilleurs et de leurs brûlures, des soldats et de l’incendie, au lieu de quoi il voulait lui raconter une histoire ? Une histoire qui la mettait mal à l’aise, qui plus est. Imaginer qu’une personne encore vivante puisse se rendre au paradis sans y avoir été invité… c’était du blasphème.

Iltaïr s’était levé pour aller se servir un verre de tisane. Il se rassit sans se presser, but une gorgée et poursuivit :

— Il faut savoir que les Portes n’ont pas toujours été cachées. Il y a bien longtemps, une communauté d’Hommes connaissait leur existence et leur emplacement, mais il était strictement interdit à quiconque d’en franchir le seuil. Deux gardiens avaient été désignés pour les protéger. La légende veut que ce soit Dieu lui-même qui ait interdit aux Hommes de franchir les Portes avant de nommer deux d’entre eux pour en surveiller l’accès.

— Des sortes d’apôtres ? suggéra Hayalee en se souvenant de l’interminable liste de femmes et d’hommes saints qui apparaissaient dans les textes sacrés.

— D’une certaine façon. Ils ont gardé les Portes de génération en génération pendant des décennies. Et puis les choses ont fini par se gâter.

Hayalee renonça à essayer de faire le lien avec ses propres ennuis. Cette légende commençait à titiller son intérêt. La lueur dansante du feu, les effluves de tisane et la tiédeur du lit lui donnaient l’impression d’être de retour chez elle, à écouter une histoire que sa grand-mère aurait pu lui raconter.

— Les deux gardiennes de l’époque s’appelaient Psamias et Taoxiam, continua Iltaïr.

— Psamias… comme le pays ?

— Plutôt l’inverse, corrigea-t-il en s’amusant de sa mine stupéfaite. Le pays a été nommé après elle. Je ne te raconte pas tout ça pour te distraire. Cette histoire a façonné la société dans laquelle tu as grandi et à l’origine de tes problèmes.

Hayalee fut trop déboussolée pour répondre.

— Avant de donner son nom au pays, Psamias était la gardienne de la Porte de Kyar – celle du paradis. Taoxiam, pour sa part, surveillait celle de Hassa – l’enfer. Psamias était aussi sage que ses prédécesseurs, mais pas Taoxiam. Elle a fini par enfreindre la règle et a franchi la Porte qu’elle devait garder. Ses motivations n’étaient peut-être pas mauvaises. Elle prétendait vouloir changer le monde, aider les Hommes. Peut-être a-t-elle sincèrement cru bien faire, ou peut-être se cachait-elle derrière de faux prétextes, va savoir.

— Et… qu’est-ce qu’elle a trouvé derrière cette porte ?

Hayalee pensait déjà connaître la réponse. Une bûche craqua dans l’âtre. Iltaïr la regarda droit dans les yeux.

— On raconte qu’elle y trouva le Diable : Kilhiln.

Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Les Psamiens se risquaient rarement à parler du Diable. On disait qu’invoquer le nom des démons les attirait. Certains étaient nommés dans les Saintes Écritures : Aos, Ilmyd, Tymril… porteur de perversion, de maladie ou de mort. Ils étaient tous plus terrifiants les uns que les autres, mais Kilhiln, le roi des démons, était sans conteste le plus redouté d’entre eux. 

— Selon la légende, ce dernier lui aurait proposé un marché, dit Iltaïr. Pour la récompenser d’être la première à avoir eu le courage de s’aventurer jusque-là, il lui aurait offert une partie de ses pouvoirs avant de la laisser repartir.

— Et elle ne s’est pas fait dévorer par des démons, à brûler en enfer jusqu’à la fin des temps ou un truc dans le genre ? souffla Hayalee, ahurie. Elle est repartie comme ça, tranquillement, avec une partie de ses pouvoirs sans rien donner en échange ?

— La légende veut qu’elle y aurait perdu sa capacité à enfanter, mais va savoir. Toujours est-il qu’elle est revenue avec en sa possession des dons surprenants. La nouvelle s’est vite répandue. Taoxiam voulait montrer aux Hommes qu’ils n’avaient rien à craindre du pouvoir que contenait les Portes, mais avaient au contraire tout à y gagner. Pour certains, c’était un monstre qui avait transgressé la plus sacrée des lois ; pour d’autres une révolutionnaire qui s’était hissée au rang de dieu. Bien sûr, Psamias a appris ce qu’elle avait fait et elle n’a pas du tout approuvé les actions de son homologue. Mais que pouvait-elle faire ? Les pouvoirs de Taoxiam étaient bien trop grands. Personne n’était en mesure de l’arrêter et Taoxiam était déterminée à changer la face du monde. Comme je te l’ai dit, ses intentions n’étaient peut-être pas mauvaises, mais ses méthodes étaient… brutales. Dans sa folie, elle a fini par convaincre un groupe d’hommes et de femmes de franchir à leur tour la Porte. Seuls neuf d’entre eux sont revenus.

— Qu’est-ce qui est arrivé aux autres ? osa Hayalee.

— Morts, il me semble, dit Iltaïr d’un ton lugubre. J’imagine que leur âme est restée coincée derrière la Porte. Neuf d’entre eux sont tout de même parvenus à revenir. Tous dotés de pouvoirs aussi redoutables que ceux de Taoxiam, des « dons » que leur auraient fait neuf autres démons. En tout ils étaient dix, avec à leur tête Taoxiam.

— Et qu’est-ce qu’a fait Psamias alors ? Elle l’a laissée faire ?

Son intérêt alluma une lueur espiègle dans les prunelles d’Iltaïr.

— À ton avis ?

Hayalee observa un silence perplexe et tenta de s’imaginer à la place de cette Psamias. Elle en arriva très vite à la conclusion qu’elle aurait pris la fuite. Supposant que l’histoire ne finissait pas ainsi, elle se contenta de hausser les épaules.

— Eh bien elle est allée demander de l’aide aux seuls êtres dont les pouvoirs auraient pu rivaliser avec ceux des démons, répondit lui-même Iltaïr. Elle a réuni neuf personnes courageuses, pas plus, pas moins, et avec elles elle a passé la Porte de Kyar.

— Et elle est allée trouver les… les anges ? balbutia Hayalee, tellement absorbée par son récit qu’elle en oublia de trouver ça grotesque.

— C’est ce qu’on dit. Pour aider les humains à se défendre et à être sur un pied d’égalité avec leurs adversaires, les anges les ont bénis en leur confiant une partie de leurs pouvoirs. Tu les connais, ajouta malicieusement Iltaïr.

Hayalee cilla et répéta sans comprendre :

— Je les connais ?

— Les anges dont il est question. Ce sont les dix archanges vénérés par les Psamiens. Psamias aurait été bénie par nul autre que Milhilar : le Peseur d’âmes, la Justice de Dieu. C’est ce qu’elle est devenue.

C’était difficile à imaginer. Certains Hommes prétendaient être à l’écoute de la volonté de Dieu et des anges, d’autres exauçaient des miracles en leur nom disait-on, mais il fallait être vertueux. Il fallait prier et posséder une foi à toute épreuve. Et même ces Hommes-là, même la Sainte Mère de l’Église, ne seraient jamais allés jusqu’à prétendre posséder des dons égaux à ceux de Milhilar. Ça revenait à se proclamer bras droit de Dieu. C’était impensable. Par nature, aucun Homme n’en était digne.

— On leur a donné le nom « d’Élus », dit Iltaïr. Les Élus de Kyar et les Élus de Hassa, car ils sont ceux que les anges et les démons ont choisis. Ils étaient vingt en tout, tous avec des capacités hors du commun. Mais il n’y avait pas que ces Élus engagés dans le conflit, c’est le monde entier qui s’est divisé en deux camps. Ceux qui se sont rangés derrière Taoxiam et ceux qui, comme Psamias, pensaient que les Hommes ne devaient pas jouer aux dieux. Ça a engendré la plus grande et la plus meurtrière guerre que le monde ait connue. Imagine des personnes capables de tuer d’un simple regard, d’ouvrir la terre en deux, de commander aux océans ou aux morts. Ça a été un bain de sang.

— Pas possible, souffla Hayalee. S’il y avait eu une guerre pareille, on le saurait. Ça aurait laissé des traces partout !

— Mais on le sait. Dans l’Histoire psamienne, ce conflit correspond à la Grande Guerre.

Hayalee en resta la bouche ouverte. Son maître d’Histoire en parlait encore à leur dernière leçon. La Grande Guerre avait eu lieu mille trente huit ans plus tôt – Hayalee s’en souvenait car sa fin marquait l’an zéro de leur calendrier. Elle revoyait maître Valres babiller devant son tableau noir dans l’espoir vain de transmettre à ses élèves les maigres informations que les historiens avaient pu récolter sur le sujet. Une guerre dont on avait retenu aucun nom. Une lutte que les maîtres ne faisaient que survoler pour se concentrer sur l’après, exposant avec bien plus de détails la naissance de leur nation.

— Mais… je croyais que cette guerre avait eu lieu parce qu’une partie du peuple voulait que tout le monde soit gouverné par une seule personne, que les villages s’unissent pour former un pays… ou quelque chose comme ça ? hésita Hayalee, qui avait passé trop de leçons à dormir pour en être certaine.

Iltaïr eut un rire caustique :

— Ah oui, la bonne vieille histoire des royalistes contre les indépendantistes. Des sornettes. Tout juste inspirées des faits. Taoxiam désirait bel et bien s’imposer en meneuse, mais le conflit était autrement plus idéologique que politique. Cela dit, c’est inutile de chercher autre chose dans les livres d’Histoire : tu n’y verras jamais les noms de Psamias et Taoxiam, ni même d’un seul autre Élu.

Hayalee trouvait un peu exagéré de traiter ce qu’on leur avait enseigné de « sornettes » quand lui-même parlait d’hommes et de femmes qui seraient allés quémander de l’aide auprès des anges et des démons.

— Mais ce n’est pas à la suite de ça qu’est né notre pays et son premier roi ?

— Si, mais à l’origine ça n’avait rien à voir. Avant la guerre, le territoire connu aujourd’hui comme le pays de Psamias était divisé, partagé en petites provinces dirigées par différents chefs. Les villages marchandaient entre eux, parfois s’associaient pour se défendre ou faire la guerre, mais en définitive chacun possédait sa propre organisation et ses propres lois. Et puis Taoxiam a débarqué avec ses comparses et a tenté de les gouverner par la force. Les villages ont dû se rassembler, coopérer pour les repousser. Après ça, tous les peuples, de la Forêt de Givre aux montagnes de Muosis, ont décidé de rester unis sous une même bannière. Ils sont devenus une nation qu’ils ont nommée « Psamias », en l’honneur de leur sauveuse. La monarchie a fini par s’installer, mais c’est arrivé presque une centaine d’années après la guerre.

— Alors elle a gagné ? questionna Hayalee. Psamias ?

— Oui, au prix de nombreux sacrifices. Psamias a réussi à vaincre Taoxiam et après la chute de leur meneuse, les Élus de Hassa ont capitulé. Ils ne sont pas tous morts, néanmoins.

— Quoi, Psamias et ses copains ne les ont pas tués ?

— Non. Certains Élus sont morts durant les dix années qu’a duré la guerre bien sûr, Taoxiam a succombé à la bataille finale, mais quelques uns sont parvenus à s’enfuir et ont su se faire oublier. Les Élus de Hassa sont partis se terrer dans leur coin. Les Élus de Kyar, quant à eux, ont travaillé à la construction du pays de Psamias. Ils voulaient bâtir une société paisible, pacifique et juste, où règnent l’équité et l’entraide. Ils ont voulu transmettre aux Hommes ce que le Ciel leur avait offert : la connaissance, la lumière, la vie, l’amour…

Il plongea les yeux au fond de sa tasse, un sourire triste au coin des lèvres.

— Ça sonne bien. Peut-être trop beau pour avoir été vrai. Sûrement que tout n’était pas aussi parfait que le veut l’histoire. Toujours est-il que les Élus de Kyar sont devenus les piliers de cette nouvelle société. Et la paix a régné. Pendant un temps.

— Comment ça ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Son regard se perdit dans le vague. Le feu qui craquait sur sa gauche jetait sa lueur mouvante sur une partie de son visage, laissant l’autre dans l’ombre.

— Ce qui se passe toujours, dit-il. La peur, la convoitise, la haine. Les Psamiens avaient réussi à mettre en place leur société. Ils avaient des institutions qui marchaient, une constitution, des dirigeants, des veilleurs et plus d’ennemis à combattre, plus de menace extérieure. Alors ils ont commencé à redouter les menaces intérieures. Ces êtres hors du commun qui les avaient aidés en temps de crise, en temps de paix, ils se sont mis à les craindre. Mais ça, c’est arrivé plusieurs générations après celle de Psamias, acheva-t-il dans un soupir avant d’avaler une nouvelle gorgée de tisane.

Hayalee n’était plus sûre de le suivre.

— Si c’est arrivé plusieurs générations après, les Élus étaient déjà morts, non ? Ou vous allez me dire qu’ils sont immortels en plus du reste ?

— Aah, souffla-t-il en s’ébouriffant les cheveux. J’ai omis un point essentiel, c’est vrai. Les Élus n’étaient pas immortels, mais leurs dons leur ont survécu : de génération en génération, ils se sont transmis à leurs descendants. Nous ne savons pas comment ça marche, nous ne savons pas pourquoi, mais les enfants des Élus ont hérité de leurs capacités hors du commun. Autrefois, on les nommait les Héritiers, aujourd’hui les gens semblent préférer le terme de Descendants.

Hayalee entrouvrit la bouche, puis la referma, la gorge à nouveau très sèche. Iltaïr la jaugeait du regard, l’air d’attendre sa réaction. Hayalee n’avait plus aucune envie de s’aventurer jusqu’au bout du chemin.

— « Les descendants de qui ? », fit-il en reprenant ses mots. Tu as ta réponse : les descendants des Élus, les seuls êtres humains à avoir franchi les Portes du Paradis et de l’Enfer et à en être revenus. Des êtres dotés de capacités qui dépassent l’entendement.

Elle hissa son regard jusqu’au sien, la respiration laborieuse. Dans l’âtre, les flammes se tordaient, s’agitaient, comme ballottées par des courants d’air.

— Tu comprends où je veux en venir à présent ? Tu es une Descendante.

Le feu retomba d’un coup. S’éteignit presque, les plongeant dans une semi-obscurité glaçante.

Hayalee guetta longtemps la silhouette d’Iltaïr. Sans bouger. Sans rien dire. Puis elle hocha la tête de gauche à droite, d’abord lentement, puis avec véhémence.

— Non. C’est pas possible. Vous vous trompez. Je suis pas… je… c’est pas possible, répéta-t-elle encore.

Il inclina la tête :

— Et pourquoi cela ?

— Vous êtes cinglé, lâcha-t-elle. Cette histoire est complètement folle.

— Vraiment ? Tu ne crois pas en Dieu ?

— C’est…

— Aux anges ? Aux démons ?

— C’est pas ça le problème ! C’est juste…

— Trop déplaisant à envisager ?

Elle ne sut plus quoi rétorquer. Il y avait trop de pensées qui se pressaient dans sa tête, certaines contradictoires. Trop d’émotions qui menaçaient de la submerger en même temps. Elle réalisa à peine qu’Iltaïr posait sa tasse pour approcher de la cheminée. Il s’empara de la longue pince en fer forgé et piqua dans le foyer, ranimant le feu qui hésitait entre mourir et se déchainer.

— Je sais que c’est dur à avaler, souffla-t-il, dur à entendre et à accepter, surtout pour quelqu’un qui a grandi dans un environnement comme le tien, mais sois honnête avec toi-même, Hayalee : tout cela ne t’évoque-t-il vraiment rien ?

Hayalee aurait donné n’importe quoi pour pouvoir nier. Mais Iltaïr avait cruellement raison. Cette histoire trouvait écho à ses oreilles. Aussi folle soit l’idée, elle expliquait tout.

Iltaïr tira une braise rougeoyante de l’âtre et, sans un avertissement, la lança à Hayalee. Le temps qu’elle comprenne, elle avait déjà levé les bras pour la rattraper. Elle la lâcha dans un sursaut. La couverture en laine noircit et, dans un réflexe encore plus stupide, Hayalee s’empressa de récupérer le morceau de charbon avant que le tissu ne s’enflamme. Elle allait le jeter au loin quand le paradoxe la rattrapa.

Ça ne faisait pas mal.

Lentement, elle écarta les doigts et observa la braise au creux de sa paume. La chaleur lui traversait la main, mais ça ne faisait pas mal, loin de là. La braise rougeoya un instant, puis s’éteignit en refroidissant.

— Tu n’as jamais trop chaud, affirma soudain Iltaïr, ni trop froid – à moins d’être fatiguée. Tu ne connais pas la douleur d’une brûlure, tu tombes rarement malade, voire jamais, tu rêves de créatures étranges, de symboles, de gens, de lieux et d’époques que tu ne connais pas et quand tu perds le contrôle de tes émotions, des accidents surviennent. Comme face aux veilleurs. Comme dans la forêt.

Elle tourna la tête vers lui, le cœur battant à tout rompre.

— Et puis tu portes une marque. Semblable à un tatouage, sauf que personne ne l’a dessiné sur ta peau. Tu ne sais pas ce que c’est ni d’où ça vient.

— Co… comment vous…

— « Et afin que tous sachent qu’elle était son bras droit, sa main vengeresse remontée des profondeurs de la Terre pour s’abattre sur les Hommes et semer le chaos et la discorde, Kilhiln la marqua dans son âme et dans sa chair », récita Iltaïr. Tu vois, en vérité il est très facile d’identifier les Descendants car, comme leurs vingt ancêtres qui ont passé les Portes, ils portent tous la marque de l’ange ou du démon qui leur aurait transmis ses pouvoirs. Dans leur chair et dans leur âme.

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MrOriendo
Posté le 15/02/2023
Hello Neila,

Un chapitre plein de révélations qui commence enfin à donner du sens à ton histoire. Je t'avoue qu'en temps normal, je ne suis pas fan des livres qui parlent d'anges et de Paradis, ce n'est pas vraiment ma came. Mais là, tu m'as plutôt bien accroché avec cette histoire de Portes et les pouvoirs d'Hayalee.

Au vu de son affinité avec le feu, elle pourrait descendre d'un(e) Elu(e) de Hassa ? Ce serait original et assez classe, car à ce stade tout le monde s'attendrait à ce qu'elle se découvre l'héritière de Psamias chargée de sauver le monde.
Ce ne serait pas une mauvaise histoire j'imagine, mais je me plais à imaginer que tu as choisi un chemin plus surprenant et tortueux pour la suite de ton scénario.

Quelques remarques :

- "la garçon qui t’es venu en aide" --> le garçon

- "Le monde matériel était devenue trop impure" --> devenu, impur

- "Psamias était aussi sage que ces prédécesseurs" --> ses

- "les anges les ont béni" --> bénis
Neila
Posté le 16/02/2023
J’espère que toutes ces révélations ne sont pas trop indigestes (c’est que c’est pas encore fini…).
Si ça peut te rassurer, on verra pas d’anges ou de démons… mais j’aime bien tout ce qui est symbole de dualité, d’opposition, ça me branche bien. Mais bon, les anges et les démons, c’est surtout un prétexte pour créer un système de pouvoir clanique. Enfin, tu verras (si ça te fait assez envie pour continuer à lire ^o^ ).

Il se peut que le chemin soit plus tortueux, oui…

Encore merci pour toutes les fautes que tu as relevées ! Ça me dépite qu’il y en ait encore autant qui traînent. x’D M’enfin.

Un gros merci pour ta lecture et tous tes retours. J’espère sincèrement que cette entrée en matière t’aura donné envie de lire la suite.
À plus !
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