5. La mère des loups (partie 3)

Par Voltage

Elle en avait trop dit, trop fait.

Une seule solution : Un retour vers le passé.

Mais pas dans un bar…Elle se leva brusquement de sa chaise et sortit rapidement du bar. Il fallait trouver un endroit auquel personne ne pourrait accéder. Car lorsqu’on utilisait la montre delta, une montre à l’origine inconnue qui permettait à celui qui la portait de voyager dans le temps, l’endroit utilisé pour le voyage laissait une séquelle importante : Un portail temporel. Quiconque s’aventurait dans ce portail se retrouvait coincé dans l’époque destination du voyageur temporel. C’est pour cela qu’il fallait faire très attention en effectuant ce genre de voyage. De plus, l’utilisation de la montre n’est pas illimitée. Une jauge se remplissait. Lorsqu’elle était pleine, son utilisateur perdait le contrôle de son mental, perdait toute raison. Le seul moyen de s’en sortir, à ce moment-là, c’est tourner le plus petit bouton sur le côté de la montre, ce qui faisait avancer le compte à rebours. De quoi ? Bonne question. Dehors, de minces flocons de neige tombaient. Brenna avait les mains gelées. Elle ne pourrait pas rester comme ça. Elle alla dans le magasin le plus proche, et fit l’acquisition de vêtements plus chauds. Un jean, un pull gris, des bottes et un bonnet noir. Là où elle allait, elle n’aurait pas besoin de manteau.

À la sortie du village, elle marcha beaucoup , tout en réfléchissant. Le seul moyen de réparer ses erreurs, c’est de retourner au jour où elle était arrivée ici. Elle comptait, maintenant qu’elle en savait déjà plus sur les créatures lunaires, se concentrer uniquement sur sa sœur. Brenna appréhendait ce moment, mais s’en réjouissait tout autant. Un sourire monta sur son visage sans qu’elle ne s’en aperçoive. Elle marchait dans le neige, cherchant le bon endroit. Longtemps. Le décor semblait s’effacer derrière elle. Brenna avait l’impression d’y laisser une nouvelle fois tous ses problèmes.Il y avait de neige et des collines enneigées à perte de vue, si bien que l’existence d’un endroit ensoleillé non-loin d’ici paraissait invraisemblable. Une heure plus tard, elle commença à se douter qu’elle s’était perdue. La neige était le seule chose qu’elle voyait. De minces flocons tombaient toujours sur l’épaisse couche de neige au sol, et d’autres beaucoup plus épais martellaient le haut des collines et les sommets des montagnes, que l’on pouvait distinguer au loin. Des arbres ? Il y en avait, ils étaient juste engouffrés par la neige. Des animaux ? C’était la dernière chose que Brenna souhaitait croiser. Elle venait sans le savoir de pénétrer dans le recoin le plus dangereux et le plus hostile de la région.

L’épais brouillard réduisait considérablement sa vision. Elle avait froid, ses mains étaient gelées, elle avait du mal à respirer l’air glacial. Pourtant, elle n’avait aucun remord. Elle continua à avancer, même si chaque pas était plus difficile, car elle avait l’impression de s’enfoncer dans ce royaume de neige, d’où elle ne sortirait sans doute jamais.

 

L’air qu’elle respirait lui piquait la gorge, tant sa température était glaciale. Elle était épuisée. Mais au moins elle était arrivée quelque part. Brenna avait quitté la pleine enneigée et se trouvait maintenant dans un endroit de la même région, plus propice aux reliefs. Des montagnes impressionnantes se dressaient de tous les côtés, leur ombre menacente ne ternissant pas la lumière. Des larmes de fatigue coulaient sur les joues de Brenna, et se gelaient instantanément. Elle avait froid, elle avait mal, elle voulait s’écrouler par terre, abandonner. Elle était désespérée. Son mal de crâne lancinant lui donnait des vertiges, et elle finit par trébucher. Elle ne pouvait plus se relever. Le froid de la neige la piquait partout. Quelque chose lui ordonnait de fermer les yeux. Alors qu’elle était sur le point de mettre fin à ses jours en accomplissant cela, quelqu’un prit sa main et la releva. Sa tête tournait énormément, à cause du contact du froid intense. Elle prit quelques minutes à comprendre que la personne qui lui avait sauvée la vie était Raphaël. Bonne, nouvelle, il semblait moins en colère contre elle que la dernière fois.

- Gill avait raison, lança-t-il sarcastiquement, tu n’es pas faite pour le froid extrême.

Brenna reprit ses esprits, et lui répondit :

- Fais pas le malin, ce n’est que grâce à ta condition de loup que tu t’en sors dans le froid.

- Ne parle pas trop vite, dit-il, l’air absent.

- Qu’est-ce que tu fais dans une plaine de neige paumée ?

- Ça ne te regarde pas, répondit-il amèrement.

- D’accord…Tu peux au moins m’indiquer un endroit adapté pour…

-…remonter le temps sans foutre le bordel ? la coupa-t-il. Oui, suis-moi.

Il repartit d’un bon pas vers une des montagnes qui se trouvaient face à eux. Brenna fut courageuse et fit tout pour garder le rythme rapide de Raphaël. Ils arrivèrent au pied de la montagne la plus imposante de la région. Elle semblait tellement haute que son somment n’était pas distinguable, et une brume étrange planait autour. Brenna fronça les sourcils, cet endroit ne lui disait rien de bon.

- Où est-ce que tu m’emmènes encore ? demanda-t-elle

- Tu verras, répondit l’écho de la voix de Raphaël qui avait pris un peu d’avance, un sourire au coin des lèvres.

Une grotte se dessina. Lorsque Brenna y pénétra, elle sentit tout de suite un incroyable réchauffement de la température. Elle crut un instant que con cœur se remit à battre. Elle se sentait seraine, à l’abri du danger. Mais lorsque Raphaël lui fit signe d’avancer, et qu’elle pénétra plus profondément dans la grotte, cette impression ce dissipa, remplacée par un sentiment d’oppression intense. L’anxiété montait à vitesse folle, et Brenna crut que la température retombait. Ils arrivèrent finalement au bout de la grotte. Raphaël se placa face à Brenna. Il avait quelque chose dans les mains, un petit objet auquel Brenna n’avait pas porté attention auparavant. Il le lui tendit. Il s’agissait d’une montre, pourvue de trois cadrants, aux aiguilles argentées et aux chiffres dorés. Trois petits boutons se cachaient sur le côté. La sculpture était minutieuse, et Raphaël y avait l’air d’y porter intérêt. Brenna reconnut l’objet immédiatement. Une montre Delta. Comment se fait-il qu’il possède une telle montre ? Brenna était surprise, et effrayée. Raphaël triturait un des trois boutons, puis le replaça. Il lui tendit la montre. Elle la prit délicatement, l’activant avec méfiance. Un des trois petits cadrans s’illumina. Elle accrocha prudemment la montre à son poignet.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle dans un sourire.

- Tu vas le savoir très vite, lui dit-il en lui rendant son sourire.

Un portail invisible au contour lumineux apparût derrière Brenna. Sans quitter des yeux Raphaël, elle recula de quelques pas avant d’être aspirée dans le portail. Sa vision se troubla, et elle se retrouva dans le noir complet. Une pensée soudaine assaillit son esprit. C’est Raphaël qui avait reglé le portail sur la montre. Savait-il où elle voulait aller ? voulait-il lui montrer quelque chose ? en tout, cas, elle ne savait pas où elle allait atterrir. Le doute la tenaillait, mais elle se résolut à pour une fois lui faire confiance. Elle remarqua qu’elle avait toujours un sourire aux lèvres.

Une image floue, puis un décor, se formèrent autour de Brenna. En regardant la date de la montre, elle vit qu’elle n’était pas retournée juste quelques jours auparavant.

Elle comprit. Raphaël ne l’avait pas amenée ici, dans cette grotte, pour rien. Elle sourit de plus belle alors que les parois de la grotte autour se formaient. Non, aucun regret.

En voyant la grotte sous une autre perspective, elle avait compris pourquoi Raphaël trainait dans ce recoin enneigé.

Deux silhouettes se dessinèrent devant elle. L’une semblait être Raphaël, en plus jeune, et l’autre renvoyait tout de suite à l’image de l’Alpha.

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