6- Daniel

Notes de l’auteur : -Ceci est un premier jet et sera surement modifié avec le temps-

Daniel

 

 

Le brun croise les bras, l’épaule gauche appuyée contre le mur, et, à quelques centimètres de lui, une porte grande ouverte par laquelle s’échappe une mélodie pour le moins lugubre. Chaque nouvelle note lui hérisse un peu plus les poils. Dans son dos, vers le fond du couloir, un murmure beaucoup plus mélodieux à ses oreilles se fait entendre. Le même qu’il a entendu dans la salle de classe. Celui qui a appelé son nom. Daniel sait qu’il devrait être surpris, peut-être même avoir peur, crier à l’arnaque ou à la tricherie auprès d’Anthony. Mais non. Au fond de lui il sent que ces paroles, même s'il ne les distingue pas encore entièrement, sont pour lui, seulement pour lui. Et il ne veut pas les partager. 

Le bruit du piano résonne dans sa tête, le son est fort, bien trop fort. La mélodie tape contre son crâne, résonne dans ses tympans. Il tourne sa tête vers Anthony qui se tient debout près du mur opposé. 

“On va rester là combien de temps ?” 

Le vidéaste en herbe se retourne en sa direction, et lui fait signe de se taire. Bien sûr qu’il est exaspéré par sa réaction. Comme toujours Anthony garde les arrières de Lolah. 

Un bruit humide s'échappe alors qu’il claque sa langue contre son palais. Les chuchotements. Il ne peut toujours pas distinguer ce qu’ils disent, et ça l'agace. Il ne ressent plus la sensation de suffocation qu’il à ressentit à son arrivée, non, au contraire. Il veut les entendre, les écouter. Sa jambe est prise de soubresaut, mais elle refuse de suivre le rythme de la musique.

Ce qui ne diffère pas par contre, c’est la facilité avec laquelle cette imbécile arrive à esquiver les conséquence de ses actions. Et là il se retrouve comme un con à attendre gentiment qu’elle termine sa démonstration afin que tout le monde l'applaudisse pour avoir trifouiller trois touches d’un piano qu'elle n’est même pas censé toucher. 

Sa mâchoire se contracte.

“C’est bon ça me gave !” Daniel pousse contre son épaule, se relève et esquive la main qu’Anthony essaie tant bien que mal de tendre pour le rattraper. 

La musique, elle, s’arrête subitement sur une fausse note qui, pour lui, sonne bien plus juste que les précédentes. Enfin. Un cris étouffé se fait entendre, cette voix il l'a reconnaît entre mille, et il comprend, il entend désormais. Il entend le murmure au fond du couloir. Poussé par les mots encourageants qu'il perçoit, il passe le pas de la porte sous les jurons marmonnés d’Anthony, qui le suit malgré lui, un air désolé étiré sur son visage. Si ses dents n'étaient pas si serrées il laisserait peut être un rire sec s'échapper. 

“Putain mais vous êtes cons! “

Lolah se relève du tabouret sur lequel elle était assise, le souffle nettement saccadé. Et Daniel ressent une certaine satisfaction à voir la peur déformer ses traits, à voir ce sourire disparaître. Il ne sait pas d'où ça vient, mais ça traverse son corps, lui laissant un arrière goût plaisant. 

“Sérieux on a dit qu’on se rejoignait en bas” continue la brune après avoir repris une respiration plus ou moins normale. 

“Ouais et on avait dit de pas faire trop de bruits” lui crache Daniel en s’avance d’un pas “Et je suppose que tu t’en rappelles mais que t’en a rien a foutre comme pour tout le reste.” Il lève la jambe droite pour faire un autre pas mais une vague de cheveux blond et deux yeux d’un ocre perçant lui bloque le chemin, envahissant son champ de vision. 

Aurélie n’a pas besoin de parler. Son regard en dit bien assez, et elle aurait tout aussi bien pu le gifler que le résultat aurait été le même. Tout à coup, il sent comme un bourdonnement qui s’arrête. Le silence refait surface.  

Il bat des paupières, et sa mâchoire inférieure est si lourde qu’il la laisse tomber. Déboussolé, Daniel laisse courir son regard dans la pièce. Le regard perçant de lolah, l’air implorant d’Aurélie et la posture au aguet d’Anthony le frappe comme s'il n'avait pas été présent lors de la conversation. Pourtant il sait très bien qu’il en esrt l'un des protagonistes. Et ce silence. Putain il ne sait même plus ce qu’il fait.

Le brun décale ses yeux vers le fond du couloir. Il est sombre mais perceptible, il distingue très bien les murs au fond, les papiers peints abîmés et les portes en bois vieillis. Il inspire de l'air mais elle se bloque dans sa trachée ce qui le fait tousser. La nausée lui monte légèrement, lui laissant un goût acide dans le fond de la gorge.

Aurélie fait un pas vers lui et il la laisse poser sa main sur son épaule. Elle ne parle pas, elle n’en a pas besoin. Il sait très bien qu'elle lui demande si il va bien. Qu’elle ne comprend pas sa réaction. Avalant sa salive, il hoche la tête, ses yeux vert plongés dans les siens. Avant il y avait des interrogations, des doutes, mais ce qu’il y voit à cet instant est bien plus profond, bien plus inquiétant. Il doit lui parler des murmures. Il doit tout lui expliquer et elle comprendra. Elle va le croire, elle. Comment en serait-il autrement ? Après tout ce qu’il a fait pour elle. Il doit avoir de l’importance. Oui il va lui expliquer et elle va le croire. Mais pas maintenant. 

A distance, il entend Lolah rejoindre Anthony un peu plus loin dans le couloirs. Il ferme les yeux quelques instants, vérifie sa respiration et une fois prêt il avance dans leurs direction suivi de près par Aurélie.
Se positionnant à sa droite, Anthony se penche vers lui. Un soupçon d'appréhension placardé sur son visage. Qu’est ce qu’il déteste le voir cet air là. Surtout quand c’est dirigé sur lui. 

“T’es sur que tout va bien ? Si t’as besoin on fait …”

“J’ai été  surpris c’est tout” Il balaye l’inquiétude de son ami d’un geste de la main, mais ça n’a pas l’air d’avoir un grand effet au vu du faciès du vidéaste, toujours tordu dans la même expression cinglante. 

“Pourtant on fait du bruit depuis le debut.La ghost box ou je sais pas quoi, c’est pas super discret” se permet de souffler Aurélie.

Au paroles de sa colocataire, Lolah lève la main vers la jeune femme le regard bloqué dans celui d’Anthony. Elle semble lui dire “Regarde tu vois, t'aurais dû mieux écouter, c’est de votre faute” Mais il sait très bien qu’Anthony ne voit pas les choses comme ça. Non. Il ne la voit pas comme ça.
Il est de nouveau secoué hors de ses pensées par la voix grave d’anthony, bien plus forte qu’il ne le pensait. Ce n’est qu'à ce moment qu’il se rend compte qu’il se sont tous rejoints, au centre d’un corridor, devant de vieilles photos encadrées qu'il ne prend même pas la peine de détailler. Un sentiment de déjà vu lu parcours l'échine. Dans son dos, la voix reprend, elle semble l’appeler, mais il ne répond pas. Il ne tourne pas la tête. Il ne doit pas le montrer aux autres. Pas maintenant.

“Vous avez utilisé la ghost box ?” demande Anthony d’un coup très intéressé, un sourire naissant sur son visage. Daniel ne dit rien préférant ne pas indiquer son ignorance sur le sujet. Aurélie s’avance et lui donne l’impression de quitter ses côtés avec hâte.La déception le frappe, elle est la seule à mériter qu’il lui dise, et elle préfère les rejoindre, pour parler d’ineptie. 

“Oui dès qu’on est arrivé à l’étage. Vous n'avez rien entendu ?” ajoute la blonde.

Anthony semble réfléchir mais ne prend pas trop de temps avant de secouer la tête et Daniel se demande pourquoi tout ça est important. Apparemment, l’absurdité soulevée il y a quelques secondes est complètement oubliée lorsque le regard d’Anthony s’illumine. 

“Et vous avez eu quelque chose ? Non pas’que nous pas vraiment” Il se frotte le front de sa main droite et certaines mèches blonde bougent, encore collées par la sueur“On a eu quelques bruits mais je pense que c’est facilement explicable.” 

Les yeux foncés de Lolah font tout pour ne pas se poser sur Daniel. Il entend sa voix expliquer quelque chose à propos de mots sur un écran, il voit Anthony s’extasier et Aurélie relever la caméra qu’elle a en main. Il le voit, il est là mais il s’en contre fiche. L’impatience monte en lui, et tend ses muscles un à un. Il entend une autre voix au loin et de nouveau, c’est comme si une main l’attrape pour le sortir d’une eau bien trop tourbeuse pour qu’il sorte de lui même, et il revient parmi eux. 

“Dan ?...Tu viens ou quoi ?” Anthony le regarde intensément. “ On descend j’pense… J’pense qu’on a tous besoin de se poser un peu et puis faut que j’recupére du matos” 

Il hoche la tête mécaniquement et jette un dernier regard derrière lui. Il a raison. Presque à contre cœur, ses pas emboitent ceux de ses camarades et il descend les escaliers. La fraîcheur de la rambarde en métal contre sa peau lui fait du bien, il y laisse donc sa main glisser furtivement tout du long. C’est alors que l’exclamation outrée d’Anthony lui fait relever la tête. 

“C’est quoi ça ?” Le blond se tourne vers eux, et Lolah se rapproche, descendant le reste des marches deux par deux pour mieux voir le spectacle qui se joue au centre du hall. 

Il est vide.
Leurs affaires, la glacière, les sacs ainsi que tout le matériel électronique déposé une heure auparavant. Absolument tout s’est volatilisé. Pour la deuxième fois ce soir, il sait qu’il devrait ressentir de la peur, ou de la colère, mais rien de tout ça ne lui vient. 

“Bon c’est rigolo !  Haha on a bien ris, mais c’est bon. Entre la porte et ça…” Lolah lance ses deux bras en l’air  “Où est passé notre matos Tony ? Je croyais que tu voulais faire un truc sérieux” 

 Aurélie, elle, se tient entre lui et leurs deux camarades, figée. 

“Déjà premièrement c’est mon matos d’accord !” Un soupir exaspéré lui répond mais il continue “Tu crois pas que j’y suis pour quelque chose quand même ? Et puis c’est quoi cette histoire de porte ??” s'offusque Anthony. Sa bouche reste légèrement ouverte.

“Quoi la porte s'était pas vous ? “Questionne Lolah plus très certaine. 

“Mais de quel porte tu parles?”

Sa meilleur amie se met à gesticuler un peu partout, passant et enlevant nerveusement une des bagues de sa main droite “Bah celle qui s’est ouverte quand on était dans le dortoire avec Aurélie” 

“Mais non, on était en bas. On est pas monté avant que tu commences à jouer du piano” Il soupire et se passe la main devant la bouche avant de parler. “Bon, quand on est passé tout à  l'heure avec Daniel, tout notre matériel était ici et après on est resté avec vous. La seul option plausible c’est qu’il y a quelqu’un d’autre ici” 

“On l’aurait entendu, je pense. On était juste au-dessus pendant tout ce temps.” Lentement, si lentement qu’il ne l’a pas remarqué avant qu’elle ne parle, Aurélie s’est avancé vers le centre de la pièce. Elle jette un regard hagard de part et d'autre. Ses yeux se posent entre les deux escaliers, et y restent figés, horrifiés. Curieux, Daniel descend et s’arrête a quelques centimétrs de la jeune femme. 

La table.
Elle est retournée à son emplacement initial, entre les deux escaliers. Le vase qu’Aurélie avait précautionneusement posé sur le côté, siège à nouveau pile au milieu. Bien sûr, il n'aperçoit aucunes traces de leurs matériels. Encore une fois il n’arrive pas a copier l’air apeuré de ses camarades, il reste donc la. Sans rien dire. 

Anthony est devant la table, les deux mains sur la tête et il regarde autour de lui, ses pupilles faisant des mouvements saccadés de gauche à droite, puis de haut en bas. Il panique.

“Franchement ça devient flippant là.” Son ami rabaisse ses bras pendre et le bruit résonne lorsqu'ils claquent contre son flanc. “Quelqu’un doit nous jouer un mauvais tours c’est … C’est certain.” Le blond commence à faire les cent pas, respirant bruyamment par le nez. “Qu…Qui est au courant qu’on est ici ?”

“A part la personne qui t’as envoyé le mail ?” La voix de Lolah résonne, son ton est plat, c’est la première fois que Daniel voit sur son visage une expression aussi serieuse. Son meilleur ami souffle et, assise sur une des marches de l’escalier, elle ajoute. “ Tony tu trouves pas ça chelou qu’un mec que tu connait ni d’Eve di d’Adam t’envoie un mail comme ça sortit de nul part ?” 

“Peut être qu’il voulait juste me filer un tuyau” 

“Ouais ou alors peut être qu’il veut juste se foutre de ta gueule.” Son ton est sec et sans appel. Anthony arrête brusquement ses mouvements et jette son regard dans celui de Lolah. Ils semblent avoir une conversation silencieuse. Les sourcils du vidéaste se froncent avant qu’il ne cède en premier, lâchant le regard abyssal de son amie. Ah, on y est presque, se dit Daniel. Il sent une satisfaction malvenue gonfler au creux de sa poitrine. Mais il l'accueille, la laisse monter. Il se risque un regard vers l'étage, pourquoi tout semble trop lumineux et silencieux ici ?

Lolah se frotte les yeux des deux mains et ajoute d’un ton plus doux. “Désolé. Mais cet… endroit, j’pense qu’il commence à me courir sur le système.” Elle laisse ses bras reposer sur ses genoux, une mèche retombe sur son front et glisse du long de son nez jusqu'à son menton. La jeune femme semble reflechir un instant. Anthony se rapproche, plisse le front et, pesant un à un les mots qui sortent de sa bouche, il ajoute. 

“Okay… J’avoue que, vu comme ça.” Il cligne des yeux “On devrait regarder ce qu’il en est. Si quelqu’un est là, on va s’en rendre compte” 

“On peut pas juste partir ?” La voix d’Aurélie l'interrompt avec douceur, presque comme un soupir. Si bas qu’elle est la seule à ne pas résonner entre les murs vides du hall d’entrée. L’estomac de daniel fait un bond. Non. Non, ils ne peuvent pas partir. Il ne doit pas partir. Pour la première fois depuis un moment, il prend la parole et, utilisant le ton le plus posé qu’il puisse il ajoute.

“Non, on a un tas de matériel représentant une belle somme qui se balade on peut pas laisser ça comme ça.” 

Anthony hoche la tête, c’est la confirmation qu’il attendait. “Ouais…Ouais.. on dois le retrouver, si leur but est de nous voler on va pas se laisser faire.” Il se passe négligemment la main sur son tee-shirt. Et Daniel se demande s'il sait qu’on peut apercevoir ses doigts trembler contre le tissu. Il s’en fiche, il a ce qu’il veut. Aurélie, elle, soupire mais acquiesce. Elle rejoint Lolah passant devant Daniel, sans lui adresser un regard. Une fois devant la brune, elle lui tend la main afin de l'aider à se relever. Daniel ne rate pas le regard que Lolah pose sur sa colocataire. La bile remonte à nouveau dans sa bouche. Une fois debout la brune essuie son short et se frotte les mains l’une contre l’autre. Sa voix est un peu rauque quand elle prend la parole.

“Bon. On peut regarder en bas, je pense que si la personne avait pris l’escalier on l’aurait remarqué, donc..”

Anthony hoche la tête “Ouais, t’as raison, on va faire un tour en bas et on ouvre bien les yeux. Gardez vos caméras. Si on le prend en vidéo, il ne pourra pas nier.” Il frappe la tranche de sa main contre son autre paume, d’un geste franc, ajoutant de l’assurance a ses mots. Comme s' il devait prouver la véracité de son argument. 

“D’accord mais on reste ensemble. On se sépare plus.” s'empresse d’ajouter Aurélie. Un brin de panique caressant sa voix. Elle fait claquer l'élastique à son poignet la caméra pendant toujours au bout de ses doigts, et Daniel voudrait l'attraper et le lui enlever. Elle va finir par se blesser à faire ça. 

“Okay, d'accord ça me paraît être une bonne idée” argumente Anthony “Bon. On part où ?”

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Poissond'Argent
Posté le 27/08/2024
Je commence à me demander si ce n'est pas une caméra caché, ou un prédateur qui préfère racketter ses victimes plutôt que de les cuisiner.

J'ai un petit apriori, qui est purement un goût personnel. La narration se rapproche par moment d'un storyboard. Notamment sur des descriptions d'action de personnages, comme si je lisais un sous-titre pour malvoyant. Par exemple: les hochements de tête de Anthony, les mouvements de mèches qui se battent avec la sueur, les déplacements des personnages, les jeux de regards.
J'aime, car c'est une représentation fidèle de l'auteur sur une scène, et donc je relève chaque élément en supposant qu'il soit important dans l'intrigue. Cependant, si les éléments ne sont pas importants et ne se réalisent pas, ou ne se cumulent pas sur plusieurs chapitres, ou sur-utilisés, ils m'apparaissent comme une lourdeur lors de la lecture.

Je précise que c'est juste un avis personnel, et je le remonte car j'ai eu un ressenti similaire dans certains de mes textes. Au final, j'ai supprimé certaines emphases sur des actions de personnages dans mes textes, et constater que mon imagination comblait les vides et la lecture en devenait moins lourde. Juste moins de mots et plus d'imaginations.

Ex
Anthony hoche la tête “Ouais, t’as raison, on va faire un tour en bas et on ouvre bien les yeux. Gardez vos caméras. Si on le prend en vidéo, il ne pourra pas nier.” Il frappe la tranche de sa main contre son autre paume, d’un geste franc, ajoutant de l’assurance a ses mots. Comme s' il devait prouver la véracité de son argument.
=>
“Ouais, acquiesce Anthony. T’as raison, on va faire un tour en bas et on ouvre bien les yeux. Gardez vos caméras. Si on le prend en vidéo, il ne pourra pas nier,” conclut-il d'un geste franc à l'assurance insécure.
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